Yasuhiro Nakasone est né àTakasaki, dans lapréfecture de Gunma au nord-ouest deTokyo, le[1],[2]. Il est le troisième enfant de Matsugoro Nakasone II, négociant en bois et de Yuku Nakamura. Il a un frère plus âgé, Kichitarō, une sœur plus âgée, Shōko, un jeune frère, Ryosuke, ainsi qu'un jeune frère et une jeune sœur morts en bas âge[3]. Les Nakasone proviennent d'une famille desamouraïs de l'ère Edo (1603 – 1868), et revendiquent une filiation directe avec leclan Minamoto par le célèbreMinamoto no Yoshimitsu et son filsMinamoto no Yoshikiyo (mort en 1149). Selon les archives familiales, Tsunayoshi (tué en 1417), un vassal duclan Takeda et descendant de la dixième génération de Yoshihiko, prend le nom de Juro Nakasone et est tué à labataille de Sagamigawa[4]. Aux environs de 1590, le samouraï Sōemon Mitsunaga Nakasone s'installe dans la ville de Satomimura dans laprovince de Kōzuke. Ses descendants deviennent négociants en soie et prêteurs sur gages. Le père de Yasuhiro Nakasone, né Nakasone Kanichi, s'installe à Takasaki en1912 et établit un commerce du bois, profitant de l'essor de la construction précédant laPremière Guerre mondiale.
Nakasone qualifie son enfance et sa jeunesse d'heureuses, et lui même d'enfant calme et facile à vivre, surnommé « Yat-chan ». Inscrit dans une école primaire locale, il est un élève médiocre jusqu'à ses dix ans, après quoi il excellera dans ses études. Il intègre le lycée deShizuoka en1935, où il brille en histoire et en littérature et où il apprend à parler couramment le français[5]. A l'automne1938, il entre à l'université Impériale de Tokyo. Durant laSeconde Guerre mondiale, il est officier payeur dans laMarine impériale japonaise. Il écrit plus tard à propos de son retour à Tokyo en, après lacapitulation du Japon : « Je me tenais désœuvré au milieu des ruines de Tokyo, après m'être séparé de mon épée courte et de mes épaulettes. Contemplant le paysage, je me suis juré de faire renaître de ses cendres mon pays. »[6]
En 1947, il abandonne une prometteuse carrière de haut fonctionnaire gouvernemental, pour se présenter aux élections parlementaires, animé par la croyance que le Japon pourrait abandonner ses valeurs traditionnelles du fait de la repentance consécutive à la Seconde Guerre mondiale. Il fait campagne pour un parti nationaliste, plaidant pour uneforce d'autodéfense plus étendue, pour modifier l'article 9 de la constitution japonaise (interdisant le recours à la guerre pour solder les conflits internationaux), et pour faire renaître le patriotisme japonais, surtout en ce qui concerne le respect dû à l'empereur[7]. Il est élu à laDiète japonaise en tant que membre de lachambre basse pour leParti démocrate[8]. En tant que député novice en 1951, il adresse une lettre de 28 pages augénéral MacArthur critiquant l'occupation, une action audacieuse. Le général aurait jeté rageusement la lettre à la poubelle, aurait plus tard appris Yasuhiro. Ce coup d'éclat l'établit comme politicien conservateur. Il gagne également une brève notoriété en 1952, lorsqu'il blâme l'empereurHirohito pour la défaite du Japon lors de la seconde guerre mondiale[9]. En 1955, à sa demande pressante, le gouvernement accorde l'équivalent de quatorze millions dedollars à l'Agence pour les sciences industrielles et la technologie, pour démarrer la recherche sur l'énergie nucléaire[10].
En tant que dirigeant desForces d'autodéfense, il argumente en faveur d'une augmentation du budget de la défense, de moins de 1 % duPIB à 3 % de celui-ci. Il est également en faveur de la possession par le Japon de l'arme nucléaire[11]. Il est surnommé « lagirouette » en 1972 pour avoir, pendant l'élection à la direction du parti, soutenuTakeo Fukuda puisKakuei Tanaka, favorisant l'élection du dernier. Il recevra en contrepartie un important soutien de Tanaka, lors de son affrontement avec Fukuda pour le poste de Premier ministre une décennie plus tard.
En 1982, Nakasone devientPremier ministre. Avec leministre des Affaires étrangères Shintarō Abe, il améliore les relations qu'entretient le Japon avec l'URSS et larépublique populaire de Chine. Nakasone est aussi réputé pour sa bonne relation avec leprésident desÉtats Unis d'AmériqueRonald Reagan. Nakasone recherchait une relation plus équilibrée avec les États-Unis : « Le président Reagan est lelanceur et je suis lereceveur. Quand le lanceur donne les signaux, je coopère sans réserve, mais si parfois il ne suit pas les indications du receveur, la partie ne peut être gagnée. » Pour lui le Japon est le porte-avions invincible des États-Unis dans lePacifique, et le Japon « garderait le contrôle total des quatre détroits qui traversent l'archipel nippon, pour en interdire le passage aux sous-marins soviétiques ».
Yasuhiro Nakasone fit une visite officielle enFrance, le. Partisan d'une réduction du poids de l'État, il lance la privatisation deNippon Telegraph and Telephone (NTT) en 1984 avec l'aide du syndicat majoritaire Zendentsû. Il est également à l'origine de la réforme du de laJapanese National Railways, avec sa division en six sociétés régionales et une pour le fret, et leurs privatisations progressives. Cette privatisation du rail provoque un conflit ouvert avec les deux syndicats majoritairesKokurô et Sôhyô qui seront laminés par la purge interne qui en résultera[12].
Rencontre entre Yasuhiro Nakasone et Ronald Reagan à Hinode le 11 novembre 1983.
Durant son mandat, ses nombreux déplacements officiels aux Etats-Unis apportent la preuve d'une alliance militaire, politique et commerciale renforcée entre les deux nations[13]et d'une amitié personnelle avecRonald Reagan[14]. L'épisode où Yasuhiro Nakasone invite le président américain dans sonryokan àHinode le sera un marqueur de cette amitié américano-japonaise[15].
Masayuki Fujio, son ministre de l'Enseignement a dû démissionner en1986.
En 1986, il déclenche une polémique aux États-Unis en déclarant que le niveau d'intelligence des États-Unis est inférieur à la moyenne parce que ce pays a beaucoup de Noirs et d'hispaniques[16].
Le, Yasuhiro Nakasone se rend àBagdad, et obtient la libération de77 ressortissants japonais,35 ressortissants britanniques, 15 ressortissants italiens et de 4 ressortissants allemands enlevés par l'Irak deSaddam Hussein.
Décédé à101 ans, il était depuis la mort du SoudanaisBabiker Awadalla (1917-2019), le plus âgé des anciens Premiers ministres vivants et le dirigeant politique le plus âgé du monde. Il est, aprèsNaruhiko Higashikuni, le deuxième Premier ministre japonais à la plus grande longévité.
↑Japon-Gegokujo, « Comprendre le capitalisme japonais - Le Japon à l'envers »,Le Japon à l'envers,(lire en ligne, consulté le).
↑Jean-MarcDomange,Le Réarmement du Japon : Le Japon peut-il devenir un exportateur d'armement ?, FeniXX réédition numérique,(ISBN978-2-402-03789-1,lire en ligne).