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Moloch

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Pour les articles homonymes, voirMoloch (homonymie).

Le culte de Moloch selon des auteurs duXIXe siècle (Bible Pictures with brief descriptions, Charles Foster, 1897).

Moloch ouMolech est une divinité dont le culte était pratiqué dans la région deCanaan selon labible. Il apparaît dans laBible dans un contexte lié à dessacrifices d'enfants par le feu.

Occurrences

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Dans la Bible

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Le nom est écritמֹלֶך (mōlek) dans letexte massorétique de laBible hébraïque etΜολὸχ (molokh) dans laSeptante grecque. Le nom « Molech » figure neuf fois dans le texte massorétique : cinq fois dans leLévitique[1], deux fois dans lelivre des Rois[2], une fois dans lelivre de Jérémie[3] et une fois dans lelivre de Sophonie [So 1,5]. L'étymologie du nom se rattache à laracine ouest-sémitiquemlk qui signifie « régner, être roi ». Les textes enaraméen ne sont pas vocalisés, et le mot מלך, réduit aux consonnesmlk peut signifier « le roi », en hébreumelek. Seul le rétablissement des voyelles permet de faire la différence. On a proposé que le termeMolech serait une variante de « roi », appellation honorifique pouvant s’adresser à des divinités différentes. Sa vocalisationmōlek dans le texte massorétique peut correspondre au participe d'une forme verbaleqal (qotel) ou résulter de l'utilisation des voyelles du mot bōšet (« honte »), une déformation délibérée demelek « roi » dans une visée polémique[4].

En diverses langues

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En dérivent[réf. nécessaire] Mel-ek (turc), Mel-ek Taus (yézidi,kurde), Mol-och (cananéen), Mal-ak (arabe), Mal-aggii (somali), Mala-ika (swahili), Mala-ikat (soudanais), Malã'ika (haoussa), Meli’āku-mi (amharique).

Culte

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Dans la Bible, le culte de Moloch est lié à des sacrifices d'enfants par le feu. Le livre duLévitique condamne fermement cette pratique [Lv 18:21]. Pour la Bible, ce culte est une pratique cananéenne. Les parallèles avec d'autres cultes de la zone syro-palestinienne semblent indiquer que Moloch est à l'origine une divinité liée aumonde souterrain, au monde des morts. Il est possible qu'un tel culte ait existé à proximité deJérusalem à l'âge du fer, dans la vallée deHinnom, dans un lieu appeléTophet. Les roisAchaz[5] etManassé[6] sont accusés d'avoir sacrifié leurs enfants à Molech. Le roiJosias est réputé pour avoir fait disparaitre ce culte. Des chercheurs proposent de voir dans ce culte un lien avec la loi durachat des premiers-nés (Exode 13). Dans la Bible, la formule standard décrivant le culte de Molech parle cependant « des fils et des filles » qui sont « passés par le feu »[7], ce qui rend peu probable le lien avec le rachat des premiers nés mâles. Il peut aussi s'agir d'un culteapotropaïque en temps de guerre. Cette hypothèse se base sur les témoignages des auteurs antiques, deSophocle auVe siècle av. J.-C. àDracontius auVe siècle qui parlent des sacrifices humains pratiqués par lesCarthaginois[4].

Dans les régions duProche-Orient ancien voisines d'Israël, des textes suggèrent l’existence de divinités chtoniennes basées sur la racinemlk, appelées Malik ou Milku. Leurs cultes semblent liés à des rites funéraires. Il peut s'agir d'un culte des ancêtres, peut-être du roi, compte tenu de la signification de la racinemlk. ÀMari, des êtres appelésmaliku reçoivent des offrandes funéraires. Des listes enakkadien font correspondre une divinité appeléemalik à la divinité mésopotamienne des EnfersNergal. ÀOugarit, des êtres appelésmlkm sont liés au culte royal des défunts. Le nom Molech est aussi à rapprocher de la divinitéphénicienneMelkart (« le roi de la cité ») et du dieu desAmmonitesMilkom[4].

Certains chercheurs établissent un lien entre Moloch et le dieu des IsraélitesYahweh. Pour Klaas A.D. Smelik, Moloch est une invention de la période perse pour masquer le fait que le culte de Yahweh pratiqué dans leroyaume de Juda ait pu inclure des sacrifices d'enfants[8]. SelonThomas Römer, derrière « Moloch », « interprétation tendancieuse » effectuée lors de la vocalisation du texte hébraïque entre le IVe et leVe siècle, se cache le vocable « Melek », c’est-à-dire « le roi », une désignation deYahvé. Il est en effet possible que l'on ait sacrifié des enfants à Yahvé, ces sacrifices étant par la suite attribués à Moloch. Cette pratique disparaît à partir duVIe – Ve siècleav. J.-C. et ce tournant trouve son illustration dans le récit dusacrifice d'Isaac[9]. Cependant, il existe des arguments qui militent contre l'identification de Moloch à Yahweh. John Day souligne que le culte de Moloch tel qu'il est décrit dans la Bible ne se déroule pas dans le Temple de Yahweh sur lemont Sion, mais en dehors de Jérusalem, dans la vallée du Hinnom. De plus, Moloch est une divinité liée au monde souterrain, ce qui n'est pas le cas de Yahweh[10].

Parallèles avec le monde punique

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Moloch est généralement compris comme le nom d'une divinité. Cependant l’existence d’un dieu spécifique nommé Moloch a été mise en doute par des découvertesarchéologiques, qui jettent un autre sens sur la lecture de l'araméen[réf. nécessaire]. Il n'y a à ce jour aucune inscription faisant mention de ce dieu.Porphyre de Tyr signale queThéophraste avait comparé le sacrifice de laLykaia arcadienne avec les sacrifices carthaginois au dieu Moloch. Une interprétation différente a été proposée par l’archéologueOtto Eissfeldt en 1935. Il voit dans le termemoloch non pas un nom divin mais un terme techniquepunique désignant un type de sacrifice d'enfant. En 1921, Eissfeldt a découvert sur lesite archéologique de Carthage unenécropole contenant des restes d’animaux et de jeunes enfants, utilisée duVIIIe siècle av. J.-C. à146 av. J.-C. Des stèles portent l'inscriptionmlk qu'il n'interprète ni commeroi, ni comme le nom d’un dieu mais qui lui ont suggéré l’idée quemoloch pourrait être le nom du sacrifice par le feu et non celui d’un dieu. Dans cette éventualité, le motmolk serait un mot sémitique désignant un sacrifice humain, dont la victime est parfois remplacée par un animal[11]. Là où laBible lit « pour faire passer leurs fils et leurs filles par le feu à Moloch »[12], il faudrait plutôt lire « pour faire passer leurs fils et leurs filles par le feu de molk », le feu « du sacrifice ». Des enceintes sacrificielles, appeléestophets selon la terminologie biblique, ont été découvertes enSicile, enSardaigne et enAfrique du Nord. Elles contenaient des restes d'enfants et de petits animaux. Les auteurs classiques indiquent que des sacrifices humains d'enfants étaient pratiqués en Phénicie et à Carthage en temps de guerre. Cependant, la question de la réalité des sacrifices d'enfants dans lacivilisation carthaginoise reste débattue, et il n'existe pas de preuve archéologiques que des sacrifices d'enfants aient été pratiqués en Phénicie. Le témoignage des auteurs antiques peut témoigner d'une volonté polémique pour dénigrer laPhénicie, la patrie d'origine des Carthaginois[4].

Postérité

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Dans la littérature rabbinique duMoyen Âge, on peut lire que Moloch, dieu des Ammonites, recevait les sacrifices d’enfants dans un lieu nomméTophet dans la vallée deHinnom proche deJérusalem. Le Tophet est décrit parRachi comme une statue debronze avec les bras tendus pour recevoir ses victimes dont destambours couvraient les cris (commentaire de Rachi sur Jérémie 7.31). Le recueilYalkouth Chimoni précise qu’elle était creuse et divisée en sept compartiments destinés chacun à une offrande différente : farine, tourterelles, brebis, béliers, veaux, bœufs, enfants ; les sept offrandes devaient brûler ensemble. Les noms deTophet etHimmon sont parfois interprétés comme dérivant respectivement detambour etvacarme enhébreu. Des commentateurs ultérieurs duTanakh ont fait l’association avec les sacrifices d’enfants offerts àCarthage selonDiodore de Sicile etPlutarque, associant Moloch avecBa'al Hammon etTanit, dieux de la coloniephénicienne.Gustave Flaubert, avec son romanSalammbô, puisJacques Martin, avec la sérieAlix ont également beaucoup contribué à l’association historiquement erronée de Moloch avec Carthage.

Son image dans laBible explique que dans ladémonologiechrétienne Moloch soit devenu ledémon qui tire sa joie des pleurs des mères à qui il vole leurs enfants. Prince de l'Enfer, son pouvoir serait, d’après les démonologues duXVIe siècle, à son apogée en décembre.

Notes et références

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  1. Lévitique 18,21,Lévitique 20,2-5
  2. 1 Rois 11,7,2 Rois 23,10
  3. Jérémie 32,35
  4. abc etdHeider 1999
  5. 2 Rois 16,3
  6. 2 Rois 21,6
  7. 2 Rois 17,17,2 Rois 23,10
  8. Klaas A.D.Smelik, « Moloch, Molekh or molk‐sacrifice ? : A reassessment of the evidence concerning the Hebrew term Molekh »,Scandinavian Journal of the Old Testament,vol. 9,‎
  9. La filature d’un théologien suisse pour connaître l’origine de Dieu, entretien Thomas Römer, letemps.ch, 27 mars 2014
  10. (en) JohnDay,Yahweh and the Gods and Goddesses of Canaan, Sheffield Academic Press,coll. « Journal for the Study of the Old Testament » (no 265),, 290 p.(ISBN 978-0-8264-6830-7,lire en ligne)p. 209-216
  11. (en) Brown, S. (1991), Late Carthaginian Child Sacrifice and Sacrificial Monuments in Their Mediterranean Context, The American Schools of Oriental Research
  12. Jérémie 32.35, voir aussi Lev 18:21; 20:2-5; 2Roi 23:10

Bibliographie

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Voir aussi

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