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| Père | Henri Tilliette(d) |
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Schelling : une philosophie en devenir(d)(),Le Christ de la philosophie() |
Xavier Tilliette, né le àFouilloy[1] dans laSomme (France) et mort le àParis7e[2], est un prêtrejésuite français,philosophe,historien de la philosophie etthéologien.
Ancien étudiant deJean Wahl et deVladimir Jankélévitch, il est professeur émérite de l'Institut catholique de Paris (1969), de l'Université grégorienne (1972), de l'université du Latran et duCentre Sèvres[3]. Il a également enseigné la philosophie dans différentes universités à titre de « professeur invité » en France et à l'étranger.
Spécialiste mondialement reconnu deSchelling[4] et deJaspers, il élabore à partir desannées 1970 une « christologie philosophique » dont il est l'initiateur[5]. Dans la mouvance de Schelling et deMaurice Blondel, il défend et illustre l'idée d'unephilosophie chrétienne née de laRévélation. Il est aussi un spécialiste deClaudel et de l'idéalisme allemand.
Fils d'Henri Tilliette[6], un ami de jeunesse deGeorges Bernanos[7], d’origine à la foisartésienne etbretonne, Xavier Tilliette est le cadet d’une fratrie de huit enfants. Il est par ailleurs l'oncle du latinisteJean-Yves Tilliette (de) (membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres), du diplomate François-Xavier Tilliette et du romancier Pierre-Alain Tilliette.
Après ses études secondaires aucollège de l’Immaculée-Conception deLaval, Xavier Tilliette obtient à l’âge de16 ans lebaccalauréat français et le baccalauréat anglais. En 1938, il entre chez lesJésuites de Laval pour y commencer sonnoviciat[8].
À la même époque, il se passionne pour la poésie, surtout celle dessymbolistes, d'Apollinaire et deValéry, tandis que les versets dePaul Claudel ne l'attirent guère dans un premier temps. Puis, séduit par la force des métaphores et du rythme claudéliens, il lit en l'espace de deux ou trois ans l'ensemble de l'œuvre de cet auteur, dont il deviendra l'un des spécialistes. Xavier Tilliette éditera notamment la correspondance de Claudel avec Françoise de Marcilly. Au fil des chroniques littéraires qu'il publiera plus tard dans lesÉtvdes, Claudel reste pour lui le plus grand poète chrétien. En même temps que ses activités littéraires, il écrit de nombreuses critiques de cinéma, entre autres sur lenéoréalisme italien mais aussi dans un domaine qui l'intéresse particulièrement : les films à caractère biographique, qui représentent pour lui le frère puîné de la biographie littéraire. Il contribue également auxÉtudes cinématographiques.
Durant ses années de formation religieuse, Xavier Tilliette obtient un DES en lettres classiques et une licence d'allemand[8],[9]. Il séjourne successivement à Laval, à l'ancien collège deMongré, àVillefranche-sur-Saône, àLyon. C'est là qu'il découvre les textes deTeilhard de Chardin, alors mis à l'écart par la Compagnie de Jésus. L'œuvre de Teilhard a beau être frappée d'interdit, elle circule sous le manteau et est lue par les jeunes jésuites, plus encore que celle deVictor Poucel, qui exprime lui aussi unchristianisme « glorieux », « triomphal », mais en restant dans la ligne de la Compagnie. À Lyon, une officine propose des éditions de Teilhard à bas prix, plus ou moins légales, et de nombreux exemplaires circulent parmi la Compagnie. Ces deux formes de spiritualité, l'une fidèle à la tradition, et l'autre clandestine, marquent durablement deux générations de jésuites, des années 1920 aux années 1950. Xavier Tilliette se détachera plus tard de l'influence de Teilhard tout en admirant l'écrivain lyrique au style oratoire.

Ordonnéprêtre en1951, il est nommé professeur de philosophie àParis, à « Franklin », d'abord de 1947 à 1949 puis de 1954 à 1957[8]. Il y enseigne laphénoménologie et l'existentialisme, avant de donner des cours auScolasticat jésuite deChantilly sur la phénoménologie deHusserl, entre autres, de 1961 à 1966[8]. Marqué par la pensée deSartre et plus encore celle deMerleau-Ponty, il est le disciple deJean Wahl et deVladimir Jankélévitch, dont il devient un ami proche. Féru deHegel mais aussi deKierkegaard et deJaspers, il suit les conseils de Jean Wahl qui lui suggère d'orienter ses travaux vers la « dernière philosophie deSchelling », c'est-à-dire laSpätphilosophie : la « philosophie de la Révélation ». Il obtient son doctorat de théologie àFourvière et de philosophie enSorbonne avec une thèse en deux volumes sur Schelling (1969), ouvrage qu'il avait commencé en Allemagne et qu'il termine à Paris pendant les événements demai 1968[9].
Professeur d'histoire de la philosophie à l'Institut catholique de Paris (1969-1987), où il retrouve son ancien élèveJean Greisch et a pour étudiantPhilippe Barbarin, futurprimat des Gaules, il alterne ses cours semestriels avec ceux qu'il donne à l'Université grégorienne de Rome à partir de 1972, jusqu'en 2000, sur l'idéalisme allemand, laphilosophie chrétienne et lachristologie philosophique[9].
Enseignant à l'université du Latran et auCentre Sèvres, Xavier Tilliette estprofesseur invité dans de nombreuses universités étrangères[8],[10] :Berlin,Munich,Bonn,Tubingen,Stuttgart,Turin,Ferrare,Urbino,Rome,Naples etPalerme. Il donne également des cours aux universités deSantiago du Chili,Lima,Brême,Heidelberg,Hambourg etMacerata. Il parle couramment l'anglais, l'italien, l'allemand et l'espagnol, outre le latin, le grec ancien et l'hébreu biblique ; en raison de ses travaux, il a appris le portugais, le néerlandais et le danois[11]. Cette culture cosmopolite le rapproche de l'écrivainMarcel Brion et de son épouseLiliane, auxquels le lie une longue amitié[12].

Parmi les autres amis, maîtres ou disciples de Xavier Tilliette, on peut citer[13] :Hans Urs von Balthasar,Karl Rahner,Henri de Lubac,Gaston Fessard,Hans-Georg Gadamer,Jürgen Habermas,Maurice Merleau-Ponty,Albert Béguin,Louis Bouyer,Jean Daniélou,Emmanuel Levinas,Paul Ricœur,Gabriel Marcel,Ambroise-Marie Carré,Yves Congar,Michel de Certeau,Stanislas Fumet,Maurice de Gandillac,Paul Doncœur,Pierre Blet,Robert Bresson et son épouse Mylène,Enrico Castelli,Luigi Pareyson,Michel Henry et la disciple de ce dernier Gabrielle Dufour-Kowalska,Claude Bruaire,François Varillon,Gustave Martelet,Bertrand Saint-Sernin et son épouse Jane,Béatrice Didier,Jean-Luc Marion,Jean-Louis Vieillard-Baron…
En 1993, la Faculté pontificale de théologie d'Italie méridionale le nommedocteur honoris causa[9].
Lauréat de deux prix de l'Académie française (leMontyon en 1991 et leCardinal-Grente en 2001), Xavier Tilliette reçoit à Berlin leprix Humboldt en 2001, puis à l'Institut de France leprix Victor-Delbos (2006) et leprix Édouard-Bonnefous (2010). Membre de l'Istituto Italiano per gli Studi Filosofici, Xavier Tilliette est élu en 2002 à l'Académie bavaroise des sciences et, en 2006, correspondant de l’Accademia di estetica internazionale de Rapallo. Il est membre de l'Académie catholique de France etchevalier de la Légion d'honneur.
Plusieurs de ses ouvrages sont traduits en allemand, en espagnol, en portugais, en anglais et en italien..
En 1974, il qualifia malencontreusement « d’épectase « la mort gênante ducardinal Daniélou et fut ainsi à l’origine d’une étrange dérive de ce terme théologique.
L'œuvre de Xavier Tilliette comprend plus de 2 000 essais, sous forme d'ouvrages, d'articles et de préfaces, dont certains ont été écrits directement en italien ou en allemand.
Les quelque 2 000 articles de Xavier Tilliette sont publiés dans une quarantaine de revues et de journaux, parmi lesquels :
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