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Nouvelles de Turquie, frontière brûlante de l’Europe.
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Origines multiples, identités complexes, islam et laïcité, frontières chaotiques, afflux de réfugiés, régime ubuesque et autoritaire… La Turquie est prise dans des enjeux qui la bouleversent, et dépassent ses frontières.Les Jours explorent cette si fragile agrafe entre Europe et Moyen-Orient.

ParOlivier Bertrand
Une parenthèse loin de la Turquie
Universitaires et réalisateurs se sont retrouvés la semaine dernière au festival de Douarnenez, consacré au cinéma turc.
Épisode n° 33
« Mon pays est en train de devenir un monstre »
L’universitaire Maya Arakon est, comme beaucoup de Turcs, victime de la purge qui suit le putsch raté. Elle a choisi de s’exiler.
Épisode n° 32
Le grand ménage
Fethullah Gülen (4/4). Dès 2011, Erdogan n’a plus besoin de Gülen et ses disciples. Justice, médias : la purge commence en Turquie.
Épisode n° 31
Gülen et Erdogan, alliance de circonstance
Fethullah Gülen (3/4). Les disciples du prédicateur, aujourd’hui victimes de la purge, ont un temps servi les ambitions du Président turc.
Épisode n° 30
L’expansion de la galaxie Gülen
Fethullah Gülen (2/4). Médias, école, industrie : à partir des années 90, les disciples du prédicateur investissent tous les pans de la société turque.
Épisode n° 29
Fethullah Gülen, ennemi d’État
Fethullah Gülen (1/4). Découvrez la saga sur le prédicateur turc exilé, qu’Erdogan accuse d’avoir fomenté le putsch raté.
Épisode n° 28
« Des gens ont essayé de nous prendre notre pays »
Partisans d’Erdogan (2/2). Le soutien au Président est nourri par l’essor économique et un fort sentiment nationaliste.
Épisode n° 27
La foule du Président
Partisans d’Erdogan (1/2). Depuis la tentative de putsch, ils sont tous les soirs dans la rue pour soutenir le Président turc.
Épisode n° 26
Nazli Ilicak, l’affranchie arrêtée par Erdogan
L’éditorialiste libérale de 72 ans, un temps proche du Président turc, fait partie des 42 journalistes ciblés par la purge.
Épisode n° 25
La Turquie accuse l’après-coup
Après le putsch, le président Erdogan a entamé le « grand ménage », avec le soutien inconditionnel de « son » peuple.
Épisode n° 24
La nuit où la Turquie a vacillé
Erdogan sur Facetime, l’armée dans les rues, le parlement bombardé et finalement le pouvoir qui revient, conforté. Récit.
Épisode n° 23
En Turquie, les villageois face au camp de Syriens
Réfugiés temporaires (6/6). L’État va installer 27 000 Syriens sur les terres de 3 000 alévis, qui craignent d’être chassés.
Épisode n° 22
À Mersin, Turcs et Syriens font plage à part
Réfugiés temporaires (5/6). Dans cette ville balnéaire turque, les Syriens sont tolérés tant qu’ils se tiennent loin.
Épisode n° 21
Attentat à Atatürk : les renseignements turcs aux abonnés absents
L’attaque d’Istanbul met en lumière les carences des forces de sécurité du pays, focalisées sur les opposants à Erdogan.
Épisode n° 20
Turcs et Syriens, cohabitation sous tension
Réfugiés temporaires (4/6). Les Turcs des villes du Sud-Est accueillent l’afflux massif de Syriens avec méfiance, parfois violence.
Épisode n° 19
Les Syriens en Turquie, des vies de seconde zone
Réfugiés temporaires (3/6). Sous-payés, mal-logés, parfois victimes de violences, les Syriens survivent dans une Turquie dépassée.
Épisode n° 18
Les petites mains syriennes de Turquie
Réfugiés temporaires. À Gaziantep, où vivent 325 000 Syriens, beaucoup d’enfants travaillent pour un salaire de misère.
Épisode n° 17
Vidéo : en Turquie, dans un atelier où travaillent des enfants syriens
Réfugiés temporaires. « Les Jours » entament une série consacrée aux réfugiés syriens en Turquie. Parmi eux, des enfants au travail.
Épisode n° 16
Une soirée pour la Turquie
Des universitaires, réprimés par Erdogan et contraints à l’exil, témoignent ce mercredi soir à Paris.
Épisode n° 15
« L’oppression ne nous rendra pas silencieux »
Esra Mungan, universitaire turque, a été incarcérée pour son soutien à la paix au Kurdistan. Elle raconte sa détention.
Épisode n° 14
Sur les traces de Gezi, éphémère révolte
Le 27 mai 2013, des citoyens décidaient de braver Erdogan. Trois ans plus tard, l’abattement a gagné les militants.
Épisode n° 13
Visas : l’humiliation récurrente
Le marchandage de l’Union européenne avec la Turquie, levée des visas contre retenue des réfugiés, exaspère les Turcs.
Épisode n° 12
Les spectres de Cizre
Après les bombardements, des familles kurdes ont récupéré leurs proches dans des sacs. Ils auraient été exécutés. (3/3)
Épisode n° 11
« Je n’ai plus rien, nous sommes vides »
Rumeurs d’exécutions, expropriations… Dans les quartiers détruits de Cizre, au Kurdistan, la vie est suspendue. (2/3)
Épisode n° 10
Kurdistan : dans Cizre, ravagée et oubliée
Depuis cet été, 3 000 Kurdes ont été tués par les forces turques. Reportage à Cizre, dans l’angle mort de l’Europe. (1/3)
Épisode n° 9
La fête inquiète des Kurdes
Les Kurdes célèbrent « Newroz », leur nouvel an. Reportage au Kurdistan turc, sous pression policière et menace d’attentats.
Épisode n° 8
Istanbul, jour d’attentat
Samedi, une attaque suicide a causé la mort d’au moins quatre personnes dans le centre-ville. En Turquie, le moral plonge.
Épisode n° 7
Le prix de l’essor
En convertissant la Turquie au capitalisme, Erdogan s’est assuré le soutien d’une classe moyenne muselée par l’endettement.
Épisode n° 6
Une marche turque
Le 8 mars, les femmes turques ont pris les rues d’Istanbul. Un « souffle de liberté » et une folle nuit.
Épisode n° 5
Coupure de presse
Vendredi, le quotidien « Zaman » a été mis sous tutelle. Journalistes censurés, détenus : en Turquie, Erdogan contrôle les médias.
Épisode n° 4
Femmes : les pressions insidieuses
Tiraillé entre libéralisme et laïcité, le féminisme turc est malmené par la poussée conservatrice.
Épisode n° 3
« Une véritable ingénierie conservatrice se met en place »
En Turquie, l’islam progresse dans l’espace public, instrumentalisé par Erdogan, et les mœurs sont sous surveillance.
Épisode n° 2
Dans la marmite turque
« Les Jours » entament une obsession à la frontière brûlante de l’Europe. Première rencontre avec Izzeddin, Buket et Taner.
Épisode n° 1
En imagesLancer le diaporama
Deux femmes traversent (…)3
Épisode n° 1
Photo Christophe Petit-Tesson.
Une femme supportrice du Président Erdogan (…)2
Épisode n° 2
Photo Christophe Petit-Tesson.
Scène de rue à Istanbul (…)3
Épisode n° 3
Photo Christophe Petit-Tesson.
La police turque force l’entrée (…)3
Épisode n° 4
Photo Mehmet Yaman.
Lors de la marche (…)3
Épisode n° 5
Photo Cigdem Ucuncu/NarPhotos.
Un drapeau turc à l’arrière4
Épisode n° 6
Photo Christophe Petit-Tesson.
La police scientifique sur les lieux (…)4
Épisode n° 7
Photo Mehmet Yaman.
Le public danse lors des festivités (…)5
Épisode n° 8
Une femme près de la tombe (…)6
Épisode n° 9
Des hommes se protègent d’une tempête de poussière (…)6
Épisode n° 10
Des hommes dans la cave où 28 personnes (…)6
Épisode n° 11
Une famille de réfugiés syriens (…)4
Épisode n° 12
Photo Christophe Petit-Tesson.
La police évacue les manifestants  (…)5
Épisode n° 13
Photo Christophe Petit-Tesson.
Esra Mungan et Meral Camci (…)5
Épisode n° 14
Photo Ilkan Akgül.
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Épisode n° 15
Zakkur, 8 ans, travaille (…)1
Épisode n° 16
Zakkur, 8 ans, travaille (…)6
Épisode n° 17
Abdullah (au centre), 15 ans (…)7
Épisode n° 18
Gaziantep est l’une des villes (…)6
Épisode n° 19
À l’intérieur de l’aéroport (…)1
Épisode n° 20
Photo DR.
Sur une plage de Mersin (…)7
Épisode n° 21
Les habitants de Sivricehüyük (…)5
Épisode n° 22
Un partisan du président Erdogan (…)5
Épisode n° 23
Photo Selahattin Sevi.
Istanbul, le 17 juillet (…)4
Épisode n° 24
Photo Ismail Ferdous/The New York Times-Redux-RÉA.
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Épisode n° 25
Des manifestants pro-Erdogan (…)6
Épisode n° 26
Des manifestants pro-Erdogan (…)6
Épisode n° 27
Portrait de Fethullah Gülen (…)5
Épisode n° 28
Photo Selahattin Sevi/Zaman-Nar Photos-RÉA.
Un enfant joue au foot (…)5
Épisode n° 29
Photo Daniel Etter/The New York Times-Redux-RÉA.
Fethullah Gülen dans son logement à Saylorsburg (…)4
Épisode n° 30
Photo Ruth Fremson/The New York Times-Redux-RÉA.
Des partisans du Président Erdogan portent un drapeau (…)5
Épisode n° 31
Photo Nicole Tung/The New York Times-Redux-RÉA.
Le collège Ufuk est l’une des centaines d’écoles (…)5
Épisode n° 32
Manifestation des partisans du Président (…)3
Épisode n° 33
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Izzeddin Çalislar, écrivain très observateur
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Izzeddin Çalislar
Écrivain très observateur
Dans un cadre accroché au mur du salon d’Izzeddin Çalislar, à Istanbul, un militaire coiffé d’une haute toque de laine fixe le visiteur. L’arrière grand-père d’Izzeddin, général des armées d’Atatürk, le fondateur de la République turque. La famille était originaire de Grèce, comme le père de la nation. Les deux familles étaient proches : l’ancêtre a fait partie des premiers fidèles et a dirigé les armées d’Atatürk pendant la première guerre. Le petit fils (52 ans) porte le même prénom que lui, a fait des études de sciences politiques avant de travailler comme monteur, scénariste et metteur en scène, puis de se lancer dans la publicité, montant sa propre agence, pendant dix ans. Il l’a laissée tomber pour écrire des livres. Il multiplie les ouvrages sur des sujets très différents qui ne lui poseront pas de problèmes en Turquie. Le dernier, superbe, parle des oliviers millénaires. Quand il n’écrit pas depuis son bureau surplombant un jardin un peu sauvage, Izzeddin se consacre à ce qui constitue un sport national en Turquie : disserter de politique et de l’état inquiétant du pays.

Retrouvez tous les épisodes avec Izzeddin Çalislar.
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Recep Tayyip Erdogan, Ubu président
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Recep Tayyip Erdogan
Ubu président
Avant de plonger progressivement son pays vers la dictature, Erdogan était un peu le pendant musulman d’Atatürk le laïc. Le « père » de la République turque, sultan moderne, a transformé les restes d’un empire en nation avec des méthodes autoritaires. Le président actuel, sultan conservateur, prend des poses patriarcales et a peu à peu plongé son pays dans un dangereux repli. Né dans une famille modeste et musulmane, dans un quartier très populaire d’Istanbul, il est devenu maire de la ville, l’a profondément transformée avant d’accéder au pouvoir en 2002, puis de devenir président en 2014. Conforté par l’essor de son pays, la stabilité économique retrouvée, il a progressivement éliminé les rivaux de son parti, purgé les administrations de tous ses opposants, et règne désormais en dictateur en tournant le dos aux années d’ouverture qui avaient accompagné sa prise de pouvoir. Comme Ubu, il s’est fait construire un palais gigantesque et moqué à Ankara. Comme Ubu, il est paranoïaque, imagine des mouvements« parallèles » qui voudraient le déstabiliser. Comme Ubu, il sert surtout sa famille. Ses gendres, ses enfants et ses proches se partagent le pays, les entreprises, les médias, les marchés. Certains sont tachés depuis 2013 par des soupçons de corruption. Qu’Erdogan interprète comme des tentatives de coups d’État. Jusqu’à ce qu’un vrai putsch, raté, le 15 juillet 2016, lui donne l’occasion de briser les derniers garde-fous démocratiques, et de faire basculer son pays.

Retrouvez tous les épisodes avec Recep Tayyip Erdogan.
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Buket Türkmen, sociologue militante
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Buket Türkmen
Sociologue militante
Buket Türkmen est sociologue, maître de conférence à l’université de Galatasaray. Après une thèse sur la reconstruction de l’espace public laïc par les étudiants membres des fondations islamiques et des associations kémalistes (laïques), elle a travaillé sur les jeunes islamistes, le flirt chez les jeunes musulmanes, la redéfinition de la laïcité. Elle a dirigé l’ouvrage collectif « Laïcités et religiosités : intégration ou exclusion » (L’Harmattan, 2010). Question centrale de son travail jusque-là : la laïcité est-elle capable d’assumer l’égalité et l’intégration de tous (musulmans compris) dans l’espace public ? Les événements de Gezi ont été une révélation pour elle. Issue d’une famille originaire de Macédoine, peu politisée, elle a découvert l’ampleur des violences policières et du contrôle des médias. Elle se définit aujourd’hui comme sociologue et militante, a adhéré au HDP, le Parti démocratique des peuples, créé en 2013. Son travail s’intéresse désormais à l’histoire du féminisme. Elle prépare un ouvrage sur les femmes de Gezi.

Retrouvez tous les épisodes avec Buket Türkmen.
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Taner Hürgün, homme d’affaires, ex-universitaire
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Taner Hürgün
Homme d’affaires, ex-universitaire
Taner a des faux airs de François Hollande, des petites lunettes rondes, un visage aussi rond, des yeux tour à tour naïfs et rieurs. Dans une première vie professionnelle, il était universitaire, économiste enseignant en sciences politiques. Puis il a abandonné la faculté pour mieux gagner sa vie. Peut-être aussi parce qu’il était fatigué de l’ambiance qui régnait à l’université, de la surveillance policière étroite dont se plaignent de nombreux enseignants. Pour des propos politiques jugés ambigus, il avait répondu un jour à l’invitation d’un étudiant qui voulait discuter et s’était retrouvé dans un café entouré de policiers des renseignements turcs. Aujourd’hui, il gagne très bien sa vie, fait des affaires dans l’immobilier. Où il évite soigneusement de parler de politique. Exprimer ses idées ou son avis sur le gouvernement le priverait, selon lui, de tous ses marchés. Pour cette raison, il a demandé à changer de nom dans « Les Jours », a choisi son pseudonyme. Protégé par l’anonymat, il porte un avis pertinent sur la politique de son pays et très renseigné sur les questions d’urbanisme et d’immobilier.

Retrouvez tous les épisodes avec Taner Hürgün.
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Gülistan Zeren, étudiante en sociologie
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Gülistan Zeren
Étudiante en sociologie
Gülistan vit à Istanbul, elle est kurde. Elle étudie la sociologie à l’université de Galatasaray où l’une de ses enseignants, Buket Türkmen, la décrit comme l’étudiante la plus brillante de sa promotion. La famille de Gülistan est restée à Cizre, l’une des villes particulièrement visées par l’armée turque. Des dizaines de milliers de personnes ont choisi l’exil pour échapper à la guerre, pour retrouver l’eau, le chauffage, pour que leurs enfants continuent d’apprendre (la plupart des enseignants de la région ont été rappelés par le gouvernement, les écoles sont fermées). Pour échapper aux tirs, à la destruction des maisons. Selon elle, la politique d’Erdogan n’est pas« une nouvelle politique », mais« le retour d’une politique qui est menée depuis un siècle contre les Kurdes, les Alévis, les Arméniens, etc. ».

Retrouvez tous les épisodes avec Gülistan Zeren.
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Sedef Cakmak, élue municipale, militante LGBT
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Sedef Cakmak
Élue municipale, militante LGBT
La vie de Sedef a changé au printemps 2013, lorsque les évènements du parc Gezi ont« mis l’activisme au centre de [sa] vie ». Depuis, elle enchaîne les boulots alimentaires dans la traduction pour gagner de quoi militer le reste du temps. Elle est lesbienne, activiste LGBT. Et depuis les municipales de 2014, conseillère municipale d’Istanbul. Être élue parce que lesbienne est un évènement en Turquie.« Cela vient de Gezi. De l’éveil démocratique qu’a constitué ce mouvement. » La décision d’entrer en politique a été prise collectivement. L’un de ses amis proches devait se présenter, il s’est tué dans un accident de la route, elle a décidé d’assumer la suite. Ils auraient pu adhérer au HDP, qui représente de nombreuses minorités. Mais ils voulaient obtenir des élus, se disaient que le CHP, vieux parti laïc un peu poussiéreux, pouvait se changer de l’intérieur. Elle vient de la classe moyenne, n’a jamais manqué de rien mais n’a jamais eu trop d’argent à dépenser. Les parents voulaient que leurs filles soient fortes, indépendantes, qu’elles ne dépendent jamais d’un mari. Pour Sedef, c’est doublement réussi.

Retrouvez tous les épisodes avec Sedef Cakmak.
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Melda Onur, ex-députée CHP, journaliste économique
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Melda Onur
Ex-députée CHP, journaliste économique
Les universitaires qui s’intéressent aux sciences politiques et suivent avec attention la vie parlementaire turque parlent d’elle avec beaucoup de respect. Melda Onur a la réputation d’être une femme courageuse, pas prête à n’importe quelle concession pour conserver son siège. C’est peut-être pour cela qu’elle n’a gardé qu’un mandat, de 2011 à 2015, son mandat de députée CHP. Elle n’était pas destinée au départ à la politique. Elle a longtemps été journaliste économique, bien placée pour savoir que son pays n’a pas attendu Erdogan pour avoir des soucis avec la démocratie. Son père était militaire, ce qui lui a vécu une enfance baladée au quatre coins de la Turquie. Sa mère élevait les enfants. La famille était proche du CHP, le parti laïc au pouvoir de 1923 à 2002. Elle, a fait des études de sciences politiques, s’est spécialisée dans les relations internationales, a décroché une bourse du gouvernement français pour venir s’initier aux administrations de droit public. Puis elle est devenue journaliste économique. Elle dit :« J’ai toujours connu la censure. J’étais reporter et j’ai failli être virée plusieurs fois pour des papiers qui déplaisaient. Aujourd’hui, c’est devenu strictement impossible d’écrire sur les compagnies ou les hommes d’affaires proches du pouvoir. Il n’y a plus de censure : les journalistes anticipent, ils n’écrivent plus. Erdogan contrôle de toute façon tous les patrons de presse. »

Retrouvez tous les épisodes avec Melda Onur.
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Evren Erbatur, actrice, danseuse, metteure en scène, auteure
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Evren Erbatur
Actrice, danseuse, metteure en scène, auteure
L’une de ses amies avait prévenu :« À Istanbul, il faut aussi que vous rencontriez Evren, mais je ne peux pas vous expliquer précisément qui elle est, ni ce qu’elle fait, elle est trop indéfinissable. » Essayons tout de même. Très à l’aise, vive, le visage extrêmement expressif, elle veut d’abord comprendre ce qu’un journaliste français vient chercher en ce moment à Istanbul. La démarche desJours, des obsessions, lui a plu. Il lui a alors fallu une bonne heure pour détailler en anglais ses nombreuses activités. Actrice, danseuse, metteure en scène, parfois auteure, professeure de théâtre à l’université. Et quand il lui reste du temps, elle réfléchit et écrit sur le théâtre contemporain. Elle vivait avec quelqu’un, a dû revenir s’installer chez ses parents après la séparation, passage régressif désagréable même si ses parents sont modernes. Il est trop difficile aujourd’hui de vivre du théâtre en Turquie. La famille venait du centre du pays pour le père, d’origines plus lointaines pour la mère. Récemment, ils se sont découvert des racines juives, cela passionne Evren qui compte escalader l’arbre généalogique. Elle aime que cela renvoie à héritage ottoman.« C’est compliqué l’idée de nation quand on pense à toutes les origines qui vivent ici. C’est une dynamique complexe. C’est plus difficile de trouver de l’unité, cela suppose un projet commun fort. Cela pourrait être l’harmonie des cultures. » À la place, le gouvernement propose pour l’instant la guerre contre les Kurdes, pour souder les nationalismes.« La guerre est toujours un focus utile aux gouvernements qui veulent détourner les citoyens de leurs révoltes », soupire-t-elle.

Retrouvez tous les épisodes avec Evren Erbatur.
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Sinan Logie, architecte
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Sinan Logie
Architecte
Sinan Logie est belge par son père, turc par sa mère. Il a fait des études d’architecte à Bruxelles, a bossé un moment là-bas dans un cabinet en vue, avant de décider de rentrer au pays, où il avait grandi enfant. Pince-sans-rire, il propose une synthèse de l’autodérision belge sans façon, et du fatalisme plein d’humour des Stambouliotes. Il a d’abord bossé classiquement comme architecte à son retour à Istanbul, a participé à des projets importants avant de prendre ses distances. Sinan Logie enseigne désormais l’architecture à Bilgi University, organise avec ses étudiants des balades urbaines au cours desquelles il révèle les mutations tentaculaires de la ville, le passé, les quartiers que le développement tentaculaire efface, les traces des minorités chassées. Engagé, malicieux, érudit, il a publié un livre passionnant avec l’anthropologue Yoann Morvan :Istanbul 2023 (Editions B2, 2004).

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Begum Kayacan, jeune femme en colère
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Begum Kayacan
Jeune femme en colère
C’est peut-être ce qui exaspère le plus Begum :« Dans ce pays, on a des fois l’impression que cela ne sert à rien d’avoir des compétences, d’être bon dans son travail. Vous avez plus de chances de trouver un travail, d’être promu ou de décrocher un marché sur vous êtes proche de l’AKP. » Dans ce pays parfois tétanisé par la montée de la dictature, où les citoyens surveillent ce qu’ils postent sur les réseaux sociaux, la jeune femme a la colère farouche. Elle a participé au mouvement de Gezi, ce qui inquiétait sa mère, et agaçait son père, nationaliste bien que non Turc d’origine – un grand classique en Turquie.« Quel que soit le sujet, avec ma sœur nous sommes quatre à la maison et quelque soit le sujet, il y a toujours quatre avis. » Ils s’engueulent des fois à table, arrivent toujours à parler cependant :« Cela peut paraître naïf mais si tout le monde arrivait à faire cela en Turquie, le pays ne serait pas coupé en deux. »

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Atatürk, dictateur éclairé
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Atatürk
Dictateur éclairé
Cela fera bientôt quatre-vingts ans que Muṣṭafâ Kemâl Paşa, dit Atatürk, est mort. Pourtant, son portrait trône toujours dans toutes les villes, sur les drapeaux nationalistes que l’on accroche aux fenêtres, dans les boutiques des commerçants, sur les buffets des salons… La famille était originaire de Salonique et ne pouvait se résoudre à la dislocation du territoire lorsque l’empire ottoman s’est écroulé, après des décennies de déclin. Français, Anglais, Italiens et Russes se préparaient à se partager sans façon les restes, mais Kemâl a levé le peuple, puis une armée, en partant de l’Anatolie profonde. En 1923, il a créé la République de Turquie. Nation laïque, autoritaire, gérée jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale par un parti unique. Atatürk est mort en 1938. Mais en vrai, il est immortel. Pendant le mouvement de Gezi, en 2013, la rumeur courait très sérieusement que des manifestants avaient croisé dans la foule sa réincarnation.

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Nazli Ilicak, éditorialiste bannie
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Nazli Ilicak
Éditorialiste bannie
J’avais rendez-vous par une journée de faible neige chez Nazli, en janvier 2016. Un bateau pour la rive turque, puis un taxi qui a tourné, s’est perdu. Au bout d’un moment, comme il devenait fou, il a appelé Nazli, qui a envoyé un chauffeur distingué à notre rencontre. L’éditorialiste habite une grande villa cossue sur les hauteurs du Bosphore. Son mari Kemal possédait le journalTercuman, dans lequel elle a écrit. Il est mort en 1993, elle a pris la relève, avant de se lancer, fille de ministre, en politique. Élue en 1999 à l’Assemblée, elle a rapidement été déchue, pour avoir soutenue une élue arrivée voilée. Mal vue dès lors par les élites stambouliotes, elle s’est ensuite fâchée avec le pouvoir, en demandant à des ministres corrompus de démissionner. Virée depuis de plusieurs journaux dans lesquels elle essayait de conserver une plume libre, elle guette les initiatives de presse indépendante turques. Elles sont rares.

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Fethullah Gülen, prédicateur musulman
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Fethullah Gülen
Prédicateur musulman
Fethullah Gülen est devenu l’ennemi d’État, accusé par le président Erdogan d’être à l’origine du putsch manqué du 15 juillet 2016. Le prédicateur musulman de 75 ans est l’inspirateur de la communauté güleniste, et proche de la confrérie turque des nurdjus. Son mouvement contrôlait de nombreuses entreprises qui ont été nationalisées par le pouvoir. Jusqu’à la tentative de coup d’État, il dirigeait encore des écoles, des universités, en Turquie mais aussi en Afrique, en Asie, etc. Le mouvement de Gülen est conservateur mais défend un islam éclairé, cherchant à instruire les croyants, à former des élites. Fethullah Gülen vit depuis 1999 en Pennsylvanie (États-Unis). Ses fidèles restent très nombreux en Turquie ; depuis le putsch raté, ils font l’objet d’une purge sans précédent.

Retrouvez tous les épisodes avec Fethullah Gülen.
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Asaf Savas Akat, économiste
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Asaf Savas Akat
Économiste
Asaf Savas Akat, ancien recteur, est professeur d’économie à l’université Bilgi Santral à Istanbul. Originaire de la ville, il a fait ses études en Turquie puis en Grande-Bretagne et aux États-Unis, et donne souvent ses cours en anglais. Il a aussi tâté de la politique dans les années 1990, du côté de la social-démocratie turque. Aujourd’hui, il n’hésite pas à défendre le bilan économique de l’AKP, parti avec lequel il garde pourtant ses distances, comptant les reculs démocratiques autant que les progrès budgétaires. Il résume :« En Turquie, l’islam doit faire la preuve qu’il est compatible avec la démocratie. Ce serait une première, jusqu’à présent, l’histoire ne nous a pas franchement appris cela. »

Retrouvez tous les épisodes avec Asaf Savas Akat.
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Engin Sustam, sociologue kurde
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Engin Sustam
Sociologue kurde
Engin Sustam est sociologue, issu d’une famille kurde et alevi (ce qui compte dans son parcours universitaire). Ses parents étaient originaires de la région de Dersim (en turc Tunceli), dans l’est de la Turquie, une ville où les alevis, religion qui se veut distincte de l’islam et qui est persécutée depuis longtemps en Turquie, a été victime de pogroms juste avant la Seconde Guerre mondiale. Engin a grandi à Istanbul où il a étudié la sociologie avant de faire son doctorat en 2012 à l’EHESS à Paris (thèse en cours de publication chez L’Harmattan, sous le titre « Culture subalterne kurde et arts en Turquie »). Ses recherches sur la question kurde, ainsi que ses positions politiques sur les groupes minoritaires en Turquie, lui ont valu un licenciement en 2015 de l’université Arel, où il enseignait la philosophie et la sociologie. Il a alors enseigné à temps partiel à l’université du 29 mai d’Istanbul, où son contrat n’a pas été renouvelé cet hiver, parce qu’il avait signé la pétition des Universitaires pour la Paix, mouvement dont il fait partie. Il est actuellement invité par l’université de Genève ainsi que par l’EHESS et l’ENS, trois institutions qui se mobilisent pour soutenir les universitaires menacés actuellement en Turquie. Les recherches et publications d’Engin Sustam portent sur la sociologie des arts, la culture populaire kurde en Turquie, les nouveaux mouvements sociaux et les nouvelles formes de révoltes, la violence et la contre-violence…

Retrouvez tous les épisodes avec Engin Sustam.
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Çagla Aykaç, universitaire contrainte à la démission
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Çagla Aykaç
Universitaire contrainte à la démission
Çagla E. Aykaç a passé son doctorat de sociologie de l’EHESS à Paris, avec une thèse sur les « personnages publics de l’islam en Europe : scandales, controverses et performances ». Après avoir participé à plusieurs projets de recherche transnationaux sur l’islam en Europe, elle a enseigné la sociologie politique pendant cinq ans à Istanbul, et poursuit ses recherches sur les théories de nationalisme, les mouvements sociaux, les questions de genre. Elle a dû démissionner de son poste au printemps 2016 après avoir signé la pétition intitulée « Nous ne serons pas complices de ce crime ». Çagla E. Aykaç est depuis invitée du centre InCite et du département d’études de genres de l’université de Genève. Impliquée dans différents mouvements pour la paix, elle« cherche à transmettre la force et la diversité des mouvements d’opposition au pouvoir patriarcal, islamiste, et néolibéral de la nouvelle Turquie ». Ses derniers textes sont sur le mouvements des femmes dansVacarme et sur les universitaires pour la paix dansMouvements.

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Khider, réfugié syrien
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Khider
Réfugié syrien
Khider voulait être avocat. Chez lui à Alep, en Syrie, il avait terminé ses études de droit, s’apprêtait en 2015 à commencer les deux ans de stage obligatoire. Sa famille soutenait depuis le début la révolution, sans que lui soit très impliqué. Et puis leur maison a été détruite dans un bombardement. Il a fui vers Gaziantep, en Turquie, à 140 kilomètres d’Alep. Il y vit avec sa femme et son plus jeune frère. Les deux autres restent prisonniers du régime. L’un était soldat et il a essayé, avec des copains, de déserter  ; l’autre livrait des médicaments en zone libre, il a été arrêté et accusé de trafic en faveur des forces libres. À Gaziantep, Khider a eu une petite fille et ouvert un atelier de couture. Il travaille pour des grossistes syriens installés en Turquie ou en Irak, en tirant ses coûts au plus bas, dans un local situé dans une cave, et en faisant travailler des enfants.

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Pinar Senoguz, sociologue
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Pinar Senoguz
Sociologue
Pinar Senoguz va bientôt quitter la Turquie, elle ne peut plus y travailler. Sociologue, elle était en poste à Gaziantep, dans le Sud-Est du pays, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière syrienne, et a signé en janvier 2016 la pétition « Nous ne serons pas complices de ce crime », qui appelle au retour du processus de paix avec les Kurdes. Dans sa faculté, elle était très isolée, c’est une ville conservatrice. L’université a fait pression pour qu’elle retire sa signature, elle a refusé et n’aura plus de poste à la rentrée. Elle va s’installer en Allemagne, où elle est invitée par l’université de Göttingen à continuer de s’intéresser aux migrations, notamment aux réfugiés kurdes qui ont quitté la Turquie. Maîtresse de conférences, elle travaillait jusque-là sur l’économie informelle, les trafics transnationaux dans la zone frontalière autour de Gaziantep et Kilis, ville-frontière. Depuis quelques années, elle s’intéressait surtout à la gestion de la crise migratoire syrienne, en menant une étude de terrain sur les relations, les tensions entre réfugiés et population locale dans un quartier pauvre de Gaziantep.

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Haydar, enseignant güleniste
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Haydar
Enseignant güleniste
Haydar est enseignant. Il est compliqué d’être plus précis pour sa sécurité. Il vit traqué depuis le coup d’État manqué du 15 juillet 2016, même s’il n’y est strictement pour rien. Mais il fait partie du mouvement Gülen, que le gouvernement accuse d’avoir fomenté le putsch. Il a découvert cette communauté quand il avait 11 ou 12 ans. Des étudiants faisaient jouer des groupes d’enfants, avant progressivement de les accompagner sur la durée pour leur faire réviser leurs devoirs, leur apprendre les bonnes pratiques religieuses, leur faire découvrir la pensée de Fethullah Gülen. Ensuite, lui-même est devenu un « frère », chargé d’encadrer des élèves. Après le coup d’État, sa femme l’a quitté en le traitant de traître. Sa mère l’a sommé de quitter le mouvement ou de ne plus mettre les pieds chez elle. Dans un pays chauffé à blanc par les discours nationalistes et antigülénistes, appartenir à cette communauté provoque des réactions de rejet extrêmement brutales, jusque dans l’intimité des familles.

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Pinar Selek, sociologue en exil
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Pinar Selek
Sociologue en exil
Pinar Selek enseigne depuis septembre 2016 en sciences politiques à l’université Sophia Antipolis de Nice (après avoir enseigné à Strasbourg). Sociologue et chercheuse, elle a dû fuir la Turquie après y avoir connu la torture et la prison, en raison de ses travaux sur le Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK. Elle a été condamnée et acquittée cinq fois pour « appartenance à une organisation illégale », dans des procédures parfois complètement arbitraires. Elle ne peut pour l’instant rejoindre son pays, où une procédure reste en cours :« La liberté ou la prison à vie. »

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