De 1969 à 1974, il est le premier social-démocrate à être éluchancelier fédéral, à la tête d’unecoalition sociale-libérale avec le petit parti FDP, et ainsi le premier social-démocrate à diriger le gouvernement depuis 1930. Un autre social-démocrate,Helmut Schmidt, lui succède jusqu'à la fin 1982.
Il est né en 1913 sous le nom de Herbert Ernst Karl Frahm dans laVille libre et hanséatique de Lübeck d'un père professeur, John Möller, dont il n'a jamais porté le nom et qui n'a jamais cherché à le connaître, et d'une mère vendeuse, Martha Frahm, âgée de 19 ans. Le père adoptif de sa mère, Ludwig Frahm, est un membre actif duParti social-démocrate d'Allemagne (SPD), qui exerce sur lui une forte influence[2]. Devenu apprenti chez un courtier maritime, le jeune Herbert Frahm rejoint dès 1929 laSozialistische Arbeiterjugend (Jeunesse ouvrière socialiste), une branche du parti socialiste d'Allemagne, le SPD. Il la quitte en 1931 pour rejoindre leSozialistische Arbeiterpartei (SAP, parti des travailleurs socialistes). Il obtient ensuite son diplôme de fin d'études secondaires (Abitur) au Reform-Realgymnasium deLübeck en 1932.
Hitler devient chancelier le. Dès, lors d'un déplacement deBerlin àDresde, Herbert Frahm adopte lepseudonyme deWilly Brandt pour participer à une réunion désormais illégale de son parti[3]. Il fera plus tard reconnaîtreWilly Brandt comme son nom légal. Dans la nuit du au, il fuit l'Allemagne nazie grâce à un pêcheur deTravemünde qui le fait passer auDanemark[3]. De là il passe enNorvège, où il s'installe. Ce choix de s’exiler en Norvège lui sera par la suite maintes fois reproché durant sa carrière politique[4].
En 1934, il participe à la création du Bureau international des organisations révolutionnaires des jeunes (lié auBureau international pour l'unité socialiste révolutionnaire), et à l'automne séjourne secrètement en Allemagne, se faisant passer pour un étudiant norvégien, sous le nom deGunnar Gaasland. En 1937, il suit laguerre d'Espagne comme journaliste. En 1938, le régime nazi ayant révoqué sa nationalité allemande, il demande la nationalité norvégienne qu'il obtient en 1940. La même année il est arrêté par les forces allemandes qui occupent la Norvège, mais il n'est pas identifié comme Allemand car il porte un uniforme norvégien. Il se réfugie alors enSuède, pays neutre, où il reçoit sonpasseport à l'ambassade norvégienne deStockholm. Il réside en Suède jusqu'à la fin de la guerre.
Il épouseRut Hansen, une écrivaine norvégienne. De cette union il a trois fils,Peter(de), né en 1948, professeur réputé d'histoire contemporaine,Lars(de), né en 1951, écrivain, etMatthias, né en 1961, acteur.
Willy Brandt revient en Allemagne en 1945 comme correspondant d'un quotidien norvégien. À partir de mars 1946, il couvre le procès de Nuremberg. En novembre 1946, il s'installe à Berlin. Il commence sa carrière politique au sein du SPD après avoir recouvré sa nationalité allemande. Il estbourgmestre-gouverneur de Berlin de 1957 à 1966, période particulièrement difficile car marquée par une série de crises, comme lacrise de Berlin, qui entraîne en 1961 la construction dumur de Berlin, contre lequel il est — avec ses administrés — seul à s'opposer. Il entretient d'ailleurs des rapports tendus avec l'administration américaine jusqu'au fameux discours deJohn Fitzgerald Kennedy,Ich bin ein Berliner, le.
En 1964, Willy Brandt devient président fédéral du SPD, poste qu'il conservera jusqu'en 1987.
En 1961, il est le candidat du SPD au poste de chancelier. Il perd contreKonrad Adenauer. Il est de nouveau candidat en 1965 et perd contreLudwig Erhard. Mais en 1966, la grande coalition SPD -CDU le propulse au rang de ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier dans le gouvernement deKurt Georg Kiesinger.
À l'issue des élections législatives de 1969 Brandt s'allie avec le parti centriste et libéral FDP pour former un gouvernement et devient le le quatrième chancelier fédéral d'Allemagne.
Cette élection marque un tournant: pour la première fois depuis la fondation de la République fédérale d'Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale est élu un chancelier social-démocrate.
Il participe à larelance de La Haye, qu'il marque par sa volonté de rompre avec la retenue traditionnelle de l'Allemagne dans les affaires européennes en se montrant ferme sur la question de l'élargissement de la Communauté face à la France.
La partie novatrice de sa politique étrangère est consacrée au règlement de la« question allemande » : il s’agit de l’Ostpolitik qui reconnaît la réalité territoriale de l'après-guerre mais revêt aussi une dimension morale, incarnée par sonagenouillement au mémorial du ghetto àVarsovie. Ainsi, il reconnaît officiellement la RDA comme État et établit des relations diplomatiques avec laPologne, la Tchécoslovaquie et d'autres pays dubloc de l'Est.
En, une tentative decensure constructive de la CDU, le grand parti de droite, échoue, à la surprise générale, de quelques voix. Il sera plus tard révélé qu’au moins un membre de la CDU,Julius Steiner, avait été payé par le ministère pour la Sécurité d’État de la RDA, laStasi, pour voter pour le maintien de Brandt[5].
Auxélections anticipées de novembre 1972 le SPD devance pour la première fois la CDU/CSU, une victoire historique considérée comme la véritable ratification de l’Ostpolitik.
Durant ses années de chancelier, Brandt continue à favoriser la politique d'intégration européenne. Il soutient en particulier l'entrée de la Grande-Bretagne, de l'Irlande et du Danemark dans la CEE (1973) et pousse à la fois en faveur de l'intégration monétaire (Plan Werner) et de la coopération politique entre les Neuf[6].
Willy Brandt démissionne le, une quinzaine de jours après l'arrestation le de l'un de ses conseillers personnels,Günter Guillaume, qui avoue être unespion de la RDA, dans une atmosphère de scandale politique sans précédent en Allemagne.
Il est remplacé à la chancellerie par intérim parWalter Scheel , le vice-chancelier, pendant une semaine, puis parHelmut Schmidt.
Le, il prononce, en sa qualité de doyen de la nouvelle chambre élue, le discours d'ouverture de la première session du Bundestag de l'Allemagne réunifiée[8].
↑« L' " affaire Steiner " prend les dimensions d'un scandale politique »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑Andreas Wilkens (éd.),Willy Brandt et l'unité de l'Europe. De l'objectif de la paix aux solidarités nécessaires, Bruxelles, PIE Peter Lang,(ISBN9789052017860).
Andreas Wilkens (éd.),Willy Brandt et l'unité de l'Europe. De L'objectif de la paix aux solidarités nécessaires, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, 2011, 510 p.(ISBN978-90-5201-786-0)
(en)Biographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)