Il est le premier astronaute à se rendre dans l'espace à trois reprises et le seul à avoir participé cumulativement aux programmes Mercury, Gemini et Apollo. Au total, Schirra cumule plus de 295 heures dans l'espace. Après Apollo 7, il prend sa retraite de la NASA ainsi que de lamarine américaine en tant quecaptain. Il devient consultant pourCBS News dans le cadre de la couverture par ce réseau de télévision des missions Apollo suivantes, dont l'alunissage historique d'Apollo 11.
Walter Marty « Wally » Schirra Jr. naît le àHackensack dans leNew Jersey[2], dans une famille d'aviateurs[3]. Ses grands-parents seraient originaires deBavière, deSuisse et deSardaigne. Le père de Schirra, Walter Marty Schirra Sr., est né àPhiladelphie. Il a piloté pour l'Aviation royale canadienne (ARC) en tant que pilote debombardier et de reconnaissance au cours de laPremière Guerre mondiale[4],[5],[3]. Après la guerre, il participe à descirques volants lors des foires du New Jersey[4],[3]. La mère de Schirra, Florence Shillito Schirra (née Leach), accompagne les déplacements de son mari et effectue des cascades sur les ailes de l'avion[6],[7],[3].
Après l'attaque de Pearl Harbor en, Schirra postule dans une académie militaire. Son père l'encourage à se présenter à l'Académie militaire de West Point. Il s'inscrit à l'Académie navale d'Annapolis. Schirra obtient son diplôme en 1945, après seulement trois ans au lieu de quatre, à l'académie navale, qui déploie un programme accéléré en temps de guerre[9],[2].
Schirra est initialement déployé avec le154th Training Squadron à la base aérienne d'Itazuke (futuraéroport de Fukuoka) auJapon, d'où il effectue des missions enCorée du Sud[5]. Alors que les troupes américaines avancent vers le nord, l'escadron est réaffecté à une base àDaegu[5]. Au cours de ses huit mois de déploiement, le pilote effectue 90 missions de combat et abat deuxMikoyan-Gourevitch MiG-15 ennemis[12],[2],[3].
En, Schirra est l'un des 110 pilotes d'essai militaires choisis par leurs officiers supérieurs pour postuler auprogramme Mercury de laNational Aeronautics and Space Administration (NASA) nouvellement créée. Ce programme est le premier avec un objectif de vol spatial habité par les États-Unis. Après plusieurs séries d'examens, en, Schirra intègre lepremier groupe d'astronautes sélectionnés, sept hommes surnommés les « Mercury Seven »[15]. Les médecins notent le développement anormal de sonlarynx[16], sans incidence sur sa candidature. Au cours du programme, ses domaines de responsabilité sont lessystèmes de support de vie et lescombinaisons de vol pressurisées[16],[3]. De plus, Schirra travaille aux côtés deJohn Glenn à la conception de la capsule.Scott Carpenter et Schirra pilotent des avions de chasseConvair F-106 Delta Dart lors de la mission suborbitale historiqueMercury-Redstone 3 (Freedom 7) d'Alan Shepard. Schirra est initialement affecté en tant que remplaçant deDeke Slayton au deuxième vol orbital du programme ; il est remplacé par Carpenter lorsque Slayton est interdit de vol pour raisons de santé[16]. Schirra est alors désigné pour piloter le troisième vol orbital[17].
Walter Schirra en combinaison devant une maquette de capsule Mercury le.
Au début duprogramme Gemini,Alan Shepard est le commandant deGemini 3 avecThomas Stafford en tant que pilote. Ils sont remplacés par un équipage de réserve après que Shepard ait été diagnostiqué d'unemaladie de Menière, un trouble de l'oreille interne[20]. Schirra et Stafford deviennent l'équipe de réserve du nouvel équipage de Gemini 3,Virgil Grissom etJohn Young. Ils sont ensuite programmés comme équipage principal deGemini 6, devant initialement effectuer le premier amarrage orbital avec un véhicule cibleAgena. La fusée Agena explose peu après le décollage le, alors que Schirra et Stafford attendent dans leur fusée pour décoller. Les responsables du programme décident plutôt que d'attendre la disponibilité d'un véhicule cible de remplacement, de réviser la mission en l'appelant Gemini 6A et en organisant unrendez-vous spatial avecGemini 7, qui serait piloté parFrank Borman etJames Lovell.
Le, Gemini 7 décolle pour commencer sa mission de deux semaines. Gemini 6A est prêt à être lancé le ; ses moteurs s'arrêtent moins de deux secondes après l'allumage. Contrairement au protocole, Schirra choisit de ne pas activer les sièges éjectables de Stafford et de lui-même, afin de s'épargner d'éventuelles blessures et donc, un retard supplémentaire et une éventuelle annulation de la mission. Gemini 6A décolle le et rejoint avec succès Gemini 7 après cinq heures de vol. Les deux vaisseaux spatiaux manœuvrent à quelques centimètres l'un de l'autre et gardent leur position pendant cinq heures. Après ce premier rendez-vous spatial entre deux vaisseaux habités, Gemini 6A se désorbite le et amerrit dans l'océan Atlantique au sud-est ducap Canaveral où il est recueilli par l'USS Wasp[21],[22].
Vers le milieu de l'année 1966, Schirra est chargé de commander un équipage d'une mission Apollo composé deDonn Eisele et deWalter Cunningham pour effectuer le deuxième essai en vol habité dumodule de commande et de service Apollo, avec donc un objectif de mission identique à celui d'Apollo 1. Schirra plaide contre une répétition de mission et son équipage devient l'équipage de réserve deVirgil Grissom,Edward White etRoger B. Chaffee. L'équipage de Schirra effectue des essais dans le module de commande le et est en route pourHouston le lendemain, lorsque Grissom, White et Chaffee sont tués dans un incendie au cours d'un essai préparatoire au sol. L'équipage de Schirra devient alors l'équipage principal du premier vol habité du programme[3],Apollo 7[Note 3], et est retardé jusqu'à l'automne 1968 pour des améliorations de sécurité dans le module de commande[25].
Schirra, qui a acquis un sentiment de sécurité grâce à la présence de l'employé de laMcDonnell Aircraft Corporation,Günter Wendt, en tant que responsable de la plate-forme et de la préparation au lancement des engins spatiaux, milite pour son retour. En effet, le sous-traitant du programme Apollo est devenuNorth American Aviation et Wendt n'est plus présent. Après l'accident d'Apollo 1, Schirra est tellement convaincu par Wendt qu'il milite pour que Wendt devienne responsable de sa mission Apollo et il convaincDeke Slayton et ses responsables d'embaucher Wendt pour Apollo 7[26],[Note 4].
Apollo 7 est lancée le, faisant de Schirra la première personne à voler dans l'espace à trois reprises[27], de surcroit, avec trois modèles de vaisseaux spatiaux différents[28]. Il est également le premier astronaute à partir dans l'espace avec une montre suisse qui allait connaître un succès extraordinaire, le chronographeSpeedmaster d'Omega. Schirra s'oppose au lancement à cause de vents violents qui pourraient blesser les astronautes en cas d'abandon dans les premières minutes de la mission. Le décollage se passe bien. Une fois en orbite, le module de commande et de service d'Apollo 7 effectue des exercices de rendez-vous spatiaux et d'ancrage dans l'espace avec un étageS-IVB pour simuler la récupération dumodule lunaire Apollo. Le deuxième jour de la mission, l'équipage réalise les premières images télévisées en direct diffusées publiquement depuis un vaisseau spatial habité[29],[3],[Note 5].
L'équipage d'Apollo 7 (Eisele, Schirra et Cunningham) à bord de l'USS Essex le.
Au cours de la mission, Schirra souffre d'unrhume qu'il transmet à Eisele. Anticipant les problèmes de congestion à l'intérieur d'unecombinaison spatiale étanche, Schirra propose aucentre de contrôle de mission de ne pas porter leur casque lors de la rentrée et de prendre du décongestionnant[3]. En dépit d'une demande du directeur de volChristopher Kraft et du chef du Bureau des astronautesDeke Slayton de porter leurs casques lors de la rentrée, Schirra, Eisele et Cunningham refusent et effectuent unerentrée atmosphérique têtes nues[Note 6].Apollo 7 amerrit au sud-est desBermudes le[30],[2].
Avant le lancement d'Apollo 7, Schirra prend la décision de prendre sa retraite de la NASA. Il quitte donc lecorps des astronautes le. Sa dernière mission en tant qu'astronaute consiste à mener l'enquête sur l'accident du véhiculeLLRV deNeil Armstrong qu'il attribue à une défaillance mécanique. Il recommande par la suite de suspendre la formation des astronautes avec ce véhicule[31],[2].
Photographies de la mission Apollo 7
L'équipage d'Apollo 7 en simulateur en.
Schirra arborant uneSpeedmaster sur sa combinaison le.
Schirra photographié le lors d'une manœuvre.
Apollo 7 durant la première retransmission télévisée publique depuis l'espace, le.
Schirra s'extirpant de la capsule d'Apollo 7 pour prendre place dans son pneumatique le.
Le médicament contre le rhume embarqué à bord des missions Apollo, prescrit par le chirurgien de vol, est une combinaison décongestionnante depseudoéphédrine et detriprolidineantihistaminique. Des années plus tard, lorsque ce produit est disponible en pharmacie sous le nom d'Actifed, le fabricant engage Schirra comme porte-parole de ses campagnes de publicité à la télévision, jouant ainsi de la notoriété de son rhume dans l'espace[32],[2].
Au cours des missions Apollo suivantes, il est consultant auprès deCBS News de 1969 à 1975. Il rejointWalter Cronkite comme co-présentateur pour la couverture médiatique du réseau de télévision[pas clair] des sept missions à venir sur laLune, en commençant parApollo 11 puis la malheureuseApollo 13[33],[34].
Après sa carrière à la NASA, Schirra devient président et administrateur de la société de financement et de crédit-bailRegency Investors Incorporated. Il l'a quitte pour créer l'Environmental Control Company, dont il est président-directeur de 1970 à 1973[35]. L'entreprise fusionne avec SERNCO Incorporated en 1973. Schirra devient alors vice-président, puis élu président duconseil d'administration au cours de la même année[36]. Il travaille également au développement d'unoléoduc enAlaska[37],[38] et est membre d'un conseil consultatif pour les parcs nationaux américains dudépartement de l'Intérieur de 1973 à 1985[27],[2].
En, il fondeSchirra Enterprises et y travaille comme consultant jusqu'en 1980. Il loue ses services pour le consulatbelge duColorado et duNouveau-Mexique de 1971 à 1984. Il est membre du conseil d'administration de plusieurs sociétés, notamment Electromedics, Finalco,Kimberly-Clark, Net Air International, Rocky Mountain Airlines etJohns Manville[37],[2],[38]. Schirra est président de la société de développement énergétique Prometheus de 1980 à 1981. En 1984, il figure parmi les astronautes Mercury survivants lors de la création de laMercury Seven Foundation, connue désormais sous le nom d'Astronaut Scholarship Foundation, car elle attribue des bourses d'études à des étudiants en sciences et en ingénierie[2].
Schirra, avec le reste desMercury Seven, est co-auteur en 1962 du livreWe Seven[27], détaillant la formation et le développement du programme Mercury. Aidé de Richard N. Billings, il publie son autobiographieSchirra's Space en 1988[39]. En 1995, il co-écrit le livreWildcats to Tomcats: The Tailhook Navy avec Barrett Tillman et avec les officiers de marine Richard L. (Zeke) Cormier et Phil Wood. Dans ce livre, il décrit cinq décennies d'aviation navale, y compris des récits de missions de combat au coursde la Seconde Guerre mondiale,de la Corée etdu Viêt Nam[40]. En 2005, il co-écrit le livreThe Real Space Cowboys avec Ed Buckbee[3]. Le livre est un récit des astronautes du premier groupe de la NASA. Il les suit tout au long du processus de sélection pour le programme, de toute leur carrière et jusqu'à la retraite. Schirra contribue également au livreIn the Shadow of the Moon (2007) de Francis French et Colin Burgess[41].
Peu de temps après son entrée dans la marine, Schirra commence à fréquenter Josephine Cook « Jo » Fraser (1924-2015)[2],[43]. Ils se marient le[44] et ont deux enfants, Walter M. (III) et Suzanne, nés respectivement en 1950 et 1957[45],[3]. Vers la fin de sa vie, il réside àRancho Santa Fe, en Californie[3].
↑Le plan de numérotation des missions du programme est révisé à la suite de cet incendie pour devenir un marqueur symbolique. L'AS-204 devient donc Apollo 1 et ainsi de suite.
↑Une retransmission expérimentale avait été réalisée lors de la missionMercury-Atlas 9 deGordon Cooper en 1963, mais elle n'a pas été diffusée publiquement.
↑L'attitude de Schirra pendant cette mission lui sera fortement reprochée parChristopher Kraft qui la considère comme de l'insubordination.
↑Étrangement, ce cénotaphe ne mentionne pas ses exploits spatiaux, mais uniquement sa participation aux conflits militaires.
↑Les instructions de la marine en matière d'uniformes à l'époque ne précisaient pas s'il remplace ou non son badge d'aviateur naval. Schirra décida donc de porter son badge d'astronaute au-dessus et son badge d'aviateur naval en dessous, avec ses rubans entre les deux.
↑Le prix est généralement attribué à des ingénieurs et des inventeurs, mais les aviateurs sont récompensés cette année.
La version du 31 octobre 2019 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.