LeWenzi 文子 ([Livre de] Maître Wen), attribué à un disciple deLaozi, est un ouvrage majoritairementtaoïste, qui se présente comme une prolongation duLivre de la Voie et de la Vertu mais comprend aussi des passages se rattachant à d’autres écoles :confucianisme,mohisme,légisme etécole des Noms. Les estimations concernant la date de rédaction des parties les plus anciennes vont duIVe siècle av. J.-C.[1] auIIe siècle av. J.-C.[2]. Le texte a été remanié au cours du temps, comme le montrent les différences entre l’exemplaire sur bambou retrouvé en 1973 et la version actuelle, dont l’essentiel proviendrait d’une réécriture entre les IIIe et VIIIe siècles[3].
Outre les parallélismes avec leLivre de la Voie et de la Vertu, plusieurs passages ont leur équivalent dans leHuainanzi. Il présente aussi des similitudes avec leYuandao 原道, l’un desLivres de l’Empereur jaune, et contient des citations duZhuangzi, duYijing, duMengzi, duLüshi Chunqiu et duXiaojing[3].
Il fut canonisé en 742 sous lesTang avec leLivre de la Voie et de la Vertu, leZhuangzi, leLiezi et leGengsangzi, sous le titre honorifique deTongxuan zhenjing 通玄真經 « Authentique classique du mystère pénétrant ». Son auteur supposé reçut le titre d’« Immortel du Mystère pénétrant »Tongxuan Zhenren 通玄真人.
Il a parfois été attribué à Laozi, par Thomas Cleary par exemple, dans l'introduction de sa traduction en anglais (1991).
Les premières mentions biographiques concernant Wenzi se trouvent dans leLivre des Han, qui en fait un contemporain à la fois du roi Ping de Zhou (VIIIe siècle av. J.-C.) et deConfucius (V-VIe siècle av. J.-C.). Pour expliquer cette contradiction, les spécialistes envisagent une erreur sur le nom du roi ou l’existence de deux Wenzi. Un commentaire datant du début duVIe siècle[4] lui attribue le nom de famille Xin 辛 et le pseudonyme Jiran 計然, et en fait un collaborateur du politicien deYue Fan Li 范蠡. Selon Du Daojian (1237-1318), il s’appelait Xin Xing 辛銒, Xing étant sonprénom social. Noble originaire deJin, il vivait à Kuiqiu 葵丘 dans l’état de Song, d’où son autre appellation de Song Xing 宋銒.
On trouve la première mention d’unWenzi en neuf fascicules dans leQilue 七略 deLiu Xiang. LeLivre des Han ajoute qu’il s’agirait d’un apocryphe[5]. En 523, on lui attribue dix fascicules[6]. LesLivre des Sui etLivre des Tang lui en attribuent douze.
La version la plus ancienne contenue dans lecanon taoïste est celle commentée par Xu Lingfu 徐灵府 (~760-841) des Tang[7]. Il existe aussi un commentaire des Song par Zhu Bian 朱弁 (ca. 1085-1144)[8] et un des Yuan par Du Daojian 杜道坚 (1237-1318)[9]. Ce dernier prétendit en avoir retrouvé un exemplaire d’origine dans le monastère de Tongxuan au Zhejiang, c’est pourquoi son commentaire fut considéré ensuite comme faisant autorité.
En 1973 fut retrouvée dans la tombe du prince Huai de Zhongshan (d.55 av. J.-C.) près deDingzhou une version sur lamelles de bambou partiellement endommagée par le feu, dont la transcription fut publiée en 1995 dansWenwu. Ce texte ancien se présente comme les réponses de Wenzi au roi Ping de Zhou et non comme celles de Laozi à Wenzi (version actuelle)[10] et seulement une partie s’en retrouve dans l’ouvrage actuel, dans six des douze chapitres.
Les opinions concernant la date du premierWenzi continuent de diverger. Ho Che Wah considère qu’il s’agit d’un apocryphe datant desHan occidentaux s’inspirant en majorité duHuainanzi[2], mais d’autres pensent qu’il fut rédigé avant lesQin en réponse à la large diffusion duLivre de la Voie et de la Vertu[11]. Il aurait tout d’abord été recopié par les auteurs duHuainanzi, puis le texte original ayant été partiellement perdu, il aurait été recomplété à partir des passages similaires duHuainanzi[12].