Willa Cather naît le 7 décembre 1873. Elle est baptisée « Wilella », un nom qu'elle abrégera ensuite en Willa[1]. Sa naissance a lieu dans la ferme de sa grand-mère maternelle à Back Creek Valley, lieu-dit du canton deWinchester, dans l'État deVirginie[2],[3].
Ses ancêtres viennent d'Irlande du Nord[4]. Son grand-père, William Cather, est leshérif ducomté[2]. D'originegalloise, il est résolumentunioniste[2],[3]. Charles, le père de Willa Cather, et son frère Georges, sont shérifs adjoints. Ils gèrent également l'entreprise familiale de moutons[2]. La mère de Willa Cather se nomme Virginia Boak et vient d'une famillesécessionniste[3]. Certains de ses proches parents participent à laGuerre de Sécession avec lessudistes[4]. Virginia Boak garde toujours avec elle le sabre et ledrapeau confédéré de son frère décédé des suites de ses blessures à l'âge de dix-neuf ans. Willa Cather a six frères et sœurs : Roscoe, Douglass, Elsie, John, Jessica et James[3].
Willa Cather a à peine un an quand ses parents s'installent à Willow Shade, un vaste domaine appartenant à ses grands-parents paternels[1],[4]. En 1883 - Willa Cather a neuf ans -, ses parents déménagent de nouveau dans une ferme à environ 19 kilomètres deRed Cloud, dans leNebraska[1],[5]. Après une tentative infructueuse de dix-huit mois dans le domaine de l'agriculture, le père de Willa Cather décide d'ouvrir dans la petite ville de Red Cloud, comptant près de 1 800 habitants dont beaucoup d'immigrés, une agence immobilière et une compagnie d'assurances à l'automne 1884[3],[5]. La famille achète une maison à ossature d'un étage et demi à l'angle sud-ouest de la troisième avenue et de la rue Cedar. Ils y vivent également avec la mère de Virginia Cather, ainsi qu'une servante. Les enfants dorment dans un dortoir mais l'aînée, Willa Cather, finit par avoir sa propre chambre, dans un coin du grenier en forme de L[3].
L'installation en ville en 1884 de la famille Cather permet aux enfants de fréquenter enfin l'école, dont ils avaient été jusque-là dispensés. Willa Cather est diplômée de laRed Cloud High School en juin 1890. Elle termine première de sa classe[3].
Son père emprunte ensuite de l'argent pour payer ses frais de scolarité[6]. Inscrite à la nouvelleUniversité du Nebraska à Lincoln, Willa Cather se révèle être une élève douée[7]. Elle arrive à l’université avec de solides bases en langues classiques grâce à un voisin anglais, William Ducker, qui, le soir, lisait à Willa CatherVirgile,Ovide ou encoreHomère[3].
Elle se destine d'abord à devenir médecin, influencée par le Dr Robert Damerell, un médecin local qui emmènait la jeune fille lors de ses tournées[3]. Mais sa vocation littéraire se manifeste lorsqu'elle devient collaboratrice de deux magazines universitaires[4]. Puis le succès d'un essai qu'elle publie surThomas Carlyle dans leNebraska State Journal fait d'elle une collaboratrice régulière de ce journal et la pousse à étudier et obtenir un diplôme en littérature anglaise en 1894[5],[8],[9].
Willa Cather mène d'abord une carrière de journaliste. Elle écrit des centaines d'articles pour le Nebraska State Journal. Elle déménage ensuite àPittsburgh, où elle rédige des critiques et des articles, d'abord pour le magazine Home Monthly, puis pour The Pittsburgh Leader[7].
En 1899, elle rencontre Isabelle McClung qu'elle qualifie de « grand amour ». Elle emménage dans la maison familiale de cette dernière et commence à enseigner au lycée. A cette époque, cette grande admiratrice deGustave Flaubert et deHenry James écrit déjà de la fiction[7],[10].
The Troll Garden, son premier recueil de nouvelles, est publié en 1905[7].
En 1906, Willa Cather déménage àNew York pour rejoindre l’équipe deMcClure’s Magazine qui lui propose un poste de rédactrice adjointe[11]. En 1908 elle emménage avec Edith Lewis, une écrivaine et éditrice qu'elle rencontre auNebraska en 1903, et avec qui elle vivra jusqu'à son décès[5],[6].
Lors de la publication de son premier roman,Le Pont d'Alexander, Willa Cather reconnait immédiatement qu'il s'agit d'un faux départ et publie en 1913, à quarante ans, celui qu'elle considère comme son deuxième premier roman,Pionniers[7]. Le livre, un drame sur le sujet de lacolonisation, évoque l'histoire d'Alexandra Bergson, d'origine suédoise, qui, avec sa détermination, fait passer sa famille de la pauvreté à la prospérité[4]. « Dans ce roman, on retrouve déjà le style précis et non criard de Cather, avec d'excellentes descriptions de la nature, une caractérisation précise des personnages et un intérêt pour la compréhension de la condition humaine qui n'est pas sans rappelerThomas Hardy. » écrit en 2001 l'écrivain espagnol Luis Ramoneda[4].
Son travail journalistique s'arrête en 1912, lors de la publication de son premier roman. Dès lors, Willa Cather se consacre presque exclusivement à la création littéraire. Son amitié avec l'éditeurAlfred Knopf contribue à son succès littéraire naissant[4].
L'Un des nôtres lui vaut leprix Pulitzer en 1923. Mais ce roman relatant l'histoire d'un soldat pendant laPremière Guerre mondiale reçoit également des critiques sévères et blessantes pour l'auteure[7]. Par exemple,Ernest Hemingway se serait moqué de l'inauthenticité des scènes de bataille[5],[6]. Willa Cather décide alors de changer de style d'écriture[7]. Le biographe Benjamin Taylor explique en 2023 que le « style tardif » développé par Willa Cather aprèsL'Un des nôtres « réside dans une manière simplifiée dans laquelle les préoccupations antérieures sont abandonnées au profit d’une nouvelle expressivité, d’une nouvelle simplicité »[12]. Ce nouveau style a produit ce qu’il qualifie comme étant ses chefs-d’œuvre : les romansUne dame perdue (1923),La maison du professeur (1925), dans lequel elle critique les dangers du matérialisme naissant,La mort et l'Archevêque (1927), que Willa Cather considère comme son meilleur ouvrage, et le recueil de nouvellesDestins obscurs (1932)[4],[7].
Pour écrireLa Mort et l'Archevêque, elle parcourt leNouveau-Mexique où elle rencontre le PadreAnton Docher àIsleta[13] qui lui inspire le personnage du Padre De Baca[14]. Mais la plupart de ses écrits ont pour cadre lesgrandes plaines desÉtats-Unis, pendant laconquête de l'ouest, soit le décor de l'enfance et de la jeunesse de Willa Cather dans l'État duNebraska. Dans son dernier roman, publié sept ans avant sa mort,Saphira, sa fille et l'esclave, elle recrée le monde d'avant-guerre de ses grands-parents. Le décor est Back Creek, où la famille de sa mère, les Boaks (Blakes dans le roman) est installée depuis longtemps[3].
Willa Cather est baptisée « Wilella » à sa naissance. Elle décide d'utiliser « Sibert » comme deuxième prénom quand elle commence à rédiger des chroniques pour le Pittsburgh Leader. Ce nom vient de sa grand-mère maternelle, Rachel Elizabeth Seibert Boak, qui déménage avec la famille de l'écrivaine auNebraska et vit avec cette dernière àRed Cloud. Le nom de « Willa Cather » n'apparait qu'en 1920, lors de la publication deYouth and the Bright Medusa[1].
Selon Ashley Olson, la directrice du National Willa Cather Center deRed Cloud, la date de naissance de Willa Cather n'est pas indiquée correctement sur sa pierre tombale car l'écrivaine aurait réduit de deux ans son âge lorsqu'elle travaillait pourMcClure's Magazine, puis d'une année supplémentaire encore après 1920. Toujours selon la directrice, leWho's Who indique que sa date de naissance est 1876[1].
Willa Cather est connue pour ses amours féminines bien qu'à l'époque elle n'ait jamais clairement revendiqué sonlesbianisme[15],[16],[17].
L'une des deux plus importantes femmes de sa vie est Isabelle McClung chez qui elle emménage au début des années 1900[7],[5]. Cette dernière finit par se marier, un événement dramatique pour Willa Cather[6].
La seconde est l'écrivaine et éditrice Edith Lewis, rencontrée auNebraska en 1903, avec qui elle emménage à son arrivée àNew York et vivra jusqu'à son décès[5]. Pendant plus de vingt ans, Willa Cather et Edith Lewis vivent àGreenwich Village. Puis, en 1932, elles emménagent àPark Avenue[5].
En son temps, Willa Cather est une écrivaine célèbre, encensée autant par le public que par les critiques, notamment durant l'entre-deux-guerres.William Faulkner,Sinclair Lewis etHenry Louis Mencken ont exprimé l'extrême admiration qu'ils avaient pour son œuvre ; le premier la citant parmi les quatre grands auteurs américains du siècle, le second disant qu'elle méritait autant que lui leprix Nobel de littérature[19],[10],[20].
En 2023, sa statue rejoint la salle des statues duCapitole des États-Unis. En bronze, la statue a été réalisée par Littleton Alston, professeur à l'Université Creighton, sélectionné en 2019 parmi plus de 70 candidats à travers le pays[22]. La romancière est représentée une canne dans une main, un carnet dans l'autre[6].
Outre la statue dévoilée auCapitole des États-Unis, des évènements, tels que des célébrations et des lectures théâtralisées de l'œuvre de Willa Cather, sont organisées en 2023 dans tous lesÉtats-Unis afin de marquer le centième anniversaire de sonprix Pulitzer et le sesquicentenaire de sa naissance[6].
Dans le centre-ville deRed Cloud se trouve la Fondation Willa Cather et son Centre national Willa Cather. Les bâtiments aux devantures en briques rouges restaurées sont composés d'un musée public, d'archives, d'un centre de recherche, de salles de classe, d'une librairie, d'une galerie d'art et d'un centre des arts du spectacle. En ville et à l'extérieur, l'organisme possède, gère et propose des visites de près de 50 propriétés. Le tourisme lié à l'écrivaine représente environ 1,3 million de dollars dépensés chaque année dans le comté de Webster[5].
Le National Willa Cather Center œuvre notamment pour la sauvegarde du patrimoine lié à Willa Cather[1]. Il a ainsi restauré en 2003 un opéra àRed Cloud qui était l'un des favoris de Willa Cather[1],[5]. Il rénove également la maison auNebraska où cette dernière a vécu à partir de ses neufs ans et qui devrait être terminée en 2023, pour un coût supérieur à un million de dollars. Au total, la fondation Cather a restauré douze structures liées à l'auteure, dans et à proximité de Red Cloud, notamment des lieux mentionnés dans ses romans[1].
En 1903, les parents de l'écrivaine achètent àRed Cloud une autre maison située entre la sixième avenue et la rue Seward dans laquelle elle séjourne souvent. Après le décès de ses parents, la maison sert pendant plusieurs années d'hôpital de la ville. Elle peut désormais être réservée comme maison d'hôtes par les touristes intéressés par la vie de l'auteure[5].
En revanche, le lieu de naissance de Willa Cather, situé aujourd'hui le long d'une autoroute près de Gore, enVirginie, est en mauvais état. L'écrivaine le visite dans les années 1930 alors qu'elle effectue des recherches pour son romanSaphira, sa fille et l'esclave, dont l'histoire se passe en Virginie. Vacante depuis 1970, la maison est jugée par un agent immobilier comme étant dangereuse. Pourtant, elle est inscrite au registre des lieux historiques depuis 1978 ; un panneau indiquant l'importance historique du monument est d'ailleurs visible depuis l'autoroute. Avec le décès du propriétaire, la maison est désormais en vente. Le National Willa Cather Center n'étant pas en mesure de financer l'achat de la maison, qui nécessite deux millions de dollars de travaux, un compteGoFundMe est créé en Virginie en avril 2023 pour collecter des dons[1]. Selon la directrice du National Willa Cather Center, en mai 2023, un agent immobilier aurait acheté la maison pour l'épargner de la démolition et aurait l'intention d'en faire don à une organisation à but non lucratif en 2024[23].
La ferme à proximité deRed Cloud dans laquelle habitait l'auteure avant de rejoindre le centre-ville a quant à elle disparu depuis longtemps[5].
Publié en français sous le titrePionniers, traduit par Marc Chénetier, Paris, Ramsay, 1987 ; réédition, Paris, Gallimard, « Folio »no 2050, 1989, 310 p.
The Song of the Lark (1915)
Publié en français sous le titreLe Chant de l'alouette, traduit par Marc Chénetier, Paris, Rivages, « Littérature étrangère », 2007 ; réédition, Payot & Rivages, « Rivages poche »no 611, 2008, 570 p.
Publié en français sous le titreMon Ántonia, traduit par Robert Ruard, Paris, Éditions Deuxtemps tierce, 1993 ; réédition, Payot & Rivages, Rivages pocheno 159, 1995, 332 p.
Publié en français sous le titreL'Un des nôtres, traduit par Marc Chénetier, Paris, Rivages, « Littérature étrangère », 1993 ; réédition, Payot & Rivages, « Rivages poche »no 285, 1999, 504 p.
A Lost Lady (1923)
Publié en français sous le titreUne dame perdue, traduit par Hélène Malvan, Paris, La Nouvelle Édition, 1944
Publié en français sous le titreUne dame perdue, traduit par Marc Chénetier, Paris, Ramsay, 1988 ; réédition, Payot & Rivages, Rivages pocheno 101, 1995, 205 p.
The Professor's House (1925)
Publié en français sous le titreLa Maison du professeur, traduit par Marc Chénetier, Paris, Rivages, « Littérature étrangère », 1994 ; réédition, Payot & Rivages, « Rivages poche »no 217, 1997, 290 p.
My Mortal Enemy (1926)
Publié en français sous le titreMon ennemi mortel, traduit par Marc Chénetier, Paris, Ramsay, 1986 ; réédition, Payot & Rivages, Rivages pocheno 74, 1992, 100 p.
Death Comes for the Archbishop (1927)
Publié en français sous le titreLa Mort et l'Archevêque, traduit par Christine Carel, Paris, Stock, 1940, 287 p.
Publié en français sous le titreLes Ombres sur le rocher, traduit par Maurice Rémon, Paris, Hachette, 1933, 261 p.
Publié en français sous le titreDes ombres sur le rocher, traduit par Marc Chénetier, Paris, Éditions Alpha bleue, 1988 ; réédition, Payot & Rivages, « Rivages poche »no 337, 2001, 269 p.
Lucy Gayheart (1935)
Publié en français sous le titreLucy Gayheart, traduit par Marc Chénetier, Paris, Payot & Rivages, 2009 ; réédition, Payot & Rivages, « Rivages poche »no 698, 2011, 298 p.
Sapphira and the Slave Girl (1940)
Publié en français sous le titreSaphira, sa fille et l'esclave, traduit par Marc Chénetier, Paris, Payot & Rivages, 2015 ; réédition, Payot & Rivages, "Rivages poche"no 879, 2017, 313 p.
Publié en français sous le titreDestins obscurs, traduit par Michèle Causse, Paris, Éditions Deuxtemps tierce, 1992 ; réédition, Payot & Rivages, Rivages pocheno 117, 1995, 159 p.
Not Under Forty (1936, essais) Le récit autobiographiqueLa Nièce de Flaubert (1930), paru dansNot Under Forty, a été traduit parAnne-Sylvie Homassel, et publié séparément à Paris, Éditions du Sonneur[24], 2012, 66 p.(ISBN978-2-916136-48-6)
Hermione Lee,Willa Cather : A Life Saved Up, Virago, 1989, 409 p. Publié aux États-Unis sous le titreWilla Cather : Double Lives, Pantheon, 1990. Réédité : Vintage, 1991, Virago, 1996, Vintage, 2017.
Marie-Claude Perrin-Chenour,Willa Cather : l'écriture de la frontière, la frontière de l'écriture, Paris, Belin, 1998, collection "Voix américaines", 125 p.
Juliette Bordes,"Death comes for the archbishop" de Willa Cather, Paris, Ellipses, 1999, collection "Première leçon sur", 94 p.
"Death comes for the Archbishop" de Willa Cather, ouvrage collectif coordonné par Marie-Claude Perrin-Chenour, Paris, Éd. du temps, 1999, collection "Lectures d'une oeuvre", 190 p.
Marie-Claude Perrin-Chenour,Willa Cather,"Death comes for the archbishop", Paris, Didier érudition : CNED, 1999, collection "CNED-Didier concours : CAPES-agrégation d'anglais", 119 p.
Françoise Palleau,Willa Cather, "My Ántonia", Neuilly : Atlande, 2016, collection "Clefs concours. Anglais-littérature", 158 p.
"My Ántonia", Willa Cather, ouvrage collectif sous la direction de Gérald Préher, Paris, Ellipses, 2016, collection "Agrégation. Anglais", 218 p.