Vers 1740-1850 : leroyaume du Kazembe, issu de la province orientale de l’empire Lunda, située une vingtaine de kilomètres au sud dulac Moero, dirigée par le mwata Kazembe, acquiert son autonomie. Il domine le sud duShaba[13]. Il connaît une économie prospère au début duXIXe siècle (mines de cuivre et de sel, agriculture, collecte de tributs, exportations) et commerce avec l’Atlantique et l’océan Indien.
Vers 1760-1790 : le royaume duBouganda (Bantou) prend forme et commence son expansion sous le règne dukabaka Kyabaggu, le premier à commercer avec lacôte swahilie[14].
1774–1804 : les dirigeants descités haoussa se convertissent à l’islam à la suite des enseignements et des prêches du lettré peul musulmanUsman dan Fodio[16].
apogée duroyaume Lunda, au nord-est de l’Angola. Il s’étend à la fin du siècle sur une longueur de 1200 km. L’autorité du mwata Yambo, empereur des Lounda, est indiscutée. Il est le principal fournisseur d’esclaves deLuanda et perçoit un important tribut de plusieurs dizaines de chefs (esclaves, ivoire, métaux, peaux, vivres, tissus…)[18].
au début du siècle, leroyaume portugais de Benguela(pt) (Angola) s’étend entre les fleuvesCuanza,Cunene et l’Atlantique, incluant la ville deMoçâmedes. Les populationsOvimbundus qui font partie du royaume ont eu certainement au siècle précédent des contacts étroits avec le royaumeZimbabwe. La résistance à la pénétration portugaise est très vive. Le royaume de Benguela fournit des esclaves auBrésil.
à la fin siècle les autorités portugaises deLuanda instituent une législation économique assez libérale, qui supprime progressivement le régime des monopoles commerciaux et permet aux petits commerçants indépendants de parcourir l’arrière-pays (sertão). Ceux-ci forment rapidement des établissements permanents et collaborent avec des Africains aventureux. Ces luso-africains étendront le réseau d’échanges dans la savane angolaise tout au long duXIXe siècle, à partir deLuanda et deBenguela[19].
déclin duroyaume des Foundj (Nil Bleu) à la fin du siècle, ruiné par les luttes intestines des rois et de leurs vizirs Hamadj. Le royaume, qui a déjà perdu leKordofan au profit duDarfour, ne contrôle plus queSennar, la capitale, et laGezirah (« île »), riche terre entre leNil Blanc et leNil Bleu où l’irrigation est possible ; il connaît une succession de meurtres de sultans jusqu’en1821 avant d’être conquis par l’Égypte[20].
invasion desPahouins, chassés par lesMvélé de laSavane du nord de laSanaga (Cameroun) vers le sud. Ils traversent la forêt équatoriale. Certains s’y fixent (Étons,Ewondo,Bulu). D’autres (Fangs) atteignent vers1850 l’estuaire de l’Ogooué (Gabon) et entrent en contact avec les Européens.
Le commerce extérieur de l’Afrique occidentale, qui exporte essentiellement des esclaves, s’accroît au cours du siècle de deux millions de livres au début à environ quatre millions de livres à la fin. LaMauritanie et leSénégal deviennent les principaux producteurs degomme arabique. Son prix passe de3,4 livres la tonne en1718 à30,4 livres vers1790 et à près de70 livres en1825-1830.
La population de l’intérieur semi-aride duMaghreb (hauts-plateaux,Souss,Aurès...), formée d’Arabes et deBerbères, est divisée en tribus qui constituent la cellule administrative, sociale et économique. Certaines tribus (maghzen en Algérie et Tunisie ouguich au Maroc) bénéficient de privilèges importants en échange du service militaire qu’elles doivent aux souverains[25]. La force des tribus éloignées et enfoncées à l'intérieur des terres provient de l'emprise relativement faible de l’État dans ces régions là et de la coupure qui existe entre l’État et la société semi-nomade. La préoccupation principale de l’État est la fiscalité, car elle est le gage de la soumission politique.
Les genres de vie opposent les bourgeois citadins, les cultivateurs sédentaires et les éleveurs semi-nomades. L'agriculture est toujours prospère, ayant subi de nombreuses transformations depuis l'époque romaine : les arabes de Mésopotamie, les andalous et les turcs apportant toujours de nouvelles techniques agricoles avec eux.
La côte Est deMadagascar est alors beaucoup plus peuplée que la côte Ouest. De nombreux royaumes indépendants se constituent duXVIIe auXVIIIe siècle, comme ceux desBetsileo au Sud (Isandra, Lalangina, Manandriana, Arindrano), celui desBetsimisaraka à l'est, desSakalava au Nord-Ouest et desMérina au centre[27]. Les Français dominent le trafic des esclaves sur la côte Est. La façade occidentale est ouverte aux négriers britanniques, arabes, français ou portugais.
Vers 1700-1750 : au début du siècle, Ramananao, chef de la région deVatomandry, s’empare deTamatave et deFénérive avec les Tsikoa. Quelques années plus tard,Ratsimilaho, fils du pirate britanniqueThomas Tew (ouThomas White) et de la princesse Rahana, devient, à son retour deLondres, le chef desZana Malata et vainc les Tsikoa. Il prend le nom deRamaromanompo, appelle son royaume leBetsimisaraka et obtient l’alliance desSakalaves en épousant la fille du souverain duBoina. Il meurt en1750 et son royaume se disloque. Sa filleBétia cède l'île Sainte-Marie à la France. Son fils Zanahary règne sur le Betsimisaraka jusqu'en1767[28].
1710-1770 : production officielle d'un million de kilos d'or et de 2,4 millions de kilos de diamants au Brésil, à la suite de la découverte auMinas Gerais d'importants gisements d'or en 1693 de diamants en 1729 (Diamantina). Lesbandeirantes fondent en 1711 la première ville,Vila Rica de Ouro Preto. Des mines d'or commencent à être exploitées à partir de 1721. Le centre économique et culturel duBrésil colonial va se déplacer vers le Minas Gerais où s'intensifie l'exploitation de l'or principalement autour deVila Rica,Sabara etSão João del-Rei[31],[32].
1784-1787 : en1784,Thomas Jefferson propose auCongrès américain une loi qui concerne les terres au nord de l'Ohio, que laVirginie cède aux États-Unis. Après celle de1784, lesordonnances du nord-ouest de1785 et de1787 créent un système méthodique de développement du pays. L'ordonnance de1785 prévoit que le nord-ouest soit découpé en townships de format carré.
Colonisation vietnamienne du delta duMékong à la fin du siècle[52]. LeSiam contrôle les provinces cambodgiennes du Nord et de l’Ouest.
EnCorée, durant leXVIIe et le XVIIIe siècle, leChoson est gouverné par des rois et des administrations compétents, malgré l’apparition périodique de conflits entre différentes factions. La classe dirigeante intègre progressivement de nouveaux venus. L’économie monétaire et l’économie de marché prennent un essor considérable. Ces changements complexes mettent à l’épreuve le système politique et social du Choson, qui commencera à s’effondrer auXIXe siècle.
La « force » de l’expression « siècle des Lumières » vient de son utilisation largement répandue chez les historiens contemporains. On trouve dès 1670 la mention de siècle éclairé dans certains écrits historiques. La formule sera transformée par des représentants des Lumières puis par les révolutionnaires. Le mouvement des « Lumières » impose l'idée que l'individu préexiste à l'État et que l'État n'est que le fruit d'uncontrat social ; chacun se trouve détenteur de droits que l'État doit garantir.
On peut également noter les points noirs de ce siècle en France, qui ont pu contribuer à l'agitation aboutissant à la Révolution.
En premier point, la signification concrète de l'expression « petit âge glaciaire », qui bat encore son plein : leXVIIIe siècle a connu 16 hivers extrêmement froids à côté desquels nos plus froids hivers de ces cent dernières années font figure de doux printemps[74]. En Morvan par exemple, l'hiver 1708-09 fait entièrement geler la plupart des ruisseaux et des étangs en moins de quatre heures, et le dégel voit des morceaux de glace de 1 m d'épaisseur[75]. À noter plus particulièrement leshivers 1708-09 (dans un pays déjà appauvri sur tous les plans par laguerre de succession d'Espagne de 1701 à 1714), 1735-36 (dont de fortes gelées en juin et qui anéantissent le peu d'espoir qui restait pour les récoltes), 1770-71, 1777-78 et, justement, 1788-89 (appelée « l'année du grand verglas »- et peut-être pas seulement climatique). Chacun de ces hivers rigoureux à l'extrême amenait systématiquement une disette pour au moins l'année suivante voire pour plus longtemps ; additionner à cela une période de misère encore un peu plus longue, donc une prolifération de vols et maraudages pour cause de misère profonde, notamment vols du peu de bétail et de récoltes qui par chance avaient survécu ; le tout aggravé par une spéculation intense sur le prix de la nourriture en général et surtout des céréales[76], et un dépeuplement notoire en particulier des campagnes par le nombre de morts induit[75] (on évalue à 600 000 le surplus de décès pour 1709[76], par exemple).
En sus de ces 16 périodes misérables, il faut aussi compter avec quatre épisodes d'épizooties si catastrophiques qu'on peut les appeler despanzooties, revenant en cycles de 23 ans de 1711 à 1814 - et, fait notable, toujours associées à des guerres[77]. Celle de 1714 (guerre de succession d'Espagne, 1701-1714), commencée en 1711 en Hongrie et qui ravage toute l'Europe occidentale pendant sept ans[77], dévaste les bovins (les processions de pèlerinage, et donc les affaires de l'Église, augmentant en proportion du nombre de bêtes mortes). Cette maladie touche toute la France : Alsace, Franche-Comté, Bourgogne, Nivernais, Morvan - régions où ces animaux tenaient une grande place dans l'économie[75], mais aussi le reste du pays[77],[78],[79].Là encore la misère induite ne se limite pas à l'année suivante, tant s'en faut. Celle de 1743-44 (guerre de succession d'Autriche, 1740–1748), encore plus terrible et qui ayant commencé en 1740 enBohême se répandit sur toute l'Europe de l'Ouest pendant 10 ans, dévasta, dit-on, 98 % du cheptel bovin dans le seul Morvan[75]. Encore une autre en 1774-77, commencée avant 1770 en Orient (Guerre russo-turque de 1768-1774), arrivée en Europe occidentale via la Hollande[77] et qui semble avoir perduré localement au-delà de ces dates puisqu'un foyer en est encore mentionné en 1779 sur Montreuil et ses environs[80].Enfin la quatrième épizootie du siècle, non moins meurtrière, est arrivée en France en 1794 via l'armée du Rhin[77] (guerre de l'Europe contre la France, 1792-1797).
En 1758 c'est l'excès d'eau qui amene une autre disette : des pluies torrentielles qui dans le Morvan durèrent du au pourrissent les récoltes, foin et grain[75]. Le grand froid de 1788-89 est également précédé d'un été tout aussi pourri que celui de 1758[76], et il y en eut certainement d'autres.Même en faisant abstraction de malheurs locaux comme l'orage extraordinaire qui dévasta une bonne partie du Morvan en 1745 (un an après la deuxième épidémie bovine), ou les multiples épidémies localisées, l'impression demeure que le peuple ne se relevait à grand-peine d'une catastrophe que pour retomber dans une autre. À part les vingt ans de relative normalité entre 1715 et 1735, il ne s'est pas passé quinze ans sans que les Français dans leur ensemble aient à affronter des situations des plus graves.
L’Italie ne profite pas de la conjoncture économique positive duXVIIIe siècle. Au moment de la première révolution industrielle, l’Italie est pauvre en charbon et en fer. Des régions comme laVénétie connaissent un niveau d’industrialisation proche de celui duDauphiné, l’activité textile reste vive dans les régions dePadoue,Vicence,Vérone etBergame, la papeterie àTrévise et la métallurgie près deBergame etBrescia. Mais le textile décline au cours du siècle en Vénétie (comme la verrerie àMurano), àPadoue, dans leMilanais, enToscane. L’Italie exporte des produits agricoles et importe des produits manufacturés, finissant par occuper un espace commercial limité et secondaire. Le marché intérieur se rétrécit et l’alourdissement des liens sociaux et institutionnels entrave production et échange. La structure des corporations empêche toute augmentation de production.
La société devient de plus en plus une société rurale, les difficultés rencontrées par les villes impliquant un renforcement de leur contrôle sur les campagnes. Les contrastes entre régions s’accentuent : culture extensive des céréales et élevage ou agriculture intensive. La commercialisation croissante des denrées agricoles fait que le profit devient le but recherché au détriment de l’autosuffisance. Lemaïs devient la nourriture de base des populations agricoles (polenta) et permet d’éviter les famines, de commercialiser davantage de froment, malgré lapellagre que sa consommation excessive entraîne souvent. Le riz progresse enPiémont et dans leMilanais. La plaine duPô connaît une modernisation relative de l’agriculture : spécialisation, irrigation, fourrages artificiels, assolement (maïs). LaToscane, l’Ombrie, lesMarches, les pentes duVésuve connaissent des évolutions similaires. Mais de manière générale, l’Italie rurale présente des caractères d’arriération amorcés auXVIIe siècle (extension des marécages, des friches et des maquis, décadence de l’irrigation), conséquence du processus de « reféodalisation », impliquant la culture extensive des céréales et l’élevage nomade (Apennins,Maremmes, campagne romaine,Sicile,Naples).
Au début du siècle, par le biais des donations, plus d’un tiers de la propriété italienne est soumis à la mainmorte ecclésiastique, aux mains d’administrateurs routiniers qui ne vendent que rarement les terres sans pour autant y apporter grand soin.
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