Yves Congar | ||
Biographie | ||
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Naissance | Sedan | |
Ordre religieux | Ordre des Prêcheurs | |
Ordination sacerdotale | ||
Décès | (à 91 ans) 7e arrondissement de Paris | |
Cardinal de l'Église catholique | ||
Créé cardinal | par le papeJean-PaulII | |
Titre cardinalice | cardinal-diacre deSan Sebastiano al Palatino | |
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Georges Yves Marie Congar[Note 1], nomméMarie-Joseph Congaren religion, né le àSedan et mort le àParis7e[1], est un religieuxdominicain considéré comme l'un des plus influentsthéologiens catholiques duXXe siècle. Il est connu en particulier pour ses travaux enecclésiologie et enœcuménisme. Ces derniers, ainsi que ses prises de position sur le statut des laïcs dans l'Église, lui ont valu, au cours du pontificat dePie XII, d'être exposé aux soupçons puis aux sanctions de l’autorité ecclésiale et enfin d'être condamné au silence par leSaint-Office par deux fois. Réhabilité, il est nomméperitus au concileVaticanII (1962-1965) et élevé au cardinalat par le papeJean-Paul II en1994.
Né le à Sedan (Ardennes)[2],[3], il y vit laPremière Guerre mondiale, remplissant cinq cahiers de notes et de dessins qui offrent un aperçu unique de l'histoire de la guerre du point de vue d'un enfant (ce journal de guerre a été publié en 2001)[4]. Il entre au petit séminaire deReims puis, en 1921, auséminaire des Carmes à l’Institut catholique de Paris, où il rencontre la philosophiethomiste grâce aux œuvres deJacques Maritain et deRéginald Garrigou-Lagrange.
Après son service militaire en 1925, il entre au noviciat desdominicains de la province de France, àAmiens, puis effectue ses études de 1926 à 1931 au couvent duSaulchoir, à Kain-la-Tombe, enBelgique, où l'on met l'accent sur l'histoire de la théologie. Dès 1928, il ressent un appel à œuvrer pour l'unité de tous les chrétiens. Sa thèse de lectorat en théologie portera sur « L’Unité de l’Église ». Ordonné prêtre le, il commence à enseigner l’ecclésiologie au Saulchoir en 1932.
À partir de 1935, il est secrétaire de l'importanteRevue des sciences philosophiques et théologiques, fréquente lesJeunes ouvriers chrétiens, puis lance, en 1937, la collection Unam Sanctam auxéditions du Cerf. Il y publie son premier grand ouvrage théologique,Chrétiens désunis. Principes d'un « œcuménisme » catholique, en. L'ouvrage fera date mais rendra Congar suspect aux yeux de Rome, où l'œcuménisme est« très mal vu »[5] et qui interdit alors toute participation au mouvement œcuménique[6].
Mobilisé en 1939 et fait prisonnier par les Allemands, Yves Congar est incarcéré en 1940 auChâteau de Colditz, l'OFLAG IV-C, où sont regroupées les « fortes têtes » de plusieurs nationalités[7]. Au début de 1943 les officiers français sont transférés de Colditz à l'Oflag X-C (Lübeck)[8]. Dans ces camps Y. Congar donne de nombreuses conférences tant pour occuper les esprits que pour lutter contre l’idéologie nazie.
De retour de captivité, il reprend l’enseignement d’ecclésiologie au Saulchoir, cette fois-ci àÉtiolles, près de Paris. Il publie de nombreux articles : des articles d'actualité dans la revueTémoignage chrétien ou des articles sur la place du laïcat au sein de l'Église. Congar pense en effet que le laïcat doit recevoir toute sa place dans cette« vraie Église, Peuple de Dieu », et il participe d'ailleurs comme expert au premier Congrès mondial pour l’apostolat des laïcs, en 1951.
Depuis son retour de captivité, en 1946, Congar sait qu'il est suspect aux yeux de laCurie romaine[9]. Il ira, en signe de protestation, jusqu'à uriner par deux fois (en 1946 et 1954) sur la porte du Saint Office[10], qui l'avait placé par deux fois à l'index.
En 1950, il publie son ouvrageVraie et fausse réforme dans l’Église, un de ses maîtres-livres, qui, publié peu avant l’encycliqueHumani Generis va rendre Congar davantage encore suspect aux yeux du Vatican, à une époque où le motréforme semble tabou[6].
C'est l'époque oùPieXII, faisant usage du privilège de l’infaillibilité pontificale, proclame ledogme de l’Assomption[Note 2], proclamation qui scandalise les protestants — dans la mesure où ces derniers pensent que ce dogme n’a pas de fondement biblique — et gèlera durablement les relations œcuméniques naissantes déjà oblitérées[Quoi ?] par la publication de l’Instruction Ecclesia catholica ()[11]« déconseillant » la participation des catholiques aux activités du mouvement œcuménique[12]. Cependant,Vraie et fausse réforme dans l’Église a certainement contribué à la possibilité même de la tenue deVaticanII[12] et on rapporte notamment que le nonce apostolique en France,Angelo Roncalli (futurJeanXXIII), conservait cet ouvrage soigneusement annoté dans sa bibliothèque[13]. Le mécontentement croissant de Congar est alimenté par sa détestation profonde du« système romain »[14], représenté par les instances de surveillance et de censure du Saint-Office. Il critique plusieurs prélats comme le père Tromp ouPietro Parente, qu'il qualifie volontiers de« fascistes »[15]. Il a un mépris particulier pour le mariologueGabriele Maria Roschini, O.S.M., très influent sousPieXII[16] et fondateur de la revue et de l'institut pontificalMarianum, ainsi que pour le père Carlo Balić, O.F.M., mariologue et spécialiste de Duns Scot, qu'il qualifie régulièrement de« camelot » ou« bateleur »[17],[18] ; il dénonce aussi les agissements deLa Sapinière, réseau de renseignement antimoderniste toujours actif en 1946 d'après ses observations[19], la Sapinière ayant été officiellement dissoute en 1921.
À partir de, Congar doit présenter à la censure ses moindres textes et comptes rendus. En 1953, il publie un nouvel ouvrage d'importance dans son œuvre, lesJalons pour une théologie du laïcat, ouvrage qui passe lacensure romaine et changera l’image que lathéologie catholique présentait des laïcs[12].
Il sera associé par les autorités romaines à l'« affaire » desprêtres ouvriers, dans les rangs desquels il compte des amis, probablement pour avoir conclu dans l'un de ses articles qu'« on peut condamner une solution si elle est fausse, on ne condamne pas un problème[20]… » Il sera alors brutalement mis à l'écart par sa hiérarchie au même titre que sonprovincialdominicain et différents théologiens dontMarie-Dominique Chenu[6].
En, il est envoyé sur sa proposition à l'École biblique de Jérusalem, avant d'être assigné en 1955 dans un couvent deCambridge où les restrictions qu'on lui impose lui feront comparer cette réclusion à sa captivité. Fin 1956, il est assigné aucouvent dominicain de Strasbourg où, sous la protection de l'évêque et exégètesulpicienJean-Julien Weber, ne pouvant prendre part aux activités œcuméniques, il y« prépare sa propre Église »[12] et, privé du droit d’enseignement à la faculté de théologie, mène une activité pastorale[6]. Ce n'est qu'à partir de 1960 que son horizon se dégagera peu à peu.
Après cette condamnation au silence au cours du pontificat dePieXII, il est finalement nommé consulteur de la commission théologique préparatoire du Concile annoncé parJeanXXIII, en 1960, en compagnie deHenri de Lubac, puis il participe aux travaux duconcileVaticanII (1962-1965) comme expert (peritus). Il y tient son journal, qui sera publié en 2002. À partir de 1963, enfin libéré de la suspicion qui pesait sur lui, Congar est publiquement reconnu et produit une somme considérable d'articles et de livres. Il voyage en Amérique latine en (Chili,Argentine,Brésil), rencontrant alors l'évêque deTalca,Manuel Larraín Errázuriz (es)[21].
Il a participé aurenouveau de la théologie catholique auXXe siècle, lui qui se disait aussi grand admirateur deLuther dont il pensait ceci :« il est un des plus grands génies religieux de toute l'Histoire. Je le mets, à cet égard, sur le même plan que saint Augustin, saint Thomas d'Aquin ou Pascal. D'une certaine manière, il est encore plus grand car il a repensé tout le christianisme. J'ai beaucoup étudié Luther. Il ne se passe guère de mois où je ne revienne à ses écrits. »[22] AvecMarie-Dominique Chenu,Henri de Lubac,Jean Daniélou et d'autres, il réintroduit l'histoire dans la méthode théologique. Par ses publications, par la collection « Unam Sanctam », créée en 1937, il a fortement contribué à l'ecclésiologie contemporaine.
Pour la première fois dans l'histoire de la théologie catholique, avecChrétiens désunis. Principes d'un « œcuménisme » catholique (1937), il donne une valeur théologique positive à l'œcuménisme. Ce livre, d'une très grande importance, tenta, pour la première fois, de définir théologiquement l'œcuménisme. De manière novatrice, le père Congar n'envisagea plus la réunion des Églises comme un simple retour au bercail des chrétiens non catholiques, mais comme la possibilité d'un développement qualitatif de catholicité[23] ». DepuisVaticanII, on parle d'Églises et communautés ecclésiales. Il a ainsi écrit beaucoup sur l'œcuménisme et sur l'Église, y compris sur la criseintégriste[24].
Son influence fut déterminante pour la suite : A. Roncalli, futurJeanXXIII, alorsnonce à Paris, avait lu et annotéVraie et fausse réforme dans l'Église (1950),PaulVI était familier de l'œuvre de Congar, le jeune Karol Wojtyła, futurJean-PaulII, a également été influencé à partir de 1946.
Yves Congar montrait la même passion pour l'Église et le monde contemporain. Il a profondément marqué la théologie duXXe siècle. S'appuyant sur une connaissance approfondie de l'histoire et une fréquentation assidue des sources, scripturaires etpatristiques notamment, il a contribué à préparer théologiquement les grands textes deVaticanII sur la révélation de Dieu dans l'histoire, l'Église communion, l'œcuménisme, la promotion du laïcat et les ministères[Quoi ?][25]. En 1968, à la suite de la parution de l'encycliqueHumanæ vitæ, il déclara :« Je n'arrive pas vraiment à juger que des époux, qui ont exercé ou exercent une paternité raisonnable et généreuse, contreviennent à la volonté de Dieu si, pour espacer ou éviter une nouvelle naissance (intention qu'Humanæ Vitæ reconnaît légitime), ils usent d'un moyen artificiel plus sûr que l'abstinence périodique. »[réf. nécessaire]
Au début desannées 1980, il est hospitalisé, atteint de longue date par une gravemaladie neurologique qu'il a jusqu'alors surmontée mais qui l'empêche définitivement de travailler à partir de 1984. Il prend toutefois, en 1984, la défense nuancée de lathéologie de la libération, écrivant à ce sujet aucardinal Ratzinger[21].
Il est créécardinal, non électeur en cas de conclave, par le papeJean-PaulII lors duconsistoire du avec le titre decardinal-diacre deSan Sebastiano al Palatino. Jean-Paul II déclare lui devoir beaucoup. Il meurt le à l'hôpital militaire des Invalides, àParis.
Yves Congar est l'auteur de plus de cinquante ouvrages et de dizaines d'articles.
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