Achille sacrifiant à Zeus. Manuscrit de l’Iliade de la Bibliothèque Ambrosienne de Milan (Ve siècle).
L’Iliade (en grec ancienἸλιάς /Iliás, en grec moderne Ιλιάδα /Iliádha) est une épopée mythologique de la Grèce antique composée auVIIIe siècle av. J.-C. et attribuée à l'aède légendaireHomère. Son titre provient de la périphrase « le poème d'Ilion » (ἡ Ἰλιὰς ποίησις /hê Iliàs poíêsis), Ilion (Ἴλιον /Ílion) étant l'autre nom de la ville de Troie. L’Iliade détaille les événements survenus pendant quelques semaines de la dixième et dernière année de la guerre de Troie. Après un siège de dix ans, le sort des armes hésite encore.Achille est le meilleur guerrier de l'armée achéenne. Mais une querelle avec le roi Agamemnon, chef des Achéens, met Achille en colère et il décide de se retirer du combat, ce qui menace de retourner le sort de la guerre en faveur des Troyens, galvanisés par Hector, le meilleur guerrier de Troie. L’Iliade forme, avec l’Odyssée, l'une des deux grandes épopées fondatrices de la littérature grecque antique.
Achille contraint de céder Briséis à Agamemnon. Fresque romaine de Pompéi, atrium de la Maison du poète tragique, Ier siècle apr. J.-C. Musée archéologique national de Naples (Inv.9105).
Chante, déesse, la colère d'Achille, le fils de Pélée ; détestable colère, qui aux Achéens valut des souffrances sans nombre et jeta en pâture à Hadès tant d'âmes fières de héros, tandis que de ces héros mêmes elle faisait la proie des chiens et de tous les oiseaux du ciel — pour l'achèvement du dessein de Zeus. Pars du jour où une querelle tout d'abord divisa le fils d'Atrée, protecteur de son peuple, et le divin Achille.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant I, vers 63, p. 9 (texte intégral sur Wikisource)
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant I, vers 218, p. 19 (texte intégral sur Wikisource)
« Je suis venue du ciel pour calmer ta fureur : me veux-tu obéir ? » Louis-Édouard Fournier,La Colère d'Achille, 1881.
Je suis venue du ciel pour calmer ta fureur : me veux-tu obéir ?
Athéna, àAchille qui s'apprêtait à tirer l'épée contre Agamemnon.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant I, vers 217-218, p. 19 (texte intégral sur Wikisource)
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant I, vers 225, p. 19 (texte intégral sur Wikisource)
C'étaient des hommes forts, entre tous ceux qui ont grandi sur cette terre, et, forts entre tous, ils luttaient contre adversaires forts entre tous, les Monstres de la montagne — et ils en firent un horrible massacre.
Nestor, au sujet de Pirithoos, Dryas et Thésée. Les "Monstres de la montagne" sont les Centaures.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant I, vers 266-268, p. 23 (texte intégral sur Wikisource)
Il dit, et, de ses sourcils sombres, le fils de Cronos fait oui. Les cheveux divins du Seigneur voltigent un instant sur son front éternel, et le vaste Olympe en frémit.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant I, vers 528-530, p. 41 (texte intégral sur Wikisource)
Et, brusquement, un rire inextinguible jaillit parmi les Bienheureux, à la vue d'Héphaestos s'affairant par la salle !
Le rire des dieux, d'où l'expression de "rire homérique".
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant I, vers 599-600, p. 45 (texte intégral sur Wikisource)
Comme on voit les abeilles, par troupes compactes, sortir d'un antre creux, à flots toujours nouveaux, pour former une grappe, qui bientôt voltige au-dessus des fleurs du printemps, tandis que beaucoup d'autres s'en vont voletant, les unes par-ci, les autres par-là ; ainsi, des nefs et des baraques, des troupes sans nombre viennent se ranger, par groupes serrés, en avant du rivage bas, pour prendre part à l'assemblée.
L'armée achéenne se prépare pour l'assemblée.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant II, vers 87-93, p. 53 (texte intégral sur Wikisource)
Hélène et Pâris. Face A d'un cratère en cloche à figures rouges apulien (Tarente ?), 380-370 av. J.-C. Musée du Louvre (K6).
L'esprit des jeunes hommes toujours flotte à tout vent. Quand un vieillard est avec eux, il voit, en rapprochant l'avenir du passé, comment il est possible d'arranger tout au mieux, à la fois pour les deux parties.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant III, vers 108-110, p. 121 (texte intégral sur Wikisource)
Non, il n'y a pas lieu de blâmer les Troyens, ni les Achéens aux bonnes jambières, si, pour telle femme, ils souffrent si longs maux. Elle a terriblement l'air, quand on l'a devant soi, des déesses immortelles...
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant III, vers 156-158, p. 125 (texte intégral sur Wikisource)
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant IV, vers 164-165, p. 157 (texte intégral sur Wikisource)
Mais les dieux aux hommes n'octroient pas tout à la fois.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant IV, vers 320, p. 169 (texte intégral sur Wikisource)
L'ingénieux Ulysse sur lui lève un œil sombre et dit : "Atride, quel mot s'est échappé de l'enclos de tes dents ?"
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant IV, vers 350-351, p. 171 (texte intégral sur Wikisource)
Allons ! nous règlerons plus tard l'affaire à l'amiable, si quelque mot fâcheux a été prononcé. Mais, bien plutôt, fassent les dieux que tout cela s'en aille au vent !
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant IV, vers 362-363, p. 171 (texte intégral sur Wikisource)
Une fois de plus, elle vient jeter au milieu de tous l'esprit de querelle, qui n'épargne personne, allant et venant à travers la foule, partout faisant grandir la plainte humaine.
Au sujet de la déesse Éris (Discorde), sœur et compagne d'Arès.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant IV, vers 444-445, p. 177 (texte intégral sur Wikisource)
Il ne sait pas en son cœur qu'il ne vit pas longtemps, l'homme qui fait la guerre aux dieux immortels. Ses enfants n'embrassent pas ses genoux, en l'appelant "père", quand il revient de la bataille et de l'atroce carnage.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant V, vers 407-409, p. 213 (texte intégral sur Wikisource)
Et ne prétends pas égaler tes desseins aux dieux : ce seront toujours deux races distinctes que celles des dieux immortels et celle des humains qui marchent sur la terre.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant V, vers 440-442, p. 215 (texte intégral sur Wikisource)
(Héra) a commencé par prendre l'aspect de Stentor au grand coeur, à la voix de bronze, aussi forte que celle de cinquante autres réunis.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant V, vers 785-786, p. 237 (texte intégral sur Wikisource)
Zeus Père, n'es-tu donc pas indigné, quand tu vois toutes ces horreurs ? Sans cesse les dieux que nous sommes subissent les pires tourments, cela les uns par les autres, pour plaire aux mortels.
L'Iliade,Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant V, vers 872-874, p. 243 (texte intégral sur Wikisource)
Tu as donné naissance à une folle exécrable, qui ne rêve de méfaits.
L'Iliade,Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant V, vers 875-876, p. 243 (texte intégral sur Wikisource)
Ne viens pas, tête à l'évent, gémir ici à mes pieds. Tu m'es le plus odieux de tous les Immortels qui habitent l'Olympe. Ton plaisir toujours, c'est la querelle, la guerre, et les combats.
L'Iliade,Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant V, vers 889-891, p. 245 (texte intégral sur Wikisource)
Dernière visite d'Hector à sa famille avant son duel avec Achille ; Astyanax, sur les genoux d'Andromaque, essaie d'attraper le casque de son père. Cratère à colonne apulien à figures rouges, v. 370-360 av. J.-C. Trouvé à Ruvo. Musée national du palais Jatta à Ruvo di Puglia (Bari).
Sur terre les humains passent comme les feuilles : si le vent fait tomber les unes sur le sol, la forêt vigoureuse, au retour du printemps, en fait pousser bien d'autres ; chez les hommes ainsi les générations l'une à l'autre succèdent.
Le guerrier troyen Glaucos parlant à l'Achéen Diomède sur le champ de bataille de Troie.
L'Iliade, Homère (trad. Robert Flacelière), éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1955, chant VI, vers 146-150, p. 192 (texte intégral sur Wikisource)
Glaucos fils d'Hippoloque, guerrier troyen, relate à Diomède les aventures de son ancêtre Bellérophon.
L'Iliade,Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant VI, vers 186, p. 259 (texte intégral sur Wikisource)
Ménélas blâme les autres Achéens qui n'osent pas relever le défi lancé par Hector.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant VII, vers 99-100, p. 291 (texte intégral sur Wikisource)
Tel un pavot, dans un jardin, penche la tête de côté, sous le poids de son fruit et des pluies printanières, tel il penche son front par le casque alourdi.
Mort de Gorgythion touché par une flèche de l'archer Teucros.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant VIII, vers 306-308, p. 341 (texte intégral sur Wikisource)
Ἀφρήτωρ ἀθέμιστος ἀνέστιός ἐστιν ἐκεῖνος ὃς πολέμου ἔραται ἐπιδημίου ὀκρυόεντος.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant IX, vers 63-64, p. 7 (texte intégral sur Wikisource)
L'ambassade à Achille. Phénix et Ulysse font face à Achille, derrière qui se trouve Patrocle. Hydrie attique, v.480 av. J.-C. Peintre de Cléophradès. Collection des Antiquités, Munich (Allemagne).
Celui-là m'est en horreur à l'égal des portes d'Hadès, qui dans son cœur cache une chose et sur les lèvres en a une autre.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant IX, vers 312-313, p. 25 (texte intégral sur Wikisource)
La vie d'un homme ne se retrouve pas ; jamais plus elle ne se laisse ni enlever ni saisir, du jour qu'elle est sortie de l'enclos de ses dents.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant IX, vers 408-409, p. 33 (texte intégral sur Wikisource)
Si je reste à me battre ici autour de la ville de Troie, c'en est fait pour moi du retour ; en revanche, une gloire impérissable m'attend.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant IX, vers 412-413, p. 33 (texte intégral sur Wikisource)
Je suis celui que Zeus a choisi entre tous pour le plonger dans les épreuves, à tout jamais, tant qu'un souffle subsistera dans ma poitrine et que se mouvront mes jarrets.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant X, vers 88-90, p. 61 (texte intégral sur Wikisource)
Leur sort, à tous, à cette heure, est sur le tranchant du rasoir.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant X, vers 173-174, p. 67 (texte intégral sur Wikisource)
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant XI, vers 514-515, p. 135 (texte intégral sur Wikisource)
Mais sauve-moi du moins, en me menant à ma nef noire : entaille ma cuisse, pour en tirer la flèche ; puis lave à l'eau tiède le sang noir qui en sortira ; répands par-dessus les remèdes apaisants, les bons remèdes qu'Achille t'a fait connaître, dit-on, et que lui-même a appris de Chiron, le Centaure juste entre tous.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), chant XI, vers 828-832, p. 157 (texte intégral sur Wikisource)
Ah ! doux ami ! si échapper à cette guerre nous permettait de vivre ensuite éternellement, sans que nous touchent l'âge ni la mort, ce n'est certes pas moi qui combattrais au premier rang ni qui t'expédierais vers la bataille où l'homme acquiert la gloire. Mais, puisqu'en fait et quoi qu'on fasse, les déesses du trépas sont là embusquées, innombrables, et qu'aucun mortel ne peut ni les fuir ni leur échapper, allons voir si nous donnerons la gloire à un autre, ou bien si c'est un autre qui nous la donnera, à nous.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant XII, vers 322-328, p. 183 (texte intégral sur Wikisource)
[Poséidon] fait trois enjambées ; à la quatrième, il atteint son but, Èges, où un palais illustre lui a été construit dans l'abîme marin, étincelant d'or, éternel. Aussitôt arrivé, il attelle à son char deux coursiers aux pieds de bronze et au vol prompt, dont le front porte une crinière d'or. Lui-même se vêt d'or, prend en main un fouet d'or façonné, puis, montant sur son char, pousse vers les flots. Les monstres de la mer le fêtent de leurs bonds ; partout ils quittent leur cachette : nul ne méconnaît son seigneur. La mer en liesse lui ouvre le passage ; le char s'envole, à toute allure, sans que, même par-dessous, se mouille l'essieu de bronze. Ainsi ses coursiers bondissants portent le dieu vers les nefs achéennes.
Le dieuPoséidon s'équipe et fait route vers le champ de bataille de Troie.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant XIII, vers 17-31, p. 197 (texte intégral sur Wikisource)
La lance fait un rempart à la lance, le bouclier au bouclier, chacun étayant l'autre ; l'écu s'appuie sur l'écu, le casque sur le casque, le guerrier sur le guerrier.
Un bataillon d'élite des Achéens se prépare à la bataille contre les Troyens.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant XIII, vers 130-131, p. 205 (texte intégral sur Wikisource)
Nul ne saurait trouver mauvais que l'on cherche à fuir le malheur — même de nuit. Ne vaut-il donc pas mieux se dérober à lui — fût-ce par la fuite — que de devenir sa proie ?
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant XIV, vers 80-81, p. 261 (texte intégral sur Wikisource)
« Là sont tendresse, désir, entretien amoureux aux propos séducteurs qui trompent le cœur des plus sages. » Andrea Appiani,Vénus prêtant sa ceinture à Junon, vers 1811. Collection privée.
Là sont tendresse, désir, entretien amoureux aux propos séducteurs qui trompent le cœur des plus sages.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant XIV, vers 216-217, p. 271 (texte intégral sur Wikisource)
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant XIV, vers 231, p. 273 (texte intégral sur Wikisource)
Sommeil, roi de tous les dieux, rois de tous les hommes...
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant XIV, vers 231, p. 273 (texte intégral sur Wikisource)
Quand les guerriers ont le sens de la honte, il est parmi eux bien plus de sauvés que de tués. S'ils fuient au contraire, nulle gloire pour eux ne se lève, nul secours non plus.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant XV, vers 563-564, p. 335 (texte intégral sur Wikisource)
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant XVI, vers 630, p. 391 (texte intégral sur Wikisource)
Mais le vouloir de Zeus toujours est plus fort que celui d'un mortel.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 2 (chants IX à XVI), chant XVI, vers 688, p. 395 (texte intégral sur Wikisource)
Ménélas tenant le corps de Patrocle, gravure d'après une peinture de la Sala di Troia au Palazzo Ducale (palais ducal) de Mantoue. Giulio Romano. XVIe siècle.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 3 (chants XVII à XXIV), chant XVII, vers 32, p. 5 (texte intégral sur Wikisource)
Ah ! qu'il périsse donc, chez les dieux comme chez les hommes, cet esprit de querelle, ce courroux, qui induit l'homme en fureur, pour raisonnable qu'il puisse être, et qui semble plus doux que miel sur la langue, quand, dans une poitrine humaine, il monte comme une fumée !
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 3 (chants XVII à XXIV), chant XVIII, vers 107-110, p. 65 (texte intégral sur Wikisource)
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 3 (chants XVII à XXIV), chant XIX, vers 90, p. 111 (texte intégral sur Wikisource)
Il n'est pas de guerrier qui puisse affronter le combat une journée entière, jusqu'au soleil couché, s'il n'a goûté au pain.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 3 (chants XVII à XXIV), chant XIX, vers 162-163, p. 117 (texte intégral sur Wikisource)
Et, sous la terre, le seigneur des morts, Aïdoneus, soudain prend peur. De peur, il saute sur son trône et crie : Poseidon, l'Ébranleur du sol, ne va-t-il pas faire éclater la terre dans les airs et ouvrir aux yeux des mortels et des Immortels l'effroyable demeure de la corruption, dont les dieux mêmes ont horreur ? Tant est fort le fracas qui s'élève des dieux entrant en conflit.
Hadès (surnommé ici Aïdoneus), dans les Enfers, s'effraie du vacarme de la théomachie pendant la querelle entre les dieux soutenant l'un ou l'autre camp durant un épisode de la guerre de Troie.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 3 (chants XVII à XXIV), chant XX, vers 61-66, p. 140-141 (texte intégral sur Wikisource)
Le langage des hommes est souple ; on y trouve propos de tout genre ; il forme un riche fonds de mots, dans un sens comme dans l'autre.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 3 (chants XVII à XXIV), chant XX, vers 248-249, p. 153 (texte intégral sur Wikisource)
L'Eau. Achille près d'être englouti par le Xanthe et le Simoïs, irrités du carnage qu'il a fait des Troyens, fresque d'Auguste Couder, 1819. Musée du Louvre.
Ébranleur du sol, tu me dirais que j'ai l'esprit atteint, si je partais en guerre contre toi pour de pauvres humains, pareils à des feuilles, qui tantôt vivent pleins d'éclat, en mangeant le fruit de la terre, et tantôt se consument et tombent au néant.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 3 (chants XVII à XXIV), chant XXI, vers 462-466, p. 205 (texte intégral sur Wikisource)
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 3 (chants XVII à XXIV), chant XXII, vers 262-263, p. 237 (texte intégral sur Wikisource)
Et voici maintenant le Destin qui me tient. Eh bien ! non, je n'entends pas mourir sans lutte ni sans gloire, ni sans quelque haut fait, dont le récit parvienne aux hommes à venir.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 3 (chants XVII à XXIV), chant XXII, vers 303-305, p. 239 (texte intégral sur Wikisource)
Achille, après avoir vu en rêve l'ombre du défunt Patrocle.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 3 (chants XVII à XXIV), chant XXIII, vers 103-104, p. 265 (texte intégral sur Wikisource)
C'est l'idée qui fait le bon bûcheron, ce n'est pas la force. C'est l'idée qui permet au pilote sur la mer lie de vin de diriger la nef rapide toute secouée des vents. C'est l'idée qui fait qu'un cocher l'emporte sur un autre cocher.
Conseils de Nestor à son fils Antiloque qui s'apprête à prendre part à une course de chars pendant les jeux funèbres en l'honneur de Patrocle. Nestor met en avant lamètis, c'est-à-dire l'intelligence rusée.
L'Iliade, Homère (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 1937-38 (traduction), 1998 (édition), t. 3 (chants XVII à XXIV), chant XXIII, vers 315-318, p. 281 (texte intégral sur Wikisource)
Souviens-toi de ton père, Achille pareil aux dieux. Il a mon âge, il est, tout comme moi, au seuil maudit de la vieillesse. Des voisins l'entourent, qui le tourmentent sans doute, et personne auprès de lui, pour écarter le malheur, la détresse ! Mais il a, du moins, lui, cette joie au cœur, qu'on lui parle de toi comme d'un vivant, et il compte chaque jour voir revenir son fils de Troie. Mon malheur, à moi, est complet. J'ai donné le jour à des fils, qui étaient des braves, dans la vaste Troie : et je songe que d'eux aucun ne m'est resté. Ils étaient cinquante, le jour où sont venus les fils des Achéens ; dix-neuf sortaient du même sein, le reste m'était né de femmes en mon palais. La plupart ont eu les genoux rompus par l'ardent Arès. Le seul qui me restait, pour protéger la ville et ses habitants, tu me l'as tué hier, défendant son pays — Hector. C'est pour lui que je viens aux nefs des Achéens, pour te le racheter. Je t'apporte une immense rançon. Va, respecte les dieux, Achille, et, songeant à ton père, prends pitié de moi. Plus que lui encore, j'ai droit à la pitié ; j'ai osé, moi, ce que jamais encore n'a osé mortel ici-bas : j'ai porté à mes lèvres les mains de l'homme qui m'a tué mes enfants.
Priam venu réclamer le corps de son fils Hector àAchille.
Homère, lui, en même temps qu'il excella dans le genre élevé (seul en effet il composa des œuvres qui non seulement sont belles mais encore constituent des imitations dramatiques) montra le premier l'esquisse de la comédie : au lieu de composer des blâmes il fit une imitation dramatique du ridicule, car leMargitès est aux comédies ce que l’Iliade et l’Odyssée sont aux tragédies.
Aristote compare les poèmes homériques aux genres théâtraux grecs antiques. LeMargitès est un poème comique perdu que les Grecs attribuaient à Homère.
Poétique (IVe siècle avant J.-C.),Aristote (trad. J. Hardy), éd. Gallimard, coll. « Tel », 1996 (Les Belles Lettres 1990) (ISBN2-07-074368-3), 1448b-1449a, p. 83
Mais Homère, supérieur dans tout le reste, paraît bien sur ce point aussi avoir vu juste, grâce à sa connaissance de l'art ou à son génie : en composant l’Odyssée il n'a pas raconté tous les événements de la vie d'Ulysse, par exemple qu'il reçut une blessure sur la Parnasse et qu'il simula la folie lors du rassemblement des Grecs, événements dont aucun des deux ne devait, l'autre s'étant produit, nécessairement ou vraisemblablement se produire ; mais c'est autour d'une action une, au sens où nous l'entendons, qu'il a composé sonOdyssée, et pareillement aussi sonIliade.
[C]’est pour les modernes un ouvrage inégal. Ennuyeux d’abord, il ne faut pas craindre de le dire. D’une terrible monotonie dans ses combats continuels et fastidieux entre guerriers troyens et guerriers grecs autour de Troie, la dixième année du siège. Des bagarres sans arrêt, des décervelages et des étripements, comme dansRabelais et dans leGuignol’s band deCéline. Mais l’œuvre est toujours sauvée par sa langue unique, la splendeur sauvage des amples comparaisons qui y éclatent à chaque instant, la bouffée d’air naturel qui s’insinue soudain entre ces batailles et cesconfabulations de divinités.
Anthologie de la poésie grecque,Robert Brasillach, éd. Librairie Stock, 1950, L’Iliade, p. 22
C’est àHomère, en effet, que remonte, c’est dans Homère que chaque génération antique a retrouvé ce qui est l’axe fondamental de cette éthique aristocratique : l’amour de la gloire. La base sur laquelle il repose est ce pessimisme radical de l’âme hellénique que le jeuneNietzsche a si profondément médité : tristesse d’Achille ! La vie brève, hantise de la mort, peu de consolation à espérer de la vie d’outre-tombe : il n’y a encore rien de bien ferme dans l’idée d’un sort privilégié qu’on puisse recevoir dans les Champs-Élysées, quant à la destinée commune des ombres, cette existence incertaine et vague, quelle dérision ! […] Cette vie si courte, que leur destin de combattants rend encore plus précaire, nos héros l’aiment farouchement, de ce cœur si terrestre, de cet amour si franc, sans arrière-pensée, qui définissent à nos yeux un certain climat de l’âmepaïenne. Et pourtant cette vie d’ici-bas, si précieuse, n’est pas à leurs yeux la valeur suprême. Ils sont prêts — et avec quelle décision ! — à la sacrifier à quelque chose de plus haut qu’elle-même ; et c’est en cela que l’éthique homérique est une éthique de l’honneur.
[A]ucune épopée n’est si peu « patriotique » ni si complètement « humaine ». Même l’Énéide, qui est très proche d’Homère et s’inspire ouvertement de l’Iliade, obéit, on le sait, à un souci de propagande dynastique. […]Virgile s’émeut de l’histoire deRome, Homère du sort des hommes. L’humanité est donc partout, dans cette première épopée. Elle est la marque des héros, grâce à la façon dont Homère choisit ce qu’il veut taire ou bien montrer. Elle est dans son génie de tout ramener à l’humaine condition et dans son refus de toute limitation ethnique ou particulariste. À cet égard, l’Iliade inaugure en fait ce qui deviendra le désir d’universalité propre à notre culture, et l’ouverture aux autres que, contrairement à bien des civilisations, elle inscrit en tête de ses valeurs.
L’Iliade séduit par la diversité de ses tons : le resserrement de la narration et son finale tiennent, pour leur part, de latragédie, un modèle qui affleure encore par la manière dont méditation sur ledestin (sans cesse manifesté par un signe, une prémonition, un mot) etpitié sont conjointes dans l’œuvre.Platon fait d’Homère le père de la tragédie dans laRépublique (598d)… Mêlant les dieux aux hommes, alternant instants sublimes et scènes domestiques,L’Iliade invente une poésie du quotidien. Elle est renforcée par un usage incessant de la comparaison, même pour dire le geste héroïque ou le fracas des armes : tout y fait sens par rapport à l’évidence première des éléments, des bêtes, des plantes, de l’univers sensible. Ces notations bannissent le lieu commun, le préjugé. Elles font rayonner une certitude : la beauté du monde, à la fois tendre et violent.
« Homère »,Laurence Plazenet, dans Anthologie de la littérature grecque, Laurence Plazenet (ed. sc.) et Emmanuèle Blanc (trad.), éd. Gallimard, coll. « Folio classique », 2020 (ISBN978-2-07-035923-3), p. 46-47
Je ne voudrais pas médire de vos héros, Loukiadis : ils s'enfermaient sous leur tente dans un accès de dépit ; ils hurlaient de douleur sur leurs amis morts ; ils traînaient par les pieds le cadavre de leurs ennemis autour des villes conquises, mais, croyez-moi, il a manqué à l’Iliade un sourire d'Achille.