Clio 41:243-263 (
2015)
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Dans la Rome républicaine et impériale, les pleurs accompagnent des événements de la vie privée et publique. Pour agrémenter leurs discours et asseoir leur autorité, des sénateurs, des empereurs et de brillants chefs d’armes n’hésitent pas à verser des larmes quand l’heure est grave. L’effet de leurs sanglots dépend de leur position sociale et de leur renommée : les plaintes d’un aristocrate ont plus de portée que celles d’un simple soldat. Aux femmes, en revanche, les larmes sont souvent interdites (hormis dans le deuil), quand bien même leur « nature » et leur imbecillus animus (Tite-Live, 3, 48, 8) les prédisposent aux pleurs. Le chantage à l’émotion est surtout féminin, pense-t-on. Malgré ses prescriptions de retenue, la philosophie, notamment stoïcienne, n’arrive pas à contrevenir à ce grand usage des larmes, qui est progressivement détourné et revalorisé par les auteurs chrétiens dans leur éloge de la pénitence.