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Mythe des origines et réalités (géo)politiques :la Mostra Augustea della Romanità (1937-1938)

Réceptions françaises de laMostra Augustea della Romanità

The French reception of theMostra Augustea della Romanità
JérémyGuedj
p. 115-127

Résumés

LaMostras’ouvrit à une époque où les relations franco-italiennes se distendaient de manière inédite. Diplomatiquement parlant, France et Italie avaient rompu toute discussion ; leurs échanges ne traduisaient que malentendu et méfiance. Qu’en était-il culturellement ? Le temps de la culture ne suit d’ordinaire pas celui de la politique. Les réceptions françaises de laMostra le confirment : les observateurs, souvent spécialistes de l’Antiquité, délaissaient en fait le présent pour se plonger dans le passé. Au point d’oublier – volontairement ou non – les enjeux si politiques de l’Exposition augustéenne.

TheMostra opened at a time when Franco-Italian relations were at an all-time low. Diplomatically speaking, France and Italy had broken all lines of communication: exchanges between the two countries conveyed a sense of defiance and misunderstanding. Can the same be said of cultural relations? Culture often follows a different timeline to politics. This is apparent in the French reception of theMostra: the observers, many of them Ancient History specialists, looked away from the present to focus on the past, so much so that some of them ignored –whether voluntarily or not– the very political purposes of the Augustan exhibition.

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Texte intégral

Dans la Rome ancienne, aux jeux du cirque, l’Empereur, penché sur le rebord de sa loge, ordonnait d’un mouvement du doigt la mise à mort des gladiateurs ou des martyrs. Après vingt siècles de distance, on assiste au même spectacle. Mussolini, penché sur l’Europe, abaissera-t-il le pouce pour ordonner la mort ou le lèvera-t-il pour faire grâce.

  • 1  Léon Blum,Le Populaire, 22 septembre 1935, cité par Pierre Milza,Le fascisme italien et la press(...)
  • 2  Sur ce sujet, les recherches connaissent actuellement un fertile renouvellement. On citera parmi u(...)
  • 3  Parmi une littérature abondante, Michel Ganzin (dir.),L’influence de l’Antiquité sur la pensée po(...)

1C’est en ces termes que, dans les colonnes duPopulaire, Léon Blum1, dix jours avant l’invasion de l’Éthiopie, décrivait la situation géopolitique d’une Europe vouée aux caprices expansionnistes du fascisme, à l’heure de ce qu’il est convenu d’appeler la montée des périls. On sait combien les contemporains désireux de s’opposer politiquement à la « sœur latine » puisèrent dans leur fonds de culture classique, en détournant l’opérateur de légitimité que constituait la romanité pour l’Italie fasciste. Si bien qu’ils usèrent et abusèrent de la comparaison avec l’Antiquité2, penchant qu’ils partageaient d’ailleurs avec leur ennemi politique. Image commode, symbolique, révélatrice, tant la République romaine – mais surtout l’Empire – ont pu illustrer de facettes complexes et contradictoires. Comme toute image d’Épinal que nul, peu importe d’où il parlait, ne songeait à écorner, le mythe antique apparaissait toujours instrumentalisé, afin d’étayer une démonstration, réquisitoire ou plaidoyer, concernant le présent3. L’argument historique avait, disons-le, valeur décorative… C’est dire à quel point il est rare d’étudier la référence à l’Antiquité pour elle-même, dans un contexte où c’est précisément cet usage, cette réminiscence de l’histoire, qui est au cœur des considérations.

2Les réceptions françaises de laMostra Augustea della Romanità s’inscrivent ainsi dans le domaine, désormais largement balisé, des représentations culturelles internationales : elles permettent de déceler les soubassements profonds, les ressorts et la teneur de la dimension antique des perceptions françaises de l’Italie et du fascisme. À ceci près qu’elles procèdent d’une spécialisation du regard et donc du corpus, dû à un cercle extrêmement restreint d’observateurs, dont la zone de confort intellectuel relevait plus de l’Antiquité que de l’Italie, et, à plus forte raison, du temps présent. Cette particularité entraînait donc une focalisation réduite, une fenêtre d’approche étroite qui pouvait faire perdre de vue l’évidence à peine cachée, si l’on ose l’expression : l’instrumentalisation de laMostra au service du projet fasciste, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les historiens des relations inter- et transnationales ont fait la démonstration ancienne des divers degrés qui façonnent les représentations, entre effets conjoncturels et tendances lourdes :

  • 4  Robert Frank, « Mentalités, opinion, représentations, imaginaires et relations internationales »,(...)

[…] tout système de représentations a une relation complexe avec la réalité du moment, avec les événements : ces derniers modifient le système, mais les représentations de la réalité peuvent modifier la réalité, la créer et faire elles-mêmes événement4.

3Le présent parvenait-il ainsi à percer dans les représentations de laMostra ? Rarement. Signe de l’aveuglement – ou de la prudence – du spécialiste prompt à isoler son objet de toutes les influences extérieures qui le travaillent. Fallait-il y voir un succès de la propagande fasciste, si voyante qu’elle en devenait invisible ? Ces réceptions françaises, dont il faudra retracer l’ancrage historique, participaient ainsi d’une mise en abyme où l’Antiquité, symbole du passé pour les fascistes, devenait, pour les observateurs français, un écran opaque qui ne laissait que furtivement apparaître les convulsions de l’histoire.

1937, année charnière dans les relations franco-italiennes

  • 5  Pour un excellent panorama, Gilles Bertrand, Jean-Yves Frétigné et Alessandro Giacone,La France e(...)
  • 6  Pierre Milza, « L’image de l’Italie dans la France des années 1936-1939 », dans Jean-Baptiste Duro(...)

4En cette fin de décennie décisive, chaque année pouvait sembler, à sa manière, un tournant dans les relations internationales, et plus particulièrement franco-italiennes. 1937 fut donc plus un point de bascule, et de non-retour, qu’une rupture, déjà amorcée5. La citation inaugurale de Blum, qui démissionna d’ailleurs en juin de la même année, donne le ton de l’époque, celle du Front Populaire. Contrairement à une idée reçue, il n’y eut cependant pas de réelle inflexion, d’une manière générale, dans la perception de l’Italie en France : les milieux de gauche appelaient à la vigilance, tandis que le front antifasciste se consolidait tant bien que mal ; le reste de l’opinion publique campait sur un bagage acquis de longue date6.

  • 7  Sur ces différents points, Gilles Bertrand, Jean-Yves Frétigné et Alessandro Giacone,La France et(...)
  • 8  Ce qui déplut fortement au secrétaire général du Quai d’Orsay, Alexis Léger, lequel souligna que c(...)
  • 9  Christophe Poupault, « Amitié “latine” et pragmatisme diplomatique… », art. cit., p. 58.

5Les soubresauts historiques ne manquaient cependant pas, qui pouvaient perturber les certitudes, des plus modérées aux plus aveuglées. Tout s’était détérioré après le refus français de reconnaîtrede jure l’annexion de l’Éthiopie. La naissance de l’ « axe Rome-Berlin », en 1936, mit fin aux illusions françaises de politique étrangère équilibrée en Europe et en Méditerranée ; le voyage triomphal de Mussolini, à Munich puis Berlin, en septembre de l’année suivante, symbolisait la solidité de l’alliance avec Hitler et l’éloignement de l’Italie ; deux mois plus tard, cette dernière rejoignait le pacte anti-Komintern, un mois avant de quitter la SDN. Entre-temps, en janvier 1937, Italie et Grande-Bretagne s’étaient entendues par ungentlemen’s agreement, tandis que, le 25 mars, Ciano avait signé avec le premier ministre yougoslave Stoyadinovitch un pacte de non-agression ; la Yougoslavie, au cœur de la zone d’influence française traditionnelle, la Petite Entente, s’engageait à se concerter avec l’Italie si une crise internationale venait à éclater7. Cela ne pouvait qu’obscurcir les relations franco-italiennes. Depuis la fin 1936, la France avait rappelé son ambassadeur en Italie, le comte Charles de Chambrun ; son successeur, le comte René Doynel de Saint-Quentin, ne put prendre ses fonctions car le gouvernement italien demandait au préalable la reconnaissance de l’Empire italien ; ce fut donc Jules-François Blondel, un chargé d’affaires, qui occupa le palais Farnèse en cette période si troublée. Or, en septembre 1937, pour des raisons encore sujettes à divergences, l’Italie décida de faire de même et rappela son ambassadeur en France, Vittorio Cerruti – très francophile, ce qui déplaisait à Ciano – remplacé lui aussi par un chargé d’affaire, Roberto Prunas8. Jusqu’en 1938, il n’y avait plus d’ambassadeurs français et italien au sein des « sœurs latines ». « À un moment où les tensions internationales sont de plus en plus vives, la France et l’Italie ne se parlent plus »9 ; du moins par les canaux officiels. Les poncifs sur l’entente traditionnelle entre France et Italie n’en pleuvaient pas moins ; un exemple clair, parmi d’autres, en est donné dansL’Excelsior et reflète l’opinion moyenne, s’il en existait une, sur le sujet :

  • 10  Qui ne prit, on l’a vu, jamais ses fonctions.
  • 11  Marcel Pays,L’Excelsior, 3 janvier 1937. Pour une mise en perspective, voir Pierre Milza,Le fasc(...)

Le malentendu franco-italien résulte de ce que l’on a nommé une « querelle d’investiture » et qui n’est, à vrai dire, qu’une question d’opportunité. La France […] n’a pu se résoudre à devancer les décisions de l’assemblée de la Société des nations en ce qui concerne la reconnaissance du nouvel empire éthiopien. Sans doute la nomination d’un nouvel ambassadeur de France à Rome10 a-t-elle fait apparaître un peu trop visiblement ce scrupule français. Mais il n’existe pas d’autre cause de friction entre le peuple italien et le peuple français, à qui tant de sentiments et d’intérêts communs dictent les lois d’une amitié traditionnelle et d’une collaboration confiante à la reconstruction de la paix11.

  • 12  Christophe Poupault a montré la permanence à toute épreuve des relations, échanges, et voyages con(...)

6Nous étions encore début 1937. L’animosité culturelle, qui culminera en 1939 avec la publication de l’ouvrage d’Ettore Rota,Italia e Francia davanti alla storia, il mito della Sorella latina, qui démonte l’idée d’une amitié éternelle et conclut que la France a plus été obstacle qu’alliée pour l’Italie, ne doit pas faire oublier le maintien de relations culturelles entre les deux pays12.

  • 13  Roger Martin du Gard,Journal,III,1937-1949, Paris, Gallimard, 1993, p. 5, cité paribid., p. 71(...)
  • 14  Cf. Jérôme Carcopino,Souvenirs de sept ans, 1937-1944, Paris, Flammarion, 1953. Le rapport de l’É(...)
  • 15  Parmi une littérature de plus en plus fournie, nous renvoyons, pour la perspective retenue ici, à(...)
  • 16  Francesco Scardaoni, « La Francia e l’Europa. Il più grave errore politico del nostro tempo »,La(...)
  • 17  Alessandra Giglioli,Italia e Francia…,op. cit., p. 78, soutient en outre que cet article peut êt(...)

7Bien plus, l’espoir que la culture – terrain traditionnel des tendances lourdes, de la vérité de relations profondes que le vernis de la politique ne pouvait éclipser – sauverait les liens entre France et Italie, redoublait d’autant plus que les autres raisons d’espérer faiblissaient. Entre mille autres exemples, en janvier 1937, Roger Martin du Gard soutenait, dans une lettre à Marcel de Coppet, que l’amitié entre Rome et Berlin était « purement politique, de surface »13. Telle était également l’opinion, importante pour le sujet qui nous intéresse ici, de Jérôme Carcopino, qui devint d’ailleurs directeur de l’École française de Rome en 193714. Au premier rang intervenaient les défenseurs de la latinité, qui n’était pas un vain mot ni programme15. La polémique qui opposa, toujours en 1937, le quotidien fascisteLa Tribuna etLe Temps, voix officieuse du Quai d’Orsay, donne une idée de l’immixtion entre diplomatie et culture, plus liées que ne le voulaient certains. Francesco Scardaoni, correspondant parisien du journal italien, critiquait en termes toutefois assez choisis la diplomatie française, considérée comme une entrave à la latinité, dont il fallait faire brûler de nouveau la flamme16. Cet article, qui suscita l’ire de Mussolini17, s’attira une réponse à la fine argumentation de la part duTemps :

  • 18  « Bulletin du jour : la France et Italie »,Le Temps, 21 novembre 1937. Jules-François Blondel ne(...)

La Tribuna reconnaît aujourd’hui que la France a une mission latine, une mission continentale et une mission mondiale, la première étant fonction de la seconde et celle-ci étant fonction de la troisième. Mais l’organe romain prétend que la France a manqué à sa mission latine et qu’en adhérant à ce qu’il appelle « la politique d’anéantissement de l’Italie durant la guerre d’Éthiopie » elle a commis ce qu’il qualifie « la plus grave erreur de notre temps ». C’est là une thèse que nous ne saurions admettre. […] L’impartiale Histoire constatera, sans doute, que l’Italie […] a failli à la fois à sa propre mission latine et à sa propre mission continentale. Les choses étant à cette heure ce qu’elles sont, les récriminations pour le passé sont assez vaines et mieux vaut se tourner franchement vers l’avenir. […] L’organe italien considère qu’il devrait revenir à la France, à la première occasion possible, de prononcer une parole ou de faire un geste ouvrant la voie à des rapports normaux entre les deux pays. La bonne volonté française ne s’est jamais trouvée en défaut quand il s’est agi d’une initiative généreuse compatible avec ses intérêts vitaux et sa dignité nationale ; mais n’ayant manqué ni à la solidarité latine ni à l’amitié franco-italienne, telle que celle-ci fut établie par l’accord toujours en vigueur du mois de janvier 1935, on ne saurait raisonnablement exiger d’elle qu’elle se reconnaisse responsable d’une situation qu’elle n’a pas créée18.

8C’était donc sur une bien lourde toile de fond que se tenait laMostra Augustea della Romanità. Les observateurs et voyageurs français qui en rendaient compte ne pouvaient l’ignorer. Les pesanteurs du présent semblaient cependant bien loin, comme si cet événement n’existait que pour lui-même, alors que latinité et Antiquité entretenaient de flagrants liens. Les spécialistes ne s’adressaient, il est vrai, qu’à un cénacle réduit, aussi érudits – et peu nombreux – qu’eux-mêmes. Ils produisirent une vaste documentation dont on ne peut cependant nier la nature uniforme. Mais çà et là pointait quelque accroc.

Un événement historique et culturel

9Premier enseignement de la visite : la Gaule n’était qu’une simple province de l’Empire parmi d’autres. LaMostra offrait cependant l’occasion de redécouvrir la civilisation « gallo-romaine », mais aussi la force du patrimoine et des échanges archéologiques qui caractérisaient la France et l’Italie. Dans un article intitulé « Une heureuse pensée », paru dans une revue d’architecture de l’Est au moment de la préparation de laMostra, l’évocation paraissait claire : le directeur de l’exposition, Giulio Giglioli, avait demandé trois moulages (un autel et deux reliefs) à la ville de Metz. L’auteur rapporte :

  • 19  « Une heureuse pensée »,L’Immeuble et la construction de l’Est, no 49, 8 décembre 1935, p. 3-5.

En dehors de toute question politique actuelle et se souvenant seulement de son histoire, la Ville de Metz a cru s’honorer en offrant de prendre à sa charge les moulages demandés et d’y ajouter celui de la fort belle Victoria Augusta trouvée en 1882 au Sablon, avec l’inscription suivante sur le socle :
La ville de Metz,
à sa mère latine,
Rome la ville éternelle
Cette participation de la Ville de Metz à l’hommage rendu à l’Empire romain rappellera au monde entier que la vieille Divodurum, Capitale des Médiomatriques, est devenue, il y a deux mille ans, et est restée depuis lors une grande cité latine19.

  • 20  « La direction générale de laMostra augustea della Romanità, exposition internationale qui aura l(...)

10Même collaboration, moins exaltée cependant, du côté de Bordeaux20.

11Les voyageurs et observateurs, on le voit, cherchaient de fait trace et présence de la France dans cette exposition. Ici on se réjouissait de trouver une reconstitution du trophée d’Auguste à la Turbie, là de l’aqueduc de Nîmes… La revue d’érudition localeL’Auta, organe de la société des « Toulousains de Toulouse », partait à Rome pour s’admirer comme dans un miroir de soi. Un compte-rendu, intitulé « Toulouse à Rome », rappelait l’émotion ressentie devant les ruines desstationes d’Ostie, où figurait l’inscription « Navicularii Narbonensis » :

  • 21  André Laurent, « Toulouse à Rome »,L’Auta, no 96, décembre 1937, p. 138.

Ayant vu s’affirmer magnifiquement à Ostie les liens maritimes qui unirent à Rome la Narbonnaise, la nôtre, nous pourrons nous rendre jusqu’au 23 septembre 1938, à la formidableMostra augustea ; exposition commémorant dans la Ville éternelle le bi-millénaire d’Auguste, qui dans ses 82 salles constitue la plus saisissante et la plus riche synthèse de laRomanità qui ait jamais été réalisée21.

12L’article ne cherchait pas à étudier les réviviscences de laromanità dans la latinité, qui s’en voulait la forme actualisée. Campant dans le passé, il rappelait plutôt avec quel enthousiasme la Narbonnaise avait adopté le culte d’Auguste :

  • 22  Ce toponyme, qui signifiait en fait « ville thermale », était le nom romain de Bagnères-de-Bigorre
  • 23  Ibid., p. 140.

Que notre Narbonnaise et la région pyrénéenne aient pris une part active au culte d’Auguste, l’autel dédié au génie d’Auguste par le peuple de Narbonne (Musée de Narbonne) et l’autel consacré à la divinité d’Auguste par lesVicani Aquensi 22, aujourd’hui aux Thermes de Bagnères-de-Bigorre sont là pour nous le rappeler23.

13Auguste, justement. Beaucoup reconnaissaient qu’il ne s’agissait que d’un point de départ de l’exposition, un symbole en forme de métonymie qui le dépassait de très loin. Voire un prétexte. Car, en ce premierxxe siècle, la figure d’Auguste n’intéressait guère. Trop fade, trop lointain, éclipsé par la figure plus clivante et donc passionnante de César, leprinceps n’avait rien pour stimuler les foules et leur imaginaire historique.La Phalange, revue de renom dirigée par Jean Royère, qui reparaissait après une longue interruption, ne s’y trompait pas. L’ombre portée de César planait sur l’exposition :

  • 24  Paolo Tosel, « LaMostra augustea della Romanità »,La Phalange. France – Italie – Espagne, vol. 1(...)

L’Exposition, évocation puissante, constitue aussi un avertissement et une incitation. Bien qu’elle se réclame d’Auguste, dont elle illustre la vie et l’œuvre, elle rappelle dignement aussi César Auguste et les phases successives de l’expansion romaine, jusqu’à la réapparition de l’Empire sur les collines prédestinées de Rome. […] L’Exposition n’exalte pas seulement la grande figure du fondateur de l’Empire, l’ « Imperator Caesar Augustus », à qui le nom de César donnait le droit de succession au trône, tandis que celui d’Auguste lui conférait la dignité impériale. Elle illustre encore tous les aspects et toutes les formes de la vie du monde romain antiquequi se renouvelle – et non seulement dans les signes extérieurs – avec le Fascisme 24.

14Il faudra bien sûr revenir sur cette dernière appréciation. Même tendance englobante dans laRevue Archéologique :

  • 25  Charles Picard, « L’exposition du Bimillénaire de la naissance d’Auguste »,Revue archéologique, 6(...)

La date d’ouverture rappelle la naissance de l’Empereur, fondateur de la Rome impériale. Mais la « Mostra augustea » a été appelée « della romanità » et, sous ce titre, elle marque bien ce qu’elle a visé être, une évocation totale de la vie romaine antique25.

  • 26  Adrien Blanchet, « Lettre de Rome »,Journal des Débats, 29 décembre 1937. L’auteur commence par d(...)
  • 27  Nous renvoyons ici au célèbre classique des études historiques et latines, Robert Étienne,Le Sièc(...)
  • 28  Jean-Marie Pailler, « Auguste en France auxxe siècle : de l’occultation à la redécouverte »,Méla(...)
  • 29  Ibid. Si Mussolini voyait en Auguste, fondateur de l’Empire, un symbole à exploiter, celui-ci n’oc(...)
  • 30  Paul Gentizon, « La vie à Rome »,Le Temps, 28 novembre 1937.

15Rares apparaissaient cependant les réflexions historiques poussées sur Auguste nommément. Adrien Blanchet, dans leJournal des Débats, soulignait que « le siècle d’Auguste reste un grand siècle, comme le siècle de Louis XIV dépasse en grandeur la personnalité du monarque qui lui donna son nom »26. Et de rappeler l’épuration du Sénat, l’attention prêtée au peuple, la protection des Arts et des Lettres… Faire renaître, le temps d’une exposition, ce « siècle d’Auguste » apparaissait donc bien légitime, même si l’expression dissout plus l’homme illustre qu’elle ne le met en valeur27. La belle étude de Jean-Marie Pailler démontre clairement la préférence césarienne des Antiquisants français, au détriment d’Auguste : outre la personnalité de ce dernier, on l’a vu, c’est surtout le rapport nettement plus lointain qu’il entretenait avec la Gaule qui expliquait sans doute aussi ce désintérêt. « Auguste, avec le secours d’Agrippa, a certes été, entre autres, l’organisateur des Gaules, mais très en aval de l’action décisive de César ; au surplus, il n’a fait en Gaule qu’un court séjour, qui là encore ne peut supporter la comparaison avec la longue présence militaire de César »28. Bien plus, sans qu’il soit nécessaire, paradoxalement, de remonter à l’Antiquité même, César revient de manière régulière dans l’histoire politique française, et particulièrement en cette IIIe République qui rejette toutes les traces de « césarisme » si caractéristique du régime qui l’avait précédée. En d’autres termes, « Auguste est trop romain, trop “italien” »29. Ces éléments confirment que l’intérêt des observateurs français de laMostra se concentrait avant tout sur eux-mêmes. Sans trop forcer le trait, était-ce un hasard siLe Temps voyait aussi dans laMostra l’occasion de réparer l’absence de commémoration du bimillénaire de César, qui eût dû se tenir en 190130 ?

16Querelles de spécialistes que celles-là. Certains observateurs, les plus marqués par l’idéologie ou la prudence, entretenaient sans doute savamment le flou historique pour contourner l’actualité, car rares étaient les parallèles entre passé et présent, qui s’imposaient pourtant.

Une présence aveuglante de la politique

  • 31  Marie-Anne Matard-Bonucci, « Intellectuels français en Italie fasciste, 1922-1939 », dans Anne Dul(...)

17Aveugler renvoie tant à l’éblouissement sous une lumière trop étincelante pour être supportée par l’œil humain qu’au fait de ne pas voir, volontairement ou non. S’attachant aux intellectuels français qui sillonnèrent la « sœur latine », Marie-Anne Matard-Bonucci évoque une « stratégie d’évitement du présent »31 ; on voulait voir l’Italie sans le fascisme. Tous ne formulaient pas aussi clairement les choses, mais les mots d’André Maurois laissent à penser :

  • 32  André Maurois,Mémoires, 1885-1967, Paris, Flammarion, 1970, p. 169-170.

Des jardins du Palatin, je regardais le Forum baigné dans une lumière sableuse et dorée. J’errai dans la campagne romaine à la poursuite de Chateaubriand et, la nuit, dans l’ombre du Colisée, évoquai l’ombre de Byron. Un cortège de fantômes m’accompagnait, si pressant que je ne vis guère les vivants32.

  • 33  Romke Visser, « Fascist Doctrine and the Cult of theRomanità »,Journal of Contemporary History,(...)
  • 34  Cf. Jan Nelis, « Constructing Fascist Identity… », art. cit., p. 392.
  • 35  Jean-Marie Pailler, « Auguste en France… », art. cit., p. 410.
  • 36  Ibid.
  • 37  La célébration du bimillénaire était une réponse à peine déguisée au Reich de Mille Ans, fêté en A(...)
  • 38  Cité par Aristotle Kallis, « “Framing”Romanità : The Celebrations for theBimillenario Augusteo a(...)

18C’est pourtant peu dire que laMostraservait plus le projet fasciste qu’elle ne rendait raison à l’histoire. Les historiens ne s’accordent pas vraiment sur la place qu’occupait l’Antiquité dans l’idéologie et la propagande fascistes. Centrale ou fonctionnelle ? Nuançant l’idée d’Emilio Gentile selon laquelle laromanità était un pilier de l’édifice de propagande fasciste, Romke Visser y voit plutôt un « choix opportuniste » manquant de cohérence et d’assise intellectuelle solide ; mais, c’est toute la finesse de l’argumentation, cela ne signifiait pas que ce mythe dût être isolé de l’ensemble des autres motifs de propagande qu’il venait au contraire soutenir. Preuve en était la place de laromanità dans l’imaginaire collectif des Italiens instruits, dont elle constituait une « Weltanschauung », l’histoire romaine se confondant avec l’histoire italienne33. Deuxième nuance : le culte de la romanité précédait le fascisme et on en trouvait de nombreuses traces dans une Italie libérale soucieuse, elle aussi, de soutenir son nationalisme, par l’argument historique34. Les spécialistes français de l’Antiquité ne pouvaient être dupes, mais prêtaient peu d’attention à ces éléments qu’ils tenaient pour acquis au point de ne plus les discuter. Alors qu’un Henri Marrou dénonçait « ce type de court-circuit entre l’antique et l’aujourd’hui »35, lui qui d’ailleurs vécut en Italie de 1930 à 1937, même les plumes les plus critiques de ces raccourcis « ne développent guère ce qui s’est joué, il est vrai à la veille de la guerre – Marrou était rentré en France –, autour de laMostra augustea »36. Pour Jean-Marie Pailler, les Antiquisants français n’étaient pas réceptifs à ce genre de mises en garde. D’autant qu’ils étaient précisément les objets de cette propagande, puisque le discours de la régénération nationale italienne s’adressait aussi au monde extérieur37. Filippo Cremonesi, maire de Rome, voyait, dès 1922, en Mussolini, l’extraordinaire agent historique « qui rendrait Rome à la gloire du siècle d’Auguste et revitaliserait sa vieille mission civilisatrice en Italie et de par le monde »38.

19Charles Picard, qui avait assisté à l’inauguration de laMostra, avait le mérite de la clarté :

  • 39  Charles Picard, « L’exposition du Bimillénaire… », art. cit. Sur le rôle de Giulio Giglioli et de(...)

Jamais tant de documents sur la vie d’un grand peuple n’avaient été présentés avec un tel souci didactique. Il est à noter que laMostra dépendait du ministère de la Culture populaire. Cela explique son caractère d’œuvre de « propagande », qui ne fut point celé. La disposition des objets, tout l’arrangement sculptural révélaient, sans mystère, le souci national des organisateurs, et celui de M. Giglioli, notamment, l’animateur de l’entreprise39.

20Lucidité que l’on retrouve sous la plume d’Adrien Blanchet :

  • 40  Adrien Blanchet, « Lettre de Rome », art. cit.

Et, certes, si les spécialistes peuvent trouver quelquefois superflues certains renseignements étalés sur les murailles, parmi des textes latins de Suétone, Tite-Live, etc., et italiens de Carducci et d’un grand chef d’État contemporain, il ne faut pas oublier que cette exposition a été faite surtout pour rappeler au peuple italien d’aujourd’hui sa grandeur passée et pour lui inculquer une foi solide dans son expansion actuelle et future, dans sa gloire éternelle40.

  • 41  Cité par Laura Malvano Bechelloni, « Le mythe de la romanité et la politique de l’image dans l’Ita(...)

21C’étaient à peu de chose près les termes employés par Mussolini lui-même, dans une sentence gravée en façade de l’arc à la romaine qui ouvrait l’exposition : « Italiens, faites que les gloires du passé soient dépassées par le génie de l’avenir »41. C’était avec habileté que l’historien Julien Guey, dans leJournal des savants, soulignait :

  • 42  Dont le bimillénaire avait aussi été célébré en 1930.
  • 43  Julien Guey, « Une exposition de la “Romanité” »,Journal des Savants, mars-avril 1938, p. 71.

Cette exposition de laRomanité, qui n’est pas seulement, remarquons-le bien, l’exposition d’Auguste, ne doit-elle pas beaucoup à une nouvelle mystique séculaire – toute italienne celle-ci ? Je croirais même qu’elle nous donne une idée assez juste de ce qu’était la « propagande » politique impériale au temps du premier empereur : ce n’est peut-être pas un hasard si les salles consacrées aux premiers siècles de Rome évoquent Tite-Live et Virgile42 ; après tout, la légende traduit mieux que l’histoire l’esprit même d’une époque historique qui a voulu Rome plus romaine qu’elle ne fut43.

  • 44  Dichotomie néanmoins essentielle, que l’on trouve au cœur des « régimes d’historicité ». Cf. Franç(...)
  • 45  Comme l’exprime clairement Anne-Rachel Hermetet : « La romanité permet aussi de définir une spécif(...)
  • 46  Emilio Gentile,Fascismo. Storia e interpretazione, Rome-Bari, Laterza, 2002, p. 254.
  • 47  Ainsi que le soulignait un journal lyonnais : « L’exposition d’Auguste et de la Romanité. Esprit l(...)
  • 48  « L’exposition d’Auguste »,Gazette des Beaux-Arts, t. XIX, no 893, janvier 1938, p. 117. Sur les(...)
  • 49  Dans le catalogue de laMostra, on pouvait lire : « Avec le Fascisme, par la volonté du Duce, tout(...)
  • 50  Cf. Ralph Schor, « Images françaises de l’Empire colonial italien à la veille de la deuxième guerr(...)
  • 51  Paul Catrice, « Prestige de l’Empire »,Sept, 12 mars 1937.

22Cette prise de position était déjà hardie au regard du corpus général dû aux historiens et spécialistes où, souvent, on dépassait difficilement la dichotomie, somme toute plate, entre « présent dans le passé » et « passé dans le présent »44. L’enjeu était à la fois idéologique et géopolitique. Rares étaient ceux qui percevaient que la romanité, loin de servir la latinité, lui tournait en réalité le dos, voire la neutralisait en l’italianisant45. Aussi ne fallait pas se tromper face à cette « romanité de la modernité »46 en cédant à l’argument de la continuité antique47. PourLa Gazette des Beaux-Arts, laMostra « a avant tout un but de propagande, comme ce fut le cas de l’Exposition de la Révolution fasciste, à Rome, en 1932. C’est surtout au peuple qu’elle s’adresse et aux professionnels de culture moyenne, non spécialisés dans l’étude de la Rome antique »48 ; le nombre de comptes rendus très détaillés publiés dans des revues spécialisées sur l’Antiquité semble cependant contredire cette dernière assertion. De fait, la renaissance de l’Empire dans l’Italie fasciste, qu’inspirait la salle sur les armées, semblait une conclusion historique qui séparait le chemin italien de celui de ses « sœurs latines », au premier rang desquelles la France, au nom de l’Empire restauré ; Mussolini s’était vu offrir un aigle vivant, comme une résurrection métonymique de Rome lors de l’inauguration de laMostra et, en mars 193749, il avait reçu, en Libye, « l’épée de l’Islam », manifestant par là le retour triomphal de l’Italie en Afrique50. Pour qui n’avait pas saisi les ressorts de la démonstration, la salle de l’Immortalité de Rome donnait à voir la filiation spirituelle entre Jules II, le roi et leDuce. D’une Rome à l’autre, son essence était demeurée intacte, et immortelle. C’est dans un article de la revueSept, dominicaine – et donc pas dans une publication spécialisée –, intitulé « Prestige de l’Empire », que l’analyse idéologique et géopolitique était la plus poussée, sous la plume de Paul Catrice, prêtre du diocèse de Lille51. Il rappelait le désir d’Empire romain, symbolisé par les aigles romaines, mais, citant un article paru dans laGazzetta del Popolo le 4 décembre 1936, soulignait que Rome ne concevait de latinité possible que sous son aile. Et de citer lesComitati d’azione per l’universalità di Roma (CAUR), désireux de fonder une Internationale fasciste, eux aussi pétris de romanité antique. Tout se jouait grâce au concours d’une science maquillée en dévotion, à moins que ce ne fût l’inverse : « combien […] symbolique encore sera cette Exposition de la romanité qui se prépare avec une science érudite, mais surtout avec une pieuse dévotion ». D’où une conclusion sans appel :

  • 52  Ibid.

Œuvres grandioses de conquête, de construction, de culture, tel serait du seul point de vue de l’histoire temporelle l’héritage du fascisme, qui a l’ambition de n’être pas inférieur à celui de l’Empire. Aucun homme impartial ne niera les résultats matériels. Mais aucun chrétien qui a gardé le sens de la primauté du spirituel ne peut s’associer sans réserves essentielles à l’exaltation d’une civilisation qui, dans ses principes de relations internationales, dans sa conception de la guerre, dans l’éducation des enfants, dans sa doctrine statolatrique, semble faire fi de la loi divine de la charité. Le fascisme ressemble bien aussi par là à l’Empire romain, dans sa tentative (bien plus habile que la persécution hitlérienne) d’absorption des forces spirituelles52

  • 53  Voir « L’exposition d’Auguste », art. cit., p. 118-119.
  • 54  Voir Anne-Rachel Hermetet, « Rome 1937… », art. cit., p. 53 ; sur le mythe de Rome et le christian(...)
  • 55  Cf. René Rémond,Les crises du catholicisme français en France dans les années trente, Paris, [196(...)

23Sept ne s’était donc pas laissé abuser par le maillon important que constituait, entre première et seconde Rome, le christianisme53. Au prix de raccourcis et d’arrangements avec l’histoire, notamment à l’ère des premières persécutions ; en glorifiant Constantin dans l’une des salles, il fallait associer le christianisme à l’héritage romain54. La position deSept paraissait toutefois plus exceptionnelle que représentative et ne reflétait en aucun cas l’idée de l’ensemble des catholiques français55. De telles revues étaient plus propices à accueillir des polémiques que les revues scientifiques plus feutrées, mais peut-être moins lucides et honnêtes vis-à-vis de leur lectorat.

  • 56  Jean Davallon,L’exposition à l’œuvre, Paris, L’Harmatan, 1999, p. 11, cité par André Gob et Noémi(...)
  • 57  Raymond Aron,L’Opium des intellectuels [1955], Paris, Fayard, 2010, p. 223.
  • 58  Franz de Ruyt, assistant à l’Université de Louvain, pouvait écrire un article extrêmement poussé s(...)

24Tout n’était-il que manipulation du côté italien, qu’aveuglement du côté français ? L’indécision et la prudence du regard s’expliquaient aussi par l’objet sur lequel il se projetait. Car toute exposition implique – comme toute mise en récit – une part d’intrigue et d’idéologie ; la neutralité est impensable dès lors qu’il s’agit de rassembler une diversité d’objets autour d’un thème qui n’est jamais donné mais construit. Une exposition « oriente le visiteur vers l’objet, spatialement mais aussi conceptuellement […]. L’exposition ne peut donc jamais se réduire, uniquement et directement, à un simple dispositif instrumental mettant en relation le visiteur avec les choses exposées »56. Derrière la propagande, qui atteignait des sommets dans le contexte fasciste, apparaissait une qualité indéniable, qui a abusé plus d’un observateur, peu soucieux, il est vrai, de déconstruction. Deux remarques se dégagent de ce panorama : une première piste, de portée générale, soutiendrait que, par définition, un spécialiste est toujours plus à l’aise dans sa zone de confort que dans une analyse du présent où sa légitimité s’effrite. À l’occasion de laMostra, on pouvait se perdre en querelles byzantines sur un buste, mais tomber dans des platitudes dès qu’il s’agissait des buts profonds de l’exposition. Faut-il, dans le cadre de notre corpus, penser, avec Raymond Aron, que face à la politique, l’intellectuel n’est souvent rien de plus qu’un quidam qui formule joliment des idées assez banales ? « Le même mélange de demi-savoir, de préjugés traditionnels, de préférences plus esthétiques que raisonnées se manifeste et dans les opinions des professeurs ou des écrivains et dans celles des commerçants ou des industriels », écrivait-il57. D’où, dans notre corpus, une extrême qualité de l’analyse de l’Antiquité et une pauvreté de l’interprétation de la romanité fasciste. La seconde remarque fera quant à elle valoir un désir de retenir son souffle, de trouver des raisons de se rassurer en cette année de tournant. Peut-être aussi de faire comprendre que la culture devait l’emporter sur tout autre considération, on l’a vu. On comprend mieux, à travers l’exemple précis de laMostra, l’impréparation de l’opinion éclairée à la guerre. Trop de connaissances empêchent parfois la lucidité, car le réel est souvent banal. À ce titre, la comparaison avec l’étranger est frappante58, où les mêmes mécanismes se retrouvent. C’est donc finalement sous le signe du malentendu, du décalage, que se jouaient les réceptions françaises de l’exposition. N’était pas vu ce que l’on voulait montrer ; le même thème renvoyait pour les concepteurs et les observateurs à deux univers différents. Une romanité pouvait en cacher une autre…

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Notes

1  Léon Blum,Le Populaire, 22 septembre 1935, cité par Pierre Milza,Le fascisme italien et la presse française (1922-1940), Bruxelles, Complexe, 1987, p. 212.

2  Sur ce sujet, les recherches connaissent actuellement un fertile renouvellement. On citera parmi une littérature abondante, et pour des synthèses générales : Andrea Giardina et André Vauchez,Il mito di Roma. Da Carlo Magna a Mussolini, Rome-Bari, Laterza, 2000 ; Luca Scuccimarra, « Culto della Romanità », dans Victoria De Grazia et Sergio Luzzatto (dir.),Dizionario del fascismo, vol. II, Turin, Einaudi, 2005, p. 539-544 ; Paola Salvatori, « Fascismo e romanità »,Studi Storici, vol. 55, no 1, 2014, p. 227-239 ; pour une vue synthétique : Alessandra Tarquini,Storia della cultura fascista, Bologne, Il Mulino, 2011, p. 128-134.

3  Parmi une littérature abondante, Michel Ganzin (dir.),L’influence de l’Antiquité sur la pensée politique contemporaine,xvie-xxe siècle, Aix-en-Provence, Presses universitaires d’Aix-Marseille, 1996.

4  Robert Frank, « Mentalités, opinion, représentations, imaginaires et relations internationales », dansid. (dir.),Pour l’histoire des relations internationales, Paris, PUF, 2012, p. 356.

5  Pour un excellent panorama, Gilles Bertrand, Jean-Yves Frétigné et Alessandro Giacone,La France et l’Italie. Histoire de deux nations sœurs, Paris, Armand Colin, 2016.

6  Pierre Milza, « L’image de l’Italie dans la France des années 1936-1939 », dans Jean-Baptiste Duroselle et Enrico Serra (dir.),Italia e Francia dal 1919 al 1939, Milan, Franco Angeli, 1981, p. 271-302.

7  Sur ces différents points, Gilles Bertrand, Jean-Yves Frétigné et Alessandro Giacone,La France et l’Italie…,op. cit., p. 316-317 ; ainsi que l’étude de Christophe Poupault, « Amitié “latine” et pragmatisme diplomatique. Les relations franco-italiennes de 1936 à 1938 »,Relations internationales, no 154, 2013, p. 51-62.

8  Ce qui déplut fortement au secrétaire général du Quai d’Orsay, Alexis Léger, lequel souligna que cette décision « affecterait gravement les relations franco-italiennes » ; tout cet épisode est retracé en détails par Alessandra Giglioli,Italia e Francia, 1936-1939. Irredentismo e ultranazionalismo nella politica estera di Mussolini, Rome, Jouvence, 2001, p. 74-78.

9  Christophe Poupault, « Amitié “latine” et pragmatisme diplomatique… », art. cit., p. 58.

10  Qui ne prit, on l’a vu, jamais ses fonctions.

11  Marcel Pays,L’Excelsior, 3 janvier 1937. Pour une mise en perspective, voir Pierre Milza,Le fascisme italien et la presse…,op. cit., p. 229 sq.

12  Christophe Poupault a montré la permanence à toute épreuve des relations, échanges, et voyages concrets :À l’ombre des faisceaux. Les voyages français dans l’Italie des chemises noires (1922-1943), Rome, École française de Rome, 2014.

13  Roger Martin du Gard,Journal,III,1937-1949, Paris, Gallimard, 1993, p. 5, cité paribid., p. 712.

14  Cf. Jérôme Carcopino,Souvenirs de sept ans, 1937-1944, Paris, Flammarion, 1953. Le rapport de l’École française de Rome pour l’année 1937-1938 est tout à fait symptomatique du climat d’alors dans le monde académique et scientifique : « Alors que toutes les Écoles émules de la nôtre parlent, il était bon, m’a-t-il semblé, que l’École française ne restât pas silencieuse ; et les sympathies italiennes que l’École a su grouper autour d’elle dans une année diplomatique si âprement tendue nous ont profondément touchés et réjouis. Je crois que ce sont là des impondérables de quelque conséquence », rapport du 10 octobre 1938, cité par Frederick Whitling,Western Ways. Foreign Schools in Rome and Athens, Berlin-Bostin, De Gruyter, 2019, p. 110. Dans une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères Georges Bonnet, le 28 mai 1938, il écrivait en outre : « l’année de l’ “axe” Rome-Berlin est aussi celle d’une recrudescence sensible de la scolarité dans nos trois Instituts. Sans nier l’influence bienfaisante d’une politique d’amitié déclarée entre la France et l’Italie, on est obligé de croire que la diplomatie ne saurait modifier substantiellement leurs conditions d’existence » (cité dansibid., p. 110-111). Le monde du savoir s’encombre rarement des contingences d’une actualité par nature passagère…

15  Parmi une littérature de plus en plus fournie, nous renvoyons, pour la perspective retenue ici, à Barbara Meazzi et Jérémy Guedj (dir.), « La culture fasciste entre latinité et méditerranéité (1880-1940) »,Cahiers de la Méditerranée, no 95, décembre 2017.

16  Francesco Scardaoni, « La Francia e l’Europa. Il più grave errore politico del nostro tempo »,La Tribuna, 20 novembre 1937.

17  Alessandra Giglioli,Italia e Francia…,op. cit., p. 78, soutient en outre que cet article peut être considéré comme « une riposte italienne à la visite d’Halifax à Hitler ».

18  « Bulletin du jour : la France et Italie »,Le Temps, 21 novembre 1937. Jules-François Blondel ne soutenait pas moins, dans une correspondance, que cet article « contraste sérieusement avec les tendances défavorables que la presse italienne manifeste avec constance ces temps-ci. Cet article constitue en effet un véritable appel à l’amitié française en vue d’une amélioration des rapports entre les deux nations » (Archives du ministère des Affaires étrangères, ci-après AMAE, 97 CPCOM 239, télégramme de Jules-François Blondel au ministère, Rome, 19 novembre 1937). Quant à André François-Poncet, alors ambassadeur de France en Allemagne, il tenait de son collègue Bernardo Attolico, ambassadeur d’Italie à Berlin, que les Italiens avaient été heurtés par les « commentaires précipités et maladroits publiés par le journalLe Temps » (AMAE, 97 CPCOM 239, télégramme d’André François-Poncet au ministère des Affaires étrangères, Berlin, 22 novembre 1937). Les liens entre le journal et le Quai d’Orsay apparaissent ainsi dans leur complexité.

19  « Une heureuse pensée »,L’Immeuble et la construction de l’Est, no 49, 8 décembre 1935, p. 3-5.

20  « La direction générale de laMostra augustea della Romanità, exposition internationale qui aura lieu à Rome en 1937-1938, a demandé à la Ville de Bordeaux de faire exécuter des moulages de dix-monuments gallo-romains [du Musée lapidaire] »,Revue historique de Bordeaux, vol. 28, no 2, mars-avril 1935, p. 91.

21  André Laurent, « Toulouse à Rome »,L’Auta, no 96, décembre 1937, p. 138.

22  Ce toponyme, qui signifiait en fait « ville thermale », était le nom romain de Bagnères-de-Bigorre.

23  Ibid., p. 140.

24  Paolo Tosel, « LaMostra augustea della Romanità »,La Phalange. France – Italie – Espagne, vol. 11, no 33-35, août-octobre 1938, p. 273 (nous soulignons le dernier segment).

25  Charles Picard, « L’exposition du Bimillénaire de la naissance d’Auguste »,Revue archéologique, 6e série, t. 11, janvier-juin 1938, p. 335.

26  Adrien Blanchet, « Lettre de Rome »,Journal des Débats, 29 décembre 1937. L’auteur commence par dire que « quelques historiens, parmi lesquels je compte un ami, ne sont pas admirateurs de cet empereur » ; tout laisse penser qu’il s’agit de Jérôme Carcopino. Tous deux étaient membres de l’Institut, et avaient échangé une correspondance (cf. Stéphanie Corcy-Debray,Jérôme Carcopino, un historien à Vichy, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 507).

27  Nous renvoyons ici au célèbre classique des études historiques et latines, Robert Étienne,Le Siècle d’Auguste, Paris, Armand Colin, 1970, maintes fois réédité ; quatre années plus tard, Pierre Grimal publié un « Que sais-je ? » de même titre. Comme l’écrivait l’historien Charles Lenormant au début duxixe siècle : « En disant le siècle de Périclès, le siècle d’Auguste, le siècle de Léon X, le siècle de Louis XIV, on a fait la part belle à chacun de ces souverains, on leur a attribué un développement dont ils subissaient eux-mêmes l’influence » (Questions historiques,ve-ixe siècles, Paris, Vaille, 1815, p. 225). Jacques Le Goff évoque quant à lui l’utilisation de ce terme comme « une époque correspondant à une sorte d’apogée » (Faut-il vraiment découper l’histoire en tranches ?, Paris, Le Seuil, 2014) ; la dimension qualitative est donc évidente.

28  Jean-Marie Pailler, « Auguste en France auxxe siècle : de l’occultation à la redécouverte »,Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, no 123/2, 2011, p. 410.

29  Ibid. Si Mussolini voyait en Auguste, fondateur de l’Empire, un symbole à exploiter, celui-ci n’occupait pas de place significative dans le Panthéon personnel antique du Duce, à la différence de… Jules César (Jan Nelis, « Constructing Fascist Identity : Benito Mussolini and the Myth ofRomanità »,The Classical World, vol. 100, no 4, summer 2007, p. 403). N’oublions pas le mot de Paul-Boncour qui dépeignait Mussolini en « César de Carnaval ».

30  Paul Gentizon, « La vie à Rome »,Le Temps, 28 novembre 1937.

31  Marie-Anne Matard-Bonucci, « Intellectuels français en Italie fasciste, 1922-1939 », dans Anne Dulphy, Yves Léonard et Marie-Anne Matard-Bonucci (dir.),Intellectuels, artistes et militants. Le voyage comme expérience de l’étranger, Berne, Peter Lang, 2009, p. 35.

32  André Maurois,Mémoires, 1885-1967, Paris, Flammarion, 1970, p. 169-170.

33  Romke Visser, « Fascist Doctrine and the Cult of theRomanità »,Journal of Contemporary History, vol. 27, no 1, janvier 1992, particulièrement p. 5-6.

34  Cf. Jan Nelis, « Constructing Fascist Identity… », art. cit., p. 392.

35  Jean-Marie Pailler, « Auguste en France… », art. cit., p. 410.

36  Ibid.

37  La célébration du bimillénaire était une réponse à peine déguisée au Reich de Mille Ans, fêté en Allemagne (Robert O. Paxton,Le fascisme en action, Paris, Le Seuil, 2004, p. 74).

38  Cité par Aristotle Kallis, « “Framing”Romanità : The Celebrations for theBimillenario Augusteo and theAugusteo-Ara Pacis Project »,Journal of Contemporary History,vol. 46, no 4, octobre 2011, p. 811.

39  Charles Picard, « L’exposition du Bimillénaire… », art. cit. Sur le rôle de Giulio Giglioli et de l’Istituto di Studi Romani, fondé en 1925, voir Aristotle Kallis, « “Framing”Romanità… », art. cit.

40  Adrien Blanchet, « Lettre de Rome », art. cit.

41  Cité par Laura Malvano Bechelloni, « Le mythe de la romanité et la politique de l’image dans l’Italie fasciste »,Vingtième Siècle, no 78, avril-juin 2003, p. 116.

42  Dont le bimillénaire avait aussi été célébré en 1930.

43  Julien Guey, « Une exposition de la “Romanité” »,Journal des Savants, mars-avril 1938, p. 71.

44  Dichotomie néanmoins essentielle, que l’on trouve au cœur des « régimes d’historicité ». Cf. François Hartog,Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Le Seuil, 2003.

45  Comme l’exprime clairement Anne-Rachel Hermetet : « La romanité permet aussi de définir une spécificité italienne, qui distingue la péninsule de ses “sœurs latines”, la France ou l’Espagne d’avant Franco. Elle l’emporte alors sur la notion de latinité, plus ouverte » (« Rome 1937. Autour de la “Mostra augustea della romanità” », dans Véronique Gély, Sylvie Parizet, Anne Tomiche (dir.),Modernités antiques. La littérature occidentale et l’Antiquité gréco-romaine dans la première moitié duxxe siècle, Nanterre, Presses universitaires de Paris Ouest, 2014, p. 60).

46  Emilio Gentile,Fascismo. Storia e interpretazione, Rome-Bari, Laterza, 2002, p. 254.

47  Ainsi que le soulignait un journal lyonnais : « L’exposition d’Auguste et de la Romanité. Esprit latin, culture latine »,Le Nouvelliste, 21 août 1938, cité par Joshua Arthurs,Excavating Modernity. The Roman Past in Fascist Italy, Ithaca-Londres, Cornell University Press, 2012, p. 122.

48  « L’exposition d’Auguste »,Gazette des Beaux-Arts, t. XIX, no 893, janvier 1938, p. 117. Sur les réactions françaises devant l’exposition de 1932, Maddalena Carli, « Immagini, rivoluzioni, frontiere. Sguardi francesi sullaMostra della rivoluzione fascista del 1932 », dans Catherine Fraixe, Lucia Piccioni et Christophe Poupault (dir.),Vers une Europe latine. Acteurs et enjeux des échanges culturels entre la France et l’Italie fasciste, Bruxelles, Peter Lang, 2014, p. 97-113.

49  Dans le catalogue de laMostra, on pouvait lire : « Avec le Fascisme, par la volonté du Duce, tout idéal, toute institution, toute œuvre romaine resplendit à nouveau, dans l’Italie nouvelle et, après l’entreprise épique des combattants en terre africaine, sur les ruines d’un empire barbare ressurgit l’Empire de Rome »,Mostra augustea della romanità. Catalogo, Rome, Colombo, 1937, p. 362, cité par Anne-Rachel Hermetet, « Rome 1937… », art. cit., p. 53.

50  Cf. Ralph Schor, « Images françaises de l’Empire colonial italien à la veille de la deuxième guerre mondiale », dans Pierre Milza et Romain H. Rainero (dir.),Colonialismo e decolonizzazione nelle relazioni italo-francesi, Florence, Società Toscana per la Storia del Risorgimento, 2001, particulièrement p. 225-226. Voir aussi la mise au point récente d’Olivier Forlin, « Le fascisme et la Méditerranée arabo-musulmane dans les années 1930 »,Cahiers de la Méditerranée, no 95, décembre 2017, p. 209-222.

51  Paul Catrice, « Prestige de l’Empire »,Sept, 12 mars 1937.

52  Ibid.

53  Voir « L’exposition d’Auguste », art. cit., p. 118-119.

54  Voir Anne-Rachel Hermetet, « Rome 1937… », art. cit., p. 53 ; sur le mythe de Rome et le christianisme, Laura Fournier-Finocchiaro, « Le mythe de la Troisième Rome de Mazzini à Mussolini », dans Juan Carlos d’Amico, Alexandra Testino-Zafiropoulos, Philippe Fleury et Sophie Madeleine (dir.),Le mythe de Rome en Europe : modèles et contre-modèles, Caen, Presses universitaires de Caen, 2012, p. 215-228.

55  Cf. René Rémond,Les crises du catholicisme français en France dans les années trente, Paris, [1960], Le Seuil, 1996, p. 81 sq. ; ainsi que, pour une comparaison, Daniel J. Grange, « L’image de l’Italie fasciste chez les “catholiques de gauche” français dans les années 1930 », dans Jean-Baptiste Duroselle et Enrico Serra (dir.),Il vincolo culturale fra Italia e Francia negli anni trenta e quaranta, Milan, Franco Angeli, 1986, p. 75-76 principalement.

56  Jean Davallon,L’exposition à l’œuvre, Paris, L’Harmatan, 1999, p. 11, cité par André Gob et Noémie Drouguet,La muséologie. Histoire, développements, enjeux actuels, Paris, Armand Colin, 2014, p. 123.

57  Raymond Aron,L’Opium des intellectuels [1955], Paris, Fayard, 2010, p. 223.

58  Franz de Ruyt, assistant à l’Université de Louvain, pouvait écrire un article extrêmement poussé sans même prononcer le terme « fasciste », en édulcorant son propos à l’extrême, et rendait hommage à la qualité des publications issues de laMostra : il évoquait « une entreprise, qui fait honneur à la nouvelle Renaissance italienne et que tous les fervents des études classiques dans le monde accueilleront avec reconnaissance et profit » (« Les résultats de l’exposition romaine du bimillénaire d’Auguste »,L’Antiquité classique, t. 8, fasc. 1, 1939, p. 220). Voir aussi E. Strong, « “Romanità” throughout the ages »,The Journal of Roman Studies, vol. 29, part. 2, 1939, p. 137-166, qui ne recule pas devant les superlatifs et rend hommage à Giulio Giglioli, tout en appelant les autres pays à imiter l’Italie. Je remercie sincèrement Marie-Laurence Haack, qui m’a indiqué cette intéressante référence. Ajoutons enfin que chacun pouvait trouver matière à ses centres d’intérêt en visitant laMostra : Hitler s’y rendit deux fois en mai 1938, lors de sa visite d’État… (voir Johann Chapoutot,Le nazisme et l’Antiquité, Paris, PUF, 2008, rééd. 2012, p. 277, qu’on lira également sur la différence de nature dans les rapports de l’Allemagne et l’Italie à l’Antiquité).

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Pour citer cet article

Référence papier

JérémyGuedj,« Réceptions françaises de laMostra Augustea della Romanità »Cahiers de la Méditerranée, 101 | 2020, 115-127.

Référence électronique

JérémyGuedj,« Réceptions françaises de laMostra Augustea della Romanità »Cahiers de la Méditerranée [En ligne], 101 | 2020, mis en ligne le15 juillet 2021, consulté le30 mars 2025.URL : http://journals.openedition.org/cdlm/13818 ;DOI : https://doi.org/10.4000/cdlm.13818

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Auteur

JérémyGuedj

Jérémy Guedj est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université Côte-d’Azur, membre du Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine (CMMC). Ses recherches portent principalement sur l’histoire des minorités en France et en Méditerranée : il y a notamment consacré sa thèse,Gouverner ou choisir. La IVe République et l’immigration (Nice, 2015), en cours de publication, et un ouvrage, co-dirigé avec Anne-Laure Zwilling,Réalité(s) du communautarisme religieux en France (CNRS Éditions, 2020). Sur le fascisme, il a entre autres publié :Le Miroir des désillusions. Les Juifs de France et l’Italie fasciste (1922-1939) (Classiques Garnier, 2011) et, en co-direction avec Barbara Meazzi, « La culture fasciste entre latinité et méditerranéité (1880-1940) »,Cahiers de la Méditerranée, no 95, décembre 2017.

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