
| ![]() ![]() ![]() ![]() CHEF,subst. masc. I.−Vx.Tête(cf. couvre-chef).Elle aussi fixait des yeux hagards sur les acteurs en branlant le chef (Musset,Le Temps,1831, p. 129).La couronne de France ne doit pas être sur le chef d'un hérétique [l'avocat Copin au cardinal de Bourbon] (Balzac, Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 524): 1. ... Cadet Blanchet (...) replanta son chapeau sur sonchef, et sans rien dire de plus, s'en retourna auprès de la Sévère.G. Sand,François le Champi,1850, p. 79. 2. L'horloge sonne une heure et demieEt lechef de famille et de bureauMet soncouvre-chef sur sonchefEt s'en va Traverse la place dechef-lieu de cantonEt rend le salut à sonsous-chefQui le salue...Prévert,Paroles,1946, p. 126. −Spéc.Reliquaire renfermant des ossements de la tête d'un saint : 3. L'usage était de prendre à témoin leschefs outêtesde saints, reliques vénérées. Dans le Nord on jurait par lechef de saint Denis, etc.Mérimée,Portraits hist. et littér.,1870, p. 44. −Au fig.[Chef représente la pers. ou son pouvoir de décider ou de juger] ♦De son (propre) chef.Selon son jugement, de sa propre initiative.Faire qqc. de son propre chef.En prendre la responsabilité de l'exécution : 4. De cette partie-là [la première du Discours sur l'Histoire universelle], si j'avais à parlerde mon proprechefet à dire ce qu'il m'en semble, je serais un peu embarrassé, je l'avoue.Sainte-Beuve,Nouveaux lundis,t. 9, 1863-69, p. 285. ♦Loc. prép.Du chef de.En vertu des droits de : 5. − N'avez-vous pas entendu tout à l'heure que je vous disais que j'étais riche, Maximilien, trop riche? J'aiduchefde ma mère, près de cinquante mille livres de rente; ...A. Dumas Père,Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 832. II.−Personne qui est à la tête de quelque chose. A.−Personne qui tient le premier rang. −Chef de file (vx).L'homme qui est le premier d'une file de soldats.P. ext.Le navire qui tient la tête de la ligne. ♦Au fig. : 6. Ils [de jeunes paysans] étaient devenus leschefsde file d'un milieu qu'ils travaillaient à rendre adulte, qu'ils voulaient pleinement intégrer dans l'ensemble de la nation.M. Debatisse,La Révolution silencieuse,1963, p. 128. −Vx.Fondateur d'une dynastie, d'une maison, d'une institution, d'un ordre religieux : 7. Souverain par le choix des peuples, consacré par le chef de la religion, sanctionné par la main de la victoire, quelchefde dynastie rassembla jamais des titres aussi puissants, aussi nobles, aussi purs?Las Cases,Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 575. ♦P. ext.Chef d'école, chef de secte. B.−Personne qui exerce un commandement, une autorité; qui a sous sa direction la responsabilité d'un service. 1.[Ordin. accompagné d'un déterm.]Chef d'entreprise, de bureau, d'équipe, de chantier, de rayon, d'atelier. −ART CULIN.Chef de cuisine ou, absol.,chef.Celui qui dirige les cuisiniers d'un restaurant, d'un hôtel, d'une maison : 8. J'eusse souhaité que grand'mère eût aussi unchef, des marmitons, et des valets de pied − enfin le train de maison que décrit complaisamment cette bibliothèque d'enfant riche.Mauriac,La Robe prétexte,1914, p. 7. −INSTIT. POL.Chef d'État.Autorité suprême d'un pays : 9. Mon ordre, sachez-le, est que vous vous teniez parfaitement tranquilles. J'ai étéchefd'État, je le serai peut-être encore : jamais je ne seraichef de conspirationcontre mon peuple.Renan,Drames philos.,L'Eau de Jouvence, 1881, I, 5, p. 455. ♦Chef du gouvernement : 10. Par la place des Canons, retentissante d'enthousiasme, je me rendis au Petit Sérail où j'échangeai solennellement avec lechefdu Gouvernement libanais, M. Alfred Naccache, des propos pleins d'optimisme.De Gaulle,Mémoires de guerre,1954, p. 170. −Chef de famille.Ce jeune homme, ayant des frères et des sœurs plus jeunes que lui, est devenu, par la mort de son père, chef de famille (Littré). −ART MILIT. ARM. DE TERRE, AVIAT.Officier ou sous-officier de divers grades.Chef de corps, de bataillon, d'escadron, chef d'état-major.MAR.Chef de division, d'escadre, de gamelle, de nage, de pièce, de quart, de section, du pilotage. −MUS.Chef d'orchestre.Musicien chargé de diriger l'orchestre : 11. Et l'école actuelle deschefsd'orchestre allemands est véritablement l'œuvre de Wagner.P. Lalo,La Mus.,1899, p. 372. ♦Au fig.Celui qui harmonise des mouvements épars pour en faire un tout cohérent : 12. ... il n'y a pas eu dechefd'orchestre dans cette guerre (...) chacun est entré dans la danse longtemps après l'autre...Proust,Le Temps retrouvé,1922, p. 794. −SCOUTISME.Chef de patrouille. −CH. DE FER.Chef de gare, de station, de dépôt; chef de train. 2.[Déterm. un subst.] a)En valeur adj.Médecin-chef, adjudant-chef, sergent-chef, chef-comptable, chef-mécanicien. −P. abrév.Chef est l'appellation dusergent-chef,dumaréchal des logis-chef. b)Sous la forme d'uneloc. adv.En chef.En fonction de chef.Rédacteur, ingénieur, général en chef : 13. Le gouvernement publiera ses décisions en ce qui concerne la nomination ducommandant encheffrançais en Allemagne, ducommandant enchef français en Autriche et des principaux fonctionnaires et militaires qui leur sont adjoints, ...De Gaulle,Mémoires de guerre,1959, p. 542. 3.En emploi abs.Personne qui exerce un commandement ou qui possède une grande aptitude au commandement.Un chef est un homme qui a besoin des autres(Valéry,Mauvaises pensées et autres,1942, p. 208): 14. Il avait, comme le Maréchal et ses apôtres, la mystique duchef, et c'est lechef qu'il aimait à faire honorer dans sa personne.Ambrière,Les Grandes vacances,1946, p. 109. −Au fig.Comme un chef.Très bien. III.−Partie d'un ensemble située en tête. A.−Extrémité. 1.ANAT.Chef d'un muscle : 15. Ils [les muscles sterno-cleïdo-mastoïdiens] s'attachent en bas par deuxchefs, l'un sur la clavicule, l'autre sur le sternum; ...L. Melchissédec,Pour chanter : ce qu'il faut savoir...,1913, p. 142. 2.BLAS.Chef de l'écu.Pièce honorable qui est en haut de l'écu.Chef bandé, barré, vergeté : 16. ... il [Benjamin de La Billardière] (...) avait exposé dans son cabinet ses armes encadrées (chef d'azur à trois étoiles, et deux épées en sautoir sur un fond de sable...).Balzac,Les Employés,1837, p. 118. 3.BOULANGERIE.Bout de pâte pour servir de levain. 4.CARR.Paroi d'une carrière. 5.CHIR.Chefs d'une bande, d'un bandage. 6.RELIG.Abbaye chef d'ordre ou simpl.chef d'ordre.Maison principale d'un ordre à laquelle sont rattachées toutes les autres. 7.TEXT.Chef d'une étoffe.Extrémité par laquelle on a commencé la fabrication d'une pièce d'étoffe. B.−Au fig.Point principal dans la division d'un exposé.Toute la conduite de l'homme de guerre peut se ramener à deux chefs : les personnes et les choses (Proudhon,La Guerre et la Paix,1861, p. 269): 17. L'objet de la philosophie naturelle se réduit à ces deuxchefs : premièrement, par une juste induction fondée sur l'observation, découvrir les lois de la nature, secondement, appliquer ces lois à l'explication des phénomènes.Cousin,Cours d'hist. de la philos. mod.,t. 4, 1847, p. 550. −Spéc.,DR.Chefs d'accusation.Points principaux sur lesquels porte une accusation.Crime de lèse-majesté au premier, au second chef : 18. ... quand il s'est agi d'exploiter, les ouvriers avonnais ont demandé de tels prix, que monsieur Mariotte a été obligé d'en amener d'Auxerre, et ceux de La-Ville-aux-Fayes les ont battus. Il y a eu procès correctionnel sur lechefde coalition, et sur lechefde rixe.Balzac,Les Paysans,1844, p. 140. −Loc. adv.Au premier chef.Avant tout, au plus haut degré : 19. Ce qui intéressait l'abbéau premierchef, c'était la vérité, mais non pas une vérité littéraire − m'y voilà − la vérité tout court.Green,Journal,1950, p. 336. Rem. On rencontre ds la docum. l'expr. de même sensau dernier chef, contamination probable avecau dernier point, au dernier degré. Il [Péguy]voulait établir, dans un prochain Cahier, que, dans une récente encyclique, le Pape avait écrit une phrase hérétique au dernier chef (J. etJ. Tharaud,Pour les fidèles de Péguy, 1928, p. 117). Prononc. et Orth. : [ʃ εf]. Historiquement [f] final s'était effacé devants de flexion ou devant la consonne d'un mot suiv. À ce sujetcf.Bourc.-Bourc. 1967, § 170 et 172;cf. aussiBuben1935, § 198 : ,,On prononce aujourd'hui [ʃ εf] au sing. et au plur.; l'f a été rétabli danschef-lieu [ʃ εfljø], mais il est resté muet danschef-d'œuvre [ʃ εdœ:vʀ]; l'ε ouvert en syllabe protonique libre s'explique par l'influence de la graphie. On peut signaler encore le mot techniquechégros (fil poissé des cordonniers) qui est d'origine inconnue, mais dans lequel l'étymologie populaire a vu certainement un composé dechef, comme en témoigne l'orthographe duxvies.chefgros``.Cf. aussiMart.Comment prononce1913, p. 231 etNyropPhonét. 1951, § 213, pour lequelf se prononce de nos jours, même dans la combinaisonbœuf gras mais que l'on dit toujourscerf-volant [sε ʀvɔlɑ ̃].Cf. encoreFouchéPrononce 1959, p. 479, pour lequel on prononce [bø] dansbœuf gras en face de [bœf] dansdu bœuf bouilli, du bœuf salé. Cf. enfinKamm. 1964, p. 192. DsAc. 1694-1932.Étymol. et Hist. 1. Fin duixes.chieef « tête » (Eulalie, 22 dsHenryChrestomathie), vx dsFur. 1690;2. 1172-74 « celui qui est à la tête de quelque chose » (G. de Pont Ste Maxence,St Thomas, éd. E. Walberg, 5560); 1530 « fondateur d'une institution » (Lefevre d'Etaples dsKunze); 1740chef de cuisine (Ac.); d'où 1836chef(Gozlan,Le Notaire de Chantilly, p. 279);3.ca 1130 « bout, extrémité (d'une chose matérielle) » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois2, 1014);4. a) 2emoitiéxiiies. « élément, point principal d'une chose » (B. de Condé, éd. A. Scheler, t. I, p. 318, 1469); 1648 « chapitre d'un écrit » (Retz ds Œuvres du Cardinal de Retz, éd. Feillet, Gourdault, Chantelauze, t. 10, p. 67);b) 1614 dr.chef d'accusation (Ordonnance royale d'apr.FEW t. 2,s.v. caput);5. 1643de son chef « de sa propre autorité » (Scarron dsRichardson, p. 50). Du lat. class.caput « tête » [par l'intermédiaire d'un lat. vulg. *capum, -i attesté auviies., v.TLL s.v. 384, 40-41], « extrémité (d'où début) », « ce qui est important (notamment d'un écrit) », « celui qui est à la tête de, auteur ».Fréq. abs. littér. : 14 500.Fréq. rel. littér. :xixes. : a) 20 915, b) 17 401;xxes. : a) 21 112, b) 21 799.Bbg.Bernitt (P. F.). Lat.caput undcapum nebst ihren Wortsippen im Französischen. Kiel, 1905, 229 p. [Cr.Meyer-Lübke (W.).Literaturblatt für germanische und romanische Philologie. 1906, no11, pp. 370-371]. −Mat. Louis-Philippe 1951, p. 147, 306. −Perrot (Général). Vocab. milit.Banque Mots. 1972, no4, p. 207. |