À la fin de la guerre mondiale, il lance l’idée d’une instance de coopération internationale, laSociété des Nations. Leprix Nobel de la paix lui est décerné mais les États-Unis n'intégreront jamais la SDN.
Alors qu'il entend briguer un troisième mandat, il est victime en 1919 d'unaccident vasculaire cérébral qui le rend inapte à exercer ses fonctions, son épouseEdith exerçant dès lors une influence considérable. Les démocrates perdent lesélections de mi-mandat de 1918 et le républicainWarren G. Harding lui succède à la présidence du pays.
L'héritage de Wilson fait l'objet de réévaluations radicales, en ce qui concerne son adhésion à des opinions et des politiquesracistes aux États-Unis mêmes[1]. Dans leclassement des présidents américains, Woodrow Wilson bénéficie de sa politique économique et de son action pendant le conflit mondial mais pâtit de son soutien à laségrégation raciale, qu'il a activement encouragée au niveau fédéral.
Wilson suit des études secondaires au collège Davidson de laCaroline du Nord. Élève médiocre, il ne s'intéresse qu'aux matières ayant un lien avec le débat et la parole. À 19 ans, il entre à l'université de Princeton puis commence des études dedroit à l'université de Virginie[2].
Il s'installe en tant qu'avocat mais au bout d'un an il reprend ses études et se tourne vers l'histoire et les sciences politiques. Il présente sathèse de doctorat à 30 ans à l'université Johns Hopkins ; une analyse en faveur d'un plus grand pouvoir de l'exécutif au sein du gouvernement central qui devint un classique des études en sciences politiques. Influencé par des théoriciens britanniques commeEdmond Burke, Wilson est un libéral nostalgique de la pureté démocratique des premières années de la République. Il se destine à une carrière de professeur d'histoire mais rêve de s'engager en politique.
En1902, il devient président de l'université de Princeton et se lance dans une vaste réforme du système d'enseignement. Wilson est alors une des personnalités marquantes des élites intellectuelles américaines, spécialiste du fonctionnement politique des États-Unis[3].
Selon l'historien Mark Benbow, les écrits de l'universitaire W. Wilson étaient ceux d'un apologiste desRedeemers qui après laguerre de Sécession ont œuvré à une « rédemption » du Sud et cherché à imposer une suprématie blanche[4]. W. Wilson était également un promoteur d'une théorie négationniste appelée laCause perdue des États confédérés d'Amérique (Lost Cause of the Confederacy) qui présentait la société blanche traditionnelle du Sud des États-Unis comme chevaleresque, mue par son sens de l'honneur, et occultait la place qu'y tenait l'esclavage des Afro-Américains[4].
W. Wilson rédige à l'Université Johns Hopkins un ouvrage de politique inituléCongressional Government: A Study in American Politics publié en 1885. Il y condamne fermement les politiques de l'ère de lareconstruction qui a suivi laguerre de Sécession. Wilson se réfère à cette période comme une époque caractérisée par le « despotisme duCongrès », où le système de contrepouvoir a été ignoré. Wilson a spécifiquement critiqué les efforts visant à protéger ledroit de vote des Afro-Américains et les décisions des juges fédéraux prises à l'encontre des tribunaux d'État qui avaient refusé desjurés noirs. Selon Wilson, les dirigeants du Congrès auraient agi par idéalisme, affiché « un mépris flagrant de l'état enfantin dunègre et de l'ordre naturel de la vie », et mis ainsi en danger la démocratie américaine dans son ensemble[5]
L'ouvrage de W. WilsonThe History of the American People publié en 1901-1902, comporte des passages extrêmement controversés qui seront repris en 1915 dans un film intituléNaissance d'une nation, connu pour présenter sous un jour favorable leKu Klux Klan, organisation terroristesuprémaciste blanche ; ce film est par ailleurs projeté à la Maison blanche pendant la présidence de W. Wilson. L'historien Wilson écrit par exemple dans son livre de 1902 :« …La politique des dirigeants du Congrès a provoqué […] un véritable renversement de la civilisation dans le Sud […] par leur détermination àmettre le Sud blanc sous le talon du Sud noir » (souligné dans le texte). Ou encore :« Les hommes blancs ont été réveillés par un simple instinct d'auto-préservation… jusqu'à ce qu'enfin un grandKu Klux Klan ait vu le jour, un véritable empire du Sud, pour protéger le pays du Sud »[4]. Cependant, Wilson a eu des mots durs sur l'écart entre les objectifs initiaux du Ku Klux Klan et son évolution ultérieure.
En 1883, Wilson tombe amoureux d’Ellen Louise Axson, fille d’un pasteur presbytérien deSavannah, en Géorgie. Il lui propose le mariage en septembre 1883 ; elle accepte, mais ils reportent le mariage jusqu'à la fin des études supérieures de Wilson. Leur premier enfant,Margaret, naît en avril 1886, et leur deuxième, Jessie, en août 1887 ; leur troisième et dernier enfant, Eleanor, en octobre 1889.
La santé d'Ellen décline après l'élection de son mari à la présidence, et les médecins lui diagnostiquent lamaladie de Bright en juillet 1914[7]. Elle meurt le 6 août 1914. Wilson est profondément affecté par le décès de sa femme, au point de faire une dépression.
Le 18 mars 1915, il rencontreEdith Bolling Galt lors d’un thé à la Maison Blanche. Après plusieurs rencontres, il tombe amoureux d’elle et la demande en mariage en mai 1915. Edith Galt d’abord le repousse, mais Wilson ne se décourage pas et ils se fiancent en septembre 1915, puis se marient le 18 décembre 1915.
En octobre 1919, Wilson est victime d'unaccident vasculaire cérébral débilitant. Edith Wilson devient, avec la complicité du docteur Cary T. Grayson, une intermédiaire entre le président et son cabinet, alors que Wilson reste handicapé et ne quitte pas sa chambre ; cela dure jusqu'à ce que le président commence à se rétablir partiellement[8].
La question de l'influence réelle d'Edith Wilson reste posée parmi les historiens malgré les tentatives de l'intéressée à minorer son rôle[9].
LeParti démocrate, dont il est proche depuis les années 1890[3], le contacte en1910 et le présente en tant que candidat au poste degouverneur de l'État duNew Jersey. Il doit sa victoire en particulier au soutien actif du« Colonel » House[3]. Élu, il se lance, en à peine un an, dans une réforme des lois électorales, désignation des candidats par des élections primaires directes, afin d’empêcher les machinations politiques. Il se fait rapidement remarquer par les chefs du parti au niveau national et réussit à se faire désigner candidat du Parti démocrate à l'élection présidentielle en1912. Son colistier estThomas R. Marshallgouverneur de l'Indiana dont la notoriété reste désormais liée à cette remarque :« La seule chose dont ce pays a besoin, c'est d'un bon cigare à 5 cents. »
Sa campagne électorale est fondée sur l'élimination desconglomérats industriels, la création d'un impôt fédéral sur le revenu et des élections sénatoriales ausuffrage universel. Il s'oppose ainsi àTheodore Roosevelt qui est partisan d'un pouvoir présidentiel fort, garant des libertés, alors qu'il défend la concurrence comme facteur d'équilibre.
L’élection présidentielle de 1912 est une vraie triangulaire entre le candidat du Parti démocrate, le président sortant et candidat duParti républicain et enfin Theodore Roosevelt qui fonde son propreParti progressiste quand il ne peut obtenir la nomination du Parti républicain. Woodrow Wilson est élu grâce à la division au sein du Parti républicain ; le total des votes deTaft et de Roosevelt est en effet supérieur à celui obtenu par Wilson[10].
Démocrate en politique, le style présidentiel de Woodrow Wilson est beaucoup plus exclusif. Parfois qualifié d'« autocrate éclairé », il consulte parmi son petit groupe de proches avant de trancher[3]. Les témoignages le décrivent comme peu enclin à la moindre remise en cause de ses décisions[3].
: Investiture de Woodrow Wilson en tant que vingt-huitième président des États-Unis. Les deux orientations majeures de sa politique constituent le combat contre les trusts en faveur des classes les moins favorisées et la défense du principe de laliberté des mers et ducommerce dont il fait le point principal de sa politique extérieure[3]. Ses proches et lui-même ayant peu d'expérience des relations internationales, ils se consacrent en priorité aux questions de politique intérieure[3].
Le, il fait un discours auCongrès pour obtenir la réforme desdroits de douane. Il est le premier président depuis plus d’un siècle à s’être adressé en personne au Congrès. La loi réduisant fortement les droits de douane, augmentés par les gouvernements républicains précédents, sera signée le.
Le est adopté leXVIIe amendement à la Constitution instituant l’élection des sénateurs au suffrage universel direct. Ils étaient auparavant élus par les assemblées législatives de chaqueÉtat.
En politique étrangère, il signe, le, l’acte de reconnaissance de larépublique de Chine proclamée en 1912 et, le, refuse de reconnaître le coup d’État auMexique qui a porté le généralVictoriano Huerta au pouvoir sans toutefois décider d’une intervention des États-Unis.
: Wilson ordonne à la marine d'envahir le port deVera Cruz,Mexique. Le prétexte est l’arrestation de quelques marins américains en goguette par les autorités mexicaines. L'Argentine, leBrésil et leChili tentent une médiation qui se révèlera inutile après la démission forcée du présidentHuerta en juillet. Les troupes américaines se retireront du Mexique en novembre.
Le, Wilson signe une loi majeure sur la réglementation des entreprises. Elle fait partie de son programme des « nouvelles libertés » et interdit les ententes entre entreprises, les participations au capital croisées dans un même secteur d’activité etc. Elle autorise les arrêts de travail, les grèves et le boycott par les ouvriers.
Le 7mai 1915, Wilson et le gouvernement américain adressent une protestation à l'Allemagne à la suite du torpillage duRMSLusitania, paquebot britannique, par un sous-marin allemand et au décès de 114 américains parmi les 1 198 victimes civiles. Le, Wilson ordonne l'intervention des troupes américaines à Haïti à la suite de l’assassinat du président et dictateurVilbrun Guillaume Sam. Les Marines américains y commettront sûrement leurs pires exactions en réprimant une revolution. Les États Unis ont supprimé nombres de petites exploitations agricoles familiales au profit de grandes plantations
Le, Wilson propose la nomination à laCour suprême deLouis Brandeis, le premier juge appartenant à la minorité juive.
Le, il ordonne l’intervention des troupes américaines au Mexique pour capturerPancho Villa qui combat le gouvernement mexicain légitime. Les Américains ne quitteront le Mexique qu’au début de 1917 sans avoir réussi dans leur mission. En mai, Wilson ordonne l’intervention des troupes américaines enRépublique dominicaine pour restaurer l’ordre public. L’occupation américaine durera jusqu’en 1924. Le, le Congrès vote l’augmentation de l'armée américaine en réponse à la détérioration des relations avec l’Allemagne.
: Le Parti démocrate désigne Wilson en tant que candidat à un second mandat présidentiel. Bien que le naufrage duLusitania ait entraîné une vive tension entre l'Allemagne et les États-Unis et mis à mal la neutralité de ces derniers, Wilson se range à l'avis de son conseiller personnelEdward Mandell House qui, considérant que la grande majorité des Américains sont nettement opposés à toute entrée en guerre, le pousse, lors de la campagne électorale de 1916 à utiliser le slogan : « Grâce à moi, l'Amérique est restée en dehors du conflit européen »[3].
Le, Wilson signe le décret créant le Service desparcs nationaux. Le, il signe la loi instituant la journée de 8 heures pour les cheminots.
Le 3février 1917, devant la violation des droits des neutres par l'Allemagne, Wilson rompt les relations diplomatiques avec celle-ci.
: Le Congrès annule le veto du président Wilson opposé aux lois empêchant l’admission des immigrants illettrés et restreignant l’immigration en provenance des pays d’Asie.
Le président Wilson demandant au Congrès de déclarer la guerre à l'Allemagne, le 2 avril 1917.
: Investiture de Woodrow Wilson pour un second mandat présidentiel. Dans son discours il rappelle que les États-Unis sont neutres dans la guerre entre l’Allemagne et les autres puissances européennes mais indique que cette position sera probablement très difficile à tenir.
19mars : torpillage par un sous-marin allemand du paquebot Vigilentia (après celui en 1915 du Lusitania contre lequel les États-Unis avaient vigoureusement protesté).
: Wilson fait un discours au Congrès pour demander unedéclaration de guerre des États-Unis contre l’Allemagne. Elle sera adoptée par le Congrès et le président le. Le pays s'engage dans laPremière Guerre mondiale.
: Adoption de la loi instituant le service militaire obligatoire pour les jeunes hommes âgés de 21 à 30 ans. Les États-Unis n’avaient pas connu deconscription depuis la fin de laguerre de Sécession.
: Proposition par le Congrès d'un amendement à la Constitution instituant laprohibition (fabrication, transport et vente) de l’alcool. Il deviendra leXVIIIe amendement en 1919.
« La paix dans le monde pour l'établissement de la démocratie »[12] réclame notamment la création d'une« League of Nations » (SDN). Les autres points serviront de base autraité de Versailles de1919. La première partie du traité de Versailles crée la SDN.
11novembre : après la signature de l'Armistice, le gouvernement allemand accepte d’ouvrir les négociations de paix à partir des « 14 points » développés par le président Wilson.
4décembre : Wilson embarque pour la France afin d’assister à laconférence de la paix de Paris. C'est la première fois qu'un président américain en exercice se rend dans un pays étranger[13] durant son mandat[14].
: Wilson présente en personne letraité de Versailles à la ratification par le Congrès. Les Républicains y sont opposés ainsi qu'une partie significative des démocrates, conduite parHenry Cabot Lodge, qui souhaite la soumettre à d'importantes restrictions. Les raisons de cette opposition sont multiples : certaines sont économiques, d'autres politiques (il y a beaucoup de citoyens de souche allemande dans le Middle West ; or, le traité de Versailles est jugé trop sévère envers les vaincus auxquels ledroit des peuples à disposer d'eux-mêmes est refusé).
: alors que le Congrès n’a toujours pas ratifié le traité de Versailles, Wilson décide de parcourir les États-Unis pour prononcer des discours en faveur de sa ratification et pour promouvoir son idée de Société des Nations. La dégradation de sa santé l'empêchera de finir sa tournée. Épuisé, il a uneattaque cérébrale après quoi il est paralysé et psychologiquement affaibli. Il intime, à partir de ce moment, que les démocrates votent la ratification sans concession, mais le Congrès vote finalement contre la ratification le. Une deuxième tentative, explorant la voie d'un accord bipartisan, échouera en en raison de l'intransigeance de Lodge et Wilson[15].
: Wilson reçoit leprix Nobel de la paix pour son action pendant la Première Guerre mondiale alors que sa popularité est au plus bas.
: Le Congrès, qui continue à refuser la ratification du traité de Versailles, vote la fin de l’état de guerre avec l’Allemagne. Wilson met son veto.
Novembre : Le républicainWarren Harding, qui se présente contre l'héritage de Wilson, est élu avec une large majorité par les électeurs américains[15].
Wilson a une visionidéaliste desrelations entre les nations[16]. Il pense que le modèle américain peut être exporté car les peuples ont envie dedémocratie. Il fait ainsi pression sur le gouvernement britannique pour une issue pacifique durant les troubles consécutifs à l'insurrection de Pâques 1916 enIrlande. Toutefois, Woodrow Wilson n’hésite pas à ordonner des interventions armées en Amérique centrale et dans les Caraïbes pour faciliter le transfert. Il déclarait, en 1901 :« Plus aucune nation ne peut désormais vivre sur elle-même et l'Ouest devrait nécessairement dominer l'Est. L'Est doit être ouvert et transformé, qu'on le veuille ou non ; les standards de l'Ouest doivent lui être imposés »[17].
ÀHaïti, il fait intervenir les Marines le à la suite de l'assassinat du président et dictateurVilbrun Guillaume Sam. Sous la supervision des Marines, la législature d'Haïti élit le candidat de Wilson,Philippe Sudre Dartiguenave, qui signera un traité faisantde jure d'Haïti un protectorat américain[18].
AuNicaragua, des troupes américaines seront stationnées dans le pays tout au long de l'administration Wilson, choisissant le président nicaraguayen et forçant le pays à la signature duTraité Bryan-Chamorro portant principalement sur la sécurité ducanal de Panama.
Le premier mandat de W. Wilson est marqué par son attitude vis-à-vis du conflit qui éclate enEurope, qui deviendra laPremière Guerre mondiale. Tout en poursuivant une politique d'accroissement des forces militaires pour faire face à un éventuel engagement forcé, les États-Unis tentent de rester neutres etfont des tentatives de paix car 15 % de la population américaine est née dans un des pays en guerre et une majorité a des attaches familiales dans ces mêmes pays.
Woodrow Wilson envoie une note à tous les belligérants le[19]. Il leur demande de préciser leurs buts de guerre[20] et se présente comme intermédiaire entre les pays. Mais l'Allemagne, qui s'oppose à toute médiation américaine, refuse également de préciser ses buts de guerre et rejette la proposition le 26 décembre[21].
la refondation d'unePologne indépendante avec accès à la mer ;
la création d'une association des nations.
Les principes wilsoniens peuvent être résumés en trois termes : autodétermination des peuples, liberté et paix. Le discours des 14 points est diffusé à travers l'Europe et lesempires coloniaux, où il suscite des espoirs d'émancipation[16]. En, plus de deux millions de soldats américains sont engagés dans la guerre et la victoire est acquise. W. Wilson espère alors modifier radicalement l'ordre mondial, promouvoir les démocraties et la paix. Il participe aux négociations avec les trois autres puissances européennes victorieuses (le Royaume-Uni, la France et l'Italie) qui aboutissent autraité de Versailles. La ratification du traité se heurte à l'opposition duSénat et Wilson se lance dans une campagne de discours dans les principales villes des États-Unis pour promouvoir le traité et sa « Ligue des nations » : sa santé en pâtit et une attaque le laisse à moitié paralysé. Il finira son mandat reclus dans laMaison-Blanche en faisant transmettre ses ordres par sa femme et une petite équipe de fidèles.
Wilson a siégé en tant que président et chef de la délégation américaine à laconférence de la paix de Paris. Lorsque la délégation de l'empire du Japon a proposé d'inclure dans la Charte de laSociété des Nations et letraité de Versailles une déclaration d'égalité raciale en 1919, Wilson a bloqué cette proposition. Le premier projet d'amendement sur l'égalité raciale présenté le 13 février 1919 était formulé en ces termes : «L'égalité des nations étant un principe fondamental de la Société des Nations, les Hautes Parties contractantes s'engagent à accorder dans les plus brefs délais à tous les ressortissants étrangers des États membres de la Société un traitement égal et juste à tous égards, sans distinction ni de droit ou de fait, en raison de leurrace ou de leur nationalité».
Les délégations française, italienne et grecque ont exprimé leur soutien enthousiaste à cette proposition qui provoqua cependant les réticences de l'Australie[24], des États-Unis et du Canada ainsi que de la délégation britannique[25],[26]. Après un débat houleux, sur un quorum de 17, l'amendement sur l'égalité raciale a obtenu 11 voix pour, aucun délégué de nation ne votant contre, mais il y a eu 6 abstentions, dont les 4 voix des délégations britannique et américaine. La proposition était impopulaire auprès de nombreux Américains blancs (en particulier ceux vivant sur la côte ouest), tandis que les Britanniques subissaient de fortes pressions diplomatiques de la part de l'Australie et de l'Afrique du Sud, qui maintenaient des politiques telles que lapolitique de l'Australie blanche.
Wilson a exercé son pouvoir de président et a décidé que la proposition nécessitait un vote à l'unanimité et devait donc être rejetée. Wilson a expliqué que cet amendement spécifique était si controversé et extrême qu'il devait avoir un soutien unanime pour être adopté[27].
Bien que membre du Parti démocrate et concurrent de Theodore Roosevelt, républicain progressiste, dans la course à la présidence, Wilson et lui ont un programme dont les objectifs, sinon les moyens, sont similaires. Sur bien des points il continue sa politique en luttant contre les grands conglomérats industriels et financiers, en renforçant le pouvoir du gouvernement fédéral et même en mettant en place un service chargé des parcs nationaux.
Wilson est aussi le créateur du système bancaire actuel. Il met en place laRéserve fédérale, autorité qui régule la quantité d'argent en circulation et le taux d'intérêt de base dans le pays et qui définit les conditions permettant aux banques de disposer de fonds permettant d'accorder des prêts.
le, leXVIIe amendement impose l'élection des sénateurs ausuffrage universel direct, ce qui n'était pas le cas dans tous les États de l'Union ;
en octobre1919, leXVIIIe amendement institue laprohibition de la fabrication, de la distribution et de la vente d'alcool (une loi postérieure en interdira la consommation) ;
Les mandats de Wilson sont marqués par les lois, auxquelles il s'opposera sans succès, limitant fortement l'immigration à partir des pays d'Asie et celle obligeant les immigrants à subir un test pour éliminer les illettrés. À cela s'ajoute un fort ressentiment anti-allemand après mai1915, lorsqu'un sous-marin allemand coule un navire britannique, leLusitania, dont une partie des passagers sont américains. Les libertés individuelles sont attaquées par le passage de lois interdisant la critique du gouvernement et les Américains d'origine germanique font souvent l'objet d'agressions de la part du reste de la population. La politique intérieure est aussi influencée par l'attitude des Américains d'origine allemande et irlandaise qui soutiennent leurs compatriotes opposés en Europe aux Britanniques. C'est dans ce climat que se déroulent les élections de 1916 où le Parti socialiste monte une campagne virulente contre l'engagement américain dans la guerre. Son audience est limitée sur le plan national mais il obtient plus de 20 % des voix dans certaines villes de la côte Est, dontNew York.
En revanche, la mobilisation des hommes pour faire la guerre permet aux femmes de tenir un plus grand rôle dans l'économie et la politique. En août1920, leXIXe amendement leur donne de droit de vote.
Woodrow Wilson, dont l'épouse affirmait faire partie de la lignée des descendants de la célèbrePocahontas, est aussi le premier président à désigner à laCour suprême des États-Unis (les juges sont nommés à vie), un juge appartenant à la minorité juive,Louis Brandeis.
Woodrow Wilson n'était pasantisémite ni méprisant envers lesAmérindiens, mais les principes qu'il défendit en politique étrangère étaient, pendant ses mandats, piétinés dans la plupart des États-Unis d'Amérique, dont lescitoyens dits « de couleur », subissaient laségrégation raciale, y compris dans l'armée et la fonction publique[28], ce qu'il approuve[29],[30],[31]. Ainsi, malgré les nécessités du service militaire national, les 400 000 soldats noirs ont été affectés dans des régiments particulièrement exposés en première ligne ou relégués à des tâches logistiques considérées alors subalternes. Dans lamarine, par exemple, les Noirs sont aux cuisines.
Wilson partageait en effet avec la plupart de sescontemporains blancs unracisme général envers lesAfro-Américains : il instaure une ségrégation totale à Washington même, où les employés noirs de l'administration fédérale sont pour la plupart renvoyés[29], et lorsqueW. E. B. Du Bois dénonce dans le journalNAACP la ségrégation que subissent les noirs dans leSud des États-Unis, Wilson répond :
« La ségrégation n'est pas une humiliation, mais un avantage, et devrait être considérée comme tel par vous, messieurs[32]. »
Parlant de l'Histoire du peuple américain, il déclare :
« Les hommes blancs ont développé un simple instinct d'auto-préservation… jusqu'à ce qu'enfin ils fassent naître un grand Ku Klux Klan, un véritable empire du Sud pour protéger le Sud du pays[33]. »
Wilson transforme fondamentalement le rapport de force entre les pouvoirs législatif et exécutif en donnant la prééminence à ce dernier. Le président devient un acteur majeur de la politique américaine et en devient responsable.
Wilson abandonne le pouvoir en 1921. Il se retire dans sa maison deWashington, handicapé par sa paralysie et un début de cécité. Il continue malgré tout à soutenir son idée de « Ligue des nations » en publiant un livre et des articles.
↑ab etcMark E.Benbow, « Birth of a Quotation: Woodrow Wilson and "Like Writing History with Lightning" »,The Journal of the Gilded Age and ProCependant, Wilson a eu des mots durs sur l'écart entre les objectifs initiaux du KKK et ce en quoi il a évolué.gressive Era,vol. 9,no 4,,p. 509-533(DOI10.1017/S1537781400004242,JSTOR20799409,S2CID162913069)
↑Skowronek, S. (2006),The Reassociation of Ideas and Purposes: Racism, Liberalism, and the American Political Tradition," p.391.
↑Nicole Bacharan, Dominique Simonnet,Les Secrets de la Maison blanche, Perrin 2014,p. 108-110.
↑À cet égard, la situation politique ressemble à celle de 1992, lorsqueBill Clinton a affronté deux adversaires de la droite américaine, G. Bush père et Ross Perot.
↑Gary Sheffield,La Première Guerre mondiale en 100 objets : Ces objets qui ont écrit l'histoire de la Grande Guerre, Paris, Elcy éditions,, 256 p.(ISBN978 2 753 20832 2),p. 202-205.
↑a etb« The world must be made safe for democracy ».
↑« No Nation can live any longer to itself and the West would necessarily dominate the East. The East is to be opened and transformed, whether we will it or no ; the standards of the West are to be imposed upon it. » Cité par Julian Go, « American colonial Empire : The limit of power’s reach », Items & Issues (Social Science Research Council), 4, 4, 2003,p. 18-23 (ici,p. 18).
↑Axelrod, Josh, "A Century Later: The Treaty Of Versailles And Its Rejection Of Racial Equality",National Public Radio (August 2019). www.npr.org/sections/codeswitch/2019/08/11/742293305/a-century-later-the-treaty-of-versailles-and-its-rejection-of-racial-equality. Retrieved February 22, 2021.
↑« Segregation is not a humiliation but a benefit, and ought to be so regarded by you gentlemen. »
↑« The white men were roused by a mere instinct of self-preservation… until at last there had sprung into existence a greatKu Klux Klan, a veritable empire of the South to protect the southern country. »
(en)Biographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)