Warren Beatty, né « Henry Warren Beaty[1] », est le frère de l'actriceShirley MacLaine. Son père, Ira Owens Beaty, homme autoritaire et alcoolique[5] est professeur de psychologie, administrateur de l'école publique et agent immobilier. Sa mère, Kathlyn Corinne (née MacLean), surnommée « Tat[6] », est professeur d'art dramatique, originaire deWolfville, enNouvelle-Écosse auCanada. Il est élevé dans la foichrétienne baptiste. Le père de Warren Beatty, alors professeur d'école secondaire, ne comprend pas bien les aspirations de ses deux enfants. Sa sœur est la première à se rebeller ; elle devient danseuse, comédienne, et part àNew York dès que possible, suivie de près par son petit frère[1].
En 1949, il suit des cours de comédie ; plus tard, dans l’une de ses rares interviews à cœur ouvert, il indique :« le théâtre m’intéresse. C’est un endroit où on peut exercer un pouvoir, apprendre à manipuler[1]. »
Brillant dans ses études surtout pour ses qualités defootballer, il passe un an à l'université Northwestern, dans laquelle il intègre la fraternitéSigma Chi avant de s’inscrire en 1956 chezStella Adler, professeur d'art dramatique américaine, qui a fondé le conservatoire Stella Adler et grande prêtresse de l’Actors Studio (dont on dit qu’elle l’aurait fait bénéficier de cours particuliers). Il en profite pour ajouter un « t » à son nom, se faisant appelerWarren Beatty[1].
Les débuts professionnels de Warren Beatty sont une succession de petits boulots : sportif, plongeur dans des restaurants, ouvrier pour les Ponts et Chaussées, joueur de piano dans un bar[1]. Il trouve ensuite un rôle dans une pièce,Compulsion[1]. Après plusieurs rôles secondaires dans desséries télévisées, il se lance dans le cinéma au début desannées 1960. Il séduit à cette époque la starlette montanteJoan Collins, ce qui lui permet d'accéder à la notoriété en tant que playboy d'opérette[7].Elia Kazan lui offre son premier rôle dansLa Fièvre dans le sang (1961) dans lequel il joue Bud Stamper, un adolescent à problèmes. Aux côtés deNatalie Wood, il« fait sensation[8] » ; il est dès lors considéré comme un des acteurs les plus prometteurs de sa génération[9].
Warren Beatty consacre à cette époque beaucoup de temps à ses conquêtes féminines et un« cynisme un peu juvénile » lui rend difficiles les relations avec la profession[8]. Il sent bien qu'il est considéré comme un play-boy par les professionnels du cinéma américain alors qu'il se voit en héritier deMarlon Brando ou deJames Dean[8]. Il est alors à l'origine du filmQuoi de neuf, Pussycat ?, comédie dans laquelle il doit jouer le rôle d'un séducteur compulsif, et commence à l'écrire avec le producteur Charles Feldman etWoody Allen mais des divergences avec eux le font quitter le film dès l'écriture du scénario[8]. Ce film sera un grand succès et cette expérience incitera l'acteur à mieux contrôler ses projets par la suite[8].
C'est sur les conseils deFrançois Truffaut, qu'il rencontre à Paris grâce à sa fiancéeLeslie Caron, qu'il lit le scénario deBonnie and Clyde : le réalisateur français lui a en effet dit qu'il aimerait beaucoup ce texte et l'acteur est toujours à la recherche d'un projet pour relancer sa carrière[8]. Alors que les scénaristes pensent qu'il sera rebuté par le fait que le personnage deClyde, dans les premières versions du scénario, est enménage à trois avec Bonnie et C. W. Moss, il accepte le rôle[6]. Échaudé par la déconvenue deQuoi de neuf, Pussycat ?, film qui aurait pu lui rapporter beaucoup d'argent, il décide de coproduireBonnie and Clyde avec sa société Tatira (basée sur les noms de ses parents) afin de pouvoir en garder le contrôle[6]. Il se bat pour que ce projet aboutisse, le produisant avec laWarner Bros et dirigeant la majeure partie du film — menacé d'être enterré dès sa sortie. Le premier accueil est plutôt mitigé mais Beatty convainc Warner Bros de ressortir le film qui devient un succès. Beatty accède au panthéon des stars en gangster boiteux et impuissant, récoltant une nomination à l'Oscar du meilleur acteur et le respect de toute la profession[10].
C'est à cette époque qu'il s'installe à l'année dans une suite duBeverly Wilshire Hotel deBeverly Hills d'où il met en scène ses disparitions des médias, refusant régulièrement des films, à tel point qu'un acteur commeRobert Redford doit en partie sa carrière aux rôles refusés par Beatty[11].
Beatty poursuit sa carrière éclectique en s'investissant toujours plus : il participe au scénario deJohn McCabe (1971)[11], western atypique réalisé parRobert Altman qui sera cependant un échec aubox-office. Il coécrit (avecRobert Towne), produit et joue dans la comédie autoparodiqueShampoo, qui sort en 1975 et remporte un triomphe public et critique : l'acteur interprète son propre rôle, un séducteur compulsif, transposé dans le milieu de la coiffure. Enfin, en 1978, il réalise son premier filmLe ciel peut attendre (unremake duDéfunt récalcitrant d'Alexander Hall) dans lequel il se réserve le rôle principal : un joueur de football américain, demi de mêlée, considéré comme mort et incinéré par erreur, qui revient à la vie dans le corps d'un millionnaire récemment assassiné, afin d'accomplir son destin. Le succès est à nouveau au rendez-vous.
Beatty tourne moins aprèsReds : il est absent des écrans durant l'essentiel desannées 1980. Son projet de biographie deHoward Hughes n'aboutit pas. Ce n'est qu'en 1987, qu'il réapparaît au cinéma en jouant, aux côtés deDustin Hoffman etIsabelle Adjani dans la comédie d'espionnageIshtar d'Elaine May, qui s'avère être un échec commercial cinglant. Ce n'est qu'en 1990 que Warren Beatty renoue avec le succès au cinéma, en réalisant et interprétant le rôle-titre deDick Tracy, adaptation de labande dessinée du même nom. Ce film très stylisé, dans lequel il donne la réplique àMadonna etAl Pacino, reçoit un accueil critique mitigé, mais remporte un succès commercial.
Il joue ensuite dansBugsy deBarry Levinson (1991), un film de gangsters sur la naissance deLas Vegas qui marque la rencontre de l'acteur avecAnnette Bening, puis en 1994 dans la comédie deGlenn Gordon Caron,Rendez-vous avec le destin, remake deElle et lui. Ces deux films sont des échecs commerciaux. En1998, il repasse derrière la caméra pour les besoins deBulworth, film qu'il a également produit et dont il tient la vedette : l'histoire du sénateur Jay Bulworth, tellement dégoûté des mensonges, de la corruption et des autres aspects noirs de la politique, qu'il met un contrat sur sa propre tête et décide de ruiner totalement sa réputation en dévoilant au grand jour toutes ces histoires. C'est là qu'il tombe amoureux d'une très jolie femme noire, interprétée parHalle Berry. Le film est bien accueilli par la critique, mais le succès au box-office n'est pas au rendez-vous.
En2001, la comédiePotins mondains et Amnésies partielles, dont les retards de tournage et les multiples réécritures avaient démesurément augmenté le coût, est un lourd échec au box-office, entraînant une perte avoisinant les100 millions de dollars. Après ce fiasco commercial, Warren Beatty n'apparaît plus sur les écrans. Il est un temps envisagé pour le rôle deBill dansKill Bill deQuentin Tarantino, il préfère finalement quitter le projet[12].
Il parvient ensuite à concrétiser son projet de longue date defilm biographique sur Howard Hughes, qu'il réalise, écrit et produit, en plus d'incarnerHoward Hughes. Le tournage deL'Exception à la règle débute en et dure74 jours[13],[14],[15]. Le film sort deux ans plus tard, le auxÉtats-Unis, et est un lourd échec au box-office, avec des recettes de 3,9 millions de dollars pour un budget de25 millions[16].
Durant la période où il joue dans la pièceCompulsion, le metteur en scène,Joshua Logan, lui présente une jeune actrice anglaise qui est en train de devenir unestarlette,Joan Collins, la future héroïne deDynastie[1]. Le jeune homme accepte de se fiancer avec Collins[1] dont la carrière américaine périclite tandis que la sienne décolle, avant de la quitter[1].