LES DRAVIDIENS DANS LA CIVILISATION INDIENNE
La notion de peuples « dravidiens » est aujourd'hui avant tout une notion linguistique. Il s'agit des peuples dont les langues sont apparentées au tamoul de l'extrême-sud de l'Inde. Le tamoul, appelé drâvida en sanskrit, est le centre du groupe parce qu'il possède la plus ancienne et la plus vaste littérature et parce que sa grammaire est la mieux connue grâce aux travaux originaux des anciens grammairiens tamouls eux-mêmes. Certaines des langues ainsi dites dravidiennes par leur affinité avec le tamoul sont parlées par des peuples qui n'appartiennent pas au sud de l'Inde et n'ont pas d'affinités anthropologiques avec les habitants du sud de l'Inde. Tels sont les Brahui du Balucistan qui, anthropologiquement, font partie des Iraniens.
Avant la découverte des rapports entre, d'une part, le tamoul, le telugu, le kannada, etc., d'autre part, le brahui et d'autres parlers répartis en diverses régions de l'Inde, on considérait que les langues « dravidiennes », groupées géographiquement auprès du tamoul, appartenaient à un groupe anthropologique physiquement homogène, celui du sud de l'Inde, caractérisé surtout par la couleur foncée de la peau. La notion de « Dravidiens » était alors à la fois linguistique et anthropologique.
Du côté indien, on désignait l'ensemble des pays au sud des monts Vindhya comme les « cinq drâvida », Pancadrâvida, qui étaient le Drâvida (pays tamoul ou Tamilnâd), l'Andhra (pays telugu), le Kannada (Maisûr), le Mahârâstra (pays marathe) et le Gurjara (Gujrât). Le Kerala, qui a pour langue le malayâlam fort proche du tamoul, était inclus dans le Tamilnâd ou Drâvida proprement dit. Dans ce groupement des régions, les pays marathe et gujrâti, qui ne sont pas de langues dravidiennes, étaient compris à titre de pays du sud et non en vertu d'une conception linguistique. Une variante de cette classification supprime le Mahârâstra et nomme le Tailahga, qui désigne l'est des pays andhra. De toute façon, le maintien du Gujrât dans la liste confirme qu'il s'agit d'une classification non-linguistique.
La découverte de la civilisation du bassin de l'Indus qui s'étend, comme on le sait aujourd'hui, jusqu'au bassin du Gange et au Gujrât a donné lieu à la théorie d'une nature dravidienne de cette civilisation. Les Arya védiques