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« Washi » : le papier japonais
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Du papier résistant utilisé pour écrire, dessiner et bien plus
Le papier traditionnel japonais fait à la main est connu sous le nomwashi. Il est légèrement translucide et possède une texture subtilement irrégulière qui est agréable au toucher. Solide, absorbant et léger, les utilisations du washi s’étendent au-delà de l’écriture et du dessin. Les portes coulissantes classiquesshôji sont faites avec duwashi, mais aussi les lanternes, telles que celles des stands de nourritureyatai, les différents éclairages d’intérieur, les éventails pliables et les parapluies traditionnels. Au cours de l’époque d’Edo (1603-1868), la production de papier solide fait main a permis aux estampesukiyo-e gravées sur bois de se développer jusqu’à ce qu’elles occupent une place centrale dans la culture populaire japonaise.
Les estampes ukiyo-e ont été faites en utilisant duwashi. Ci-dessus une estampe d’Utamaro (1753-1806).
Depuis des siècles, lewashi a aussi été apprécié au-delà des frontières de l’Archipel. Le peintre hollandais Rembrandt travaillait déjà avec duwashi vers 1650, bien avant que lejaponisme se répande dans toute l’Europe. Pablo Picasso et Marc Chagall ont également été parmi les artistes à tomber sous le charme du papier japonais. Ses nombreuses propriétés, entre autres sa solidité et sa durabilité, en ont également fait un élément essentiel de nombreux projets de préservation d’œuvres d’art. Il a notamment été utilisé lors de la restauration des fresques du Vatican.
L’art de la fabrication artisanale du papier est arrivé au Japon de la Chine avec le bouddhisme. Le papier était essentiel pour reproduire les écritures. Grâce à l’influent régent et prince Shôtoku (574-622) la nouvelle religion s’est propagée à travers tout le Japon, et le papier en a fait de même. Durant l’époque de Heian (794-1185), le Japon a développé son propre procédé de fabrication du papier, lenagashizuki. Dans cette méthode, une planche en bois est à plusieurs reprises plongée dans un liquide contenant des fibres végétales. Il est ensuite doucement remué afin de répandre le liquide uniformément, ce qui permet de lier les fibres et de créer un papier résistant aux déchirures. Par comparaison, le papier japonais produit à la machine est adapté à l’écriture et à l’impression, mais est plus vulnérable aux déchirures et se décolore plus facilement.
Vidéo : fabrication du papierwashi [EN]
Lewashi au patrimoine mondial
Le washi est le plus souvent fabriqué à partir d’un de ces trois matériaux :kôzo (mûrier à papier),mitsumataetganpi. Le produit final varie en fonction du matériau utilisé et de la région de fabrication.
Le 27 novembre 2014, l’Unesco a ajouté lewashi à sa liste du Patrimoine immatériel de l’humanité. Parmi les nombreux styles de washi,Sekishû-banshi de la préfecture de Shimane,Hon-Mino-shi de la préfecture de Gifu etHosokawa-shi de la préfecture de Saitama ont été sélectionnés pour figurer sur la liste. Ces trois types de papier sont fabriqués en utilisant dukôzo, dont les longues fibres permettent d’obtenir une plus grande translucidité quemitsumata etganpi. Aucun décolorant ou produit chimique n’est utilisé au cours du processus de production : lewashi ne jaunit pas au contact de la lumière du soleil. Au contraire, les rayons ultraviolets le rendent plus blanc. L’Unesco a indiqué que la transmission de génération en génération des techniques de fabrication traditionnelles a été l’une des raisons de l’inclusion duwashi sur la liste du Patrimoine immatériel de l’humanité.
Kôzo (à gauche),mitsumata (au centre) etganpi (à droite) sont les plantes les plus couramment utilisées pour faire duwashi.
Possibilités créatives duwashi
Le washi fait à base dekôzo est fréquemment utilisé pour le papiershôji, le papier d’emballagekakegami et le papier à gravure. Il peut également être renforcé pour être utilisé pour les travaux d’artisanat ou de reliure. Les papierschiyogami etyûzenshi, imprimés avec des motifs de kimono, sont utilisés comme papier d’emballage et origami.
Des lumières « Akari » créées par Isamu Noguchi
Le papier japonais est très populaire à l’étranger auprès des amateurs de produits artisanaux. Au Japon, lemasking tape de stylewashi connaît une forte popularité. Lemasking tape était autrefois un simple ruban adhésif utilisé pour les travaux de peinture, mais l’ajout de motifs colorés l’a transformé en un article de papeterie essentiel. Il permet d’apporter une touche personnelle etkawaii aux agendas et aux cartes de vœux.
Tout comme leurs ancêtres, les artistes contemporains ont exploré les possibilités créatives duwashi. Le créateur de mode Issey Miyake a utilisé lewashi pour produire une gamme de textiles innovants. Isamu Noguchi l’a également incorporé dans plus de 200 designs de ses sculptures lumineuses Akari. Le réalisateur deTwin Peaks, David Lynch, commande du papier japonais sur mesure pour faire des lithographies.
La fabrication duwashi jouit de plus d’un millénaire d’histoire et de tradition japonaises. Tout en suscitant un regain d’intérêt à l’étranger, la reconnaissance de l’Unesco encourage les artisans à continuer de fabriquer duwashi selon les méthodes ancestrales.
(Voir également notre article : « Washi », le papier japonais qui dure mille ans)