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| Densité | 91 hab./km2 () |
Yibna,Yibnâ,Ybna,Yibneh,Yebna (يبنا) ouTell Yavne, est unsite archéologique et un village parmi lescentaines de villages arabes détruits et dépeuplés, en 1948, lors de laguerre israélo-arabe de 1948. Les ruines sont situées à proximité de laville israélienne deYavné du sous-district deRehovot.
Probablement fondé par desPhilistins sous le nom deJabneel, le site de Yibna est habité depuis plus de 3 000 ans. Doté d'un port (récemment découvert lors de fouilles archéologiques), la ville connaît une grande prospérité pendant lapériode hellénistique et sous l'empire romain, malgré les destructions, prospérité et célébrité queYibna (évolution de son nom) retrouve à l'époque descalifats arabes, jusqu'auxcroisades. De nouveau détruite, elle devient un village moyen sous lesOttomans, avant que l'irrigation, la culture des agrumes et la mise en culture des dunes permettent une nouvelle expansion et modernisation à partir de la fin duXIXe siècle (croissance démographique, écoles, chemin de fer, et.). En 1948, les habitants subissent unnettoyage ethnique[2] : outre un massacre en mars, sa populationarabe est expulsée en juin et se voitinterdire de revenir dans son village. Les bâtiments symboliques de l'identité locale (mosquée,maqâm) sontdétruits.
Avant le nettoyage ethnique de 1948, le village avait une population d'environ 6 000 habitants, en additionnant les sédentaires et lesnomades[3],[4].
Le site est important également pour l'histoire juive, comme lieu où s'est tenu lesynode de Jamnia (son nom romain) et un centre d'érudition juive pour l'écriture de laMishna auIer siècle, et comme lieu d'émergence de lamaison d'Ibelin des royaumes latinsde Jérusalem puisde Chypre auMoyen Âge.

Un village appeléJabneh ouJabneel existait durant l'Antiquitéphilistine ; le nom évolue enJamnia (Λαμνία (Iamníā),Iamnia) pendant l'Antiquité grecque puisromaine ;Ibelin à l'époque desCroisades, donnant naissance à laseigneurie d'Ibelin et à lamaison d'Ibelin, et enfin Yibna pour lesArabes.
Le village de Yibna relevait[Quand ?] dusous-district de Ramle et se trouvait à 15 kilomètres au sud-ouest deRamle, à 25 mètres d'altitude et tout proche de la mer (7,5 km) dont il était séparé par un important cordon dunaire[4]. De nombreuses sources et puits alimentaient les cultures[4]. Le village était bien desservi par les réseaux de transport : la routeJaffa-Gaza passait dans le village, et lagare de Yibna, deschemins de fer de Palestine, était desservie par la ligne Ramle-Gaza[4].
Sa superficie totale était de 59 554 dounams (59,5 km²)[5] dont 37 919 dounams appartenaient à des Arabes, 2 845 à des Juifs et 18 790 étaient classés comme terres publiques[4].[Quand ?]
Sur la superficie, 2 849 hectares étaient classés comme terres incultes, soit 39 % des terres du village (essentiellement les dunes)[4]. Dans les terres cultivables, les plantations d'agrumes et de bananiers occupaient 6 468 dounams (647 hectares), 15 124 étaient consacrés aux céréales et 11 091 dounams (1 109 hectares) étaient irrigués ou plantés de vergers, dont 25 dounams en oliviers[3],[6].[Quand ?]

L'archéologie et les sources écrites permettent de retracer l'histoire du village depuis l'âge du Fer, voire l'âge du Bronze. Yavneh est mentionné plusieurs fois dans laBible hébraïque et parFlavius Josèphe.
Des fouilles de sauvetage menées en 2001 par l'Autorité des antiquités d'Israël au pied du versant nord du tell (mont) mettent au jour des tombes. Elles datent duBronze tardif, pour la plus ancienne, à l'âge du Fer, pour la plupart.
Une grandefavissa (fosse à offrandes) d'époquephilistine est découverte sur la colline du Temple[8]. Des vestiges de l'âge du Fer sont aussi découverts lors de deux campagnes de fouilles du professeurDan Bahat[réf. nécessaire]. Des tessons de céramique de la même époque et de céramique perse sont découverts en surface, sur le tell[9].
D'après leDeuxième Livre des Maccabées, la cité philistine est détruite parJudas Maccabée. AprèsAlexandre Jannée, laJudée prend le contrôle de la ville et une importante population juive s'installe àJabneh[10].
Dès l'âge du Bronze, un port est établi sur la côte toute proche deJabneel : il est appelé Minet Rubin en arabe ouYavne-Yam (en) en hébreu. Ses fortifications, révélées par des fouilles, remontent a l'époque desHyksos[9]. Il a été en usage jusqu'auxcroisades, quand il est alors abandonné[11].
Après la conquête de l'empire perse parAlexandre le Grand dans les années 330 av. J.-C., seshéritiers se constituent des empires. Lacôte méditerranéenne revient auxSéleucides, qui font deJabneel un centre administratif et militaire[4].
Un roihasmonéen (maccabéen, dans la tradition chrétienne) dont l'identité est débattue s'empare de la ville et la détruit[4]. Après la conquête romaine en 63 av. J.-C., la ville est appeléeIamnia ouJamnia et reconstruite sur l'ordre duconsulGabinius[4]. Leroi de JudéeHérode Ier en hérite puis elle passe à sa sœurSalomé. À sa mort, c'est l'empereur romainAuguste qui en hérite, qui le rattache audomaine impérial (en) (distinct des biens de l'État et transmis d'empereur en empereur et non à la famille de ceux-ci). Il y reste pendant un siècle[12]. Son port est alors plus important quecelui de Jaffa et la ville connaît sous la domination romaine une longue période de prospérité[4].
Pendant laPremière guerre judéo-romaine (66-73), après avoir matê l'insurrection enGalilée, l'armée romaine commandée parVespasien marche surIamnia etAzotus et s'empare des deux villes. Il y laisse des garnisons pour continuer la campagne[13]. Selon la tradition, letannaYohanan ben Zakkaï, après s'être enfui deJérusalem assiégée avec ses disciples, obtient la permission de Vespasien de s'installer à Iamnia[14],[15]. Après lachute et la destruction de Jérusalem en 70, plusieursyeshivot (connues comme l'« école de Yavné » ou « synode de Jamnia ») se développent et fonctionnent comme un nouveauSanhédrin[16] ; on voit là l'origine dujudaïsme rabbinique avec notamment l'écriture de laMishna[17],[18].

Sous l'Empire byzantin, la ville deJabneel est alimentée en eau par unaqueduc, révélé par des fouilles, qui ont également mis au jour un four[19],[20]. La plus importante installation vinicole du monde byzantin est aussi retrouvée àJabneel lors de fouilles. Ce vin a été servi à l'empereurJustin II lors de ses fêtes de couronnement, en 566[21].

L'historienal-Baladhuri (mort en 892 EC) mentionne Yibna parmi les dix villes duJund Filastin conquises par l'armée rashidoune (en) commandée par lesahabaAmr ibn al-As[22]. Selon l'historien duIXe siècleal-Yaqubi, Yibna était toujours construite au sommet du tell et habitée par desSamaritains[22].
Vers 985, le géographeal-Maqdisi, écrit que« Yubna a une bellemosquée. Lafigue dite Damascène[22] » en vient, selon lui. Selon le géographe syrienYaqout al-Rumi, la tombe d'Abou Huraira,compagnon du prophète de l'islam, se trouve à Yibna. Il ajoute que certains disent que c'est celle d'Abd Allâh ibn Saad ibn Sarh, autresahaba[22].
Des fouilles de 2007 mettent au jour des vestiges allant des débuts de la période musulmane aumandat britannique sur la Palestine[23]. En 2009, c'est un four et un quartier commercial et artisanal qui sont découverts à l'ouest du tell[24].

Lors de la période desCroisades, deux batailles ont lieu à proximité de Yibna/Ibelin, comme l'appelaient les croisés, entre 1105 et 1123. Lors de la secondebataille de Yibna (it), le 29 mai 1123, le croiséEustache Granier vainc lesFatimides commandés parAl-Mamun al-Batahi[4].
Lechâteau d'Ibelin est construit en 1141. Deux campagnes de fouilles menées parDan Bahat à partir de 2005 en exhument la porte principale[réf. nécessaire]. C'est le siège de laseigneurie d'Ibelin, dont la famille, lamaison d'Ibelin, joue un rôle important dans leroyaume franc de Jérusalem puis danscelui de Chypre. Des fouilles de sauvetage à l'ouest du tell permettent la découverte d'un trésor de 53 monnaies croisées desXIIe et XIIIe siècles[24].
Ibelin est mis à sac par le sultanSaladin, peu avant sa déroute à labataille de Montgisard fin 1177. En août 1187, Saladin reprend la ville puis l'incendie ; elle cesse de faire partie desÉtats latins du Levant[25]. Le voyageurBenjamin de Tudèle (1130–1173) identifie la Jamnia (Jabneh) des auteurs classiques avec l'Ibelin de son époque. Il place l'ancienne ville de Jamnia à troisparasangs deJaffa et deux d'Isdud (15 et 10 kilomètres)[26].
Après la conquêtemamelouke, Yibna est rattaché à l'Égypte mamelouke pendant trois siècles (1250-1517). Yibna est alors une étape-clé sur la route duCaire àDamas, essentielle pour lesultanat ; c'est aussi le centre de la vie religieuse musulmane et économique locale[27]. Le sultanBaybars se trouve à Yibna lorsqu'il reçoit la nouvelle de la victoire sur lesTatars[4].
L'église paroissiale d'Ibelin est convertie enmosquée, et unminaret lui est ajouté en 1337[7],[28].
Lemausolée d'Abou Huraira (en) à Yibna, unmaqam (sanctuaire), est décrit comme un des plus élégants mausolées à dôme dePalestine. Il est considéré comme la tombe d'Abou Huraira,compagnon de Mahomet, depuis leXIIe siècle[29].


La Palestine est conquise par les armées de l'OttomanSélim Ier en 1517, grâce à leur victoire sur les arméesmameloukes à labataille de Marj Dabiq, et annexée à l'Empire ottoman.
Dans ledefter (registre fiscal) de 1596, Yibna relève de lanahié (sous-district) deGaza et de laliwa de Gaza. Il recense 129 foyers, soit environ 700 habitants, tousmusulmans. Ils payaient un impôt à taux fixe de 25 % sur leurs productions, dont le blé, l'orge, le sésame, les fruits, les chèvres, les ruches et les vignes, pour un total de 34 000 akçe. Les trois quarts de ces impôts étaient versés à unwaqf (fondation pieuse)[30].
En 1799, durant lacampagne de Syrie deBonaparte, Yibna est représenté sur la carte dePierre Jacotin sous le nom d’'Ebneh'[31].

William Thomson, missionnaire américain qui visite Yibna en 1834, décrit le village sur sa colline, habité par 3000 musulmans vivant de leurs cultures. Il écrit qu'une inscription dans la mosquée date sa construction de 1386 ;Denys Pringle indique 1337 pour la construction du minaret[7],[32],[33],[34].
Une liste de villages ottomane de 1870 recense 348 maisons habitées et 1 042 hommes - les femmes et les enfants n'étant pas recensés[35],[36],[37]. En 1882, l'enquête duPalestine Exploration Fund décrit Yibna comme un gros village en partie construit en pierres sur sa colline. Des oliviers sont alors plantés au nord, avec les jardins[38].
L'histoire orale de Yibna mentionne des tombes d'enfantsenterrés dans des poteries (en), pratique souvent associée aux groupesnomades ou de travailleurs itinérants d'origineégyptienne, à la fin de la période ottomane[39]

De 1915 à 1918, les combats de lacampagne du Sinaï et de la Palestine permettent auRoyaume-Uni de faire la conquête de laPalestine. La région de Yibna est conquise en octobre 1917 et la région est administrée commeterritoire conquis jusqu'en 1923 puis sous l'autorité d'unmandat de la Société des Nations.
Une école primaire pour garçons est construite en 1921 à Yibna. En 1941-42, elle avait 445 élèves. Une école pour filles est créée en 1943, avec 44 élèves en 1948[3].
Aurecensement de la Palestine mandataire de 1922 conduit par lesautorités britanniques,Yibna a une population de 1 791 habitants, tousmusulmans[40], augmentant aurecensement de 1931 à 3 590 habitants musulmans, 7chrétiens, deuxJuifs et unBaháʼí, dans 794 maisons[41],[37].
Les habitants de Yibna cultivaient la fertile plainealluviale, mais aussi l'arrière-pays dunaire appeléRimāl Yibnā (en). Bien qu'il soit classé comme incultivable (mawāt) d'après les lois foncières ottomanes, les villageois, en coopération avec les groupes nomades, réussissent à y faire prospérer des vergers de figuiers, des vignes, et des cultures saisonnières. Les réformescadastrales et fiscales britanniques des années 1920 et 1930 accélèrent ces efforts, et en 1940 lesfellahin cultivent 10 % de la zone dunaire, transformant cette zone inculte en parcelles productives[42].
En 1941, lekibboutzYavne est créé à proximité de Yibna par desréfugiés de l'Allemagne nazie, suivi par unvillage de jeunesse,Givat Washington, en 1946[3].
Dans lesstatistiques de Village de 1945, Yibna a une population de 5 400 musulmans et 20 chrétiens[43]. De plus, 1 500 nomades vivent autour du village[3].

Yibna était dans le territoire attribué à l'État juif dans leplan de partage de la Palestine voté par l'Assemblée générale des Nations unies en novembre 1947[44]. Mi-mars 1948, un contingent de volontaires irakiens s'installe pour défendre le village. Le 30 mars, laHaganah abat 24 habitants dans une opération de représailles[45]. Le 21 avril, le gradé irakien commandant les volontaires est arrêté par les Britanniques pour avoir, ivre, tiré sur deux Arabes[45].
Les habitants deZarnouqa, expulsés de leur village par les Israéliens, se réfugient à Yibna, qu'ils quittent quand les habitants de Yibna les accusent d'être des traîtres[46]. Le 27 mai, après la chute et l'expulsion des villages voisins d'al-Qubayba (Ramla) (en) etZarnouqa, la plus grande partie des habitants de Yibna fuient àIsdud. Là-bas, la milice locale renvoie de force à Yibna les hommes qui ont des armes. Selon l'histoire officielle, labrigade Givati devait expulser elle-même le village et cette fuite l'intéressait[46].
Selon l'armée israélienne, le1er juin, une unité égyptiennne s'avance du sud pour défendre Yibna[4].
Il existe différentes sources sur le moment de la conquête de Yibna par les Israéliens, qui ne s'accordent pas sur les détails de la chute du village.
SelonBenny Morris, le 4 juin, la brigade Guivati bombarde Yibna au mortier puis occupe le village et en expulse les quelques personnes âgées qui étaient restées, en leur tirant au-dessus des têtes pour accélérer leur fuite[46].
Selon une autre source classique israélienne (History or thé War of Independence), la totalité des habitants fuit le 4 juin et dans la nuit du 4 au 5, l'armée israélienne occupe Yibna sans combat[4].
Les sources contemporaines rapportent soit une attaque égyptiennne le 5 juin contre Yibna occupée par l'armée israélienne, qui en est chassée avant de reprendre le village dans la journée (The New York Times) ; ou, qu'après un bombardement, puis un déminage par les équipes spécialisées, les commandos s'emparent du village au lever du jour, la fuite ou l'expulsion des habitants ayant lieu ensuite[4].

Plusieurs villages israéliens sont créés sur les terres de Yibna :Kfar HaNagid etBeit Gamliel dès 1949,Ben Zakai en 1950,Kfar HaYeor en 1951, etTzofiyya en 1955[47].
Des fouilles archéologiques ont montré qu'une partie de Yibna était construite sur un cimetière byzantin et des fosses remplies de dechets[48].
Lemausolée d'Abou Huraira (en) est accaparé par des juifsséfarades qui considèrent qu'il est en réalité la tombe du rabbinGamaliel II[29]. En 1950, la mosquée (ancienne église croisée) est démolie à l'explosif par l'armée israélienne[7].
SelonWalid Khalidi, du village il ne restait, en 1992,« la mosquée et lemaqam, en mauvais état. Au moins deux des maisons subsistantes étaient utilisées par des familles juives et une par une famille arabe[...] La maison où vit la famille arabe est assez petite et abîmée, avec un toit de tuiles. À côté se trouve un puits inutilisé[4]. »
L'artiste palestinienSliman Mansour a pris Yibna comme sujet d'un de ses tableaux. L'œuvre, intituléeYibna, fait partie d'une série sur quatre villages palestiniens détruits qu'il a peint en 1988 pour résister à l'effacement de l'histoire palestinienne. Les autres villages sontYalo,Imwas etBayt Dajan[49].
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