LaXIIe dynastie est une lignée de rois à l'origine obscure mais qui courrait de l'extrême sud de l'Égypte, qui ont régné sur l'Égypte pendant le premier quart duIIe millénaire avant notre ère. Cette dynastie apparaît, à bien des égards, comme l'apogée duMoyen Empire, avec les règnes remarquables deSésostris Ier,Sésostris III etAmenemhat III ; cependant, d'un point de vue culturel, le milieu de la dynastie marque un tournant culturel entre un Haut Moyen Empire et un Moyen Empire tardif[2].
La construction de l'histoire de cette période repose sur des sources moins abondantes et, surtout, moins riches que celles du IIIe millénaire. Les annales, les décrets sont devenus plus rares au début du nouveau millénaire. Alors que les tombes précédentes contenaient des récits de la vie des défunts, on ne trouve plus que des listes d'épithètes et de titres. Les stèles donnent des informations généalogiques mais peu d'information historiques, administratives ou biographiques. Enfin les constructions de prestige sont plus rares et moins grandioses qu'au cours de l'Ancien Empire quand elles n'ont, tout simplement disparues sous les agrandissements ou réalisations ultérieures. Ce par quoi le Moyen Empire peut néanmoins briller, c'est par la littérature et lesréalisations artistiques conservées. Malheureusement cela ne suffit pas à témoigner d'une monarchie puissante. En fait, l'État apparait bien fragile[3].
Cette dynastie est originaire deThèbes, son fondateur pourrait être l'ancien vizir du dernier Montouhotep,Montouhotep IV, mais rien ne le prouve[4].
Bien que les débuts de cette prise du pouvoir aient été agités et remis en cause par les partisans de la dynastie précédente, les nouveaux souverains parviennent à asseoir leur autorité sur la totalité du pays, exerçant un certain contrôle desnomarques et pacifiant les frontières en étendant la zone d'influence de l'Égypte aux contrées limitrophes :Nubie, oasis du Sahara oriental. L'activité et l'énergie avec lesquels ils réforment le gouvernement et l'administration est caractéristique d'un recentrage des pouvoirs autour de la personne du roi.
L'écart de richesse entre le roi et les potentats locaux est réduit. Pour fidéliser les courtisans, le roi peut offrir cadeaux et récompenses diverses, mais, plus encore, il permet à leurs enfants de bénéficier de l'enseignement donné au palais, leKap. Ce sera, pour eux, la possibilité d'une belle carrière dans l'administration centrale en tant qu'« enfants du Kap ». La cour, elle-même, est une cour de lettrés qui se conforme à une étiquette caractérisée par l'importance de l'éloquence et la littérature permet de souder cette élite composée de potentats, courtisans et administrateurs de haut rang. Les œuvres littéraires actuellement conservées prônent la loyauté envers le souverain. Elles proposent des modèles de conduite à cette société fortement hiérarchisée. Elles évoquent, dans le même temps, les risques liés à l'éventualité d'une disparition de la monarchie.L'enseignement pourMérikaré (de laIXe dynastie), apparait, en plus de cela, comme un véritable guide de bon gouvernement pour les générations suivantes, attribué au dernier roi de la dynastie d'uneHéracléopolis « vaincue ». L'ouvrage semble conseiller tout souverain, aux prises avec des problèmes similaires, de concilier les intérêts de la monarchie et ceux des personnalités les plus puissantes des provinces[5].
Une nouvelle capitale est fondée à la lisière duFayoum et de nouveaux sites sont choisis à proximité pour édifier les tombes royales àLicht,El-Lahoun,Hawara. Le retour aucomplexe pyramidal est un témoin de cette volonté de renouer avec les modèles de l'Ancien Empire. Mais cela est fait avec peu de moyens, et de mauvaise qualité qui ne tarderont pas à se dégrader. Ces moyens qui manquent sont vraisemblablement accaparés par des institutions locales, comme les temples. Quant aux fondations de villes nouvelles, elles n'ont pas servi de modèle à l'extension des villes anciennes. Pour ce qui est deIlahoun, dans le Fayoum, il s'agissait d'héberger le personnel chargé du service funéraire du roi. À Qasr el-Sagha (et peut-être Tell el-Daba) il s'agissait d'un camp de travail, lakheneret, dans lequel étaient enfermés des criminels et des travailleurs qui devaient s'acquitter de corvées en faveur de l'État. Ces camps de travail sont chargés de défricher et mettre en valeur, à peu de frais, des terres nouvelles afin d'accroître les revenus de l'État. Tout cela n'est pas le signe d'un État très florissant[4].
En ce qui concerne la construction de temples,Sésostris Ier est considéré comme le père fondateur dutemple de Karnak. Pour ces réalisations ambitieuses il est fait appel aux carrières duouadi Hammamat, tant pour la pierre de taille que pour legrauwacke, cette pierre vert sombre qui sert aux sculptures, éventuellement monumentales, et même pour l'or. L'accès à ces zones marginales de l'Empire se fait sous bonne escorte et avec la protection des populations locales[6].
La fin de cette dynastie marque le retour à une période de relative puissance et d'équilibre, avec les règnes deSésostris III et d'Amenemhat III. Les campagnes militaires et les expéditions minières à l'extérieur des frontières renforcent l'emprise de l'Égypte sur ses voisins notamment enNubie dont leroyaume de Kerma représente un sérieux concurrent dans le contrôle des voies commerciales et à l'est où des tribus nomades menacent régulièrement les convois à destination duSinaï ou deByblos avec laquelle les relations commerciales sont alors florissantes.
Si les méthodes de construction ont changé, le plan des pyramides royales reste proche de celui mis au point sous laVe dynastie. Pour leur édification c'est la brique et non la pierre qui a été largement employée. L'utilisation de la pierre taillée, elle, s'impose pour les temples des régions comprises entreAbydos etÉléphantine - région qui concentrait les personnalités les plus puissantes du royaume - ce qui pourrait être le signe d'une démarche pour s'attirer le soutien de ces potentats. Les travaux étant confiés à des maîtres d'œuvre issus des familles influentes. La situation devient confuse pour la monarchie, auXVIIIe siècle av. J.-C., après le règne deSésostris III (1878-1843), lorsque cette monarchie n'a plus eu les moyens de financer ces travaux des temples qui bénéficiaient, en fin de compte, aux familles les plus puissantes, lesquelles lui permettaient de se maintenir sur le trône, jusque là[7].
Le développement de l'administration s'accompagne d'une pratique de plus en plus partagée de l'autobiographie privée, qui n'est donc plus réservée à une élite, comme sous l'Ancien Empire. Cette pratique deviendra encore plus importante auNouvel Empire[6].
↑En termes de chronologie absolue, la détermination de dates exactes de début et de fin de la dynastie est un exercice périlleux du fait de l'ancienneté de la dynastie, et plusieurs chercheurs ont fait chacun des propositions ; on trouve par exemple :