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Yazour (enarabe :يازور, enhébreu :יאזור) était une localitéarabe palestinienne située à 6 km à l'est deJaffa. Yazour est mentionné dans des textesassyriens du7e siècle av. J.-C.. Le site a été un lieu d'affrontements entremusulmans etcroisés aux12e et13e siècles.
La localité arabe a été dépeuplée et en grande partie détruite pendant laguerre civile de 1947–48 en Palestine mandataire. La ville israélienne d’Azor a été édifiée sur ses terres.
Un cimetière datant de l'âge du fer (XIIe siècle -IXe siècle av. J.-C.) et contenant une cinquantaine de tombes a été excavée sur le site de Yazour entre 1958-1960 par l'archéologue israélien Moshe Dothan, elles contiennent des poteries d'originephilistine[1]
Il est mentionné dans la traduction LXX (Septante) de la Bible (Josué 19:45)[1], ainsi que dans les annales du souverain assyrienSennachérib (704 - 681 AEC) sous le nomd'Azuro[2].
Le géographe arabeYaqut al-Hamawi (1179-1229) décrit Yazour comme une petite localité[3] où sont nés plusieurs personnages importants de lapériode fatimide, notammentAl-Hasan ibn Ali Al-Yazouri devenu un vizir fatimide en 1050[4].
Yazour est connue desCroisés sous le nom deCasel des plains ouCasel des bains. La localité est notamment citée à plusieurs reprises dansL’Estoire de la guerre sainte dutrouvèreAmbroise à propos des affrontements entre croisés et musulmans pour le contrôle de Jaffa entre et[5],[6]. En,Saladin démolit les fortifications de Yazour mais celles-ci sont reconstruites le mois suivant par les Croisés[6]. Il semble queRichard Cœur de Lion ait utilisé leCasel comme base au cours de ses négociations avecAl-Adel en novembre de cette même année[6]. En, après une tentative frustrée de prise de contrôle de Jaffa, Saladin ordonne la destruction de Yazour par ses sapeurs au cours de sa retraite versRamla. Il semble qu'après cette date, la localité n'a plus eu de présence croisée[6].
Unchapelain d'Azo Casel des Bains est énuméré dans la liste des témoins d'une charte de vente octroyée parHugues d'Ibelin auSaint-Sépulcre en 1158. Les vestiges d'une église à Yazour sont signalés sur plusieurs siècles dans des récits de voyages, dans le journal en 1461, Dans leVoyage en Terre Sainte, du pèreDominique Borrely. en 1668[6]. Il n'existe plus de traces de cet édifice de nos jours[6].
Durant les premiers temps de la domination ottomane au Levant, les revenus du village de Yazour sont destinés à un nouveauwaqf. leHasseki Sultan Imaret, une soupe populaire de Jérusalem, fondée par Hasseki Hurrem Sultan (Roxelane), l'épouse deSuleiman le Magnifique[7]. En 1586,Jean Zuallart visite lemaqam Imam ´Ali à Yazour et le décrit ainsi: «... un peu plus loin se trouvait une mosquée carrée avec neuf petites coupoles. De l'autre côté de la route, il y a unpuits ou uneciterne. »[8] D'après lesarchives fiscales ottomanes de 1596, Yazour est un village dunahié (sous-district) de Ramla, qui fait partie dusandjak de Gaza. Il est peuplé de 50 ménagesmusulmans, soit environ 275 personnes. Les villageois payent une taxe d'imposition à taux fixe de 33,3% sur leurs produits agricoles, notamment leblé, l’orge, les fruits et lesésame, ainsi que sur lescaprins et lesruches ; un total de 19 250 akçe. Tous les revenus reviennent à unwaqf[9]. En 1602, Martinus Seusenius, un voyageur hollandais, décrivit lemaqam Imam 'Ali comme une mosquée à neuf coupoles, celle du milieu étant la plus haute[10].
Mustafa al-Bakri al-Siddiqi (1688-1748/9), un enseignant et voyageur syriensoufi qui se rend dans la région au cours de la première moitié duXVIIIe et Mustafa al-Dumyati (mort en 1764) rapportent avoir visité à Yazour le mausolée d'un sage qu'ils nomment Sayyiduna ("notre maître") Haydara[2]. Le village est cartographié sur la carte quePierre Jacotin a compilé en1799 dans le cadre de la lancée parBonaparte, le toponyme est notéJazour[11].
En 1863,Victor Guérin a visité la localité[12]. En 1870,Charles Netter de l'Alliance Israélite Universelle fonde l'école d'agricultureMikvé-Israël au sud-est de Jaffa. Par le biais d'unfirman du sultan ottoman, il reçoit une terre pour l'école, qui jusqu'alors avait été exploitée par lesfellahins du village de Yazour. Dans uneétude de la Palestine occidentale (1882), il est noté que "bien que la terre appartienne au gouvernement, les Fellahin, du fait d'un usage ancien, ont été amenés à la considérer virtuellement comme leur propre propriété et s'indignent de son occupation par des tiers " Les paysans deviennent donc des ennemis acharnés de l'école d'agriculture fondée par Netter[13].
À la fin de l'été 1870, le gouverneur deDamas se rend à Jaffa, accompagné de Netter et de deuxtempliers,Hoffmann etErnst Hardegg, il passe en chemin par Yazour :« Alors qu'il chevauchait entre la propriété de Natter et la ville, lewali fut assailli par des femmes et des hommes arabes qui le suppliaient, s'agrippant aux rênes de son mulet et à son pantalon, de les aider à recouvrer leurs droits, les Juifs étaient en train de leur prendre leurs terres, puis ils pointèrent du doigt Natter, qui chevauchait aux côtés duWali, criant « les Juifs, les Juifs ». Le Pacha, chevauchant de l’autre côté, demanda à Ernst sacravache et les chassa lui-même[14]. » LModèle:’enquête sur la Palestine occidentale réalisée par le Fonds dModèle:’exploration de la Palestine a également indiqué qu’en 1882 les structures du village avaient été construites en brique d’adobe avec des jardins et des puits dispersés, et que Yazour contenait un sanctuaire en forme de dôme[15].
Yazour est divisé en quatre quartiers, un pour chacun des clans y vivant. Les maisons sont de pierre ou en briques d’adobe et en paille. Chacune des maisons s'ouvre sur une cour commune ne comportant qu'une seule entrée. Le village compte deux écoles élémentaires, une pour les garçons construite en 1920 et une autre pour les filles ouverte en 1933. L'école de garçons occupe 27 dounams, elle est principalement destinée à la formation des étudiants en agronomie. Elle dispose de son proprepuits artésien. En 1947, 430 garçons et 160 filles sont inscrits dans ces écoles. Les vestiges d'une ancienne église datant des Croisades, construite parRichard Cœur deLion en 1191, appeléeCastel des Plaines, sont visibles sur une colline à l'intérieur du village. L'église des Croisés a été reconstruite pour servir demosquée à Yazour.
D'après lerecensement de Palestine de 1922 effectué par lesautorités du Mandat britannique, Yazour compte 1 284 habitants, tousmusulmans[16] et 2 337 habitants répartis dans 419 logements selon lerecensement de 1931[17].
Selon les statistiques de 1945, Yazour compte 4 030 habitants, principalement des Arabes musulmans, mais aussi une petite communautéarabe chrétienne de vingt personnes[2]. L'agriculture constitue l'épine dorsale de l'économie; en 1944, La culture et les plantations occupent 6 272 dounams, 1 441 dounams sont consacrés à la céréaliculture. Les surfaces irriguées et les vergers occupent 1 689 dounams. Pendant laSeconde Guerre mondiale, les villageois commencent à élever desvaches Holstein et, en 1947, de nombreuxpuits artésiens sont utilisés pour l'irrigation[2].
La situation de Yazour sur la route menant de Jérusalem à Jaffa en fait un point stratégique permettant notamment auxforces arabes locales de lancer des attaques contre les véhicules de la population juive transitant par cette route. Malgré l'opposition de la population de Yazour qui craint des représailles, le commandant local Hasan Salameh décide de harceler les conducteurs juifs[18]. Le[18] l'Irgoun lance une bombe contre un café de Yazour, ce qui fait de nombreuses victimes. Le même jour, les villageois bloquent la route, attaquent un convoi juif, tuent un conducteur et blessent plusieurs hommes. Un autre convoi est attaqué le, un conducteur de camion est tué et quatre autres conducteurs sont attaqués. L'Irgoun réplique immédiatement en lançant des grenades vers un café très fréquenté de Yazour[19],[18]. Dans le même temps, une unité duPalmah progressant dans les vergers situés entre la localité arabe etMikvé-Israël tire sur les véhicules arabes se dirigeant vers Jaffa[18]. L'armée britannique, afin de calmer les esprits, bloque la route entre les deux localité avec deux voitures blindées.Aref al-Aref rapporte que le, des troupes sionistes, déguisées en soldats britanniques lancent depuis la route principale plusieurs bombes dans un café, tuant six villageois[19]. Le, deux convois juifs escortés sont de nouveau attaqués à hauteur de Yazour[18]. Le journalFilastin rapporte que le, un autre groupe d'activistes sionistes a tenté de faire sauter des maisons de village. Ce groupe est découvert par les gardes du village et chassé[2]. D'autres d'attaques ont lieu début 1948[20] La plus importante survient le, Yazour etAbu Kabir sont attaqués au mortier et a la mitrailleuse. Plusieurs maisons de Yazour sont détruites[21] Des attaques suivent presque toutes les semaines, dont le. Ce jour-là, les forces juives attaquent le village avec des chars et des véhicules blindés, détruisant la fabrique de glace, deux maisons et tuant un villageois et en blessant quatre autres[22],[23].
Yazour est dépeuplé quelques semaines avant le déclenchement de laguerre arabo-israélienne de 1948 consécutif à ladéclaration d'indépendance d'Israël, lors de l'opération Hametz lancée par laHaganah le 28–. Cette opération vise un groupe de villages à l'est de Jaffa, dont Yazour. Selon les ordres préparatoires, l'objectif est "d'ouvrir la voie [aux forces juives] de Lydda". Bien qu'il n'y ait pas de mention explicite du sort à réserver aux villageois, l'ordre indique qu'il faut "nettoyer la région" [tihur hashetah][24]. L’ordre opérationnel final indique : "Les habitants civils des localités conquises seront autorisés à quitter les lieux après la recherche d’armes." Les soldats reçoivent pour instruction de ne pas blesser les femmes et les enfants "dans la mesure du possible" et de ne pas piller les villages capturés[25].
Deux sanctuaires musulmans existent encore dans l'ancien village :
LeMaqam de l'imam ´Ali est construit en pierre et son toit est surmonté d'un dôme central est entouré de neuf petites coupoles[22]. La sépulture de l’imam ´Ali, un célèbre faiseur de miracles est réputée se situer dans une douzaine de lieux différents, mais selonMeron Benvenisti, 2000, elle se trouve bien à Yazur. Lemaqam abrite de nos jours la synagogue Sha´arei Zion et un centre d'études juif[26].
La petite mosquée/lieu de pèlerinage situé à une cinquantaine de mètres dumaqam Imam ´Ali, de l’autre côté de la route, dans le parc industriel deHolon[26]. s'appelle Cheikh al-Katanan. D'après une inspection menée en 1991, il est construit sur un plan carré et comprend un dôme de faible hauteur reposant sur un tambour octogonal. On entre dans le bâtiment par une porte située au milieu du côté nord. À l'intérieur, il y a des fenêtres à l'ouest et à l'est, flanquées de niches. Au milieu du mur sud se trouve une niche peu profonde, décorée d’inscriptions peintes auhenné[27].
Un certain nombre d'autres structures et maisons sont également intactes; certaines sont utilisés, tandis que d'autres sont vacantes[22]. Il reste aussi deux ou trois pierres tombales brisées dans l'ancien cimetière musulman voisin transformé en dépotoir[26].