Il naît àEast Dereham dans leNorfolk, fils de l'astronomeFrancis Wollaston (1731-1815) et de sa femme Althea Hyde. Il vit dans une famille aisée et ouverte aux choses de l'esprit et de la culture, le couple a17 enfants[1].
En1793, il obtient son doctorat enmédecine de l'université de Cambridge. ÉluMembre de la Royal Society[4] en 1793, Wollaston, qui se préoccupe de santé des populations, devient médecin ouphysician de campagne jusqu'en 1797. Il s'impose comme une personnalité influente de la science britannique, assez curieusement avant d'avoir accompli une œuvre magistrale.
Il sert dans une commission royale qui s'oppose à l'adoption dusystème métrique et une autre qui crée legallon impérial[5]. En 1797, il s'associe avecSmithson Tennant, collègue fortuné avec lequel il mène quelques recherches dechimie organique. La veille de Noël 1800, les deux hommes achètent pour 795 £ exactement 5 959 onces de platine alluvial rapporté en contrebande de laNouvelle-Grenade (c'est-à-dire l'actuelle Colombie), et confisqué àKingston (Jamaïque). Wollaston observe que le décapage du minerai à l'eau régale dissout pratiquement tout le minerai, à l'exception de particules noires insolubles. Wollaston analyse la fraction soluble, qui contient, outre le platine, deux nouveaux métaux : le rhodium et le palladium ; de son côté, Tennant étudie les résidus insolubles, formés de deux autres métaux inconnus : l'iridium et l'osmium[3].
En1800, pourvu d'une belle rente par ses frères aînés, Wollaston quitte la médecine pour se consacrer avec autorité et avec profit, à des recherches en chimie et en physique[6]. Toutefois, son spectre de recherche extrêmement large ne lui fait pas quitter certaines questions de médecine.
En 1802, il reçoit lamédaille Copley pour ses travaux sur leplatine et les platinoïdes[3]. C'est le point d'orgue de sa carrière scientifique : il s'impose comme une figure incontournable de la science anglaise.
William Wollaston, accaparé par ses activités scientifiques, ne s'est jamais marié. Il est mort près de Londres. Il est enterré dans le cimetière deChislehurst.
Libéré de son métier accaparant de médecin, le chercheur effectue des travaux importants enélectricité. En1801, une de ses expériences montre que l'électricité produite par frottement est de même nature que celle produite par lespiles électriques[8].
Wollaston, habile manipulateur dans de multiples domaines, le plus souvent perspicace généralisateur, est passé à la postérité pour ses travaux en chimie, en tant que découvreur ou expert consulté de nouveaux éléments.
Il fait fortune en développant la première méthode pratique quantitative de raffinement de minerai deplatine, notamment duplatine natif. Il obtient ainsi des lingots malléables à partir de "mines de platinum"[9].
Il développe aussi des tests de caractérisation des sels contenant du platine, et découvre deux éléments chimiques : lepalladium (Pd) en1803 et lerhodium (Rh) en1804. Il invente au passage le compactage de la mousse de platine, qui peut être considéré comme l'acte de naissance de lamétallurgie des poudres[10].
Il conçoit un cryophore pour démontrer le principe du refroidissement rapide par évaporation, mais sans décrire véritablement l'évaporation endothermique d'un liquide[11]. Lors d'une conférence donnée en1805, qui avait pour thème la force de percussion (On the Force of Percussion), il défend le concept deforce vive (vis viva) deLeibniz, prémices de la notion d'énergie cinétique et deconservation de l'énergie[12].
Dans le domaine de l'optique, il est le premier à remarquer la présence de lignes sombres dans lespectre dusoleil, mais ne les étudie pas systématiquement et n'émet aucune hypothèse sur leur origine. Il améliore les performances des microscopes par l'invention de lachambre claire[13] (camera lucida, 1807). Il fait aussi breveter un nouveaugoniomètre (1809), et leprisme de Wollaston.
En1809 le chimiste honoré et célèbre en Europe confirme que letantale et letitane sont descorps simples et non des composés, et en conséquence qu'ils peuvent servir à nommer deséléments chimiques. Notons au passage que la vision assez "catégorique" ou "aristotélicienne" qu'il a des espèces minérales similaires et des propriétés physico-chimiques approchées des corps chimiques lui fait confondre l'oxyde de colombium, aujourd'hui oxyde de niobium avec l'oxyde de tantale. Cela le pousse à dénigrer le travail de son compatrioteCharles Hatchett, découvreur ducolumbium (ou niobium), et à préférer la chimie suédoise, il est vrai active et souvent innovante[14]. La découverte du colombium par Charles Hatchett sera cependant confirmée en 1846 par les travaux du prussienHeinrich Rose.
En 1̠810, s'il suspecte avec d'autres savants un corps singulier dans des calculs urinaires ou de lavessie, il découvre ce qui est l'amino-acide naturellecystine[7]. La même année, il essaie vainement de montrer la présence deglucose dans le sang des diabétiques, en particulier dans leursérum sanguin.
Durant ces dernières années il suit avec avidité les recherches en électricité. Aussi il prétend effectuer une série d'expériences dans le domaine électrique, prémices au développement dumoteur électrique. Toutefois une controverse s'élève avec le physicienMichael Faraday, qui constate que Wollaston ne fait que reproduire tout simplement ses expériences, et se prétend l'inventeur du moteur électrique. Il refuse de créditer Wollaston de ses propres travaux antérieurs.
Il est membre de laRoyal Society en1793, personnalité influente de la société, et s'il est son secrétaire de1804 à1813, il est aussi brièvement son président[4] en1820.
En 1818, un minéralsilicate de calcium spécifique lui est dédié, lawollastonite[15]. Le savant chimiste donne aussi son nom à unarchipel chilien ainsi qu'à un cratère sur laLune.
Wollaston garda jusqu'à sa mort le secret d'élaboration du « platine malléable », procédé qui lui rapportait un revenu confortable, au point qu'à sa mort il dota par testament laGeological Society of London de 30 000 £ afin qu'elle crée un prix scientifique : lamédaille Wollaston est la plus haute distinction en géologie[15].
↑D'aprèsMelvyn C. Usselman,Encyclopedia Britannica(lire en ligne), « William Hyde Wollaston »
↑D'aprèsJohn Venn,Alumni Cantabrigienses : A Biographical List of All Known Students,vol. 2,p. 552.
↑abc etdD'aprèsW. P. Griffith, « Bicentenary of Four Platinum Group MetalsPART I: Rhodium and Palladium – Events surrounding their Discoveries »,Platinum Metals Rev.,vol. 47,no 4,,p. 175(lire en ligne).
↑D'aprèsA. Birembaut, « Quel bénéfice le technicien peut-il tirer de l'Histoire »,Revue de Synthèse, Centre International de Synthèse, 3e,vol. 86,nos 37-39,.
↑Cf. la lettre adressée en novembre 1801 à Henry Hasted, citée dansMelvyn C. Usselman, « The Platinum Notebooks of William Hyde Wollaston »,Platinum Metals Rev.,vol. 22,no 3,,p. 100-106(lire en ligne).
↑a etbCf.Michael E. Moran,Urolithiasis : A Comprehensive History, Springer Verlag,, 471 p.(ISBN978-1-4614-8195-9), « Crystallisation »,p. 166-167.
↑Cf.D. McDonald, « William Hyde Wollaston; the Production of Malleable Platinum »,Platinum Metals Rev.,vol. 10,no 3,,p. 101–106.
↑Cf.Donald McDonald,A History of Platinum, Londres, Johnson Matthey,
↑Pour la description du cryophore, cf.Thomas Graham,Elements of Chemistry : Including the Applications of the Science in the Arts, Philadelphie, Lea and Blanchard,, « Vaporization »,p. 66.
↑Cf.William Hyde Wollaston, « The Bakerian Lecture On the Force of Percussion »,Phil. Trans. Roy. Soc.,,p. 13.
↑D'aprèsLouis Mandl,Traité pratique du microscope : et son emploi dans l'étude des corps organisés, Paris, Libr. J.-B. Baillière,, « III - Usage de la chambre claire pour dessiner et mesurer »,p. 156.
↑Les séparations chimiques sont il est vrai restées techniquement délicates pendant encore un siècle, mais l'historien de la chimie peut être saisi d'un doute sur les qualités de patience et de techniques analytiques.