Issu d'une famille de la noblesse terrienne de la région deVarsovie originaire de Lituanie, il étudie le droit à l'Université de Varsovie, puis la philosophie et l'économie à l'Institut des hautes études internationales[1] de Paris. La publication desMémoires du temps de l'Immaturité en1933, puis deFerdydurke en1937 l'impose comme l'enfant terrible de la littérature moderne polonaise. Il se lie avec les écrivains d'avant-gardeBruno Schulz etStanislas Witkiewicz (Witkacy).
Arrivé enArgentine pour un court séjour en1939, l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie le dissuade de rentrer en Europe. Il finit par y rester pendant vingt-quatre ans, entre Buenos Aires etTandil[2], à quelque 300 km de la capitale. Sa vie argentine et ses rares fréquentations dans l'intelligentsia de l'émigration polonaise sont racontées dans sonJournal, publié àParis dans la revue polonaiseKultura ; on en trouve également des échos romancés dans son romanTrans-Atlantique. L'œuvre de Gombrowicz, interdite en Pologne par les nazis, puis par les communistes, tomba dans un relatif oubli jusqu'en1957, année où la censure fut levée pendant quelques mois et où les premières traductions de ses œuvres commençaient à paraître en Europe.
Gombrowicz n'y revient qu'en1963, àBerlin d'abord, grâce à une bourse de lafondation Ford. Son œuvre connaît alors un succès croissant en France et en Allemagne. En, il s'installe enFrance àRoyaumont, près deParis. Il y emploie comme secrétaireRita Labrosse, une Canadienne deMontréal qui devient sa compagne, puis sa femme. En, il déménage définitivement àVence (près de Nice), petite ville où résident de nombreux artistes et écrivains. En1967,Cosmos reçoit lePrix international de littérature. Gombrowicz épouse Rita Labrosse le (après cinq ans de vie commune). Il meurt àVence en1969 d'insuffisance respiratoire, à la suite d'une longue maladie.
En 2013, Rita Gombrowicz décide de publier le journal intime de son époux, intituléKronos, qui révèle les expériences homosexuelles de Witold Gombrowicz[3].
Les œuvres de Gombrowicz sont caractérisées par une analyse psychologique profonde, un certain sens du paradoxe, un ton absurde et anti-nationaliste. En1937, il publie son premier roman,Ferdydurke, qui présente de nombreux thèmes explorés dans ses écrits précédents : le problème de l'immaturité et de la jeunesse, le masque que revêt l'homme face à autrui et un examen critique du rôle des classes dans la société polonaise et la culture, spécialement parmi les nobles, représentatifs de l'église catholique.Ferdydurke a suscité des critiques acerbes et deux camps rivaux, ses partisans d'une part et ses farouches opposants d'autre part, se sont vite affrontés.
Gombrowicz s'est débattu avec la tradition polonaise et l'histoire difficile de son pays. Souvent, ce combat est le point de départ de ses œuvres, qui restent profondément ancrées dans la tradition et l'Histoire.
Comme romancier, Gombrowicz part de la tradition du roman comique (au sens deRabelais,Cervantes,Fielding). Il traite les problèmes existentiels de façon légère et gaie, comme provocatrice, ce qui a souvent été mal compris. Il considère le roman comme stérile et malhonnête par rapport à la réalité.Parmi ses thèmes récurrents, on trouve :
la Forme comme seule réalité de notre existence,
l'Immaturité,
la Jeunesse,
l'inter-humain, c'est-à-dire la façon dont les relations inter-personnelles façonnent les personnes (lire en particulierFerdydurke)
Trans-Atlantique (Trans-Atlantyk, 1953) ; traduit du polonais par Konstanty Jeleński et Geneviève Serreau ; préface de Constantin Jelenski, Paris,Denoël, 1976.
Bakakaï (Bakakaj), 1957 (=Mémoire du temps de l'immaturité, réédité et complété).
Opérette (2002) - composée parOscar Strasnoy, créée en 2003 au Grand Théâtre de Reims.
Geschichte/L'Histoire (2003) - opéra a cappella composé parOscar Strasnoy, créé en 2004 au Theaterhaus de Stuttgart par les Neue Vocalsolisten, Stuttgart.
Opéras tirés de la pièceYvonne, princesse de Bourgogne (Iwona, księżniczka Burgunda)[4] :
Yvonne, opéra de chambre d'Ulrich Wagner, sur un livret en allemand, créé en1998 àKrefeld, dans une mise en scène de Marcus Lobbes[8] ;
Iwona, księżniczka Burgunda, deZygmunt Krauze, sur un livret en polonais, dont la première mondiale a lieu en2004 àParis, authéâtre Sylvia-Montfort, dans une mise en scène de Grzegorz Jarzyna[8] ;
Collectif,Face, facettes et grimaces de Witold Gombrowicz. Vingt inédits de Gombrowicz à Polac et Polanski, éditions Neige, 2004.
Pierre Piotr Bilos, Exil et modernité, vers une littérature à l'échelle du monde(Cz. Milosz, G. Herling-Grudzinski, W. Gombrowicz), Paris, Classiques Garnier, 2012(ISBN978-2-8124-0624-9).
Normand Corbeil,À la conquête de l'immaturité, Spirale, Montréal, septembre 1984, n° 45.
Michał Głowiński,Gombrowicz ou la parodie constructive, éd. Noir et Blanc, 2004.
Rita Gombrowicz,Gombrowicz en Argentine, 1939-1963, éd. Noir et Blanc, 2004.
Rita Gombrowicz,Gombrowicz en Europe, 1963-1969, éd. Denoel, 1988.