JEAN-BAPTISTE VIETTY ET L’EXPÉDITION DE MORÉE (1829) : À PROPOS DE DEUX MANUSCRITS RETROUVÉS * L’Expédition scientifique de Morée, de mars à décembre 1829, marque une étape majeure dans l’étude de la Grèce et, plus largement, dans l’histoire de l’archéologie moderne 1. Placée sous la tutelle de trois académies de l’Institut et conçue dans le même esprit que l’Expédition d’Égypte, elle mit un terme à l’hellénisme 2 élégiaque des voyageurs 3 et au pillage systématique des monuments antiques, ouvrant la voie à « la véritable découverte scientifique du pays qui s’effectua dans la deuxième moitié du XIXe siècle 4 » . Cette mission, associée à des découvertes exceptionnelles comme le temple de Zeus à Olympie, fut à l’origine de la présence permanente des archéologues français dans le pays et de la fondation en 1846 de l’École française d’Athènes.
* Je tiens à exprimer ma reconnaissance aux Professeurs Jean Marcadé et Jean-Louis Ferrary, membres de l’Institut, et au Professeur Laurent Feller, de l’université Paris I, qui m’ont fait profiter de leurs précieux conseils. Je remercie également le musée des Beaux-Arts de Lyon qui m’a autorisé à reproduire une oeuvre de Jean-Baptiste Vietty. 1. Voir L’Invention scientifique de la Méditerranée. Égypte, Morée, Algérie, M.-N. BOURGUET, B. LEPETIT, D. NORDMAN, M. SINARELLIS dir., Paris, 1998, 325 p. : la mission scientifique en Morée fait suite à l’intervention militaire de la France en faveur des Grecs durant la Guerre d’indépendance (1821-1829). Après la victoire sur la flotte turco-égyptienne dans la rade de Navarin, en octobre 1827, et la libération du Péloponnèse par le corps expéditionnaire du général Maison, au cours de l’année 1828, le groupe de savants français débarqua à Navarin le 3 mars 1829. 2. Sur l’histoire de la notion d’hellénisme, voir N. SIGALAS, «Hellénistes, hellénisme et idéologie nationale. De la formation du concept d’hellénisme » , dans L’Antiquité grecque au XIXe siècle. Un exemplum
contesté ?, Chr. AVLAMI éd., Paris, 2000, p. 239-291. 3. Le Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, publié en 1788 par l’abbé Jean-Jacques Barthélemy, est l’une des meilleures illustrations de la vision idéale de la Grèce nourrie depuis la Renaissance. 4. R. ÉTIENNE «Quand les premiers archéologues découvrirent la Grèce » , dans Clio. fr, 2007 ; R. ÉTIENNE, ancien directeur de l’École française d’Athènes, a publié notamment La Grèce antique, archéologie d’une découverte, Paris, 1990 ; voir aussi E. GRAN-AYMERICH, Naissance de l’archéologie moderne. 1798-1945, Paris, 1998.






















