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SHINTŌ

Leshintō est généralement défini comme la religion nationale du Japon, religion autochtone, par opposition au bouddhisme, religion étrangère importée du continent. C'est là une vision bien sommaire des choses, sinon totalement erronée, mais qui reflète certaines conceptions que d'aucuns, pour des raisons purement politiques, tentaient d'accréditer en Occident aussi bien qu'au Japon même, avant 1945. La réalité est en fait tout autre et il convient, pour l'approcher, d'examiner les racines historiques du phénomène, ainsi que, pour reprendre une expression du japonologue anglais B. H. Chamberlain, les conditions de la « genèse d'une nouvelle religion » dans le Japon duxixe siècle. Cette recherche permettra alors d'expliquer l'apparent paradoxe que présentent des statistiques qui, en 1967 par exemple, dénombraient 67 millions de fidèles dushintō pour autant de bouddhistes, dans un pays qui comptait à la même époque environ cent millions d'habitants.

Le shintō archaïque

Selon laChronique duJapon (Nihon shoki, 720), le bouddhisme serait parvenu au Japon, ou du moins à la cour, à une date relativement tardive, l'an 13 du règne de l'empereur Kimmei (552). Le prince régent Shōtoku-taishi (572-621) en fit, un demi-siècle plus tard, la religion de l'État. Ses raisons étaient politiques autant que religieuses, car, s'il fut le premier des grands saints bouddhistes du pays, il sut comprendre aussi le rôle unificateur que pouvait jouer une religion à tendance universaliste dans la formation d'un État centralisé.

De ces faits, les historiens duxixe siècle avaient conclu, a contrario, que leshintō, antérieur par définition au bouddhisme, avait été supplanté en bloc par ce dernier. Un passage duNihon shoki permettait à la rigueur une pareille interprétation ; il est question en effet de la résistance de certains conseillers de Kimmei, au nom du respect dû aux « dieux du pays » (kuni-tsu kami). De là à imaginer qu'il existait dès cette époque un système religieux cohérent, rétrospectivement qualifié deshintō primitif, c'est-à-dire pur de toute influence extérieure, il n'y avait qu'un pas à franchir, et que l'on franchit d'autant plus volontiers qu'il répondait aux préoccupations idéologiques de ces auteurs qui prétendaient revenir aux sources profondes du « nipponisme » pour y retrouver le pur « esprit du Yamato » (Yamato-damashii).

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À l'appui de ces thèses, l'on invoquait essentiellement leKojiki (Notes sur les faits anciens, chronique mythologique des origines du Japon), compilé en 712, qui était ainsi promu au rang de « Bible dushintō ». Le premier livre duKojiki est en effet une « Genèse » du pays et de ses dieux, dont la généalogie, sur laquelle se tisse une cosmogonie complète, est établie avec précision depuis les dieux primordiaux jusqu'aux ancêtres immédiats de la dynastie royale du Yamato, en passant par le coupledémiurge Izanagi- Izanami et la déesse-souveraine de la « Plaine du Haut Ciel », Amaterasu-ō-mi-kami, la « Grande Divinité qui illumine le Ciel », en d'autres termes le Soleil.

Il convient cependant d'observer que leKojiki fut rédigé bien après l'adoption du bouddhisme par le gouvernement central, que ses auteurs eux-mêmes étaient de fervents bouddhistes, excellents connaisseurs, par surcroît, de la culture chinoise classique. Les conditions dans lesquelles fut composé ce texte et les buts de l'opération, explicitement destinée à établir les droits héréditaires de la dynastie, en réduisent singulièrement la signification religieuse. L'objectif affirmé était certes la fixation des traditions nationales, mais aussi leur remise en ordre ; or leur ordonnance trahit très nettement les influences chinoises, voire bouddhiques. Les noms mêmes des dieux paraissent dans certains cas traduits du chinois et ne sont, la plupart du temps, que de simples épithètes descriptives, à commencer par celui de la divinité suprême. Bref, si l'on peut à la rigueur voir dans cet ensemble de mythes et de légendes une projection des structures sociales et politiques du Japon ancien, il paraît bien aventureux de prétendre y chercher une théologie, ou même une morale ; tout au plus y trouvera-t-on des indications, tardives et mêlées d'éléments étrangers, sur la vision du monde et les préoccupations rituelles des Japonais de l'époque prébouddhique.

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  • : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales

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Funérailles du mikado - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Funérailles du mikado

Hulton Archive/ Getty Images

Prêtre shinto - crédits : Nicholas DeVore/ Stone/ Getty Images

Prêtre shinto

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Fushimi Inari-taisha, Kyōto (Japon) - crédits : E. Unger/ Shutterstock

Fushimi Inari-taisha, Kyōto (Japon)

E. Unger/ Shutterstock

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Autres références

  • AMATERASU-Ō-MI-KAMI

    • Écrit par
    • 858 mots

    Épithète du Soleil dans la mythologie japonaise (R. Sieffert,Les Religions du Japon, Paris, 1968), Amaterasu ō-mi-kami est la « grande auguste divinité qui luit au ciel ». Les chroniques duviiie siècle,Kojiki etNihon-shoki, en font une divinité féminine, souveraine de la Plaine...

  • BOUDDHISME(Les grandes traditions) - Bouddhisme japonais

    • Écrit par
    • 13 499 mots
    • 1 média
    Bouddhisme japonais - crédits : fitopardo/ Moment / Getty Images
    ...écoles confucianistes) et ses représentants ne ménagèrent pas leurs critiques contre le bouddhisme, accusé d'être une fantasmagorie immorale et antisociale. De l'autre côté, celui-ci se heurta aux shintoïstes, avec de grands érudits tels queMotoori Norinaga (1730-1801) etHirata Atsutane, promoteurs...
  • HAYASHI RAZAN(1583-1657)

    • Écrit par
    • 437 mots

    Lettré japonais, né en août 1583 à Kyôto et mort le 4 février 1657 à Edo (auj. Tôkyô), Hayashi Razan fait de la pensée du grand philosophe chinois néo-confucianiste Zhu Xi la doctrine officielle du shogunat desTokugawa (1603-1867). Il réinterprète aussi le shintô, la religion japonaise...

  • HIRATAATSUTANE (1776-1843)

    • Écrit par
    • 581 mots

    Philologue japonais, né à Akita, dans l'extrême nord du pays. À vingt ans, Hirata Atsutane quitte la clan d'Akita pour faire à Edo des études de littérature confucéenne, de stratégie et de médecine. La lecture deMotoori Norinaga l'amène à l'étude des classiques japonais. Il entre...

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