La région autour de Windhoek est déjà habitée par lesSan il y a plusieurs milliers d'années[3]. La présence de sources d'eaux chaudes jaillissant de roches volcaniques garantit un apport d'humidité dans une région aride.Jonker Afrikaner, chef desOorlams, fuyant la colonisation de la région du Cap, fonde la ville de Winterhoek dans lesannées 1840[4]. Jonker Afrikaner quitte la région en 1852[5].
Dans la deuxième moitié duXIXe siècle, lesBoers, de lacolonie du Cap, construisent une église en pierre pouvant accueillir jusqu'à 500 personnes et servant également d'école. À cette époque,Carl-Hugo Hahn etFranz Heinrich Kleinschmidt, de laSociété des missions du Rhin, sont également actifs comme missionnaires à Windhoek. La jeune ville commence peu à peu à se développer, mais elle est détruite par la guerre entre lesNamas et lesHéréros. Lorsque Hugo Hahn visite Windhoek en, il ne trouve« rien d'autre que des chacals et des pintades entre des arbres fruitiers négligés »[6].
Timbre de 1900 Deutsch Süd-Westafrika, cachet de la poste de Windhuk.
En 1878, leRoyaume-Uni annexe les îles et les côtes autour deWalvis Bay, et les incorpore à lacolonie du Cap en 1884, mais ne s'intéresse pas à l'arrière-pays. Grâce au travail de la Société des missions du Rhin et à l'acquisition de terres parFranz Adolf Eduard Lüderitz, un commerçant, tout un territoire de l'Afrique du Sud-Ouest allemande est proclamézone sous protection allemande en 1884.Otjimbingwe est choisi comme siège administratif de cette colonie, dans un premier temps, mais dès 1890,Curt von François, alors capitaine des forces allemandes, décide d'établir Windhoek, situé au centre de la colonie, comme nouveau siège administratif[7]. Windhoek est aussi considérée comme une zone tampon stratégique avec les ennemis Namas et Hereros. Curt von François, issu d'une vieille famille françaisehuguenote émigrée en Allemagne après l'abolition de l'Édit de Nantes, fait construire unfort[8],[9]. Dès le début de son histoire, les populations blanche et noire vivent séparées. Avec l'afflux de la population rurale et l'augmentation de l'immigration, principalement en provenance de l'Empire allemand et de l'Afrique du Sud, la population passe à environ 11 000 habitants en 1916.
L'ère coloniale allemande se termine à Windhoek en, pendant laPremière Guerre mondiale[10]. Les troupes sud-africaines, sous drapeau britannique, occupent la ville. Au cours des années suivantes, cette partie de l'Afrique alors appeléeSud-Ouest africain, est administrée par un gouvernement militaire, puis, à partir de 1921, par l'Union d'Afrique du Sud sous unMandat de la Société des Nations, de type C[11]. La population allemande devient moins importante dans la période d'après-guerre.
À la suite de lacrise économique mondiale des années 1930, et de nouveau après 1955, de grands projets sont réalisés comme l'asphaltage des routes et la construction de barrages et de pipelines pour répondre à la demande croissante en eau. Un certain nombre d'écoles et d'hôpitaux sont également construits. Beaucoup de ces projets sont réalisés par des travailleurs recrutés dans l'Ovamboland, une région du nord, proche de la frontière avec l'Angola. Après consultation avec l'administration du Sud-Ouest africain, mais sans consultation de la population locale, le gouvernement sud-africain, qui commence à mettre en place l'apartheid sur le territoire, décide de créer de nouvelles banlieues dans le nord-ouest de la ville et de reloger tous les habitants noirs de leurs quartiers résidentiels. Cette décision provoque des manifestations et des émeutes dans la première quinzaine de, avec plus d'une dizaine de morts au sein de la population noire, dont une femme,Anna Mungunda[5],[12],[13].
Ces événements, qui sont entrés dans l'histoire comme le soulèvement deOld Location (nom de l'ancien quartier vidé de sa population noire), ont été un point crucial dans l'histoire de la Namibie. De nombreux dirigeants commeSam Nujoma,Moses Garoëb, ou encoreClemens Kapuuo y ont participé. Ces événements ont constitué une raison majeure, pour une partie de la population, de se libérer de la domination étrangère et d'acquérir son indépendance. Sam Nujoma est arrêté à la suite du soulèvement, puis contraint à l'exil. LaSWAPO est fondée en 1960[12].
Immédiatement après le soulèvement, entre trois et quatre mille habitants quittent leurs maisons par crainte de nouvelles émeutes policières. Les structures de la vie sociale de l'ancien quartier,Old Location, sont détruites jusqu'à sa fermeture définitive en 1968, pour devenir le nouveau quartier de Hochland Park. La nouvelle banlieue noire au nord-ouest de Windhoek prend le nom deKatutura.
En 1961 et 1963, les petits chantiers navals de Klein Windhoek et de Pokkiesdraai sont fermés et la politique d'apartheid du gouvernement se poursuit sans relâche[14].
Conformément aux négociations de laconférence de la Turnhalle (1975-1977), un parlement est élu au suffrage universel en 1978, l'apartheid aboli en 1979 et un gouvernement autonome mis en place en 1980.
Avec l'indépendance effective de la Namibie, obtenue en 1990, Windhoek demeure la capitale du nouvel État et le siège du premier gouvernement indépendant, sous l'égide de Sam Nujoma. Dès 1990, l'avenue principale de Windhoek, laKaiserstrasse, est rebaptiséeIndependence Avenue[15]. La ville est alors toujours très ségréguée, la majorité de la population résidant dans le township de Katutura. Le nouveau maire, élu en 1992, est Björn von Finckenstein.
L'indépendance du pays donne également à la ville un nouvel élan et un taux de croissance démographique important.
Histogramme de l'évolution démographique de Windhoek
Histogramme
1981
96 057
1991
147 056
2001
233 529
2011
325 858
2016
395 000
2020
431 000
On y distingue le centre-ville, les quartiers principalement blancs, le quartier métis de Khomasdal et letownship noir deKatutura où vivent la majorité des habitants de la ville.
Située au centre du pays, Windhoek est la porte d'entrée des touristes au carrefour des routes se dirigeant versSwakopmund et les dunes dudésert du Namib à l'ouest, vers le parc d'Etosha au nord, et versFish River Canyon etLüderitz au sud.
Vue en 1996 depuis l'entrée de l'Alte Feste sur l'église luthérienne et la statue du Cavalier allemand du Sud-Ouest.Autre angle de vue en 2017 sur l'église luthérienne et sur le nouveau monument de l'indépendance (qui a remplacé la statue du Cavalier allemand).
L'artère principale qui va du nord au sud estIndependence Avenue (plus connue pendant 100 ans sous le nom de Kaiser-Strasse) et croise au centre de la ville l'artère secondaire,Sam Nujoma Drive (ancienneCurt von François). En1928, Kaiser Strasse fut la première rue pavée de la capitale suivie 10 ans plus tard par Gobabis road.
Independence Avenue et larue piétonne Post Str. concentrent les boutiques et les restaurants du centre ville (Gatheman Haus).
Tout proche, surRobert Mugabe Av. (ex-Leutwein Strasse), L'église luthérienne de Windhoek (1910), véritable symbole de la capitale namibienne, domine la ville au côté du vieux fort allemand (Alte Feste) et de la statue équestre du cavalier du Sud-Ouest (Reiterdenkmal) datant de 1912. Aussi proche, leTinten-Palast (1913) est le siège du parlement et du gouvernement. Plusieurs statues sont disséminées dans la ville dont celles deCurt von François (1965) et de chefs tribaux, anticolonialistes ou anti-apartheid commeHendrik Witbooi,Hosea Kutako et Theofilus Hamutumbangela.
Dans les environs immédiats se succèdent des villas coloniales de type allemand (villa Lanvers), la cathédrale Ste Mary et lavieille gare de la ville.
La ville est dirigée par un conseil de quinze membres élus au suffrage universel. Depuis les élections des 26 et, le conseil comprend onze membres de laSWAPO, trois duRDP et un de laNUDO. Depuis les élections municipales de, la ville est dirigée par une coalition de 5 partis d'opposition à la SWAPO[18]. Job Amupanda, élue sous les couleurs deAffirmative Repositioning, un mouvement issu de la SWAPO et affilié à laFédération mondiale de la jeunesse démocratique, a été élue maire de la ville le.
LeReiterdenkmal ou Rider Memorial inauguré en1912 pour commémorer la victoire de la troupe coloniale allemande lors de l'insurrection desHereros et desNamas. Il est considéré comme le monument le plus photographié de Windhoek avec l'église luthérienne. La statue a été retirée de son emplacement le 25 décembre 2013 et est désormais conservée dans la cour centrale de l'Alte Feste.Signalisation de rues à Windhoek.
Depuis1990 et l'indépendance, de nombreuses rues de Windhoek ont été rebaptisées. Voici la liste des principaux changements intervenus :
Noms historiques (avant 1990)
Nouveaux noms adoptés depuis l'indépendance (après 1990)
Leonora van den Heever (1926- ), première femme juge d'Afrique du Sud et la première femme à être nommée juge de la Cour suprême d'appel d'Afrique du Sud
↑J. Gordon Melton, Martin Baumann, ‘‘Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices’’, ABC-CLIO, USA, 2010, p. 2012-2013
↑Daniel Thomas du Plessis Viljoen (1892-1972) était un enseignant, un fermier et un homme politique sud-africain, membre du Sénat et administrateur du Sud-Ouest africain de 1953 à 1963. Il est l'un des fondateurs duDaan Viljoen Game Park situé à l'ouest de Windhoek et destiné à préserver l'écosystème.
↑Bernhard von Bülow (1849-1929) est un ancien secrétaire aux affaires étrangères et chancelier allemand. Il est à l'origine de la révocation de l'ordre deLothar von Trotha d'exterminer les Hereros.
↑Frans Aupa Indongo est un homme d'affaires issu d'un milieu pauvre, propriétaire de Continental Enterprises et président de Frans Indongo Trust.
↑Magistrat et secrétaire au Sud-Ouest africain dans les années 50 et 60
↑Kurt Dinter (1868-1945) était un botaniste allemand
↑Stephanus ("Fanie") Johannes du Plessis (1930-2001) était un athlète sud-africain qui a participé aux jeux olympiques de1956 et1960. Il fut deux fois médaillé d'or pour lelancer du disque auxjeux du Commonwealth en1954 et1958.
↑Anton Lubowski (1952-1989) était un avocat né à Luderitz. Membre la communauté blanche du Sud-Ouest africain, il fut un élément emblématique pour la SWAPO souvent alors décrit comme un mouvement ovambo ou uniquement noir. Lubowski fut assassiné quelques mois avant l'indépendance de la Namibie
↑Joseph Mukwayu Ithana (1938-2008) est un vétéran de la lutte armée pour l'indépendance de la Namibie et un membre de la SWAPO dont il fut le trésorier.
↑Peter Nanyemba (mort dans un accident de voiture en avril 1983 en Angola) était le commandant militaire de l'Armée populaire de libération nationale de la Namibie (PLAN) et le secrétaire à la Défense de la SWAPO
↑Né en1924, Herman Andimba Toivo ya Toivo fut membre fondateur de l'Ovamboland People's Congress (OPC) en1957 et incarcéré pendant plus de 20 ans sur l'île pénitencier deRobben Island pour ses activités en faveur de l'indépendance duSud-Ouest africain. Libéré en1984, il devint secrétaire général de laSWAPO, député à l'assemblée constituante de la Namibie (1989-1990) puis à l'Assemblée nationale (1990-2004), ministre de l'Énergie (1990-1999), ministre du Travail (1999-2002) et ministre des Prisons (2002-2006)
↑Mort à Windhoek en 1997, Eliaser Tuhadeleni, membre de laSWAPO et combattant de l'armée populaire de libération nationale de la Namibie, incarcéré sur l'île pénitencier de Robben Island.
↑Moses Tjitendero (mort en 2006) fut membre de l'assemblée constituante et le premier speaker de l'assemblée nationale de Namibie après l'indépendance. Il exerça cette fonction de 1990 à 2005.
↑Le révérend Michael Scott (1907–1983) était un activiste britannique anti-apartheid, pétitionnaire en 1958 aux Nations unies pour l'indépendance du Sud-Ouest africain au côté du chef Hosea Kutako et du Captain Hendrik Samuel Witbooi (1906-1978).
↑Peter Müller (1873-1934) fut maire de Windhoek de 1911 à 1916 et de 1920 à 1922 ainsi que membre de l'assemblée législative (1926-1934)
↑Bernt Carlsson (1938-1988) était un social démocrate suédois, conseiller d'Olof Palme, secrétaire général adjoint aux Nations unies et membre de la commission sur la Namibie (1987-1988). Il est mort dans l'attentat de Lockerbie
↑Mandume Ndemufayo (1894-1917) était un roi Ovambo
↑Oscar Wilhelm Stübel (1846-1921), chef de l'administration coloniale à Berlin (1900-1905) responsable du Sud-Ouest africain
↑Karl Werner Rudolph List était un homme d'affaires de Windhoek, fondateur de South West Breweries et président de Ohlthaver and List Group, détenteur de Namibia Breweries Limited.