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Une montre à gousset Alpina.
Letemps est un concept développé par l'être humain pour appréhender le changement dans le monde.
La durée des choses en tant qu'elle est mesurée ou mesurable.
Dictionnaire de la Langue Française, Emile Littré, éd. Encyclopedia Britannica France, 2001, t. 6, p. 6236
Philosophiquement : « Idée qui résulte en nous de la comparaison entre l'état successif et la coexistence, états dont la mémoire nous donne le sentiment [...]. »
Dictionnaire de la Langue Française, Emile Littré, éd. Encyclopedia Britannica France, 2001, t. 6, p. 6236
Le mottemps est un homonyme qui peut prendre différentes significations en fonction du contexte d'usage.
Jean Cocteau a appelé l'œuvre « une miniature géante, pleine de mirages, de jardins surimposés, de parties jouées entre l'espace et le temps ».
Cocteau repris dans un cours qui concerne l'œuvre proustienneDu côté de chez Swann — dispensé parVladimir Nabokov dans différentes universités américaines entre 1941 et 1958.
Littératures (1980),Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Marcel Proust (1871-1922) — Du côté de chez Swann (1913), p. 287
Pour rapprocher du passé le « devenir », il faut dire que le passé a engendré le présent. Prophéties effroyables, vous êtes devenues « terrestres » et avez été sauvées par la poésie et par votre signification.
1815
Vie de Beethoven, suivie de ses carnets intimes et d'un choix de textes, Romain Rolland (trad. M.V. Kubié), éd. Le Club Français du Livre, 1949, p. 79
[Diderot] est très moral, n’aime pas les plaisanteries chez les autres, veut que le passé soit un modèle, le présent un exemple et le futur un ordre.
Dictionnaire égoïste de la littérature française,Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 253
Les temps présents, c'est leur principe, sont persuadés d'être plus astucieux que les temps passés, et ce n'est jamais sur cette prétention qu'ils seront jugés, puisque les temps futurs auront la même.
Dictionnaire égoïste de la littérature française,Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 641
Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : Souviens-toi ! Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible. [...]Souviens-toi que le temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! C'est la loi. [...] Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard, Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le repentir même (oh ! La dernière auberge !), Où tout te dira : « Meurs, vieux lâche, il est trop tard ! »
« L'Horloge », dans Les Fleurs du mal (1857), Charles Baudelaire, éd. Lemerre, 1900?, partie Spleen et idéal, p. 136-137 (texte intégral sur Wikisource)
Jules Laforgue,Les Complaintes et les premiers poèmes, 1885
Quand t'ai-je fécondée à jamais ? Oh ! ce dut Être un spasme intéressant ! Mais quel fut mon but ?
« Complainte du temps et de sa commère l'espace », dans Les Complaintes et les premiers poèmes (1885), Jules Laforgue, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1979, p. 127
Le public n'adopte hier que comme une arme pour frapper sur maintenant.
Le Coq et l'Arlequin — Notes autour de la musique, Jean Cocteau, éd. Ed. De la Sirène, 1918, p. 45
Publics. — Ceux qui défendent aujourd’hui en se servant d’hier, et qui pressentent demain (1 pour cent). Ceux qui défendent aujourd’hui en détruisant hier et qui nieront demain (4 pour cent). Ceux qui nient aujourd’hui pour défendre hier, leur aujourd’hui (10 pour cent). Ceux qui s’imaginent qu’aujourd'hui est une erreur et donnent rendez-vous pour après-demain (12 pour cent). Ceux d’avant-hier qui adoptent hier pour prouver qu’aujourd'hui sort des limites permises (20 pour cent). Ceux qui n’ont pas encore compris que l'art est continu et s’imaginent que l’art s’est arrêté hier pour reprendre peut-être demain (60 pour cent). Ceux qui ne constatent ni avant-hier, ni hier, ni aujourd’hui (100 pour cent).
Le Coq et l'Arlequin — Notes autour de la musique, Jean Cocteau, éd. Ed. De la Sirène, 1918, p. 45-46
Où est-il le temps des galères et celui des caravelles ? Il est loin comme une minute de sable dans le trébuchet du destin.
La liberté ou l'amour ! (1927),Robert Desnos, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1962 (ISBN978-2-07-027695-0), IV. La brigade des jeux, p. 39
Corsaire Sanglot sentait croître une estime nouvelle pour lui-même et en lui-même. Depuis qu’il avait compris et accepté la monotonie de l’Éternité, il avançait droit comme un bâton à travers les aventures, lianes glissantes, qui ne l’arrêtaient pas dans sa marche. Une exaltation nouvelle avait succédé à la dépression. Une espèce d’enthousiasme à rebours qui lui faisait considérer sans intérêt l’échec de ses plus chères tentatives. La liberté du temps l’avait enfin conquis.
La liberté ou l'amour ! (1927),Robert Desnos, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1962 (ISBN978-2-07-027695-0), VIII. A perte de vue, p. 87
Viens, mon amour, viens cueillir les éclairs dans le jardin nocturne. Prends ce bouquet d'étincelles bleues, viens avec moi arracher quelques heures incandescentes à ce bloc de temps pétrifié, unique héritage que nous laissèrent nos parents.
Liberté sur parole (1958),Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? —Issue, p. 84
Cependant, le temps passait, toujours plus rapide; son rythme silencieux scande la vie, on ne peut s'arrêter même un seul instant, même pas pour jeter un coup d'œil en arrière. « Arrête ! Arrête ! » Voudrait-on crier. Mais on se rend compte que c'est inutile. Tout s'enfuit, les hommes, les saisons, les nuages; et il est inutile de s'agripper aux pierres, de se cramponner au sommet d'un quelconque rocher, les doigts fatigués se desserrent, les bras retombent inertes, on est toujours entraîné par ce fleuve qui semble lent, mais qui ne s'arrête jamais.
(it)Le Désert des Tartares, Dino Buzzati (trad. Michel Arnaud (Robert Laffont, 1949)), éd. Pocket, 1994, chapitre 24, p. 222
Il tombe sous le sens que la nonchalance [des Russes] à l'égard du temps est en rapport avec la sauvage immensité de leur pays. Où il y a beaucoup d'espace, il y a beaucoup de temps ; ne dit-on pas qu'ils sont le peuple qui « a le temps » et qui peut attendre ? Nous autres Européens, nous ne le pouvons pas. Nous avons aussi peu de temps que notre noble continent, découpé avec tant de finesse, a d'espace ; nous sommes astreints à administrer l'un comme l'autre avec précision, nous devons songer à l'utile, à l'utilité.
La Montagne magique (1931),Thomas Mann (trad. Maurice Betz), éd. Arthème Fayard, coll. « Le Livre de Poche », 1994, p. 363
La vie est lente et l'homme ne sait guère la jouer. Les possibilités d'atteindre l'être susceptible de l'aider à la jouer, de lui donner tout son sens, se perdent dans la carte des astres. Qui m'accompagne, qui me précède cette nuit encore une fois ? Demain reste fait de déterminations bon gré mal gré acceptées sans tenir compte de ces boucles charmantes, de ces chevilles pareilles à des boucles. Il serait temps encore de reculer.
— La notion de temps passé est une chose étrange et parfois contradictoire. Il serait raisonnable de supposer que des années passées dans la routine ou que nul événement n'a égayées paraissent interminables. Il devrait en être ainsi, mais cela n'est pas. Ce sont les années mornes qui ne laissent pas de traces. Une période d'action où s'inscrivent les blessures du drame ou les craquelures de la joie, laissent une impression de temps dans la mémoire, car il faut du temps pour se remémorer ce qui a marqué cette période. Les événements servent de points de repère pour la mémoire. D'un point à l'autre, il y a du temps passé. De rien à rien, il n'y a qu'un espace vide.
Le temps c'est pas une faux qu'il a, c'est une sorte de louche et une marmite monstre, il fout tout dedans, il bascule, il s'amuse à tritouiller ça marmelade obscène, que tout se mélange confond s'embarbouille englue...
Pourquoi suis-je attachée à ce livre et pas elle ? Parce que moi je connais sa valeur dans le temps. Je connais l'extension du livre. Le livre est passé et avenir. [...] Le livre est déjà cruel, il est déjà perte, déjà il raconte un monde envolé. Chaque jour il me blessera davantage. Chaque jour, il me dira que nous ne sommes plus.
À propos d'un livre « composé » avec sa fille deux ou trois ans auparavant.
Que veut Dieu ? Dieu se cache et veut qu'on le cherche. Telle est la réponse juive à cette question. Où se cache-t-il ? Nous le savons aussi : hors de la malédiction du temps. Cachette infernale et injuste qui fait prendre en grippe son locataire [...].
Je tourne en rond, je revis nos souvenirs en boucle, dans l'illusion que le bonheur passé finira par déteindre sur le présent pour nous redonner un avenir
Le temps est le cœur du tout distingué du néant. Se pencher sur le tout, c’est se pencher sur le temps. Le temps est notre patrie, notre bien à tous, notre matière et notre âme. Il est aussi près de nous que l’éternité en est loin. Nous avons du mal à parler de l’éternité parce qu’elle nous est trop étrangère. Nous avons du mal à parler du temps parce qu’il nous est trop familier. Mais de quoi parler d’autre ? Le tout appartient à l’être qui l’a fait surgir du néant. Et il appartient au temps à qui l’être l'a confié.
Le temps n’est pas l’éternité. L’éternité est une absence de temps. Le temps est un refus d’éternité. Le temps a commencé. Il finira. Si le temps n’avait pas commencé, s’il ne finissait pas, il serait lui-même l’éternité.
Le caractère du temps est autrement difficile. Il est plus pâle que son frère [l’espace], plus remuant, plus secret, plus difficile à cerner, à juger et à connaître. Plus intelligent aussi. Et moins sûr. C’est un personnage cruel, nerveux, changeant, porté sur le paradoxe, d’une instabilité maladive, toujours prêt à trahir ses amis les plus chers. On dirait qu’il ne dort que d’un œil, qu’il est debout sur une patte, qu’il attend à chaque instant l’occasion de quitter la compagnie et de filer parce qu’il s’ennuie. Faire fond sur lui est une folie où beaucoup se sont laissé prendre.
Le monde est métaphysique parce qu'il est plongé dans le temps. Et le troisième royaume, qui est celui de la pensée est loin au-dessus du temps. Plus loin encore au dessus du temps que le temps n'est au-dessus de l'espace.
Le temps existe, bien sûr, puisque nous vieillissons et mourons, puisque tout passe et s'en va. Mais il n'a pas, comme l'espace, une réalité par lui-même. Il n'est pas un fleuve où nous nous plongerions. Mystère profond, il est attaché à la matière et à la vie.Memento mori perpétuel et tout puissant, il est, sur toutes les formes les plus diverses de la réalité et de l'existence, sur toutes leurs facettes et tous leurs fragments les plus infimes, la marque indélébile d'un élan vers la mort et la disparition.
Il est impossible de se faire une idée, même approximative et figurée, de l'origine de cette abstraction portée à l'incandescence que serait un temps en train d'apparaître et de se mettre à couler. Il n'apparaît pas et il ne coule pas pour la raison la plus simple : il n'existe pas. Ou, du moins, il n'existe pas en tant que tel. Il n'est pas une réalité. Il n'a pas d'existence propre. Il n'y a pas de temps vide comme il peut y avoir un espace vide. Le temps n'est rien d'autre qu'une dimension — ou plutôt la dimension — nécessaire et universelle de tout ce qui est appelé à exister à partir du big bang.
Une des fonctions les plus mystérieuses et les plus constantes du temps est d'élever le hasard à la dignité de la nécessité. Le monde avance à coups de rencontres et le temps qui passe les transforme en fatalité.
Incipit
Tous les hommes en sont fous,Jean D'Ormesson, éd. Éditions Jean CLaude Lattès, 1986, p. 19
Il n'y a peut-être pas de temps, je me trompe peut-être quand je désigne mon atmosphère sous le nom de temps, il n'y a peut-être que de l'espace, et je suis un point lumineux qui s'agite d'un lieu de l'espace à un autre, suivant un trajet erratique, sautant plusieurs années en un éclair, tantôt effrayée dans le coin d'une salle de classe, tantôt vieille femme aux doigts noueux - c'est une autre possibilité, mon esprit y est ouvert, et cela expliquerait en partie l'aspect hypothétique de mes souvenirs.
Au cœur de ce pays, J. M. Coetzee (trad. Sophie Mayoux), éd. Le Serpent à Plumes, coll. « Motifs », 1999 (ISBN2-84261-116-0), p. 200
La placidité du présent dissimule en elle l’inquiétude de l’avenir.
Le Désir et le Temps (1971), Nicolas Grimaldi, éd. Vrin, 2006 (ISBN2-7116-1104-3), p. 237
Le temps est […] toujours décevant puisqu’il est l’ajournement de l’avenir ; et toujours enivrant puisqu’il est la promesse de l’avenir. Cette ambiguïté est celle du désir : à la fois espérance et insatisfaction, joie de conquérir et tristesse de posséder, promesse et désenchantement…
Le Désir et le Temps (1971), Nicolas Grimaldi, éd. Vrin, 2006 (ISBN2-7116-1104-3), p. 250
On n’échappe pas au temps par l’aventure.
Le Désir et le Temps (1971), Nicolas Grimaldi, éd. Vrin, 2006 (ISBN2-7116-1104-3), p. 460
LorsqueBarbey d'Aurevilly écrit sur Brummell, c'est pour extraire une théorie de ce qu'aprèsBalzac on pourrait appeler la vie élégante. La plus belle réussite d'un dandy est l'emploi de son temps, et non son argent. Car il méprise l'or dans lequel croupissent les bourgeois. Son chef-d’œuvre est sa liberté, l'acquisition de sa liberté. Je me souviens d'une belle phrase deNietzsche qui écrivait qu'un homme qui ne dispose pas des deux tiers de son temps pour son propre usage n'est pas un homme libre.
Le Désir d'être un volcan — Journal hédoniste,Michel Onfray, éd. Grasset, coll. « Le Livre de Poche Biblio Essais », 1996 (ISBN2-253-94263-4), chap. 9. Baudelaire, encore, p. 76
Et pourtant j’affirme hardiment, que si rien ne passait, il n’y aurait point de temps passé ; que si rien n’advenait, il n’y aurait point de temps à venir, et que si rien n’était, il n’y aurait point de temps présent.
Les Confessions (397-398), Augustin d'Hippone, éd. L. Guérin & Cie, 1864, p. 479
Dans les textes tantriques [...] il est dit que l'évolution de la conscience passe, grâce au croissant, de la région humide à la zone enflammée du soleil, et de là, à travers la région de l'air, à la pleine lune. Celui qui atteint la pleine lune « voit les trois périodes et a la vie longue », il est aux portes de la « grande libération ». Ces trois périodes sont le passé, le présent et l'avenir. Elles correspondent aux trois mondes des mythes de la lune : les enfers, la terre et les cieux. [...] en termes de psychologie, celui qui a atteint au royaume de la pleine lune a gagné la connaissance de l'inconscient qui est source, passé, origine ; il possède la puissance dans le monde présent, son regard pénètre l'avenir. En un sens il échappe au temps dont il transcende les limites. Il a acquis l'immortalité.
Les Mystères de la femme (1953),Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001 (ISBN2-228-89431-1), chap. XIV. Renaissance et immortalité, p. 317
Suspendu dans un temps sans durée, le schizophrène n'a point d'histoire. Ni la sienne ne compte, ni celle de la race et de la culture.
Les Schizophrènes (1980),Paul-Claude Racamier, éd. Payot & Rivages, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2001 (ISBN978-2-228-89427-2), partie Préambule et divertimento, Bref, p. 19
Je n'aurai pas le temps, pas le temps Même en courant Plus vite que le vent Plus vite que le temps Même en volant Je n'aurai pas le temps, pas le temps De visiter toute l'immensité D'un si grand univers
Je n'aurai pas le temps, Pierre Delanoë,Michel Fugain (1967 chez Festival).
Pendant que je dormais, pendant que je rêvais Les aiguilles ont tourné, il est trop tard… (…) Pendant que je chantais, pendant que je t'aimais Pendant que je rêvais, il était encore temps…
Il est trop tard, Georges Moustaki, Georges Moustaki, albumLe Métèque (1969 chez Polydor).
Et entendre ton rire s'envoler aussi haut Que s'envolent les cris des oiseaux Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie et l'aimer même si Le temps est assassin et emporte avec lui Les rires des enfants et les mistral gagnants.
Mais plus il passe et plus je l'aime ce temps qui joue et qui m'emmène Jour après jour dans une danse où chaque pas est une chance (...) Et il te donne et il te reprend chaque seconde de son temps Pour pouvoir vivre une minute, il faudra rendre celle d'avant.
Pas eu le temps, Félix Gray, Patrick Bruel, albumCe soir on sort… (2 novembre 2018 chez Columbia).
Jaax : Nous ne sommes que quelques-uns, les Veilleurs, à avoir le droit d'utiliser le Voyageur. Sinon, n'importe qui pourrait se promener à travers le temps pour faire n'importe quoi, et ce serait le chaos.