Guillaume Fréchette | : Il est généralement admis dans la littérature analytique sur l’intuition que celle-ci est principalement, ou même fondamentalement, une attitude propositionnelle. Partant de là, elle est aussi souvent caractérisée comme une croyance que P, comme la formation d’une croyance sans inférence que P, comme une impression que P, comme une impression intellectuelle que P, comme l’attitude consistant à être poussé, mu par P. Dans tous les cas, la spécificité de l’intuition reposerait au moins en partie sur les (...) propriétés doxastiques qui la distingue d’autres attitudes propositionnelles, comme savoir que P ou douter que P.Cette caractérisation de l’intuition semble à première vue incommensurable avec le concept d’intuition discuté dans la tradition phénoménologique, où l’intuition est caractérisée comme ce type d’expérience qui rend les objets présents, et peut certes être caractérisée en termes d’attitude propositionnelle, mais ne l’est pas essentiellement.Dans ce qui suit, je soulève quelques problèmes auxquels fait face la conception de l’intuition comme attitude propositionnelle. Partant de là, j’aimerais suggérer qu’en amendant cette idée, on peut développer une théorie de l’intuition qui peut employer de manière fructueuse les ressources de la phénoménologie et de la philosophie analytique. Cette suggestion montre que l’incommensurabilité des conceptions analytiques et phénoménologiques de l’intuition est superficielle, plus superficielle que ne le laissent entendre ses défenseurs respectifs. | : It is generally acknowledged in the analytic literature on intuitions that these are generally, or even fundamentally, propositional attitudes. For this reason, intuitions are often characterized as beliefs that P, as seeming that P, as the intellectual seeming that P, or as the attitude of being pushed by P. In all cases, the specificity of intuitions would consist at least in part in the doxastic properties that distinguishes them from other propositional attitudes, such as knowing that P or doubting that P.At first glance, this characterization of intuitions seems incommensurable with the concept of intuition discussed in the phenomenological tradition, where intuition is characterized as the type of experience that make objects present to us. While intuitions in this sense may be characterized as propositional attitudes, it doesn’t imply that they fundamentally are propositional.In the following paper, I raise some problems which faces the conception of intuitions as propositional attitudes. I would suggest that amending this idea allows to develop a theory of intuition which can use fruitfully both the resources of phenomenology and analytic philosophy. As a consequence, the alleged incommensurability of analytical and phenomenological conceptions of intuitions appears to be more superficial than it is usually taken to be defenders of intuitions as propositional attitudes. (shrink)
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