Le système bopomofo été créé par laCommission sur l'unification de la prononciation de 1912-1913 sous laRépublique de Chine (1912-1949) naissante, afin de simplifier l'apprentissage de la phonétique du mandarin. Jusqu'à sa création, des caractères très utilisés étaient assemblés pour représenter la phonétique des autres caractères. L'idée était d'apprendre la prononciation du mandarin à tous les Chinois, ceux-ci lisant tous la même écriture, mais ayant une prononciation différente, en fonction de la langue.
Par exemple le caractère « ㄖ » est dérivé du caractère soleil ancien. La forme moderne étant « 日 ». Ce caractère se prononçantrì en mandarin (transcriptionpinyin), il sert à représenter la consonne « r ». La majorité des zhuyin fonctionnent sur le même principe.
Trois des signes notant les voyelles finales, ㄣ /en/, ㄤ /ang/ et ㄥ /eng/, sont aussi utilisés pour noter les consonnes nasales seules quand les voyelles ㄧ /i/ et ㄨ /u/ les précèdent : ainsi ㄧㄣ se lit /in/, ㄧㄥ /ing/ et ㄨㄥ /ung/ (écrit-ongen pīnyīn). Le pīnyīnyong /-iong est rendu par ㄩㄥ /üng/, en conformité avec l'histoire phonétique : /ü/ provenant historiquement de /iu/, la notation par /üng/ revient à écrire /iung/. On prononce bien sûr normalement [jʊŋ]. De la même manière, ㄦ /er/ sert aussi à indiquer larétroflexion d'une voyelle : ㄅㄧㄢㄦ se lit /bianr/, soit [b̥jə˞] (voir aussiSuffixe -er).
La transcription en bopomofo suit parfois les mêmes conventions qu'en pīnyīn : elle n'indique pas les variantesallophoniques des voyelles. Ainsi ㄧㄢ /ian/ vaut [jɛn] et non [jan]. Les différences sont surtout dues au fait que le bopomofo est plus une transcriptionphonologique (l'on note les phonèmes en tant qu'unités fonctionnant en opposition) quephonétique (l'on note ce que l'on entend).
Certainesirrégularités du pīnyīn disparaissent : alors que, par exemple, la finale complexe /jou/ est notée en pīnyīn paryou mais-iu après une consonne, ce sont toujours les signes ㄧㄡ que l'on utilise en bopomofo. De même, /wei/ (pīnyīn :wei/ -ui) est toujours rendu par ㄨㄟ, /wǝn/ (pīnyīn :wen / -un) par ㄨㄣ, et la voyelle /ü/ est écrite ㄩ quelle que soit sa position dans lasyllabe (en pīnyīn, on peut l'écrireyu,u dansju,qu,xu, etü danslü etnü).
Enfin, le bopomofo distingue clairement lesallophones de /e/, ㄝ [ɛ] et ㄜ [ɤ], tous deux notés pare en pīnyīn ; on ne trouve ㄝ [ɛ] qu'après une voyelle palatale ─ /i/ ou /ü/ ─ ou bien quand il constitue la syllabe à lui seul.
Les syllabes à voyelle fermée sans consonne initiale, celles notées en pīnyīn par les digrammesyi /i/,wu /u/ etyu /ü/, sont rendues en bopomofo par la voyelle seule, soit ㄧ, ㄨ et ㄩ respectivement.
De la même façon, les syllabes sans voyelle finale mais dont la consonne estvocalisée (soient en pīnyīnzhi [ɖʐ̥ʅ],chi [ʈʂʰʅ],shi [ʂʅ],zi [dz̥ɿ],ci[tsʰɿ],si[sɿ] etri[ʐʅ]) sont simplement transcrites en bopomofo par les lettres simples ㄓ, ㄔ, ㄕ, ㄗ, ㄘ, ㄙ et ㄖ, sans signe de voyelle.
Note : il est d'usage, dans latranscription des langues chinoises, de rendre la vocalisation d'une consonne au moyen des symboles [ɿ] et [ʅ], ce dernier après une consonne rétroflexe ; c'est, en pīnyīn, la voyelle -i qui joue ce rôle. En API, enfin, il faut utiliser le symbole souscrit [ˌ]. Dans tous les cas, le symbole utilisé ne transcrit pas une voyelle mais une absence de voyelle : c'est la consonne seule qui estvocalisée, c'est-à-dire renduesyllabique.
Note : les marques tonales peuvent aussi s'écrire au-dessus de la voyelle (ㄌㄧ̌, ㄧ̀). Le ton 1 n'est pas noté et le cinquième ton est noté par un point, alors qu'en pinyin le premier ton est unmacron et que le cinquième ton n'est pas noté.