Larépublique de Sakha[a] (enrusse :Респу́блика Саха́,Respoublika Sakha,iakoute :Саха Өрөспүүбүлүкэтэ,Sakha Öröspüübülükete,/saˈxaøɾøsˈpyːbylykete/) est unsujet de lafédération de Russie, situé enSibérie et dont la capitale est la ville deIakoutsk. La région est communément connue sous le nom deIakoutie (en russe : Яку́тия,Iakoutia), d'après le nom exonyme de l'ethnie turque desIakoutes.Rosstat lui attribue le numéro 98, et son code d'immatriculation est 14. Les langues officielles sont lerusse et leiakoute, ainsi que les autres langues autochtones dans les lieux où elles sont parlées. La république est située dans le nord de l'Extrême-Orient russe, dans le nord-est de laSibérie.
En 2024, la population de la Iakoutie s'élevait à1 001 664 habitants, en légère augmentation sur la dernière décennie grâce à la natalité forte chez les peuples autochtones. L'économie de la république est principalement tournée vers le secteur minier et vers celui des exploitations d'hydrocarbures. Il y a aussi une part non négligeable d'élevage, desylviculture, contribuant tous les secteurs compris à un PNB de1 084,6 milliards de roubles en 2018. Le tourisme se développe aussi peu à peu sur le territoire ; la république compte plusieurs parcs nationaux et réserves naturelles ainsi qu'un site inscrit aupatrimoine mondial de l'UNESCO, leparc des colonnes de la Léna.
Trois grandes zones géomorphologiques se distinguent sur le territoire Iakoute, avec leplateau de Sibérie centrale qui s'étend jusqu'à la rive occidentale de la Léna. Les monts Stanovoï, dans le sud de la république, font partie de la région physiographique de l'Aldan-Okhotsk. Enfin toute la partie à l'est de la Léna et de son affluent l'Aldan avant la confluence dépend des montagnes de Sibérie orientale. Les zones montagneuses occupent environ 70 % du territoire iakoute[5], tandis que le reste est occupé par le plateau de Sibérie occidentale, dans l'ouest du territoire[10].
Sur le plan géologique, la Iakoutie est constituée de terrains très anciens, en particulier le plateau de Sibérie centrale qui est une des zones continentales les plus anciennes de la planète et dans lequel se trouvent les gisements dediamants qui font la richesse de la région. Les structures géologiques de la Iakoutie sont particulièrement complexes et très riches en minerais de toutes sortes. La Iakoutie est en particulier connue pour ses gisements d'or exploités depuis plus d'un siècle et demi, qui sont situés dans les bassins fluviaux de l'Aldan, de l'Indiguirka et de laIana ainsi que pour ses gisements d'étain dans le nord-est et ceux de gaz et de pétrole dans la vallée de laViliouï[5].
Les fleuves de cette région sont gelés d'octobre/novembre à mai/juin. Lorsqu'ils sont libres de glace ils constituent une voie de communication essentielle dans cette région qui ne dispose que d'un réseau routier réduit, généralement non asphalté et souvent en mauvais état du fait des conditions climatiques. Lorsque les fleuves sont pris dans les glaces, la surface gelée sert également de voie de communication aux véhicules routiers.
Tous les fleuves de Iakoutie connaissent une période de crue au moment du dégel en mai/juin qui fait fondre le tapis neigeux accumulé durant le long hiver. Ainsi le débit de la Léna monte en moyenne à plus de 60 000 m3/s en juin (jusqu'à 200 000 m3/s). Lorsque des barrages de glace se forment en aval, les inondations peuvent être dévastatrices (en 2001 la ville deLensk fut pratiquement détruite par les eaux). Le débit se réduit régulièrement ensuite bien qu'en partie soutenu par les précipitations qui sont concentrées sur l'été. Le sous-sol gelé en permanence ne permet pas de stocker puis de restituer durant les périodes sèches le trop plein de précipitations. Le débit minimum est atteint pendant l'hiver. Les fleuves de faible débit/profondeur gèlent jusqu'au fond du lit en particulier dans le nord de la région.
La république de Sakha se situe dans la partie la plus continentale de toute l'Eurasie, et en raison son inclinaison générale, avec les montagnes au sud et les plaines au nord, le climat est largement influencé par l'océan Arctique. En conséquence sur la majeure partie du territoire, le climat est fortementcontinental (dit « hypercontinental » ou « iakoute »[18]), caractérisé par une amplitude des températures extrêmes particulièrement importante. En outre, les étés sont très chauds, la nébulosité est faible tout comme les vents, surtout en hiver. L'anticyclone de Sibérie recouvre la région dès le début de l'hiver, entraînant une atmosphère extrêmement stable, avec des températures très basses et une faible humidité. Les vallées des régions montagneuses connaissent les températures les plus rigoureuses en hiver en raison descouches d'inversions, où les masses d'air froides plus lourdes descendent des sommets vers les bassins[19]. La période de végétation en Iakoutie est de 120 à 130 jours par an[20].
Le transport des marchandises est difficile et coûteux en Iakoutie du fait du climat, des distances et de l'absence d'infrastructure. Le transport représenterait en moyenne 75 % du coût des marchandises contre 25 % dans le reste de la Russie[38]. Il n'existe ainsi aucun pont franchissant la Léna qui constitue ainsi à l'automne (gel) et au printemps (embâcle) une barrière infranchissable séparant la région en 2 moitiés qui ne peuvent plus communiquer que par la voie aérienne. Ainsi, presque 90 % du territoire iakoute n'est pas desservi tout au long de l'année[7]. En particulier, 175 localités rurales sur les 582 ne disposent pas de liaisons routières permanentes vers les centres de raïon[39].
Le plus gros du trafic marchandise transite par la Léna (2,65 millions de tonnes en 2004) sur laquelle sont implantés 6 ports dont Iakoutsk et Lensk. La navigation sur le fleuve n'est possible qu'en été, le fleuve étant gelé ou en crue le reste de l'année.
Dans ces conditions l'essentiel du transport des voyageurs et de l'approvisionnement des communautés dispersées dans l'immensité sibérienne se fait par avion. La Iakoutie dispose d'une compagnie régionale (Yakutia) qui dessert à l'aide d'avions à hélices toutes les agglomérations de la région et relie Iakoutsk aux principales de Russie ainsi qu'à quelques villes à l'international avec des avions à réaction TU-154 et Boeing 757 (1 appareil).
Des travaux sont achevés pour prolonger la magistrale Amour-Iakoutie jusqu'à Iakoutsk et entrent en service en été 2015. Le terminus de la ligne est situé sur la rive droite de la Léna en face de Iakoutsk pour ne pas avoir à franchir la Léna : la construction d'un pont sur les terrains difficiles du pergélisol pour traverser un fleuve large de plusieurs kilomètres et sujet à des crues printanières violentes qui en élargissent encore le cours, constitue un défi financier et technique.
La construction du pipelineESPO (Pipeline Sibérie Orientale - Océan Pacifique) a été lancée en 2006 parTransneft la société russe qui construit et gère les pipelines du pays[41]. Cet investissement russe stratégique doit permettre la mise en exploitation des ressources pétrolières de l'Extrême-Orient russe (dont ceux de la Iakoutie) en évacuant le pétrole produit dans une première temps vers la Chine et le reste de la Russie. La première phase (2 757 km) d'un coût de 11 milliards de dollars doit entrer en service en 2009. Selon le plan amendé en le pipeline se débranche du réseau existant àTaïchet, traverse le sud de la Iakoutie en passant parOust-Kout,Lensk, etAldan et avant d'atteindreSkovorodino (dans l'oblast d'Amour) non loin de près de la frontière chinoise. Dans une deuxième phase programmée à moyen terme le pipeline doit atteindre leport de Nakhodka sur l'Océan Pacifique permettant l'exportation vers le Japon, etc[42]. Le projet a pris du retard par rapport à son planning initial, mais sa capacité de 30 millions de tonnes ne sera sans doute pas utilisée à sa mise en service car la mise en valeur des champs pétroliers est elle-même très en retard.
Les résultats de paléogénétique suggèrent que la diffusion deslangues ouraliennes en Eurasie vers 4 500 AP s'est produite à partir de la population iakoute de la fin du Néolithique – Âge du bronze dans un mouvement vers l'ouest. La population iakoute de cette période possède toutes les sub-clades de l'haplogroupe N du chromosome Y que l'on retrouve dans les populations ouraliennes[44]. Cette population est elle-même modélisée comme issue d'un mélange génétique entre une population locale de laculture Syalakh-Belkachi(en) datée entre 6 800 et 6 200 ans (50 %) et une population trans-baïkale de la culture Kitoi (50 %)[44].
La principale population qui occupait la région avant l'arrivée des Russes est celle desIakoutes ou Sakhas. Ce peuple semi-nomade delangue turque occupait autrefois, selon les spécialistes, la région dulac Baïkal dont il aurait peut-être été chassé par lesBouriates. Les Iakoutes se sont installés vers leXVe siècle sur le cours moyen de la Léna ainsi que dans les bassins de l'Aldan et de laViliouï en refoulant vers les montagnes et les confins nordiques lesÉvènes et lesEvenks qui occupaient alors ces territoires. Les Iakoutes étaient divisés - cette division s'est perpétuée jusqu'à aujourd'hui - en deux sous-groupes qui se distinguent par leur implantation et leur mode de vie : les Iakoutes du nord vivant de la chasse, de la pêche et de l'élevage deyacks et derennes et les Iakoutes du sud qui s'adonnaient à l'élevage de chevaux et de bovins et étaient de bonsforgerons. Les deux groupes vivaient dans desyourtes et menaient une vie semi-nomade déplaçant leur camp chaque année entre la saison chaude et saison froide. Les peuples du nord de la Sibérie ont longtemps vécu au rythme de la transhumance des rennes. Ces animaux leur fournissaient nourriture et vêtements, mais aussi de quoi fabriquer leurs abris. Beaucoup sont aujourd'hui sédentarisés et habitent des maisons de bois.
La conquête deskhanats mongols (khanat de Kazan en 1552 etKhanat d'Astrakhan en 1556) parIvan le Terrible et celle dukhanat de Sibérie installé sur les rives de l'Ob enSibérie occidentale en 1586 ouvrent le territoire de la Sibérie aux explorateurs et trappeurs russes. Les tribus clairsemées qui peuplent celle-ci (on estime leur population totale en Sibérie à 100 000 personnes à l'époque dont les deux tiers de Iakoutes) n’ont pas les moyens de s’opposer aux aventuriers russes et l'exploration du continent sibérien est achevée en cinquante ans à peine.
La tradition orale, consignée par des savants allemands au siècle suivant, rapporte qu'un simpletrappeur du nom de Pianda, en quête de gloire, fut le premier explorateur russe à pénétrer sur le territoire de la Iakoutie. Parti en 1620 avec une quarantaine d’hommes deTouroukhansk sur l’Ienisseï, il remonte à bord d’embarcations le cours de laToungouska inférieure en se heurtant aux tribustoungouses (evenks) hostiles qui l’obligent à hiverner trois années de suite au bord du fleuve. Cet obstacle franchi, il atteint le cours supérieur de la Léna qu’il reconnait en descendant jusqu’à l’emplacement actuel de Iakoutsk. Il fait alors demi-tour et retourne à son point de départ en passant par l’Angara après avoir parcouru 5 000 km en terres inconnues en quatre ans[45].
L’expédition suivante à destination de la Sibérie est commanditée par letsar. Il s’agit de reconnaître et d’annexer, mais l’objectif était surtout économique. Les tribus soumises devaient régler sous forme de fourrures un impôt annuel (le iassak). Pour contrôler les populations locales des fortins de bois, lesostrogs, dotées de garnisonscosaques, sont implantées de loin en loin. Le25 septembre 1632, l'explorateurPiotr Békétov part à la tête d’une troupe deCosaques du Ienisseï et fonde l'ostrog deIakoutsk, à 70 km au nord de son emplacement actuel, sur la rive droite de la Léna[46]. Au cours des années qui suivent les tribus Iakoutes entrent régulièrement en rébellion et assiègent à plusieurs reprises l’ostrog. En 1638, unvoïvode est installé à Iakoutsk pour administrer la région.
En1638, l’ataman cosaque Dimitri Kopylov, guidé par le Toungouse Sémion Pétrov, explore le principal affluent droit de la Léna, l’Aldan. C’est la première rencontre des Russes avec les Evens qui peuplent le nord-est de la Russie. Entre 1640 et 1643, le CosaqueSimon Dejnev, célèbre pour sa découverte dudétroit de Béring, explore, essentiellement par la voie fluviale, le nord-est de la Iakoutie. Il reconnaît successivement le cours de l’Oïmiakon, de laMoma, de l’Indiguirka et enfin de laKolyma. Sur ce dernier fleuve, les Russes affrontent lesIoukaguires.
Iakoutsk devient la base de départ des expéditions d'exploration de l'Extrême-Orient russe. Plusieurs reconnaissances du bassin de l’Amour partiront ainsi de Iakoutsk en empruntant le même itinéraire : les explorateurs remontent la Léna jusqu'à la confluence avec l'Olekma, puis suivaient le cours de l'Oliokma, franchissaient par portage la ligne de crête desmonts Stanovoï puis atteignaient le fleuve Amour après une dizaine de jours de marche.
Dans la tourmente qui suit l'éclatement de l'URSS, la Iakoutie fait partie avec leTatarstan des régions en pointe dans la recherche d'une plus grande autonomie vis-à-vis d'un pouvoir central : l'accord économique passé avec la firmeDe Beers pour la commercialisation des diamants extrait du sous-sol iakoute est représentatif.
La Constitution de la république de Sakha est le texte fondamental de larépublique. Elle a été approuvée le et elle entrée en vigueur le suivant. Selon la Constitution, la République est un État de droit démocratique doté de son propre territoire, de sa population, de sa législation et de son système administratif propre. Elle possède ses symboles d’État et ses langues officielles[48].
Portrait officiel d'Aïssen Nikolaïev, chef de la république de Sakha depuis 2018.
Le pouvoir exécutif dans la république est exercé par le Chef de la République, nommé en iakouteIl Darkhan. Élu pour un mandat de cinq ans, son titre était président jusqu'en 2010, avant qu'une loi fédérale vienne interdire cette dénomination. Le pouvoir exécutif est de plus représenté par le Gouvernement de la république, qui comprend un Premier ministre, six vice-premier ministres, dix-huit ministres et cinq chefs des comités d’État[49].
Ladernière élection gouvernorale a été tenue en septembre 2023, où le chef Aïssen Nikolaïev deRussie unie a été reconduit pour un deuxième mandat[50]. Le, Aïssen Nikolaïev a proposé Kirill Bytchkov de Russie unie comme Premier-ministre, ce qui a été accepté à l'unanimité par l'Assemblée[51].
Composition de l'Il Tumen depuis 2023. Russie unie détient la majorité absolue.
Le pouvoir législatif est détenu dans la république par l'Assemblée nationale de la république de Sakha, nommée en iakouteIl Tumen. Il Tumen était initialement un parlementbicaméral, avant de devenirmonocaméral en 2002. L'Assemblée est habilitée à prendre des décisions sur les questions de politique culturelle, économique et sociale, et partage le reste de ses compétences avec le niveau fédéral[48].
Elle est composée de 70 membres élus pour un mandat de 5 ans[48]. La moitié des députés (35 députés) sont élus dans autant de circonscriptions uninominales, les 35 restants sont élus auscrutin proportionnel sur liste de partis. Est éligible un citoyen qui a atteint l'âge de 21 ans et qui possède le droit de vote[52]. Lesdernières élections de 2023 ont été remporté par le partiRussie unie, avec 55 sièges.Nouvelles personnes a obtenu 6 sièges, leparti communiste 4 sièges etRussie juste 3 sièges. LeLDPR a obtenu 1 siège et le dernier siège a été remporté par unindépendant[53]. Le président de l'assemblée est depuis le 30 juin 2021 Alekseï Ieremeïev, de Russie unie[54].
La Cour constitutionnelle de la République est la plus haute instance judiciaire de la république de Sakha. Elle a été formée le par une loi du Conseil suprême de la Iakoutie[b]. Elle a les compétences de contrôler la conformité des actes juridiques de la république à la Constitution de la république. Elle vérifie la constitutionnalité des lois et des actes de jurisprudences, interprète la Constitution et résout les différends entre les autorités de la République et de la Fédération de Russie[55].
La République, comme chaque sujet, est représentée auConseil de la fédération par deux sénateurs. Le premier est élu par le pouvoir législatif (l'assemblée) et le représente, tandis que le second est nommé par le pouvoir exécutif (gouvernement) et le représente. L'Assemblée et le gouvernement élisent leurs représentants lorsqu'ils prennent leurs fonctions respectives[64]. Le représentant du gouvernement est Iegor Bessov (Russie unie) de septembre 2023 à septembre 2028[65], tandis que le représentant de l'assemblée est Afanassiev Sakhamine (Russie unie) de septembre 2023 à septembre 2028[66].
La Iakoutie fait partie du district fédéral d'Extrême-Orient et de la région d'Extrême-Orient. Le territoire est découpé en 34 arrondissements (oulous l'équivalent duraïon russe)[67].
La république de Sakha compte une part importante de groupes ethniques non-russes dans sa population. La Iakoutie a fait passer en conséquence une vingtaine de lois sur le statut de ces peuples et leur développement socio-économique et culturel. Nombre d'entre eux conservent un mode de vie nomade, nécessitant alors des besoins spéciaux. Désormais, laDouma d'État songe à passer une législation similaire à celle en vigueur en Iakoutie. La République est pionnière en ce qui concerne les droits spéciaux des peuples nomades qui nécessitent une prise en compte de leurs coutumes et traditions dans les lois. La loi de 1992« Sur la communauté tribale nomade des peuples peu nombreux » a permis de reconnaître le mode de vie nomade, et la loi de 2012« Sur le soutien de l'État aux peuples autochtones nomades en petit nombre du nord de la république de Sakha (Iakoutie) » a permis de renforcer leurs droits. Notamment, le caractère fondamental des coutumes est soutenu aux travers de ces lois, en particulier en ce qui touche à l'élevage de rennes. Alors qu'au niveau fédéral, la pratique est considérée avant tout comme économique, relevant de l'agriculture, elle est considérée en Iakoutie comme une base de la vie et de la culture des peuples autochtones[70].
Depuis 2008, la Iakoutie assure un programme sur les écoles nomades, où les enfants peuvent recevoir un enseignement dans leur langue maternelle tout en restant avec leur famille nomade et en gardant la culture et autre traditions. Les enfants qui participent à l'élevage de rennes reçoivent un salaire, subventionné par la République. Enfin, la loi sur la famille nomade de 2016 a défini ce qu'est une famille nomade afin de les reconnaître sur le plan juridique[70].
Au cours des années 1990, la langue iakoute a pris une place plus importante dans les écoles, alors que la prise de conscience ethnique augmentait. Ainsi, le nombre d'écoliers recevant leur enseignement en iakoute a été multiplié par 1,5 sur la décennie, et le nombre d'écoliers qui apprennent le iakoute comme matière scolaire a été multiplié par 2,5. Néanmoins, aucune loi ne régissait alors la politique linguistique à l'école en Iakoutie ou au niveau fédéral. Par les lois fédérales de 2005 et de 2012, la Russie a encouragé l'apprentissage du Russe. En conséquence, la maîtrise du russe est passée de 65 % à 89,6 % chez les Iakoutes entre 1990 et 2010[71].
L'Université fédérale du Nord-Est à Iakoutsk, l'une des dix universités fédérales de Russie.
Selon le ministre de l'Éducation de la république en 2016, l'enseignement en russe est dispensé dans 44,8 % des écoles où sont scolarisés 60% des écoliers. Les écoliers recevant leur enseignement en iakoute se trouvent dans 63,5 % des écoles (40 % des écoliers) de la république. Le iakoute est enseigné comme matière distinct à 23 500 élèves dans 134 écoles, l'évène à 847 élèves dans 13 écoles, l'evenki dans 9 écoles à 394 élèves, le youkaguir dans 2 écoles à 88 écoliers et le tchouktche dans 1 école à 17 élèves. Le dolgane est proposée comme manière facultative dans une seule école. À la maternelle, les enfants ont le choix entre étudier : leur langue maternelle et le russe, le russe en tant que langue maternelle et une langue étrangère, le russe en tant que langue maternelle et le iakoute ou bien une langue minoritaire et le iakoute. Dans le système d'enseignement général, les choix sont les suivants : l'enseignement est dispensé dans le russe comme langue maternelle pendant toute la scolarité ; il est dispensé dans la langue maternelle suivi d'une transition vers une autre langue ; la langue maternelle est étudiée comme une matière tandis que la langue d'enseignement est la langue secondaire ; la langue maternelle est étudiée au travers d'une immersion intensive[71].
Actuellement, la république de Sakha cherche à mener une politique linguistique équilibrée entre le russe et le iakoute. Le iakoute est cependant moins enseigné que le russe, mais depuis 2013, le nombre d'élèves scolarisés en iakoute augment. Le iakoute est utilisé dans la vie quotidienne, et même les russophones sont très positifs vis-à-vis de l'apprentissage du iakoute, afin d'ouvrir des possibilités de carrière[71].
Sous l'Empire russe et par la suite sous l'Union soviétique, Moscou utilise la région pour y établir des camps pour les exilés politiques. Ces camps hébergent les révoltés polonais et des pays baltes, des critiques, des intellectuels et des religieux russes. Une fois leur peine purgée, une partie de ces exilés décidèrent de s'établir en Iakoutie, ce qui amena une nouvelle population dans la région[76]. Depuis la période soviétique, la région a connu une considérable croissance du nombre total despetits peuples du Nord de la Russie, avec une population qui a plus que doublé entre 1970 et 2010. Le taux de natalité et la diminution du taux de mortalité ont permis en partie cette hausse, auquel s'ajoute l'éveil de la conscience autochtone ainsi que la politique protectionniste de l'État envers ces peuples[77].
Sur 958 528 habitants décomptés au recensement de 2010, la population vivant en ville s'élève à 614 545 personnes. On en déduit un taux d'urbanisation de 64,1 %. La population des villes de plus de 7 000 habitants est donnée dans le tableau ci-dessous.
Avant l'arrivée de l'Empire russe, la majorité de la population locale étaittengriste, semblable aux autres peuples turcs d'Asie centrale, ou auchamanisme indigène paléoasiatique avec des chamans « de lumière » (dirigeants de la communauté) et « de l'obscurité » (guérisseurs par le voyage spirituel). Sous les Russes, la population locale fut convertie à l'Église orthodoxe russe et obligée de prendre des noms chrétiens orthodoxes, mais dans la pratique, elle continua généralement à suivre les religions traditionnelles. Pendant l'ère soviétique, la plupart ou la totalité des chamans moururent sans successeurs. Dans les années 1990, un mouvement chamanique néopaïen appeléaiyy yeurekhé fut fondé par le journaliste controversé Ivan Ukhkhan et un philologue se faisant appeler Téris[80]. Ce groupe et d'autres coopérèrent pour construire un temple chamanique dans le centre-ville de Iakoutsk en 2002[81].
Depuis le début des années 2000, bien que lechristianisme orthodoxe conserve une certaine popularité (mais avec très peu de prêtres disposés à être en poste en dehors de Iakoutsk), il existe un intérêt et une activité pour le renouvellement des religions traditionnelles. En 2008, les dirigeants orthodoxes décrivaient la vision du monde de la population indigène de la république (ou plutôt, de ceux parmi la population qui ne sont pas complètement indifférents à la religion) commedvoyeverie (système de croyances doubles), ou une « tendance ausyncrétisme », comme en témoigne le fait que les habitants invitent parfois d'abord un chaman, puis un prêtre orthodoxe pour effectuer leurs rites en lien avec un événement de leur vie[82].
Selon le Centre d'information du président de la république de Sakha, en 2006, la démographie religieuse de la république était la suivante : Orthodoxie : 44,9 %, Chamanisme : 26,2 %, Non-religieux : 23,0 %, Nouveaux mouvements religieux : 2,4 %, Islam : 1,2 %, Bouddhisme : 1,0 %, Protestantisme : 0,9 %, Catholicisme : 0,4 %[83]. Selon une autre enquête de 2012, 37,8 % de la population de Sakha adhère à l'Église orthodoxe russe, 13 % au tengrisme ou au chamanisme iakoute, 2 % à l'islam, 1 % est chrétien non affilié, 1 % à des formes deprotestantisme et 0,4 % aubouddhisme tibétain. En outre, 26 % de la population se considèreathée, 17 % est « spirituelle mais pas religieuse » et 1,8 % suit d'autres religions ou n'a pas donné de réponse à la question[79].
Lepergélisol occupe 95 % de son territoire, ce qui a une influence déterminante sur l'écologie de la région. Cinq grandes zones se distingues du nord au sud. Ledésert arctique qui est recouvert par la neige la plus grande partie de l'année : au printemps et en été apparaissent quelques zones couvertes d'herbes, delichen et demousses. Latoundra arctique et préarctique, région intermédiaire couverte de grandes surfaces de lichen et de mousses qui constituent les zones de pâturage favorites des rennes. Plus au sud se trouve latoundra forestière, caracatérisée par desmélèzes et despins de Sibérie nains, en particulier dans les vallées. La zone la plus méridionale est couverte par les forêts de lataïga (taïga de Sibérie orientale): les mélèzes prédominent au nord tandis que les pins et les sapins apparaissent vers le sud. La taïga couvre 47 % de la superficie du territoire et est constituée à 90 % de mélèzes[84]. Les ressources forestière sont estimées à 10,3 milliards de m3[7].
Les autorités régionales, depuis la création de la république de Sakha, font de la protection de l'environnement un des points majeurs de leur programme. Le territoire de la Iakoutie, comme d'autres régions minières peu peuplées de Russie, a subi de graves atteintes environnementales : utilisation de bombe nucléaire pour forer à moindre coût un lac de retenue pour une mine de diamant avec des retombées radioactives importantes, construction d'un barrage sur la Viliouï entraînant une stérilisation du cours d'eau en aval, déforestation incontrôlée, etc[85]. Ces politiques, menées par les Russes, a permis l'exploitation de la région au dépit du patrimoine naturel[86]. En conséquence, le discours social iakoute s'est concentré sur la protection de l'environnement. Cette politique environnementale unique dans le pays répond certes à des issues écologiques mais repose sur la vision culturelle et autochtone de la nature. C'est pour cela que les aires protégées sont désignées comme « les belles terres sacrées » dans la loi de 1996 les instituant[86].
L'économie de la république de Sakha repose essentiellement sur l'exploitation des ressources naturelles[7]. Cela lui confère ainsi une richesse relativement importante[87], avec un potentiel en termes de réserves de ressources naturelles en Iakoutie estimée à 78 400 milliards de roubles[7]. En 2004, lePNB de la république de Sakha était de 165 milliards de roubles en progression régulière depuis plusieurs années. Avec un PNB par habitant supérieur de 52,6 % à celui de la moyenne russe en 2016-2018[39], la république de Sakha était en tête des régions de l'extrême-orient russe.
L'industrie représente 58 % du PNB. 98 % des diamants bruts, 24 % des diamants taillés, 15 % de l'or, 40 % de l'étain et 100 % de l'antimoine russe sont extraits du sol de la région[88]. Les mines situées dans le sud fournissent également plus de 10 millions de tonnes de charbon par an. Environ 1,5 milliard de mètres cubes de gaz naturel ont été extraits en 2004 et consommés dans la région. Le bois est également une ressource bien exploitée. L'activité agricole est réduite essentiellement à l'élevage traditionnel de rennes, bovins et chevaux du fait du climat. L'industrie lourde et légère dans ce pays vide et loin des centres de consommation est relativement symbolique.
La région dispose de gigantesques réserves de gaz, charbon, pétrole, or (mine de Nezhdaninskoye) : il faut toutefois pouvoir évacuer ces richesses vers les régions de consommation qui se situent à des milliers de kilomètres (essentiellement Chine, Corée et Japon). Cela requiert de développer des infrastructures de transport (voies ferrées, pipelines et gazoducs) dans des conditions particulièrement difficiles. Certains de ces projets sont aujourd'hui engagés, pour d'autres le montage financier reste à figer tant les sommes mises en jeu sont importantes.
Le gouvernement iakoute cherche en priorité à créer et améliorer les infrastructures de transport. Les autres axes de développements sont l'exportation de produits à plus forte valeur ajoutée (par exemple diamants taillés au lieu de diamants bruts) et la diminution des importations les plus coûteuses (notamment matériaux de construction, carburant).
L'extraction des diamants est l'un des principaux secteurs de l'industrie minière iakoute. Il est estimé que la province diamnatifère de Iakoutie contienne 90 % des réserves russes de diamants. Les nombreux gisements découverts dans les années 1950 dans l'ouest du territoire représentent aujourd'hui 95 % de la production russe de diamants[7]. Très lucrative, l'activité diamantifère freine la dynamique de dépeuplement qui frappe les territoires les plus inhospitaliers de la république. Ainsi, la découverte du gisement d'Ebeliakh, dans la partie la plus septentrionale de la région, a permis le développement d'un nouveau point de peuplement permanent[89]. Les réserves enfouies dans le sol seraient plus importantes que celles de l'Afrique du Sud[90]. En 2017, la Iakoutie représentait 24 % de la production mondiale de diamant[87].
Plusieurs gisements aurifères sont exploités en Iakoutie. Les filons se sont formés lors d'épisodes récents de volcanisme, et se trouvent souvent enfermés dans le socle métamorphique du plateau de Sibérie occidentale, donc très difficiles d'accès. Plus aisées à exploiter sont les veines situées dans des roches encaissantes sédimentaires, ou encore les fragments mêlés à des dépôts sableux.
À l'époque soviétique, la principale zone extractive se situait à l'extrême nord-est, à l'amont du bassin de laKolyma. Cette région est célèbre pour avoir vu périr de nombreux prisonniers duGoulag, condamnés au travail forcé dans les mines d'or.
La plus importante mine d'or actuelle est celle de Nejdaninskoïe, en Iakoutie du Sud. Désormais possédée majoritairement parNorilsk Nickel, ses réserves sont estimées à 470 tonnes de métal précieux[93]. Une importante activité de joaillerie s'est développée en parallèle, avec des entreprises telles que(ru)Gold Yakutia.
La république de Sakha possède un important secteur des combustibles et de l'énergie. Un cinquième du territoire détient des matières premières comme le charbon, les condensats, le gaz et le pétrole. Le gaz et le pétrole sont notamments présents dans de grands gisements dans le sud-ouest de la république. Il est estimé que la république détient 330 millions de tonnes de pétrole ainsi que 2,4 billions de m3 degaz naturel[94].
Six gisements de gaz sont identifiés Oust-Vilyouisk, Mastahsk et Srednevilyouisk dans la région centrale, Severo-Nelbinsk, Sredndebotuobinsk et Ireliahsk dans la région occidentale. Seuls Mastahsk et surtout Srednevilyouisk sont exploités[95]. En effet, comme il n'existe pas de gazoduc permettant d'exporter le gaz, la production est limitée à la consommation régionale : le gisement de Srednevilyouisk, exploité par la compagnie régionale Yakutneftgas (contrôlée par Alrosa depuis 2006) produit environ 1.6 milliard de mètres cubes de gaz naturel, 80 000 tonnes de condensats par an (2004[96]). À court terme l'objectif est de construire des canalisations permettant d'alimenter les agglomérations proches des gisements. Un autre objectif est d'atteindre l'autosuffisance en carburant par retraitement des gaz et condensats. Du gaz est également exporté vers laChine via le gazoduc"Force de sibérie" etForce de Sibérie 2 à partir notamment dugisement de gaz de Tchaïandina.
Le gisement de Talakan, exploité par la société pétrolière russeSurgutneftegaz, situé à une centaine de kilomètres d'Aldan devrait entrer en production en 2009 dès que le pipeline ESPO sera mis en service[97](voir parag. Transports). Le gisement devrait produire 1 puis 3 millions de tonnes par an au démarrage, 10 millions de tonnes en phase de croisière. Les réserves sont estimées à plus de 100 millions de tonnes.
À plus long terme, certains spécialistes estiment que cette partie de la Iakoutie avec la zone attenante de l'oblast d'Amour pourrait produire de 50 à 60 millions de tonnes de pétrole par an.
En raison des conditions extrêmes, les communautés rurales dépendent de ces modes de subsistances traditionnelles que sont l'élevage de chevaux, de bovins et de rennes, auxquels s'ajoutent la pêche et la chasse[24].
La république de Sakha possède, selon le chef du Département pour la protection des objets du patrimoin culturel au,1 850objets patrimoniaux culturels, dont 134 objets d'importance fédérale, 440 objets d'importance régionale, 243 objets d'importance locale ainsi que 1 033 objets identifiés[98]. Le nombre d'objets n'a pas changé entre 2020 et septembre 2023, et la République participe depuis mai 2019 à un projet nommé « Sauver les monuments » destiné à restaurer le patrimoine historique de la République. Fonctionnant grâce au financement participatif, il aurait dû s'achever en 2022 pour coïncider avec le centième anniversaire de la création de laRSSA de Iakoutie, mais le Gouvernement iakoute a annoncé la poursuite du programme. Par exemple pour la tour Manchaary, 2,5 millions de roubles ont été collectés pour la rénovation du monument[99].
Tuyaara TumusovaMach,L'identité juridique des peuples autochtones dans le droit russe : le cas de la République Sakha (Iakoutie), Université de Nanterre - Paris X,(lire en ligne)
LiubomiraRomanova,Évolution de l'alimentation et de l'économie chez les Iakoutes du XVIIe au début du XXe siècle : confrontations des données biologiques et culturelles, Université Paul Sabatier - Toulouse III ; Âkutskij gosudarstvennyj universitet imeni M. K. Amosova,(lire en ligne)
EmilieMaj,Le cheval chez les Iakoutes chasseurs et éleveurs : de la monture à l'emblème culturel, Ecole pratique des hautes études - EPHE PARIS,(lire en ligne)
SylvieDuchesne,Pratiques funéraires, Biologie humaine et diffusion culturelle en Iakoutie (16e-19e siècles), Université Toulouse 3 - Paul Sabatier,(lire en ligne)
AlexandraLavrillier,NOMADISME ET ADAPTATIONS SÉDENTAIRES CHEZ LES ÉVENKS DE SIBÉRIE POSTSOVIÉTIQUE : « JOUER » POUR VIVRE AVEC ET SANS CHAMANES, ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES, Sorbonne V ème section, SCIENCES RELIGIEUSES,(lire en ligne)
DanielChartier, DmitryZamyatin, EkaterinaRomanova et OksanaDobjanskaya,Géocultures, Imaginaire Nord,(lire en ligne)