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Beaucoupd'opposants au régime ont accusé le gouvernement de vouloir museler les Berbèresen interdisant à leurs partis politiques d'employer les autres «langues du peuplealgérien» dont feraient partie le berbère et le français. D'ailleurs, les chefs berbèressont convaincus que la loi sur l'arabisation a été conçue avant tout pourfaire taire les Berbères et qu'elle n'a rien changé aux prérogatives dufrançais dans leur pays. Les Berbères ont tout fait pour demander l’abrogation de laloi de 1991sur l’arabisation, en vain. Pour eux, cette loi constituait uneattaque contre la diversité culturelle algérienne et contre le droit descitoyens de s'exprimer dans la langue de leur choix — arabe, berbère ou français — et de la manière dont ilsle souhaitent.

 
(autres langues: 20 %) - italien: - romanche:

a développé et imposé une idéologie arabo-islamique exclusive, laquelle considère que la diversité linguistique est un danger pour l'unité nationale et un germe de division, et que seul l'unilinguisme arabe peut être garant de cette unité nationale. À partir de là, toutes les raisons sont bonnes pour nier les droits des minorités. L'État central n'a jamais modifié sa doctrine en matière de langue et de culture.

es articles 13, 19, 20 et 21 de la Déclaration portent précisément sur la langue:

amazighetamazight

, même si l’arabisation demeurait le fondement de la politiquelinguistique.

Ce décret précise à l'article 1 ce qu'est l'organisme du Haut Commissariat à l'amazighité, une «structure» chargée de la réhabilitation de l'amazighité et de la promotion de la langue amazighe. Les articles 4 et 5 énumèrent les missions de l'organisme :

Jusqu'en 2002, les langues berbères, dont le tamazight, n'avaient aucun statut spécifique en Algérie. En avril 2002, à la veille des élections législatives, alors que le climat tendu par les manifestations et les revendications remettait en cause l’autorité de l’État algérien en Kabylie, le Parlement algérien adopta à l’unanimité la . On pouvait dès lors lire un ajout après l'article 3 de la Constitution:

Sur les 484 parlementaires présents, dont 20 par procuration, 482 ont voté pour la modification constitutionnelle; seuls deux députés ont opté pour l’abstention. Au moment de l'adoption de la loi constitutionnelle, les Berbères furent ravis, mais ils furent rapidement déçus, car ils s'aperçurent que le statut de «langue nationale» était inférieur à celui de «langue officielle». Le statut de l'arabe comme «langue nationale et officielle» prévaut sur celui du tamazight, puisque dans le cas d'une langue «nationale», l'État s'engage à la promouvoir, non à l'utiliser. 

Comme on pouvait s'y attendre, les Berbères revendiquent aujourd'hui l'officialisation du tamazight. Ils considèrent que le statut de «langue nationale» n'était qu'une tentative destinée à temporiser et à calmer leurs revendications. Quoi qu'il en soit, cette officialisation de la langue amazighe n'est pas pour demain. Elle se heurterait à l'article 178 de la Constitution de 1996, modifiée en 2008, qui déclare que toute révision constitutionnelle peut porter atteinte non seulement à l’islam en tant que religion de l’État, mais également à l’arabe comme langue nationale et officielle :

Selon la Constitution de 1996, le statut de «langue nationale» demeurait un symbole, une déclaration théorique, autrement dit coquille vide, qui n'entraînait aucun droit supplémentaire. Il faudrait presque un séisme politique pour modifier cet article de la Constitution.

. L'article 5 du décret décrit les missions du Centre, dont celle de réaliser des études sur la langue amazighe :

 

L'article 6 du précise davantage le cadre des missions du Centre:  

Comme ce fut le cas pour le sur la création du Haut Commissariat à l'amazighité, le crée une nouvelle structure destinée surtout à calmer les revendications des Berbères. Ce genre d'intervention est fréquent dans les États unitaires; il ne sert qu'à gagner du temps, puisqu'il n'accorde aucun droit supplémentaire aux minorités linguistiques. Lorsquel'article 3 bis de la Constitution déclare à propos du tamazight que «l'État œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national», les faits démontrent que cette promotion consiste à avoir créé le Haut Commissariat à l'amazighité en 1995 et le Centre national pédagogique et linguistique pour l'enseignement du tamazight en 2003. D'ailleurs, les interdits demeurent malgré l'adoption des mesures concernant la langue amazighe. 

Après un demi-siècle, le statut de langue officielle pour le tamazigh est arrivé en février 2016. En effet, le tamazight est devenu une langue officielle à l'article 3 bis de la :

) L'arabe est la langue nationale et officielle.

2) L'arabe demeure la langue officielle de l'État.

3) Il est créé auprès du président de la République un Haut Conseil de la langue arabe.

4)Le Haut Conseil est chargé notamment d'œuvrer à l'épanouissement de la langue arabe et à la généralisation de son utilisation dans les domaines scientifiques et technologiques, ainsi qu'à l'encouragement de la traduction vers l'arabe à cette fin.

Il faut lire les articles 3 et 3 bis de la Constitution pour constater que l'arabe est plus officiel que le tamazight. Il fallait s'attendre un jour à ce que legouvernement algérien finisse par accorder le statut de «langue officielle» au tamazight, mais en s'organisant pour le vider de tout contenu réel. Si l'État s'engage à employer l'arabe littéraire, il ne fera qu'œuvrer dans les faits à la promotion et au développement du tamazight dans toutes ses variétés linguistiques. Pour concrétiser une véritable co-officialité des deux langues, il aurait fallu lire que «l'arabe et le tamazight sont les langues officielles de l'Algérie», ce qui n'est pas le cas.  L'arabe est «la langue officiellede l'État», pas le tamazight qui «est également langue nationale et officielle». La distinction est subtile, mais il n'y a pas de réelle contradiction, car il subsiste encore ici une hiérarchie entre l'arabe et le tamazight, et c'est l'arabe qui occupe la première place. Il faut bien lire le libellé de l'article 3: «L'arabe demeure la langue officiellede l'État», pas le tamazight.

Il y a fort à parier que l'identité amazighe demeurera marginalisée dans les institutions nationales algériennes. Officiellement, l’Algérie est toujours présentée comme «un pays arabe», alors que les lois anti-amazighes restent toujours en vigueur, dont laloi n° 91-05 du 16 janvier 1991 portant généralisation de l'utilisation de la langue arabe 1996 portant généralisation de l’utilisation de l'arabe. Lorsque l’identité amazighe est mentionnée, il s'agit toujours de stéréotypes, c'est-à-dire d'éléments marginalisés et folklorisés. 

Depuis l'adoption de la lale statut de l'arabe n'a pas changé, car cette langue conserve son statut de prééminence, le tamazight n'étant dans les faits qu'une «langue nationale», sans le statut réel d'une langue officielle, c'est-à-dire utilisée normalement par l'État. Quoi qu'il en soit, il est illusoire de croire que la constitutionnalisation du tamazight suffira à elle seule sans la mise en place d'un dispositif juridique, institutionnel et financier adéquat, en vue de garantir sa promotion et sa généralisation. La Constitution reconnait maintenant la langue amazighe comme officielle, mais laloi 91-05 du 16 janvier 1991 sur l'arabisation interdit son usage, de la même façon qu’elle interdit aussi l’usage des langues étrangères.

La modification constitutionnelle de 2002 et celle de 2016 reconnaissant le tamazight comme langue nationale et officielle auraient dû normalement entraîner des modifications importantes dans laloi n° 91-05 du 16 janvier 1991 portant généralisation de l'utilisation de la langue arabe, afin d'adapter les interdits et les rendre conformes àl'article 3 bis de la Constitution. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé: la loi de 1991 est restée inchangée et va le demeurer.


décida d'agir en recourant aux instances internationales de l'ONU par l'entremise de son avocat. Pour les rapporteurs de l'ONU, un prénom berbère a nécessairement une «consonance algérienne», et ce, d'autant plus queLe refus du prénom berbère

des prénoms amazighs par l’état civil ne se reproduira plus. Dorénavant, les agents de l’administration auront à leur disposition une liste de 300 prénoms comme référence, dont 150 prénoms masculins et 150 prénoms féminins. Elle a été adoptée et validée par le ministère de l’Intérieur et sera introduite dans la nomenclature des prénoms autorisés, le tout en trois alphabets (latin, arabe et tifinagh), dont voici quelques exemples en alphabet latin:

Quant auxpartis politiques, la situation ne se présente guère mieux. D'abord, précisons qu'il n'existe pas de partis politiques berbères. Leur fondation aurait pu contribuer à faire reconnaître des droits à la langue berbère. Les partis politiques existants, les partis dits «kabyles» commele Parti de la Révolution socialiste (PRS), le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ou le Front des forces socialistes (FFS), s’en sont parfois fait l’écho, mais ils ont toujours évité d'en faire l'axe principal de leur action politique. Le seul parti d'opposition à se manifester formellement à propos de la langue berbère fut le PRS, qui critiquait sévèrement le pouvoir algérien parce que ce dernier était resté silencieux sur la question berbère dans les textes de laCharte nationale de 1976.

Mais leParti de la Révolution socialiste (PRS) a éclaté lors du «printemps berbère» de 1980. L'un des Rassemblement pour la culture et la démocratie Or, tous les partis politiques de l'opposition craignent de «Il faut noter aussi que l', qui a abrogé

 

Le gouvernement s'est bien gardé de modifier cette loi qui dessert les Berbères. C'est pourquoi tous les partis politiques doivent démontrer leur «bonne foi nationaliste algérienne». Ainsi, le danger politique berbère demeure toujours parfaitement circonscrit et contrôlé par le gouvernement.

D'ailleurs, ces dispositions sont reprises dans la Constitution de 1996 à l'article 42, qui précise au paragraphe 3 que «les partis politiques ne peuvent être fondés sur une base religieuse, linguistique, raciale, de sexe, corporatiste ou régionale» :

Plus précisément, il est interdit de fonder un parti politique sur la base de la langue, de l'ethnie ou de la région, donc de fonder un parti politique berbère. C'est une façon pour les autorités algériennes de nier des droits politiques à leurs minorités.

Il paraît évident que, selon tous les berbérophones d'Algérie,nouveau statut de «langue nationale» du tamazight ne semble pas lui avoir permis de s'établir de façon convaincante dans les établissements scolaires publics, même là où le tamazight est déjà enseigné sur une base facultative. Introduit dans le système d'éducation en 1995, au lendemain de la «grève du Cartable» et après des décennies de revendications, l’enseignement de la langue amazighe se poursuit encore aujourd'hui, mais la situation est loin d'être enviable. Alors que cet enseignement a été autorisé en 1995, il a fallu attendre en 2003 pour modifier l'ordonnance n° 76-35 du 16 avril 1976, qui régissait l'enseignement public en Algérie.

Ce fut l'objet de l'o

ordonnance n° 76-35 du 16 avril 1976,

L'article 4 insérait dans l’ordonnance n° 76-35 du 16 avril 1976 deux articles, 8 bis et 8 ter, pour introduire le tamazight comme «activités d'éveil» ou en tant que «discipline» :

Enfin, l'article 8 introduit un paragraphe 2 bis à l'article 25 de l’ordonnance n° 76-35 du 16 avril 1976 afin d'établir l'orientation de l'enseignement du tamazight :

C'était la première fois que le gouvernement modifiait une loi existante pour l'adapter àl'article 3 bis de la Constitution. Toutefois, l'article 15 de laloi n° 91-05 du 16 janvier 1991 portant généralisation de l'utilisation de la langue arabe est demeuré inchangé et interdit toute autre langue que l'arabe dans l'enseignement.

En 2008, une nouvelle loi sur l'éducation a été adoptée: lal’ordonnance n° 76-35 du 16 avril 1976 sur l'éducation. Elle est précédée d'un long préambule servant à justifier l'idéologie arabo-musulmane devant imprégner l'école algérienne. Dans les extraits présentés ici, il est aisé de constater l'importance accordée à la «langue arabe» (nommée sept fois) par comparaison à la «langue amazighe» (nommée deux fois):

Il ne s'agit pas de deux langues à statut égal, mais d'une langue dominante, l'arabe, et d'une langue subordonnée, le tamazight, peu importe l'énoncé du nouvelarticle 3 bis de la Constitution de 2016.

Les articles les plus importants de la'enseignement est dispenséen langue arabe à tous les niveaux d'éducation, aussi bien dans les établissements publics que dans les établissements privés d'éducation et d'enseignement».L'article 34 énonce que «l'enseignement de lalangue amazighe(tamazight)est introduit dans le système d'éducation pour répondre à la demande exprimée sur le territoire national»: 

Ce que la loi ne précise pas clairement, c'est que l'enseignement du tamazight est autorisé seulement sur unebase facultative. Quant au

:l’enseignement dans les établissements privés d’éducation et d’enseignement est assuré obligatoirement en langue arabe dans toutes les disciplines et à tous les niveaux d’enseignement :

Le gouvernement aurait pu au moins autoriser l'enseignement du tamazight comme langue seconde, mais non.

Durant l’année scolaire de 1995-1996, on comptait 16wilayas (voir le tableau ci-dessous) ayant opté pour l’introduction du tamazight dans leur programme scolaire. À cetteépoque, il y avait 200 enseignants de tamazight et plus de 37 000 élèves. En 2010-2011, on comptait plus de 1300 enseignants avec un effectif de plus de 213 000 élèves pour toute l'Algérie, selon le secrétariat général du Haut Commissariat à l’amazighité. Toutefois, des 16 wilayas de 1995, il ne restait plus que dix en 2011 (dont seulement sept à Alger). Et plus de 90 % des élèves et des enseignants sont issus deswilayas de Tizi Ouzou, de Bouira et de Bejaia, d'après les statistiques fournies par le Haut Commissariat à l'amazighité (HCA). Il reste 10 % des autres élèves qui sont répartis dans les sept autres wilayas (Alger, Batna, Boumerdès, Khenchla, OE Bopuaghi, Setif et Tamanrasset).

Les wilayas qui ont supprimé cet enseignement sont leswilayas de Biskra (2010), d'Oran (2002), de Ghardaïa (2009), d'Illizi (2000) et de Tipaza (1999). Rappelons que l'Algérie compte huit millions d'élèves, dont seulement 213 000 suivent des cours de tamazight, ce qui représente 2,6 % de l'effectif scolaire. À l'exception deswilayas de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de Bouira et de Batna, le tamazight n'est enseigné dans aucune école primaire; le scénario est le même pour les classes du secondaire.

M

L'un des responsables du HCA, Bilek Hamid, affirmait en mars 2007 :

Selon le HCA, seules les variétés kabyle, et touareg sont enseignées. Les autres variantes, telles le chleuh, le chenoui et le mozabit, ne sont pas enseignées. Pour sa part, le HCA semble être une coquille vide, sans pouvoirs ni moyens, totalement contrôlé par les autorités algériennes et dont l’action demeure plutôt insignifiante. Chaque année, le constat dressé par le Haut Commissariat à l’amazighité et les enseignants est pessimiste. Dans les écoles où le tamazight est offert, cette langue est enseignée à raison de trois heures par semaine, c'est-à-dire selon la même tranche horaire que les langues étrangères. Pour le moment, l'enseignement du tamazight n'est donné que dans les régions berbérophones, donc essentiellement en Kabylie, ainsi que dans les Aurès (au nord-est du pays) et de façon occasionnelle au sud, dans le pays des Touaregs.

Dans un rapport remis le 6 janvier 2009 aux Nations unies (Application du Pacte international relatif aux droit économiques, sociaux et culturels), l'Algérie présentait ainsi la situation du tamazight dans le pays:   

Ce texte rédigé le 31 décembre 2007 se voulait une description neutre de la situation de l'enseignement du tamazight en Algérie. Il s'agit d'un texte officiel tout à fait aseptisé, ignorant toutes les difficultés auxquelles doit faire face l'enseignement de cette langue.

La ministre de l'Éducation nationale, Nouria Benghabrit, a annoncé que l'enseignement du tamazight serait implanté aux établissements de 32 wilayas du pays lors de la rentrée scolaire de 2016-2017. Toutefois, étant donné que l'enseignement de la langue amazighe reste tributaire de la demande et qu'elle n'est pas enseignée comme manière obligatoire à l'instar de l'arabe ou du français, son enseignement demeure aléatoire.

De façon générale, les responsables berbérophones semblent très peu préoccupés de l'enseignement du tamazight dans leur pays. Des difficultés majeures empêchent la généralisation du tamazight, même dans les régions berbérophones comme la Kabylie.

, la langue d'enseignement demeurant obligatoirement l'arabe. En général, dans les pays où le respect des minorités linguistiques constitue un principe fondamental, les membres des minorités ont le droit d'employer leur langue maternelle comme langue d'enseignement, et aussi l'obligation d'apprendre la langue majoritaire comme langue seconde. Pas en Algérie!

Il faut préciser que l'enseignement facultatif est conditionnel à la fameuse , une redoutable arme aux mains des directions d'établissements scolaires, car celles-ci peuvent dispenser les élèves pour toutes sortes de prétextes. Par exemple, des directeurs refusent de prévoir des horaires ou des emplois du temps qui tiendraient compte de l’enseignement du tamazight.

Comme si ce n'était pas suffisant, il faut aussi qu'il y ait du personnel disponible et qu'un budget soit alloué. une affaire d’État, certains villages et certaines municipalités ont pris le contrôle du pouvoir dans le domaine de l’enseignement afin d'accorder les postes aux habitants de leur agglomération.

À cela s'ajoute la en tamazight avec la problématique des trois alphabets (latin, arabe ettifinagh). Dans le cas des manuels scolaires, le contenu peut être écrit en trois alphabets différents, avec le résultat que les manuels sont trois fois plus lourds que ceux écrits en arabe et coûtent trois fois plus cher. Alors que la Kabylie a opté pour l'alphabet latin, la région des Aurès préfère les caractères arabes, tandis que dans le Sud les Touaregs utilisent les tifinaghs. Pour tous les Berbères, cet alphabet particulier témoigne de l'enracinement profond dans l’identité berbère.

Enfin, le tamazight a un statut de «langue tierce», c'est-à-dire qu'il n'est offert au primaire qu'à partir de la quatrième année, donc après l’arabe et le français, qui sont enseignés respectivement en première année, puis en deuxième ou en troisième année, selon le bon vouloir du ministre en poste.

On voudrait interdire l'enseignement de la langue maternelle aux minorités qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Dans ces conditions, on peut comprendre aisément la régression de l’enseignement du tamazight dans les écoles et sa gestion balbutiante par les administrions locales. Beaucoup d'enseignants se découragent et jettent l'éponge.

En somme, l'enseignement du tamazight correspond sans aucun doute à celui d'une langue étrangère, encore plus étrangère que le français, ce qui est peu dire. Les autorités algériennes n'ont cure du fait que le berbère (et ses variétés) est la langue première des berbérophones. De là à penser que tous ces blocages administratifs sont voulus et qu'ils sont destinés à décourager les élèves et parents afin de faire échouer le «stade expérimental» de cet enseignement, il y a un pas vite franchi.

En mai 2010, à l'issue des travaux de la 44 session du Comité des droits économiques, sociaux et culturels, qui s’est tenue à Genève, le Comité a adopté des observations finales au sujet des rapports des États examinés à cet occasion, dont celui de l’Algérie. Le Comité a réitéré à l’État algérien sa demande explicite de la langue amazighe comme langue officielle, mais il recommandait aussi de généraliser l’enseignement de la langue amazighe dans toutes les régions et à tous les niveaux d'enseignement. Le Comité a montré que ce que l’État algérien appelle «enseignement de la langue nationale amazighe» est loin d’être un enseignement digne de ce nom, car celui-ci ne touche qu’un pourcentage dérisoire de l’ensemble des élèves scolarisés, soit 2,5 %. En revanche, les berbérophones continuent d’être massivement scolarisés et alphabétisés en arabe.

La constitutionnalisation de la langue amazighe en avril 2002, en tant que «langue nationale» (et en février 2016 en tant que langue officielle) n’a entraîné aucune répercussion institutionnelle, notamment dans les médias. Théoriquement, le droit à l’information est garanti en Algérie à tous les citoyens, quelle que soit leur langue d’usage.

Pourtant, l'article 6 de laloi n° 90-07 du 3 avril 1990 relative à l'informationn'autorisait que les publications périodiques en langueaprès avis du Conseil supérieur de l'information, dans des langues étrangères, ce qui incluait le tamazight:

L'année suivante, le ntreprise nationale de radiodiffusion sonore, laquelle a été créée par le décret n° 86-146 du 1juillet 1986: 

Il fallut attendre en 2012 pour que laloi organique n° 12-05 du 12 janvier relative à l'informationmentionne formellement «en langue nationales» ou «l'une d'entre elles», bien que l'État ait gardé une exclusivité à l'arabe dans les délibérations et les décisions de l’Autorité de régulation de la presse écrite (ARPE): 

Dans les faits, les Berbères n'ont droit qu'à fort peu de moyens, car la langue amazighe n’est pas très utilisée dans les médias électroniques. Elle ne bénéficie pas de nombreuses radios locales. La stationChaîne 2, une radio kabyle dont l'existence avait étémenacée à plusieurs reprises dans les années 1970 a vu cependant sa place etson rôle fortement élargis et consolidés. Elle est devenue une radio nationale généraliste diffusant ses émissions en cinq variantes linguistiques amazighes: surtout en kabyle, mais également en chenoui, en chaoui, en mozabite et en targui. Ajoutons que la plupart des radios locales de Tizi Ouzou et de Béjaia sont berbérophones. D'autres radios locales (wilayas de Bouira, de Khenchela, de Batna, de Tipaza, d'Oum El Bouaghi, etc.) proposent des émissions en tamazight. Généralement, les nouvelles stations radiophoniques voient le jour lors d'une campagne électorale. À signaler qu'en France il existe plusieurs stations de radio et de télévision en berbère.radiophoniques locales ont vu le jour dans la plupart des wilayas, notamment en Kabylie. La langue utilisée est le kabyle. Dans les régions où certaines populations ont le tamazight comme langue, il existe des émissions dans la variété amazighe régionale. Cela étant dit, la chanson kabyle «engagée» est censurée en Algérie; plusieurs chanteurs ont été interdits de séjour et même arrêtés. 

La télévision, quant à elle,présente quotidiennement une brève version berbère (en kabyle et en chaoui)du journal télévisé, mais il n’y a pas encore d’émission normale en langueberbère. Des projets en ce sens dorment sur les tablettes depuis longtemps: on parle d'une«tranche horaire berbère» ou même de la création d’une secondechaîne de télévision. De fait, nationale a vu le jour, la Chaîne 2: les émissions sont présentées dans toutes les variétés berbères. Les bulletins d'information ne relèvent pas d'un contenu berbère spécifique, car ils transmettent intégralement le discours officiel des dirigeants algériens. Les émissions religieuses sont nombreuses et restent cantonnées dans la lecture répétitive du Coran. À cela s'ajoutent les menaces et les prêches moralisateurs des imans. Les émissions récréatives disposent d'une plus grande autonomie. Il existe aussiTamazight TV 4, une chaîne généraliste en tamazight captable uniquement par satellite depuis 2009. Elle émet en kabyle, en chaoui, en tamasheq, en chenoui et en m'zabite, pour une durée de six heures par jour de 17 h à 23 h.Berbère Télévision diffuse de la France des émissions en kabyle (60 %) et en français (40 %).

Une chaîne de télévision publique en langue amazighe a été inaugurée en mars 2009 (A4ouAlgérie 4). D'abord diffusée seulement six heures par jour, elle a progressivement étendu ses horaires de diffusion. Cependant, son contenu ne semble pas correspondre aux attentes des berbérophones en ce qui a trait à la programmation. En effet, les stéréotypes règnent en Algérie berbérophone: les émissions sont dominées par le folklore, les programmes religieux islamiques, et les productions étrangères (surtout françaises) sont doublées en arabe, avec des sous-titres en tamazight transcrits à l'écran en alphabet arabe, ce qui rend ces émissions inaccessibles, voire inacceptables, pour la plupart des berbérophones. Comme on pouvait s'y attendre, la chaîne est boudée par la majorité de la population berbérophone.

De façon générale, la langue berbère utilisée par les médias électroniques contient beaucoup d'emprunts lexicaux majoritairement à l'arabe, mais aussi au français.   

Aucune initiative des secteurs publics n’est venue encourager l’écriture de la langue amazighe dans les médias écrits. Depuis 1989, il est possible d’éditer des livres en tamazight sans se faire poursuivre par la police. Mais les incertitudes de la vie politique algérienne n'ont pas vraiment permis à l'édition berbère de prendre son essor. En ce qui a trait à la presse, plusieurs tentatives de création de périodiques ont échoué.Dans la passé, des militants berbérophones ont tenté de fonder des journaux ou des revues (Agraw Adelsan Amazig,Izuran,L’hebdo n Tmurt, etc.), mais sans succès notable. Ces résultats décevants s'expliquent en partie par un lectorat berbérophone insuffisant et par l'inertie de l'État dans les espaces publicitaires. En Algérie, la publicité publique est monopolisée par une institution de l'État. Au mieux, quelques journaux régionaux et nationaux font l'expérience d'une«page berbère» dans leur édition régulière.

position des tirages de la presse quotidienne algérienne; mais en 15 position si l'on ne tient compte que des quotidiens francophones généralistes. Quelques journaux régionaux et nationaux font néanmoins l’expérience d’une «page berbère» dans leur édition régulière.

session du Comité tenue à Genève le30 novembre 2001, les conclusions finales rendues publiques étaient les suivantes (extrait):

On sait que, l'année suivante, leprésidentl'article 3 bis de la Constitution.

En septembre 2007, l'Algérie votait à l'Assemblée générale des Nations unies en faveur de laDéclaration des droits des peuples autochtones, ce qui signifiait que l'État algérien était en accord avec les articles 13, 14, 15 et 16 de la Déclaration : 

session de mai 2010, le Comité des Nations unies pour les droits économiques, sociaux et culturels, a recommandé au gouvernement algérien de reconnaître le tamazight comme langue officielle et d'intensifier ses efforts pour assurer l'enseignement de la langue et de la culture amazighes dans toutes les régions et à tous les niveaux d'enseignement, notamment en augmentant le nombre d'enseignants qualifiés de langue amazighe. En même temps, le Comité recommandait de réviser le Code de la famille afin de proscrire la polygamie, de supprimer l'obligation légale du tuteur matrimonial (obligatoirement un musulman) et de faire en sorte que le mariage d'une femme musulmane avec un non-musulman soit reconnu par la loi, sans exception.

Le Comité rappelait aussi l'Observation générale n° 21 de 2009 sur le droit despersonnes appartenant à des minorités departiciper à la vie culturelle:

Évidemment, l'Algérie est loin du compte avec ses minorités berbères. Dans le chapitre sur les minorités, le Comité, en se basant sur lePacte international relatif aux droits civils et politiques, décrit les droits des minorités comme une obligation pour les États de les protéger en tant que «composantes essentielles de l’identité des États eux‑mêmes»:

Pour l'État algérien, ce type de recommandations sera toujours considéré comme nul et non avenu tant que persistera l'idéologie arabo-musulmane exclusiviste, accompagnée d'une hostilité irraisonnée envers les autres cultures, y compris celles de ses propres minorités. 

et le, que par l’arabelittéraire ou le français. Or, l'arabe algérien ne bénéficie d'aucun statut et le berbèrevient de se voir reconnaître tardivement un statut de «langue nationale et officielle», qui va se révéler aussi symbolique qu'auparavant, alors qu'il n'était qu'une langue nationale. La politique linguistique impose l'arabelittéraire — la langue qu'utilise le pouvoir — à l'exclusion de toute autrelangue, que ce soit l'arabe algérien, le berbère et ses variétés ou le français. 


 
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Bibliographie
 

aménagement linguistique dans le monde

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