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Lewestern est ungenre cinématographique dont l'action se déroule généralement enAmérique du Nord, plus spécialement auxÉtats-Unis, lors de laconquête de l'Ouest dans les dernières décennies duXIXe siècle. Ce sous-genre dufilm historique apparaît dès l'invention ducinématographe en 1895 prenant pour sujet l'Ouest américain. Il connaît son apogée aux États-Unis au milieu duXXe siècle avec l'âge d'or des studioshollywoodiens, avant d'être réinventé par les cinéastes européens dans lesannées 1960.
Le terme « western » a été appliqué postérieurement à d'autresarts visuels ou littéraires (peinture, télévision,bande dessinée,roman) et désigne aujourd'hui toute production artistique influencée par l'atmosphère et les codes de la représentation cinématographique de l'Ouest américain.
Il est courant de circonscrire le western à son décor (le territoire des États-Unis) et à la période qu'il représente, qui s'étend de la fin de laguerre de Sécession à la disparition de la Frontière sauvage (soit 1865-1890)[réf. nécessaire]. Le genre, toutefois, ne saurait être totalement défini par ces deux caractères. L'action desDésaxés (The Misfits), qui peut être rattaché au western, se déroule auXXe siècle. On a également coutume de rattacher au genre des œuvres se déroulant durant laguerre de Sept Ans, commeLe Dernier des Mohicans, ainsi que des films retraçant laguerre d'Indépendance contre les Anglais[1]. Mais paradoxalement ce sujet n'a été que très rarement exploité par le cinéma américain[2]. Comme l'écritRoger Tailleur :
« Sans doute veut-on le limiter parfois entre leMississippi et lePacifique et pendant quelques-unes des dernières décennies duXIXe siècle. En fait, de l'Alaska auMexique (duGrand Sam àVera Cruz), duXVIe siècle àJohn Kennedy et à sa « New Frontier » (deSeven Cities of Gold, qui retrace l'expédition deCoronado découvrant lescités de Cibola, Acama, Tiguex, Quivira, aux « westerns » contemporains du typeLe Plus Sauvage d'entre tous (Hud) ouLonely are the brave), c'est toute l'ère post-colombienne de l'hémisphère Nord qui est mise à contribution[3]. »
Le western, littéralement « de l'ouest », trouve ses origines au plus profond de l'histoire des États-Unis. Il retrace un épisode symbolique de la naissance de la nation Américaine. La rudeconquête de l'Ouest, la sanglanteguerre de Sécession et lesguerres indiennes qui se sont déroulées auXIXe siècle témoignent de la douleur qui fut nécessaire à la construction du pays[4].
Avant d'être un genre cinématographique, leFar West était un sujet de littérature. Des romans deJames Fenimore Cooper (Histoires de Bas-de-Cuir, dont le célèbreLe Dernier des Mohicans, deuxième volume de la série, parut en1836) au développement desdime novels dans la seconde moitié duXIXe siècle, les aventures dans l'Ouest sauvage sont apparues comme une source de divertissement pour le public de l'Est[5]. Les auteurs étaient américains mais aussi européens avecKarl May enAllemagne ouGustave Aimard enFrance[6]. À partir desannées 1880, le Far West fut le thème de nombreux spectacles dont le célèbreWild West Show deBuffalo Bill[7]. La reproduction de l'Ouest est alors certes romancée, mais elle est aussi empreinte de réalité puisque nombre de ses personnages y vécurent une partie de leur vie : Buffalo Bill avait chassé lebison[8], Gustave Aimard avait été trappeur[9], etc.
En1900, le thème est populaire depuis longtemps et il devient donc naturellement une source d'inspiration pour les pionniers de l'industrie cinématographique[8]. Le statut de premier western est accordé àLe Vol du grand rapide (The Great Train Robbery en version originale)tourné en1903[10]. Ce film de douze minutes montre l'attaque d'un train par des bandits à cheval. Ce genre de production s'inspire directement de faits récents comme les exploits duWild Bunch dans lesannées 1890[11].
Très vite, le western prendra ses libertés vis-à-vis de la réalité[8]. Le cinéma a largement mythifié des éléments centraux comme lecow-boy. Au départ simple vacher, ce personnage fut transformé en héros vertueux aux qualités irréprochables[11]. Le western a aussi construit une légende autour de figures emblématiques telles queBilly the Kid etJesse James[12]. Il s'est inspiré de faits comme lafusillade d'O.K. Corral, qui fut mise en scène dans de nombreux films[13]. À la fin deL'Homme qui tua Liberty Valance, une phrase résume l'essence du western : « This is the West, sir. When the legend becomes fact, print the legend. », traduite en français en « Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende ! ».
À l'aube duXXe siècle, laconquête de l'Ouest est à peine terminée et les acteurs et les décors à disposition sont authentiques[14]. Toutefois, la plupart des premiers films américains sont tournés sur lacôte Est, avant que les studios ne déménagent àHollywood vers1910[15]. Les premiers enregistrements sur le Far West montrent des scènes contemporaines du tournage et n'ont aucune volonté historique[14].
EnFrance,Joë Hamman,Folco de Baroncelli etJean Durand réalisent de 1909 à 1914, une vingtaine de films ditWestern camarguais, dans les décors naturel de laCamargue, donnant l'illusion des paysages de l'Ouest américain[16].
À cette époque le western n'est pas un genre à proprement parler. Le terme est plutôt utilisé en tant qu'adjectif pour qualifier les comédies ou les mélodrames se déroulant dans l'Ouest, comme ceux deD. W. Griffith par exemple. On parle de« western comedies »,« western romances », etc. Le terme s'impose en tant que genre à part entière seulement à partir desannées 1920[17].
La première star du western estGilbert M. Anderson (Broncho Billy Anderson), qui fut très actif dès1908[18]. C'est lui qui développa à l'écran le personnage du cow-boy et surtout celui du hors-la-loi réformé[19]. Les deux grandes vedettes du western muet arrivèrent dans lesannées 1910, il s'agit deWilliam S. Hart etTom Mix. Les deux comédiens étaient diamétralement opposés. Hart était un acteur venu du théâtre et ses westerns sont empreints de sérieux et de réalisme[20]. Mix, quant à lui, était un champion derodéo. C'était un cavalier hors pair et ses films jouent sur le côté spectaculaire sans s'attarder sur les sentiments[20],[21]. Là où Hart préférait porter des vêtements traditionnels, Mix arborait des costumes excentriques aux couleurs flamboyantes[19].
Hart et Mix obtinrent tous les deux un succès immense, mais c'est le style de Mix qui trouva le plus de successeurs[20],[21]. Dans lesannées 1920, les scènes de cirque et de rodéo prennent une place importante dans le western[22]. Les artisans du genre sont parfois de véritables acrobates commeKen Maynard ouYakima Canutt[23]. La comédie burlesque a aussi une grande influence sur le western qui intègre régulièrement des rôles à caractère humoristique[21]. Les stars foisonnent durant cette décennie :Harry Carey,Jack Hoxie,Hoot Gibson,Buck Jones,Jack Holt,Tim McCoy,Fred Thomson,Gary Cooper,Art Acord et bien d'autres accèdent chacun leur tour à la popularité[24].
L'action des westerns muets étant le plus souvent contemporaine du tournage, on voit y apparaître au cours du temps des signes de modernité comme le téléphone et la voiture[25]. Mais en contraste, le genre acquiert aussi sa dimension historique avec l'apparition des westerns épiques[26].La Caravane vers l'Ouest (1923) raconte l'histoire d'un convoi de pionniers en1848,Le Cheval de fer (1924) retrace la construction dupremier chemin de fer transcontinental dans lesannées 1860 etTrois Sublimes Canailles (1926) traite de laruée vers l'or en1876. Ces films se concentrent davantage sur l'histoire de l'Ouest et placent les côtés mélodramatiques et sentimentaux au second plan[27]. Ils imposent certains codes du genre comme la traversée de la rivière par les convois et troupeaux[22].
Les pionniers du western durant l'époque ducinéma muet hors Amérique sontJoë Hamman qui invente le premier western français etGiacomo Puccini qui crée avec son opéraLa fanciulla del West le premierwestern spaghetti[28].
Joë Hamman tourneCow-boy en 1906 — le premier western selon lui — etLe Desperado en 1907, pour la firme Lux. Après sa rencontre avecFolco de Baroncelli-Javon, il tourne ses films enCamargue, faisant appel au réalisateur chevronnéJean Durand.
Le premier western parlant,In Old Arizona, tourné dans leparc national de Zion en1928, montre qu'il est possible de surmonter les difficultés liées à la prise de son en extérieur[29]. En1930 sortLa Piste des géants, présenté à l'époque comme« le film le plus important jamais produit »[30]. Tourné au format large avec leprocédé Grandeur, il devait être une révolution technologique. Mais le film s'avère être un désastre commercial car leformat 70 mm utilisé nécessite de rééquiper toutes les salles de cinéma, or la conjoncture économique liée à laGrande Dépression n'y est pas favorable[31]. Cet échec marque en quelque sorte l'extinction des grands westerns pour près d'une dizaine d'années[32],[33].
En1930, avec l'apparition dudouble programme, le western se tourne clairement vers lasérie B[N 2] dont il devient le plus grand représentant[34],[33]. Ce western B s'inscrit droit dans la lignée des productions à bas budget instaurées par Tom Mix quelques années auparavant[35]. Dès1932, la plupart des stars du western muet s'y sont reconverties avec succès[36] :Hoot Gibson,Ken Maynard,Buck Jones,Tim McCoy…
Le western B connait durant les années 1930 et 1940 une popularité qu'il est difficile de s'imaginer[37], d'autant plus qu'il fut peu distribué en dehors des États-Unis[38]. Le succès du western dans la série B peut s'expliquer par ses couts extrêmement faibles : certains films sont tournés en quelques jours avec un budget aussi bas que 10 000 $[33],[36],[N 3]. Ils durent généralement entre cinquante et soixante minutes. Rien que sur lesannées 1930, environ un millier de ces productions voient le jour[39],[40].
Les stars tournent typiquement les films en série pour un même producteur[39]. C'est pourquoi les décors utilisés sont souvent identiques et les scénarios se ressemblent fort d'un film à l'autre[37]. Les films sont stéréotypés et ne cherchent en aucun cas l'originalité. Les cowboys sont des héros parfaits dotés d'une morale inébranlable[41]. Les méchants sont facilement identifiables à l'aide de signes distinctifs comme la moustache et le chapeau noir. La limite entre les deux camps est donc clairement tracée et souvent infranchissable. Cette formule est majoritairement destinée à un public fidèle dont les enfants font notamment partie[35].
En1935, la mode du cowboy chantant est lancée parGene Autry, qui passe de la radio au grand écran[42]. Il est suivi parTex Ritter et surtoutRoy Rogers. Autry et Rogers atteignent une célébrité extraordinaire. En tête de tous les classements[43], ils font partie des acteurs les mieux payés d'Hollywood dans les années 1940[37]. Dans les années 1950, avec le déclin du western B, tous les deux se tourneront vers la télévision et animeront chacun leur émission. Plusieurs autres stars du western B se convertissent au petit écran, commeWilliam Boyd, dont les aventures deHopalong Cassidy sont adaptées ensérie télévisée en1952.
LaGrande Dépression de 1929 a paradoxalement propulsé les grands studios dans l'âge d'or d'Hollywood[44]. La période classique du western est souvent identifiée comme s'étalant des années 1930 aux années 1950. C'estLa Chevauchée fantastique (1939) deJohn Ford qui fera définitivement sortir le genre de la série B. Le film inaugure l'ère de prospérité du western, qui atteindra son apogée durant lesannées 1950.
Durant ces années, le western est un genre dominant du cinéma américain. Plusieurs acteurs ont connu la gloire ou tout simplement lancé leur carrière grâce à lui :Randolph Scott ouJohn Wayne. Certains, commeKarl Malden ouLee Marvin y incarnèrent avec succès de sordides crapules. D'autres s'illustrèrent dans des seconds rôles dont l'importance n'est pas moindre, tels queWalter Brennan ouAndy Devine.
L'élément caractéristique du western classique est lemanichéisme exacerbé avec lequel est dépeint l'Ouest, et par là le schéma plus général « des bons et des méchants » qu'il véhicule. Les personnages sont stéréotypés, du héros sans travers au bandit sans foi ni loi[réf. nécessaire]. Les Indiens sont considérés comme des « sauvages » ennemis de la civilisation et font pendant longtemps partie du camp des mauvais (La Chevauchée fantastique, 1939). L'armée américaine est quant à elle valeureuse et bienfaisante (La Charge héroïque, 1949,Rio Grande, 1950). Les femmes sont toujours des êtres distingués et protégés (La Poursuite infernale, 1946 )[réf. nécessaire]. Ce manichéisme apparent est souvent l'articulation de l'action : le bonshérif contre les bandits (Le train sifflera trois fois, 1952,Un jeu risqué, 1955,Règlements de comptes à OK Corral, 1957,Rio Bravo, 1959), les cultivateurs contre les éleveurs (L'Homme des vallées perdues, 1953), les gens de la ville contre ceux du cru, l'homme de loi contre le shérif véreux, etc. Il met en scène des types d'histoires et de valeurs universelles, ce qui a contribué à populariser le genre dans le monde entier.
Dans les années 1960, en dépit de quelques derniers succès commeLes Sept Mercenaires, le genre perd de la vitesse aux États-Unis. Les grandes productions, en dépit de budgets de plus en plus importants, ne parviennent pas à enrayer le déclin. Le renouveau du western vient alors paradoxalement d'Europe, et en particulier desréalisateurs italiens qui lui insufflent une seconde jeunesse, avec ce qui sera nommé lewestern spaghetti.
Faisant la synthèse d'influences multiples,Sergio Leone établit les codes et usages de cette sous-catégorie de western en réalisant quelques-uns des meilleurs films de ce nouveau genre (laTrilogie du dollar etIl était une fois dans l'Ouest). Le schéma manichéen récurrent est délaissé pour mettre en scène des personnages bien plus complexes et divers[réf. nécessaire]. Les héros deviennent par exemple deschasseurs de primes sans éthique et n'hésitent pas à enfreindre la loi (Et pour quelques dollars de plus). La violence se fait plus explicite et graphique via des scènes récurrentes de torture (Django, 1966,Le Bon, la Brute et le Truand, 1966), de viol (La mort était au rendez-vous, 1967) ou de massacre (Le Grand Silence, 1968), préfigurant le western crépusculaire.
Le western spaghetti est aussi caractérisé par desprises de vues particulières, telles que lesgros plans, accompagnant l'aspect hautement caricatural des scènes. La musique est également très typique. Elle a une grande importance, elle fait partie intégrante du film et retentit aux moments clés. L'ItalienEnnio Morricone en a composé les plus grandes réussites.
Malgré sa courte durée de vie, le western spaghetti a une influence monumentale sur la culture contemporaine. Le genre italien divise les spectateurs de manière parfois marquée entre ses partisans et les partisans du western américain, pour qui il n'est qu'une médiocre parodie.
Les théoriciens du cinéma ne s'entendent pas quant à la « naissance » du western crépusculaire, sous-catégorie psychologisante et mélancolique qui porte en son sein une conscience (très critique) de l’histoire du western. Pour certains, l'un des premiers films à dénoncer leracisme des pionniers blancs et à déconstruire les stéréotypes est, dès 1957,Du sang dans le désert d'Anthony Mann[45],[46]. D'autres experts (dont Jean-Louis Leutrat) affirment que par son westernL'Homme qui tua Liberty Valance (1962), c'est John Ford qui instaure lentement un processus autoréflexif caractéristique de ce genre cinématographique[47]. D'autres comme Georges-Albert Astre et Albert-Pierre Hoareau puis Christian Gonzalez en attribuent la paternité à Sam Peckinpah et à sonCoups de feu dans la Sierra (1961). L'essor du western crépusculaire dans lesannées 1960 est, en tout cas, lié à l'abrogation définitive des lois moralistesHays, rendant ainsi légal dans le cinéma américain la représentation d'une violence très explicite et de la figure du criminel sympathique.
Aux États-Unis, depuis lesannées 1970, des réalisateurs commeClint Eastwood ouSam Peckinpah ont réalisé des westerns dits « crépusculaires »[réf. nécessaire]. Tout comme dans le western italien, l'héroïsme manichéen des cow-boys classiques a cédé la place à des personnages ambivalents, qui s'affranchissent sans difficulté de la frontière ténue entre le bien et le mal (L'Homme des Hautes Plaines, 1973). Tous les protagonistes sont aussi mauvais les uns que les autres. Le cow-boy desannées 1940 est devenu unantihéros qui erre au gré des évènements dans un monde où il ne trouve plus sa place, où la brutalité est sa seule issue. Les personnages féminins sont essentiellement des prostituées, elles fument et boivent, comme dansPendez-les haut et court (1968). Les valeurs morales de la période classique sont littéralement bafouées. Y apparaissent des éléments incongrus tels que le dromadaire decoups de feu dans la Sierra, (on a tenté d'acclimater ces animaux en Arizona en 1857) l'automobile de laHorde Sauvage, le side-car deUn nommé Cable Hogue, la bicyclette deButch Cassidy et le Kid[48].
Le crépusculaire met en scène une violence encore plus exaltée que le « spaghetti ». Le meilleur exemple en estLa Horde sauvage (1969) deSam Peckinpah, où le sang est omniprésent, les blessures mises en valeur, et où la fusillade finale est un gigantesque massacre. De même, on assiste à des scènes cruelles comme le viol dansJosey Wales hors-la-loi (1976). Le summum de la violence et de la cruauté est atteint dansLes Huit Salopards deTarantino en 2015.
Les dernières grandes réussites du genre, telles qu'Impitoyable (1992) deClint Eastwood ouL'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (2007) d'Andrew Dominik, dressent paradoxalement un constat d'échec et d'impasse du western. Comme une dérive du genre vers la sortie, plusieurs crépusculaires commeLa Colère de Dieu (1972) se situent lors de larévolution mexicaine, épisode marquant en quelque sorte la fin de la conquête de l'Ouest. Ils prennent alors parfois plus l'allure d'unfilm de guerre que d'un western.
Depuis l'invention du cinéma, près de sept mille westerns ont été tournés[49].
La mise en avant de grandes étendues naturelles est une caractéristique essentielle du western. Elle est consécutive à l'unité de lieu inaltérable qu'est l'Ouest sauvage. Le western est donc clairement un genre d'extérieur. Malgré l'existence d'exceptions commeRio Bravo (1959), lesstudios d'Hollywood sont généralement insuffisants pour représenter les vastes étendues du Far-West. Pour obtenir un minimum de réalisme, il est nécessaire pour les cinéastes de trouver des horizons naturels.
Le lieu le plus symbolique du western estMonument Valley. Sa notoriété est due à la réputation deJohn Ford, qui y tourna une dizaine d'opus majeurs commeLa Prisonnière du désert (1956). De même, de par la popularité deSergio Leone, la présence deMonument Valley dansIl était une fois dans l'Ouest (1968) semble consacrer le lieu au rang d'emblème ultime du western, faisant le pont improbable entre classique et spaghetti.
Quantitativement, le lieu le plus important du western est sans contesteAlabama Hills, où des centaines de productions[50] se sont succédé. À l'inverse de Monument Valley, Alabama Hills a surtout été le décor de séries B du styleSept hommes à abattre (1956). Tous les grands noms s'y sont illustrés, certains tellement souvent qu'ils sont aujourd'hui indissociables de l'endroit :Gene Autry,Roy Rogers,Hopalong Cassidy ouTom Mix.
Ces deux sites majeurs ont en commun un aspect de sécheresse. Ils sont rejoints sur ce plan par les plaines désertiques d'Arizona ou duNouveau-Mexique, dont le paroxysme est lavallée de la Mort. Ces décors arides symbolisent l'âpreté de la conquête de l'Ouest. L'infertilité des terres est l'un des éléments fondateurs du mythe : la difficile osmose entre l'homme et la nature.
À l'inverse, certains westerns mettent en scène des espaces de végétation luxuriante. Ils sont tournés dans desÉtats plus au Nord, dans leColorado (Le Survivant des monts lointains, 1957), l'Idaho (Le Grand Passage, 1940), l'Oregon (Seraphim Falls, 2006), leDakota du Sud (La Dernière Chasse, 1956) et jusqu'auCanada (Open Range, 2003). Entre autres,Anthony Mann est réputé pour sa faculté à exploiter les paysages naturels. Il s'est illustré aussi bien dans la poussière duNouveau-Mexique (L'Homme de la plaine, 1955) et de l'Arizona (Winchester '73, 1950) que dans les forêts duColorado (L'Appât, 1953) et les montagnescanadiennes (Je suis un aventurier, 1954).
De nombreux westerns ont été filmés dans la région duparc national de Saguaro et aux alentours de la ville deTucson. Parmi eux,Les Cloches de Sainte-Marie (1945),Winchester '73 (1950),Règlements de comptes à OK Corral (1957), la sérieBonanza (1959),Rio Bravo (1959),La Conquête de l'Ouest (1962),El Dorado (1967),Rio Lobo (1970),Tombstone (1993),Wild Wild West (1998). Lesaguaro, appelé aussi grand cactus candélabre, est une espèceendémique dudésert de Sonora mais elle est devenue, à tort, le symbole des paysages du Grand Ouest américain et des westerns[51].
En ce qui concerne le western spaghetti, il est principalement filmé enEspagne dans laprovince d'Almería. Ledésert de Tabernas compte parmi les lieux les plus secs d'Europe, ce qui en fait le substitut idéal des déserts arizoniens. Il est le théâtre des cinq westernsleoniens et aussi, par exemple, duDernier Face à face (1967) et dela trilogieSabata (1969-1971). Le western spaghetti de montagne existe aussi :Le Grand Silence fut tourné dans la neige desPyrénées et desDolomites.
Pour se rendre sur les lieux sauvages duNevada ou d'Arizona, les équipes de tournage basées àHollywood devaient voyager plusieurs centaines de kilomètres. Ces déplacements étaient coûteux pour les producteurs et peu pratiques pour les travailleurs. Par conséquent, au début duXXe siècle, les majors préféraient louer ou acheter des terrains aux alentours deLos Angeles, dans lesmonts Santa Monica, àCanyon Country ou dans lavallée de San Fernando.
Ainsi, desranchs se sont réorientés vers la réalisation cinématographique. Certains étaient des propriétés familiales, comme leranch Iverson. Mais plusieurs grands studios possédaient leur propre ranch : laParamount[52],RKO[53], etc. Durant la seconde moitié duXXe siècle, ils disparurent petit à petit en raison de l'étalement urbain.
Le système du western repose essentiellement sur la notion américaine defrontier, que le mot françaisfrontière traduit imparfaitement. La ligne-frontière correspond àboundary, alors que lafrontier est la limite de l'écoumène, marquée par l'esprit pionnier et une loi très relative. LeFar West (Ouest lointain) est considéré comme une terre aride, hostile, où la loi n'a pas encore réussi à s'imposer. Les immenses plaines occidentales ne sont pas sous la maîtrise desÉtats-Unis.
Le concept de lieu où la loi est absente est essentiel au western. C'est directement de cette idée que découlent les constituants de l'Ouest. Leshérif ou le marshall est l'autorité policière élue par la population d'une ville. Il engage pour l'assister des assistants, seconds rôles récurrents dans les films. Dans le western spaghetti apparaît lechasseur de primes qui, contre rançon, ramène au shérif les fugitifs, morts ou vifs. Cette autorité est auto et donc mal organisée, d'où la naissance de la loi du meilleur tireur. Le manque de hiérarchie conduit à la corruption qui n'est remise en question que par la présence desmarshals fédéraux, seuls représentants du gouvernement, souvent présentés comme rares et attendus pendant des jours.
Dans certains cas, l'absence de loi sert uniquement de décor, mais elle est très souvent centrale au film.L'Homme qui tua Liberty Valance (1962) raconte l'histoire d'un avocat venu de l'Est et découvrant un monde où ses convictions sont rejetées. Il représente l'Américain qui veut faire reculer lafrontier avec l'ambition de civiliser l'Ouest. Plusieurs westerns s'attachent particulièrement à la genèse du Far West, à commencer parLa Conquête de l'Ouest (1962) ou encoreLe Cheval de fer (1924).
Il est intéressant de remarquer que ce concept de justice inexistante peut très bien se transposer à un autre pays. Par exemple, il existe aussi sur le territoire australien, où la situation était auXIXe siècle similaire à celles du Far West. Ainsi, ce pays convient tout aussi bien à l'action d'un western, comme le montrentMr Quigley l'Australien (1990),Ned Kelly (2003) ouAustralia (2008).
Au tout début du western muet (1900-1910), lesIndiens sont les personnages centraux des scénarios et représentés comme des personnages stoïques et réfléchis. Les histoires se déroulent parfois au sein d'une tribu. Les relations avec les colons sont montrées sous un ton pacifique. En témoignent les sorties de 1911Grey Cloud's Devotion,Silver Wing's Dream,Little Dove's Romance etA Squaw's Love[54].
Durant l'ère du western classique, l'Indien devient essentiellement lePeau-rouge cruel que le cow-boy doit massacrer pour assurer le bien-être de la société. Il est le plus souvent représenté comme unsauvage sanguinaire friand descalps[55], représentation qui témoigne une culpabilité latente des Américains projetant sur cet autre leur propre « pulsion dominatrice et destructrice »[56]. Dans cette perspective, les Indiens attaquent toujours les caravanes, les diligences ou parfois les convois militaires, mais sont toujours battus. Contrairement auxidées reçues colportées par ces films, ces raids sont rares, les tribus en guerre s'en prenant plutôt entre elles pour récupérer des terrains de chasse ou même de la viande[57], ou à l'armée[58]. Autre idée reçue, le port régulier de larges coiffes à plumes[59] alors qu'ils réservent ces parures à leurs grandes fêtes et à leurs cérémonies telles que lepow-wow[58]. Mais ces coiffes et la façon de faire corps avec leur monture renforcent l'animalité de l'Indien[56]. De telles images symbolisent la bonne conscience d'une Amérique civilisée, triomphante et sûre de son bon droit :La Piste des géants (1930) etLa Charge fantastique (1941) deRaoul Walsh,Une aventure de Buffalo Bill (1936) etPacific Express (1939) deCecil B. DeMille,La Chevauchée fantastique (1939) etSur la piste des Mohawks de John Ford,Géronimo le peau-rouge dePaul Sloan (1939),Arizona deWesley Ruggles (1940),Le Grand Passage deKing Vidor (1940),Les Pionniers de la Western Union deFritz Lang (1942),La Rivière rouge (1948) deHoward Hawks en sont de parfaits exemples.
Certains[Qui ?] généralisent et considèrent à partir de cette vision simpliste etcolonialiste que le western a toujours justifié le génocide du peuple indien. Il s'agit, pour partie, d'uneidée reçue car, dès 1925 avecLa Race qui meurt (The Vanishing American), deGeorge B. Seitz, les Indiens sont montrés comme des victimes de la Conquête de l'Ouest. Il en est surtout ainsi en 1944 deBuffalo Bill réalisé par William Wellmann, biographie romancée vigoureusement antimilitariste du célèbre pionnier. Il y apparaît comme un pionnier écartelé entre les deux civilisations. À ce titre il clame devant les Blancs son amour pour les Indiens « qui se battent les mains nues avec la nature ». Ils sont à ses yeux bien supérieurs à ces « prétendus civilisés repus » que « n'importe quel gosse indien de dix ans battrait »[60]. Pour la première fois aussi, quinze ans après la naissance du cinéma parlant, les Indiens en révolte contre les conquérants, destructeurs de leurs bisons, y prennent la parole : « C'est dur pour un guerrier d'entendre femme et enfants pleurer. Il est honteux de mourir de faim ; on peut mourir d'une plus belle mort »[60]. »
Suivront, dans les années 1950, plusieurs westerns qui s'attachent à réhabiliter les Indiens ou montrer les difficultés d'« amours mixtes » :La Flèche brisée (1950),L'Aigle solitaire (1954) etLa Dernière Caravane (1955) deDelmer Daves,La Porte du diable (1950),Du sang dans le désert (1957) etLa Ruée vers l'Ouest d'Anthony Mann,Au-delà du Missouri (1951) à nouveau deWilliam Wellman,La Captive aux yeux clairs de Howard Hawks,Au mépris des lois (1952) deGeorge Sherman,Bronco Apache deRobert Aldrich (1954),La Lance brisée (1954) d'Edward Dmytryk,La Reine de la prairie (1954) d'Allan Dwan,La Rivière de nos amours (1955) d'André de Toth,Le Dernier Train de Gun Hill (1958) deJohn Sturges,Geronimo d'Arnold Laven (1963),Les Cheyennes (1964) deJohn Ford,La Charge de la huitième brigade (1964) de Raoul Walsh,Nevada Smith (1966) deHenry Hathaway,Chuka le redoutable (1967) deGordon Douglas.
Tous ces westerns sont les précurseurs ou les concurrents de films qui s'avèrent progressivement de plus en plus engagés en faveur des Indiens, commeLa Dernière chasse (1956) deRichard Brooks,Le Jugement des flèches (1957) deSamuel Fuller,Hombre (1966) deMartin Ritt,Les Chasseurs de scalps (1967) deSydney Pollack,Custer, l'homme de l'Ouest (1968) deRobert Siodmak,Les 100 fusils deTom Gries (1968),Willie Boy (1969) d'Abraham Polonsky,Un homme nommé cheval deElliot Silverstein en 1969,Soldat bleu (1970) deRalph Nelson,Little Big Man (1970) d'Arthur Penn,Buffalo Bill et les Indiens (1976) deRobert Altman, jusqu'àDanse avec les loups1990 deKevin Costner.
Plusieurs d'entre eux portent aussi la marque d'unpanthéisme parfois naïf, mais souvent lyrique et inspiré : les films de William Wellman,Buffalo Bill etAu-delà du Missouri, qui est aussi un des éléments fondateurs du mythe, celui de la difficile osmose entre l'homme et la nature (La Captive aux yeux clairs, d'Howard Hawks, 1952).
MaisJeremiah Johnson entend rompre avec cette image du bon sauvage et de la nature symbole de la liberté.Sydney Pollack déclara à la sortie de son film que celui-ci entendait montrer que les sociétés amérindiennes n'étaient pas moins contraignantes que les sociétés civilisées. D'où les conflits perpétuels qui opposaient le héros aux indigènes[61]. Le film deJohn FordLes Cheyennes a été critiqué par son image assimilationniste : la caméra filme avec tendresse l'institutrice blanche alphabétisant des enfants indiens[62].Fureur apache deRobert Aldrich qui semblait renvoyer dos à dos les crimes des blancs et ceux des Indiens (mais montrait ces derniers à la fin sous un aspect héroïque assaillant et tuant tous leurs poursuivants, dont le héros blanc interprété par Burt Lancaster), a été critiqué à sa sortie en 1972. Même s'ils épargnaient les enfants les Apaches y apparaissaient sous un angle inutilement cruel, extrayant le cœur d'un soldat pour jouer avec, torturant un fermier avant de lui insérer à la bouche après sa mort la queue de son chien[63]. Plus encore en est-il en 1960 deLe Vent de la plaine, que le réalisateur lui-même,John Huston, a renié. Par allusion sans doute à la très classique séquence finale, qui rompt avec la problématique interraciale du début, il expliqua qu'il voulait tourner un film contre le racisme et a réalisé au contraire « un banalfilm d'action ».
On ne doit pas par ailleurs croire que les années 1950-60 ne voient pas la continuation du western raciste envers les Indiens parfois par les mêmes réalisateurs de westerns pro-indiens :Le Jardin du diable d'Henry Hathaway (1954),Winchester '73 (1951) etLes Affameurs (1952) d'Anthony Mann,Zorro le diable noir deFred C. Brannon,Le Sorcier du Rio Grande de Charles Warren (1953),Fort Bravo (1953),Coup de fouet en retour (1955) etle Trésor du pendu (1958) de John Sturges,La Brigade héroïque (1954) etLes Implacables de Raoul Walsh (1955),La poursuite dura sept jours deDavid Butler (1954),Rivière sans retour d'Otto Preminger (1955),Caravane vers le soleil deRussell Rouse (1957),Sur la piste des Comanches (1957) etRio Conchos (1964) deGordon Douglas,Cow-boy de Delmer Daves (1958),La Chevauchée de la vengeance deBudd Boetticher (1959),L'Aventurier du Rio Grande deRobert Parrish (1959),Comancheros deMichael Curtiz (1961),Tonnerre apache de Joseph Newman (1961),Le jour des Apaches deJerry Thorpe (1968) ; autant de westerns qui perpétuent la tradition colonialiste. En 1957, le président de la république de Corée,Syngman Rhee, à l'occasion d'un hommage àRed Cloud, déclarait trouver « très déplorable que Hollywood nous envoie tant de westerns. En effet dans tous ces films on ne voit qu'Indiens peaux-rouges mordre la poussière, et leurs tribus à la fin du film décimées par les Blancs, au son des trompettes de cavalerie légère !… »[64].
Mais après 1961 ce type de film s'avère plus difficile à tourner. Car au fur et à mesure on s'informe des causalités et des réalités des guerres indiennes. Alors que les droits des Indiens « furent longtemps ignorés et violés avec cynisme » dans le courant des années 1970, le tournage d'« un western délibérément raciste » est devenu « pratiquement inconcevable »[65].
Peut-être par opposition à la vision américaine classique, les quelques westerns de l'Est, allemands ou russes entre autres, ont montré dans les années 1950 et 1960 les Indiens sous un meilleur jour, dans la série desWinnetou par exemple. Mais il en existe aussi qui les présentent sous un très mauvais jour en Europe occidentale :La Charge des tuniques rouges de Raymond Torrad (1965),La Bataille de San Sebastian d'Henri Verneuil (1967),Soleil rouge de Terence Young (1970). Pour autant dans la période 1965-1973, le nombre de westerns pro-indiens américains ne cessant d'augmenter, on verra un grand acteur qui n'en avait pourtant jamais tourné, refuser un oscar (Marlon Brando pourLe Parrain) pour protester contre la manière dont le cinéma a longtemps présenté les Indiens.
En 2018, dansTaqawan,Éric Plamondon écrit« Le problème des Amérindiens du Québec, et même de tout le Nord-Est de l'Amérique, c'est qu'ils n'ont jamais eu de chevaux. […] En expulsant les Indiens sans monture de l'écran, Hollywood les a chassés de notre imaginaire. »
Le cliché de la charge de la cavalerie, qui met en déroute les Indiens et sauvein extremis le convoi des pionniers, est issu desdime novels et des tableaux deFrederic Remington[66]. Au cinéma, il apparaît dès 1913, avecThe Battle at Elderbush Gulch, deD. W. Griffith[67]. L'armée dans cette perspective apparaît comme étant l'outil privilégié de laDestinée manifeste, concept politique d'après lequel la mission de la République américaine est de conquérir et de s'implanter sur l'ensemble du territoire qui s'étend entre l'Atlantique et le Pacifique. Cette mission civilisatrice est par exemple mise en exergue dans les films de John Ford regroupés sous l'appellation de « cycle de la cavalerie » (Le Massacre de Fort Apache, 1948 ;La Charge héroïque, 1949 ;Rio Grande, 1950). Cette exaltation de la fonction pacificatrice de la cavalerie ne conduit pourtant pas nécessairement à présentera contrario les Indiens comme des sauvages sanguinaires : dansLe Massacre de Fort Apache,Cochise est présenté comme un homme digne, combattant pour des motifs légitimes[68]. Le réalisateur hésite. Dans le troisième volet,Rio Grande, les Apaches réendossent le rôle des méchants. Il récidive à nouveau en 1960 dansle Sergent Noir. John Ford y aborde — et c'est une première certes — le thème contemporain du racisme antinoir dont est victime un militaire de couleur, le sergent Rutledge, soupçonné de meurtre. Ce sergent est défendu devant le tribunal par un couple blanc ; la femme témoigne qu'il lui a sauvé la vie d'une attaque indienne et l'a toujours respectée et l'homme veille à ce que la couleur de peau ne soit pas prise en compte comme facteur à charge par le tribunal. Mais dans tout le film, les Apaches restent les méchants que Blancs et Noirs combattent sans état d'âme. Entre-temps, en 1955, dansLa Charge des tuniques bleues, Anthony Mann dénonce la mégalomanie d'un commandant désireux d'en découdre avec lesSioux — guère plus sympathiques que legénéral — et d'envoyer tous ses hommes à la mort. On y a perçu un écho de laguerre de Corée[69] : sans doute legénéral MacArthur qui en voulait de manière insensée attaquer laChine au risque de provoquer une troisième guerre mondiale.
D'une manière générale à partir des années 1950, la vision positive de la cavalerie est remise en question, avec des films commeLa Flèche brisée (Delmer Daves, 1950) ouLa Prisonnière du désert (John Ford, 1956). Dans ce dernier film sont montrés des massacres perpétrés par la cavalerie (massacres auxquels le spectateur n'est pas invité à adhérer, contrairement à celui qui était présenté dansLe Grand Passage deKing Vidor en 1940[70]). Mais c'est surtout à partir de la fin des années 1960, que la cavalerie est présentée sous un jour tout à fait défavorable, avec des films commeSoldat bleu (Ralph Nelson, 1970), qui évoque irrésistiblement l'engagement américain au Viêt Nam[71] ouLittle Big Man (Arthur Penn, 1970) : un monde de brutes sanguinaires qui massacrent, scalpent et violent femmes, enfants et vieillards indiens.
La guerre de sécession a fait également l'objet d'une nouvelle analyse ; ce des deux côtés. En 1959, dansLes Cavaliers John Ford critique la guerre et ses horreurs du côté nordiste. En 1968 William Hale la critique du côté sudiste de manière d'autant plus remarquable que, hormis John Ford, Hollywood avait toujours manifesté sa sympathie pour les grands vaincus de la guerre civile[72] et présenté négativement le Nord, ignorant toujours la question de l'esclavage. Au contraire, en 1968 dansLa Brigade des cow-boys sept jeunes sudistes sont engagés de force dans un conflit très meurtrier dont ils ne comprennent pas la finalité prétendument libératrice ; ils découvrent au contraire la laideur du système d'asservissement d'une partie du genre humain par un autre. Comme dansSoldat bleu etLittle Big Man, l'auteur fait un parallèle avec la guerre du Vietnam, pour laquelle explique-t-il à la sortie du film, personne n'est parvenu à donner aux jeunes recrues d'explication valable[73]. Enfin, en 1972, dansBuck et son complice,Sidney Poitier, qui passe pour la première fois derrière la caméra, met en scène des Noirs fuyant vers l'ouest l'esclavagisme de soldats sudistes décidés à les reprendre morts ou vifs.
La thématique du chemin de fer apparaît dès 1903 dans le western, avec le film qui est généralement considéré comme le premier du genre :Le Vol du grand rapide raconte en effet l'attaque d'un train par une bande de bandits. Depuis lors, le train n'a jamais cessé d'être présent dans les westerns[74]. Sa fonction première est d'introduire dans le film une sorte dedeus ex machina qui, à la différence de celui du théâtre classique, ne vient pas nécessairement pour apporter un dénouement heureux. Ainsi, dansLe train sifflera trois fois (Fred Zinnemann, 1952), c'est par le train que doit arriver le redouté Frank Miller. À l'inverse, dans3 h 10 pour Yuma (Delmer Daves, 1957), l'essentiel de l'action est concentrée sur l'attente du train qui devra emporter le bandit Dan Wane pour le livrer à la justice[75].
Plus fondamentalement, dans le western, le train symbolise le plus souvent l'irruption de la modernité dans le monde sauvage du Far-West.Duel au soleil (King Vidor, 1946) raconte ainsi l'affrontement entre des grands propriétaires texans conservateurs et le progrès symbolisé par l'arrivée du chemin de fer. En revanche, c'est une vision beaucoup plus sombre de son rôle civilisateur que proposent des films commeLa Porte du paradis (Michael Cimino, 1980), dans lequel le train convoie les mercenaires chargés de massacrer les immigrants, ou encoreIl était une fois dans l'Ouest (Sergio Leone, 1968), où la construction du chemin de fer s'accompagne de l'assassinat du fermier McBain, dont la ferme est située sur le tracé de la future voie ferroviaire[76].
Cette ambivalence du rôle du chemin de fer dans le western tient notamment au fait que le développement ferroviaire a joué un rôle déterminant dans l'abolition de laFrontier, qui signe la fin du vieil Ouest et de son mode de vie[77]. Ainsi, l'apparition du chemin de fer dans le western est-il souvent le signe annonciateur de la fin de l'époque qui sert de cadre à la plupart des westerns[78].Le Cheval de fer (John Ford, 1924) et dansPacific Express (Cecil B. DeMille, 1939) racontent tous deux la construction de la première ligne ferroviaire qui relie l'Est à l'Ouest des États-Unis, achevée dès 1869. De manière plus allégorique,Les Conquérants (Michael Curtiz, 1939), montre dans sa scène d'ouverture la course entre un train et une diligence opposition que l'on retrouve également dansL'Homme qui tua Liberty Valance (John Ford, 1961), où elle symbolise l'opposition entre le passé et le présent[79].
La femme fut longtemps dédaignée et cantonnée dans deux types romanesques « la prostituée au grand cœur et la jeune fille parangon des vertus domestiques »[80]. Dans les années 1950 le western se féminise et son rôle évolue en même temps que celui de l'Indien : femme pionnier, dansConvoi de femmes deWilliam Wellman, femme concessionnaire pendant la ruée vers l'or dansLa colline des potences deDelmer Daves, femme chef de bande dansQuarante tueurs deSamuel Fuller, cheffe de ranch dansL'Ange des Maudits deFritz Lang, et dansL'Homme qui n'a pas d'étoile deKing Vidor, deux femmes d'autorité, que sont la propriétaire d'un magasin général et la cheffe d'un ranch dansL'Homme de la plaine ou une femme d'affaires dansLes Furies d'Anthony Mann et enfin tenancière de tripot dansJohnny Guitar deNicholas Ray. Ce dernier film nous montre même une lutte entre une bonne et une mauvaise femme, Vienna contre Emma, qui se termine par un gunfight des plus classiques entre les deux protagonistes féminins. Le film d'Allan Dwan,La femme qui faillit être lynchée, nous montre également deux femmes s'opposer, dont l'une souhaite reprendre le saloon de son frère assassiné. Dans un extrait du film pro-indienLa Reine de la Prairie du même Allan Dwan, la question raciale est traitée au féminin. Ainsi des femmes blanches racistes y sont traitées d'« idiotes » par l'héroïne une autre femme blanche, amie d'un chef indien. Par ailleurs un autre western pro-indien, laPorte du Diable d'Anthony Mann nous montre une avocate, tout à la fois défenseur et femme amoureuse d'un Indien auquel la loi refuse l'égalité des droits, malgré ses hauts faits militaires durant la guerre de sécession. Ce sont les deux seuls personnages sympathiques du film. Par ailleursLa Reine de la Prairie etla Porte du Diable sont les seuls westerns des années 1950 à nous montrer une relation interraciale entre une femme blanche et un Indien vivant, les autres privilégiant les amours entre le Blanc et l'Indienne. Car en 1957Du sang dans le désert du même Anthony Mann fait ressortir dans une ville gangrénée par le racisme, l'existence d'une femme blanche veuve d'un Indien ; lequel doit la mort à la tristement célèbre formule du général Sherman : "le seul bon Indien est un Indien mort". Toutefois en 1948 William Wellann qui avait ouvert la voie à l'anti-western pendant la seconde guerre mondiale avecL'étrange Incident etBufallo Bill, tournela ville abandonnée où Gregory Peck partage la vedette avec Anne Baxter, jeune fille qui vit avec son grand-père chez les Apaches.En 1950 Anthony Mann met dans son second western,les Furies, en tête d'affiche une femme interprétée parBarbara Stanwyck. Il s'agit d'un drame familial assez complexe où, face à son père et à sa belle-mère, l'héroïne montre un caractère très emporté bien éloigné de la prostituée au grand cœur ou de la mièvre femme au foyer. DansLe train sifflera trois fois deFred Zinnemann la femme quaker du shérif Will Kane, Amy Foller Kane, fait violence à ses principes l'aide à affronter les quatre malfrats qui voulaient sa peau et en tue un. Elle agit ainsi ce sur conseil d'une autre femme, l'ancienne maîtresse, Hélène Ramirez, femme d'affaires mexicaine, propriétaire d'un saloon. Et dansLe dernier train de Gun Hill deJohn Sturges, une femme, Linda/Carolyn Jones, aide courageusement le héros/sheriff Kirk Douglas à affronter le notable/Anthony Quinn dont le fils doit ête jugé pour viol et meurtre.
Ces idées de loi absente, constitutives du western, ont souvent été réutilisées par ailleurs au cinéma, comme dans le film policier (Assaut deJohn Carpenter est leremake deRio Bravo d'Howard Hawks), ou de science-fiction (Outland reprend la trame duTrain sifflera trois fois), soit carrément à l'échelle d'une série telle queStar Trek.
Le western est empreint du contexte national américain. De 1934 à 1966, lecode Hays proscrit l'atteinte aux valeurs morales. De ce fait, malgré le fond violent inhérent au genre, un strict minimum transparait à l'écran. L'influence a aussi été politique, durant laSeconde Guerre mondiale par exemple, où le caractère généreux protecteur de l'armée est d'autant plus mis en exergue. Quelques années plus tard, lemaccarthysme entrave à son tour la liberté d'expression, et contrarie la subjectivité nécessaire à la production cinématographique.
Beaucoup de westerns après les années 1950 furent influencés par les films desamouraïs d'Akira Kurosawa.Les Sept Mercenaires (1960) est un remake desSept Samouraïs (1954) etPour une poignée de dollars (1965) un remake duGarde du corps (1961). Réciproquement, Kurosawa était lui-même influencé par le genre western, en particulier par John Ford[81].
Malgré laguerre froide, le western a eu une forte influence sur le cinéma de l'Est, tel qu'en attestent les films soviétiquesLe Soleil blanc du désert (1970) etL'Homme du boulevard des Capucines (1987). Le genre russe prend deux formes : soit un western typique mais tourné dans l'Est, soit un film d'action impliquant larévolution russe ou laguerre civile russe dans lequel lesTurcs jouent le rôle desMexicains du western traditionnel.
Le western s'est souvent marié avec les autres genres du cinéma (voirInfluences). Parfois, il les a simplement influencés. C'est le cas du film de science-fiction post apocalyptique faisant intervenir une reconstruction de la société calquée sur la colonisation de l'Ouest. Par exempleThe Postman (1997), la sérieMad Max (1979, 1981, 1985) ou la série de jeux vidéoFallout. Beaucoup d'éléments des films de voyage spatial sont empruntés au western. C'est surtout le cas pour les films de colonisation de l'espace.Outland...loin de la terre (1981) transfère le scénario duTrain sifflera trois fois (1952) à l'espace interstellaire. De même,Gene Roddenberry, créateur deStar Trek, a décrit sa vision de la série comme « a wagon train to the stars » (un convoi vers les étoiles). En 1980,Les mercenaires de l'espace reprend le scénario dessept mercenaires ainsi d'ailleurs qu'un des acteurs du très célèbre western, Robert Vaughn.
Plus récemment, la série despace operaFirefly (2002) utilise un point de vue explicitement western pour représenter la frontière des mondes. Lesanime commeCowboy Bebop (1998),Trigun (1998) etOutlaw Star (1998) sont des mélanges similaires de science-fiction et de western. En fait, le western de science-fiction peut être vu comme une sous-genre de western ou de science-fiction. Les éléments du western se retrouvent aussi dans des films appartenant à d'autres genres. Par exemple,De l'or pour les braves (1970) est un film de guerre dans lequel l'action et les personnages sont semblables à ceux du western. Le film britanniqueZoulou (1964) qui se déroule durant laGuerre anglo-zouloue a parfois été comparé à un western, bien qu'il se passe enAfrique du Sud.
Le personnage joué parHumphrey Bogart dans lesfilms noirs commeCasablanca (1942) ouLe Port de l'angoisse (1944) — un individu mu uniquement par son sens de l'honneur — a beaucoup en commun avec le héros de western classique. À son tour, le western a aussi utilisé des éléments du film noir, citons le filmSugar Creek (en) (2007).
Dans beaucoup des livres deRobert A. Heinlein, le peuplement d'autres planètes est dépeint d'une manière directement calquée sur la colonisation américaine de l'Ouest. Par exemple, dansDestination Outreterres (en) (1955), les colons vont sur la planète « New Cannan » via un téléporteur interstellaire à travers la galaxie dans des calèches. Leur capitaine arbore une moustache et une barbiche, et chevauche unPalomino. Heinlein explique cela par le fait que les colons auront besoin de survivre par leurs propres moyens pendant des années, d'où la présence de chevaux, plus pratiques que des machines.
La Tour sombre deStephen King est une série de romans qui mélange des thèmes western,high fantasy, science-fiction et d'horreur. Le protagonisteRoland de Gilead est unas de la gâchette dont l'image et la personnalité sont largement inspirés par l'Homme sans Nom des films de Sergio Leone. De plus, lesuper-héros defantasy a été décrit comme dérivant du héros cow-boy, rendu tout-puissant et dans un environnement essentiellement urbain. Le western a été parodié à de nombreuses reprises, des exemples célèbres étantNe tirez pas sur le shérif (1969),Cat Ballou (1965),Le shérif est en prison (1974) etRustlers' Rhapsody (1985).
Les films de la sagaStar Wars utilisent beaucoup d'éléments des westerns.George Lucas dit qu'il voulait revitaliser la mythologie cinématographique, que le western détenait jadis. LesJedi, dont le nom est issu deJidaigeki, sont calqués sur les samouraïs, montrant l'influence de Kurosawa. Le personnageHan Solo est vêtu comme unas de la gâchette et la Cantina deMos Eisley est fort semblable à unsaloon de l'Ouest.
Bien avant l'invention du cinéma, le western fut un genre littéraire qui témoigne à quel point l'Ouest produisait un imaginaire fourni et devenait un monde fantasmé, même avant d'être conquis.
AuxÉtats-Unis, l'écrivainJames Fenimore Cooper publie de 1823 à 1827 le cycle en cinq épisodes desHistoires de Bas-de-cuir, composé desPionniers (en), duDernier des Mohicans, deLa Prairie, duLe Chasseur de daims, et duLe Lac Ontario. Ces romans dont l'action se déroule auXVIIIe siècle présentent un Ouest aux paysages magnifiés et introduisent lesIndiens d'Amérique, personnages qui deviendront récurrents dans le western cinématographique américain.
De nombreux récits de voyage tels que ceux de l'historienFrancis Parkman ou de l'écrivainWashington Irving[82] sont lus avidement dans les villes de l'Est et participent, en raison de leur exotisme exacerbé, à la folklorisation de l'Ouest. De même, les romans de gare et autrespulp magazines se présentent comme autant d'invitations à conquérir cette terre sauvage[N 4].
De qualité certes variable, toutes ces représentations littéraires d'un Ouest sauvage idéalisé et transformé en Terre Promise où chacun est libre de repartir de zéro ont joué un rôle quasi-publicitaire pour l'immigration vers les nouvelles terres conquises[82].
L'Europe connaît également une vague d'intérêt du public pour la littérature western. En France, des écrivains tels queGustave Aimard, qui voyagea en Amérique du Nord, épousa uneComanche et fut mêmechercheur d'or ettrappeur[83], ont également popularisé les mythes de l'Ouest américain, notamment en exaltant les religions et les coutumes indiennes. En Allemagne,Karl May et son personnage fétiche, l'ApacheWinnetou, furent extrêmement célèbres à la fin duXIXe siècle, à tel point que ses œuvres se vendirent dans toute l'Europe.
AuXXe siècle, le western en littérature a été concurrencé par sa forme cinématographique, ce qui a diminué l'intérêt du public pour ce genre, sans pour autant empêcher certains auteurs de l'aborder. Le plus souvent, ces romans reproduisent l'atmosphère de l'Ouest américain, comme ceux dePierre Pelot, ou y intègrent des personnages issus du patrimoine cinématographique du western, comme la saga romanesqueLa Tour sombre deStephen King.
Aux côtés de ces récits pittoresques et empreints d'exotisme, la peinture, la gravure et l'illustration prenant pour sujet l'Ouest américain contribuent également à dépeindre celui-ci comme une nature « d'avant le temps »[N 5], une sorte dejardin d’Éden.
Par conséquent, elles participent tout comme la littérature à encourager les habitants de la côte est à se faire pionniers et à conquérir de nouvelles terres[82]. Mais certains peintres commeGeorge Catlin ouAlfred Jacob Miller, conscients des effets que pourrait avoir l'avancée des pionniers sur les cultures et les mythologiesamérindiennes, par lesquelles ils sont fascinés, entreprennent un véritable travail ethnographique et reproduisent fidèlement coiffes, costumes, chapeaux, maquillages et autres scènes de la vie quotidienne[82].
À la fin duXIXe siècle, le peintreCharles Marion Russell, surnommé « l'Indien blanc » car il vécut parmi les Indiens puis fut cowboy dans leMontana[84], s'attache à dépeindre les moindres détails de la vie dans l'Ouest : c'est ainsi qu'il effectue le célèbre dessin d'un cowboy se roulant une cigarette et alimentera de nombreuses campagnes publicitaires[84]. Son travail revêt des exigences documentaires, et c'est pourquoi certains évoquent à son sujet « une précision maniaque, archéologique »[N 6].
Malgré cette fidélité dans la reconstitution de l'Ouest américain, beaucoup de ces peintres se sont limités à des images idylliques et idéalisées de ce nouveau territoire. C'estFrederic Remington qui le premier annonce véritablement le cinéma : ses toiles sont de véritables scènes d'action[84] marquées par un dynamisme et une énergie qui ont inspiré bon nombre de cinéastes, dontJohn Ford qui avoua avoir tenté, en réalisantLa Charge héroïque, de reproduire « sa couleur et son mouvement »[84].
Les arts picturaux, au même titre que la littérature, contribuent à promouvoir laconquête de l'Ouest mais ont un but ethnographique plus évident: plus qu'aucune autre forme de représentation, ce sont eux les plus aptes à témoigner de la diversité de civilisations menacées. Ils ont aussi formé des paysages, des héros et des images qui s'offrent au cinéma naissant, et constituent, selon le mot deJean-Louis Leutrat, « un Ouest déjà synthétique »[85].
Giacomo Puccini a composé un opéra-western :La fanciulla del West.
Detrès grands musiciens[Lesquels ?] ont écrit pour le western, voire ont inventé le son du western, comme le rappelle Alexandre Tylski dans son documentaireIl était une fois les génériques de westerns (Blow Up, Arte, 2014, 6 min).
Il existe aussi de nombreusesbandes dessinées dont l'action se situe à la même époque et qui peuvent donc se rapporter au genre western. Nombre d'entre elles font référence ou s'inspirent directement de films qui leur sont antérieurs :
Dans le sillage deswesterns B et grâce à la démocratisation de la télévision due à l'augmentation du niveau de vie auxÉtats-Unis après la Seconde Guerre mondiale, le western est abordé par des réalisateurs travaillant pour la télévision.
Ainsi, dès lesannées 1950 sont produites des séries telles queRintintin qui durera de 1954 à 1959, ou encoreGunsmoke, la plus grande réussite en matière de série télévisée western puisqu'elle fut produite pendant vingt ans, de 1955 à 1975[87]. Nécessitant de nombreux acteurs et figurants, elles furent un tremplin pour beaucoup de jeunes acteurs :Clint Eastwood débuta dans la sérieRawhide etSteve Mc Queen dansAu nom de la loi (Wanted: Dead or Alive).
Lesannées 1960 et1970 marquent l'apogée de la série télévisée western, qui connait désormais le succès enEurope : le western est à la mode — essentiellement enFrance[88],Italie etRDA — grâce au renouveau insufflé par lewestern spaghetti et de plus, le nombre de téléviseurs a considérablement augmenté en raison de l'amélioration du niveau de vie durant lesTrente Glorieuses.Bonanza, diffusée de 1959 à 1973, mais surtoutLes Mystères de l'Ouest (The Wild Wild West), malgré seulement 104 épisodes en quatre ans d'existence, achèvent alors de populariser la série télévisée western et connaîtront même par la suite une sortie en DVD[89],[90], gage de leur passage à la postériorité.
Le western disparaît peu à peu de la télévision, même si quelques séries telles queDeadwood, qui mêle fiction et histoire dans l'Amérique d'après laguerre de Sécession, apparaissent comme des tentatives notables de retour du genre. En 2015, une chaîne de télévision française du bouquetOCS diffuse la première série western française, la comédieTempleton[91].
Au total, on dénombre pas moins d'une centaine de séries western[87], qui prolongent l'imaginaire créé par le western au cinéma sur une durée narrative plus importante mais ne présentent pas de distinction majeure : on y retrouve les personnages récurrents, les clichés et les paysages de l'Ouest américain, dans des épisodes figurant le plus souvent le combat des shérifs contre leshors-la-loi ou des scènes de la vie rurale. Il faut toutefois relever les grandes fresques télévisées telles queLa Conquête de l'Ouest (1976) etColorado (1978) qui prolongent les thèmes de réflexion polémique abordés dans les westerns cinématographiques. Les guerres indiennes y sont, elles, largement présentes. Dans le premier on notera la présence de l'aristocratie russe tsariste seulement évoquée en 1944 dansBufallo Bill de William Wellmann. Le second surtoutColorado commeSoldat bleu reconstitue dans un épisode le massacre de Sand-Creek et se penche sur la personnalité de son responsable religieux le colonel Chivington (appelé ici Skimerhorn). Il réapparaîtra, cette fois-ci sous son vrai nom, dans une autre série plus connueDocteur Quinn, femme médecin.
Un univers graphique à souhait comme le western, avec son champ lexical et son iconographie très connue, ne pouvait manquer d'inspirer des auteurs et des éditeurs de jeux de société. En voici quelques exemples :
À partir desannées 1980, le western se fait de plus en plus rare au cinéma mais l'imaginaire de l'Ouest américain qu'il a façonné trouve écho en l'avènement des premiersjeux vidéo, qui s'inspirent désormais de l'atmosphère voire de l'histoire duFar West.
Le plus souvent, ces jeux prennent la forme de jeux de tir traditionnels mais dont l'action est située dans un décor typique de l'Ouest. Dès 1985,Gun.Smoke sort sur bornes d'arcade puisNES[94] et se présente comme un jeu de typerun and gun qui recense la majorité des codes du western américain classique et crépusculaire.Sunset Riders, en 1991, sort également sur bornes d'arcade et reprend l'atmosphère du western mais y inclut une dimension parodique et humoristique[95].
Ce premier rapprochement du jeu vidéo avec lewestern spaghetti entraîna la création de jeux vidéo western qui s'éloignent de plus en plus du western américain classique et incluent de l'humour, mais aussi parfois de la violence explicite, commeOutlaws[96].
Dans lesannées 2000, l'amélioration des technologies de jeu permet un rendu graphique meilleur et le développement de jeux plus complets, ne se limitant plus exclusivement à du tir dans un décor western.Desperados,Gun,Call of Juarez ou encoreRed Dead Revolver sont autant de jeux à succès qui retranscrivent fidèlement l'atmosphère véhiculée par les westerns et présentent un scénario fourni, parfois inspiré de la vie de légendes de l'Ouest.
La suite de ce dernier, intituléeRed Dead Redemption et sortie en 2010, est basée sur le modèle deGrand Theft Auto et présente un grand monde ouvert qui permet de visiter plusieursétats américains ainsi qu'une province frontalière mexicaine, pendant larévolution de 1910[97]. Le jeu fut un franc succès critique[98].Red Dead Redemption 2 étant une préquel deRed Dead Redemption montre un western encore plus profond, l'époque ce passant en 1899, soit 12 ans avant le1er du nom.
Lead & Gold: Gangs of the Wild West est, quant à lui, un jeu vidéo uniquement multijoueur qui permet de mettre le joueur au sein d'une guerre de gang.Six-Guns de Gameloft est également un jeu s'inspirant du Far West américain et mettant en scène des paysages variés, de l'Oregon à l'Arizona, selon le modèle du western américain.
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