Elles sont plus ou moinscontagieuses. Par exemple, letétanos est une toxi-infection causée parClostridium tetani, unebactérie qui se trouve dans la terre. Il n’y a pas de transmission interhumaine, l’infection se produit lorsque la bactérie entre dans l’organisme par une plaie souillée. Unvaccin existe contre cette affection et est obligatoire en France pour tous les enfants d’âge scolaire. Autre exemple, lepaludisme est dû à un parasite, lePlasmodium falciparum (il existe d’autresPlasmodii), transmis d’homme à homme par l’intermédiaire d’unmoustique, l’anophèle. Leréservoir du parasite est humain mais il n’y a pas de transmission interhumaine. Il n’existe à l'heure actuelle pas devaccin. Latuberculose se transmet d’homme à homme par mécanisme aéroporté : le réservoir est humain et c’est unemaladie contagieuse. Lesinfections sexuellement transmissibles (ou encore MST pour maladies sexuellement transmissibles) se transmettent à l’occasion de rapports sexuels ou par lesang.
De nombreux microbes vivent normalement et nécessairement dans notre tube digestif et sur notre peau, et ne deviennent infectieux qu'à certaines occasions. Le contact avec les microbes est nécessaire à l'entretien et au bon fonctionnement de ladigestion et dusystème immunitaire.
L'infection est le terme désignant soit une maladie infectieuse en général, soit la contamination par un germe. C'est la conséquence pathologique au niveau d'un tissu ou d'un organisme de la présence anormale et/ou de la réplication d’un germe bactérien, viral ou mycosique. Lacontamination est la pénétration du germe dans un organisme.
L'infectiologie est la branche de lamédecine concernant les maladies infectieuses. Le médecin spécialiste est uninfectiologue. Suivant le type de germe, il est également question debactériologie, devirologie, deparasitologie ou demycologie.
Unsepsis (du grec ancienσῆψις /sễpsis, « putréfaction ») est une infection grave. L'adjectifseptique se rapporte à un organisme ou un objet contaminé par un germe (fosse septique par exemple). Unesepticémie est la contamination grave et durable (sans traitement) dusang par un germe. Unebactériémie est une contamination transitoire du sang par un germe. Lorsque les cas se multiplient dans un lieu et une période limitée, il est question d’épidémie. Si la diffusion est beaucoup plus généralisée, il est alors question depandémie. Lorsque l'épidémie concerne le milieu animal, il est question d'épizootie. Lorsque le germe se transmet de l’animal à l’homme, il est question d'anthropozoonose ou plus simplement dezoonose.
Lapériode d’incubation est le délai entre lecontage et la première manifestation de la maladie. Le malade peut être contagieux durant ce temps.
Lapériode decontagion est le temps pendant lequel le patient excrète le germe et peut le transmettre. Elle dépend de chaquemaladie infectieuse.
Lesinfections nosocomiales[2] (ou iatrogènes) sont des infections attrapées à l’hôpital. Elles sont particulièrement complexes et dangereuses car elles surviennent chez des sujets affaiblis et concernent souvent des germes résistants aux antibiotiques. Il s’agit d’unproblème de santé publique majeur.
Comme le résumait en 1935 le bactériologiste françaisCharles Nicolle :« Malheureusement, les signes des maladies infectieuses sont presque tous les mêmes : fièvre, maux de tête, agitation ou stupeur, éruption. Seuls leur groupement, leur succession, une observation minutieuse ont pu, après de longs tâtonnements, permettre d'établir des tableaux symptomatiques particuliers et les distinguer entre eux[3]. »
Les maladies infectieuses sont responsables dans le monde de 17 millions de décès par an, soit un tiers de la mortalité et 43 % des décès dans lespays en développement (contre 1 % dans les pays industrialisés). Les six maladies suivantes représentent 90 %[réf. souhaitée] des décès par maladies infectieuses dans le monde[4].
Depuis les années 2000, de nombreuses urgences sanitaires reliées à l’émergence de nouveaux agents étiologiques responsables de maladies respiratoires sévères sont survenues : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), les infections d’influenza aviaire A (H5N1) chez les humains dans plusieurs pays de l’Asie, la pandémie de grippe A (H1N1) et, plus récemment, le virus influenza aviaire A (H7N9) en Chine, le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) et la pandémie de Covid19. La pathogénicité et la létalité élevées de la plupart de ces virus génèrent des répercussions sociales et une pression importante sur les services de santé[9].
La population mondiale infectée par le VIH continue de croître : rien qu’en 2000, 5,3 millions de nouveaux cas se sont déclarés dans le monde, dont la moitié parmi les jeunes de plus de 25 ans[10].
Après une phase de forte régression (époque pastorienne et hygiéniste), les maladies infectieuses sont revenues ou sont devenues plus résistantes (antibiorésistance). Desmaladies infectieuses émergentes ou réémergentes inquiètent périodiquement lesépidémiologistes[11] et les autorités sanitaires en raison de leurs impacts sanitaires, économiques et socio-politiques actuels ou potentiels. LeHaut Conseil de la santé publique (HCSP) a récemment fait 25 recommandations (sur la recherche et l'enseignement, la surveillance sanitaire et la gestion raisonnée des crises sanitaires notamment)[11].
Les progrès de l'hygiène et de la vaccination ont fourni un espoir de pouvoir les éradiquer, mais elles sont encore en France, la troisième cause de mortalité[12] :
Les maladies infectieuses entravent la santé de base des individus et ont une influence négative sur chaque indice du développement humain et plus particulièrement sur l'espérance de vie à la naissance, l'éducation et le PIB réel. Elles sont responsables d'une forte mortalité dans les régions où l'hygiène connaît un déficit et où l’accès aux soins est difficile. Lamalnutrition ainsi qu'un accès limité à l'eau potable sont autant de facteurs aggravants qui diminuent les chances de survie des malades mais aussi des enfants en bas âge de même que leurs conditions de développement. Ces deux facteurs désarment lesystème immunitaire et peuvent être vecteurs de maladies infectieuses.
Ces maladies ont des conséquences négatives importantes sur le développement cognitif et les performances scolaires chez l’enfant. Lamalaria, entre autres, peut causer de graves séquelles, dont des troubles comportementaux, des problèmes moteurs et un manque d’autonomie[13]. Une telle infection est donc un frein à l’éducation. Dans le cas des épidémies, il peut arriver que les enseignants soient eux aussi touchés par la maladie. Un manque de corps enseignant réduirait de façon directe la qualité de l’éducation en affaiblissant le système scolaire. Par ailleurs, si dans une famille, les responsables de l'éducation des enfants (souvent la mère) sont touchés par la maladie, c’est l’éducation dans son ensemble qui va être affectée. Le coût du traitement réduit le budget qui aurait pu être accordé à la scolarisation mais également les conditions de vie de l’enfant. Ce qui crée un cercle vicieux : les couches les plus éduquées de la population sont de moins en moins atteintes par des maladies infectieuses telles que lesida. En effet ces personnes qui sont les plus éduquées sont les mieux informées sur les modes de transmission et de prévention[13]. Or, plus de 80 % des personnes atteintes par ces maladies vivent dans les pays en développement.
D'un point de vuemacroéconomique, les maladies infectieuses ont un impact sur la croissance économique et lePIB. Dans lespays en développement, la main d’œuvre est le facteur-clé de la production et donc du PIB. Néanmoins, le bon fonctionnement des entreprises et la possibilité d'être concurrent sur le marché international nécessitent avant tout une bonne santé et une éducation de base. Lorsque la santé de la personne génératrice de revenu pour la famille est affectée, toute la famille en souffre. Les maladies infectieuses aggravent donc la pauvreté, réduisent la croissance économique, le capital humain et contribuent à l’augmentation des inégalités entre les pays en voie de développement et les pays riches[13].
La prévention des maladies infectieuses vise à limiter le risque infectieux (y compris professionnel, notamment pour les métiers de la santé, de contact avec les animaux, des déchets, des cadavres, des eaux usées, des échantillons à analyser en laboratoires de biologie, etc.).
Elle s’articule en trois volets : éviter l’infection, renforcer lesdéfenses immunitaires et prendre des traitements préventifs (prophylaxie) en cas de risque d’exposition.
La maladie infectieuse est provoquée par la pénétration dans l’organisme d’unebactérie ou d’unvirus. La première précaution consiste donc à « fermer les portes d’entrée », à savoir :
lesvoies respiratoires : tousser ou éternuer dans unmouchoir, dans le coude, ou dans les mains (en se les lavant immédiatement après) pour éviter de contaminer l’entourage ; porter un masque facial lorsque des personnes vulnérables sont rencontrées (par exemple dans certaines zones des milieux hospitaliers, personnes immunodéprimées) ou porteuses de virus très contagieux (comme lesras) ; pour laventilation artificielle, utiliser un filtre antibactérien ;
lesvoies digestives : selaver les mains avant de manger ou de préparer un repas, ou après une exposition à des liquides biologiques (par exemple en sortant des toilettes), voire les désinfecter lorsqu’il s’agit de liquides d’une autre personne (par exempleaccident d'exposition au sang) ; porter des gants fins (latex, ou pour les personnes allergiques enPVC ounitrile) lorsqu’une telle exposition est probable ; en général laver les mains régulièrement pendant la journée ;
effractioncutanée : touteplaie grave devra être montrée à unmédecin qui prendra les mesures nécessaires ; toute plaie simple doit être nettoyée, ou mieux désinfectée (voir l’article bobologie) ; mais la première précaution est bien sûr d’éviter de se faire une plaie, en respectant les règles de sécurité de certaines activités et en portant des protections adaptées (gants de travail) ;
voie oculaire : éviter de se frotter les yeux et se laver les mains avant au cas où cela arriverait ; en cas de risque d’exposition à des liquides biologiques, porter des lunettes de protection ;
Le port d'équipements de protection individuelle dépend de l’évaluation des risques. Au travail outre des gants de protection, un appareil de protection respiratoire et des lunettes masques ou une visière sont parfois nécessaires, voire un vêtement de protection intégral.
Les gants fins sont recommandés en cas de risque d’exposition à des liquides biologiques ou chimiques, mais déconseillé pour les activités courantes : en effet, la peau est alors dans une atmosphère chaude et humide propice au développement de germes, et par ailleurs, il vaut mieux des mains propres que des gants sales. À noter qu’au bout d’une vingtaine de minutes, certains gants fins deviennent poreux ou sont incompatibles avec certaines substances.
Il faut aussi limiter le développement de germes pathogènes sur et dans le corps et dans l’habitation, par une hygiène suffisante :
hygiène ménagère : avoir unréfrigérateur créant un froid suffisant, décongelé et nettoyé régulièrement, laver les couverts, assiettes et verres après utilisation, stocker les ordures dans des poubelles dédiées et ramassées régulièrement par les services municipaux, évacuation des eaux usagées vers unefosse septique vidangée régulièrement ou vers leségouts, rangement et nettoyage de l’habitation, aérer pour limiter lapollution intérieure (acariens,composés organiques volatils) et donc lesallergies et les maladies respiratoires ;
Lescollectivités territoriales jouent un rôle important en ce qui concerne l’hygiène collective, avec la gestion des eaux pour fournir de l’eau potable, l’organisation de la collecte et du traitement des ordures, l’équarrissage des cadavres d’animaux et la police desfunérailles et des lieux desépulture (condition de transport et de conservation des corps avantcrémation ouinhumation, gestion descimetières etcrématoriums).
La première mesure consiste à avoir une bonnehygiène de vie : alimentation saine, exercice physique régulier, sommeil suffisant, éviter les comportements à risque (tabagisme,excès d’alcool), ce qui permet d’avoir un meilleur état de santé général donc de mieux résister aux infections.
Par ailleurs, il convient de respecter lesvaccinations préventives obligatoires, ou recommandées comme la vaccination des personnes âgées contre lagrippe.
Il faut aussi prendre précautionneusement les médicaments prescrits par un médecin, en lisant systématiquement les notices accompagnatrices, riches en informations (effets secondaires, interactions avec d’autres médicaments, recommandations…) et ne pas hésiter à questionner lemédecin ou lepharmacien en cas de doute. Les effets peuvent ne pas être immédiats, et il faut continuer le traitement jusqu’à la fin même en cas d’amélioration et disparition dessymptômes, notamment dans le cas desantibiotiques : la disparition des symptômes signifie la diminution du nombre degermes, mais pas leur disparition, si le traitement est interrompu trop tôt, ceux-ci peuvent se redévelopper, et devenir résistants à l’antibiotique.
Il ne faut pas que le médecin prescrive systématiquement d’antibiotique : ils ne sont pas efficaces contre lesmaladies virales.
Les mesures d’hygiènes simples sont les meilleurs traitement préventifs : lavage des mains, pour éviter la transmission des infections alimentaires, éternuer dans ses coudes lors d'unéternuement et non pas dans ses mains afin de ne pas les « contaminer » par d'éventuels microbes… Il est parfois nécessaire de prendre des médicaments à titrepréventif, comme les médicaments contre lepaludisme lors d’un voyage dans un pays impaludé.
La détection précoce d’une maladie permet de démarrer son traitement plus tôt et donc de réduire la mortalité ; il est recommandé de faire au moins une visite médicale par an. En cas de doute sur une infection (par exempleplaie souillée, accident d’exposition au sang, rapport sexuel non protégé), le médecin pourra mettre en place un traitement préventif pour diminuer les risques de développement d’une maladie. Pour lesmaladies sexuellement transmissibles, il existe en France des centres anonymes et gratuits de dépistage.
Certains patients doivent être isolés (voire mis en quarantaine) pour éviter la dissémination du germe : ainsi, lors d’unevaricelle, l’enfant ne doit pas aller à l’école pendant 15 jours à partir de la première éruption. Il s’agit de l'éviction scolaire. La prévention hospitalière desinfections nosocomiales est un sujet complexe. Elle repose essentiellement sur l’hygiène des soignants et des soignés (lavage des mains), sur l’isolement des patients porteurs de germes résistants aux antibiotiques, mais aussi sur une antibiothérapie ciblée et adaptée.
Une nouvelle approche en phase d'étude est d'utiliser laphagothérapie à des fins préventives pour la santé humaine comme cela se fait déjà dans l'agriculture et l'industrie alimentaire.
La phagothérapie est abandonnée devant les progrès de l’antibiothérapie, mais demeure utilisée de manière marginale dans les pays de l'ancienne Union soviétique[17]. Elle connaît un regain d'intérêt en Occident avec l'émergence de l'antibiorésistance. Elle fait l'objet de recherches à l'Institut Pasteur[18] et de plusieurs réseaux de recherche[19].
↑Charles Nicolle, Destin des maladies infectieuses ; Leçons du Collège de France ; "Les classiques des sciences sociales" Une bibliothèque numérique, PDF, 196 p. (voirp. 103)
↑Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques et Santé publique France,L’état de santé de la population en France Rapport 2017 : 5. Principales causes de décès et de morbidité(lire en ligne),p. 97-108.
↑ab etc(Temah C. (2009), « Les déterminants de l’épidémie du VIH/Sida en Afrique subsaharienne »,Revue d’économie du développement, volume 23, p. 73-106)
Brown L. (2010), "Le plan B pour un pacte écologique mondial", Paris, Calmann-Lévy Souffle Court Editions, 509 pages.
Contrepois A.L'invention des maladies infectieuses. Édition des Archives Contemporaines. 2001. Naissance et développement institutionnel de la bactériologie médicale en France et en Allemagne auXIXe siècle.
Flahaut A. et Zylberman P.Des épidémies et des hommes. Édition de la Martinière. 2008. Une bonne vulgarisation par deux experts de la question, avec nombreuses photos et illustrations.
Nicolle C. Le destin des maladies infectieuses. Édition France Lafayette. 1993. Réédition d'un grand classique de 1933. Conférences au Collège de France par Charles Nicolle, Prix Nobel de Médecine 1928. Toujours d'actualité.
Orth G. et Sansonetti P. (sous la direction de). La maitrise des maladies infectieuses. Académie des Sciences. EDP Sciences. 2006. État des lieux et recommandations adressées aux pouvoirs publics et à l'ensemble des acteurs de santé. Un ouvrage collectif à l'aspect sévère, mais une actualisation pointue de tous les aspects (médico-scientifiques, socio-culturels, etc.) du problème.
Raoult D. (1999), "Les nouvelles maladies infectieuses, que sais-je ?", Presses universitaires de France, 128 pages.