Pour les articles homonymes, voirWalser.
| 10 000 à 20 000 selon certaines estimations | |
| Plus de 10 000 | |
| 3 400 à 5 000 selon certaines estimations | |
| 1 300 | |
| Vallorcine | |
| Population totale | Plus de 25 000 |
| Langues | Walsertitsch (dialecte alémanique),allemand,italien |
|---|---|
| Religions | Catholicisme |
| Ethnies liées | Germanophones |
LesWalser sont de manière générique un peuple paysanburgondegermanophone qui, au cours duMoyen Âge, a colonisé des contrées montagnardesalpines nouvelles sous contrat avec les princes seigneurs ou s'est établi dans lestenures ouconsortages en partie abandonnés des différentes contrées ou hautes vallées alpines qui appartiendront plus tard à laSuisse, l'Italie, leLiechtenstein, l'Autriche et laFrance.
Walser est un mot d'origineburgonde issu de Walliser, les gens du Wallis ou Valais[1],[2].
Ce vocable regroupe les habitants du Haut Val de Conches venus pour la plupart de l'Oberhasli entre leVIIIe et le XIIIe siècle[3].
Aux environs de l'an700, une population deburgondes est poussée deGermanie vers l'Oberland bernois passant par les forêts autour duNapf ainsi que par les paliers de l'Aare. Cependant aucun nom de lieu traversé de la région deKoblenz auLac de Brienz ne possède le son fricatif caractéristiquealémanique[4].
AuxVIIIe et IXe siècles un deuxième groupe alémanique vient de l'est de l'Aare et rejoint les premiers migrants de l'Aare occidentale. Après quelques générations une partie des familles de paysans alémaniques a été envoyée, probablement depuis leIXe siècle, dans la vallée du Rhône[5].

Différentes théories tentent d'expliquer le départ des Walser duValais et du Siebenthal alias Simmental, considérée comme le berceau de la culture walser.
Certains attribuent leur migration à des problèmes de surpopulation ou à des catastrophes naturelles ou au changement climatique du Moyen Âge voire à la peste[6]. Cependant linguistes et géographes modernes privilégient la thèse de la surpopulation[7].
D'autres avancent que les migrations ont été encouragées par lesseigneurs féodaux qui souhaitaient peupler des vallées encore inhabitées afin de contrôler les cols alpins. En contrepartie, les Walser ont obtenu des droits et libertés importants[8].
En quelques générations dans les contrées en partie dépeuplées, ils bénéficient de conditions climatiques exceptionnelles et imposent leurs langues, leurs techniques d'habitat, d'aménagement des sols et de maîtrise hydraulique, leurs artisanats du bois, du fer et du textile et leurs mœurs religieuses de laboureurs et d'éleveurs. Ces caractéristiques remarquables, en dehors de la langue initiale, sont en grande partie empruntées aux populations alpines autochtones, qu'ils ont en partie assimilées dans les zones faiblement peuplées.
Autour de l'an mille, des groupes spécifiques,exogames et à forte natalité, de paysans originaires du monde souabe et alémanique dont les parents sont installés de l'Oberland bernois ou dans les hautes vallées rhénanes se sont déjà installés dans la vallée de Conches (Goms en allemand) et du Grimsel, dans le Haut-Valais.

Depuis leXIe siècle le petit peuple valaisan allemand a une force expansive exceptionnelle et se répartit aux quatre points cardinaux développant une culture paysanne de montagne[9].
À partir duXIIe siècle, le climat est plus variable et des périodes froides gèlent les investissements dans les terres de hautes altitudes. Comme la réputation d'éleveurs est forte, les familles walsers quittent les hauteurs rendues à la misère climatique et obtiennent tenures, locations et fermages dans les contrées montagnardes plus favorisées, ou partent au loin vers des pays meilleurs, parfois vers laSouabe, laBavière, vers l'Autriche, ou encore l'ancienne Grande Bourgogne du plateau suisse auJura, de laSavoie à la futureFranche Comté, des vallées rhénanes à l'Alsace[10] et auxVosges. Ces familles ou groupes modestes sont rapidement assimilés en quelques générations[11].
Après le redoux relatif duXIIIe siècle, l'effondrement progressif des conditions climatiques accentuent l'émigration, surtout après la fin duXIVe siècle.
DuXIIIe au XVe siècle, les groupes d'Alamans venus de l'Oberland bernois ont colonisé environ 150 lieux dans un arc alpin d'environ 300 km. Ils ont colonisé différents lieux de Suisse, d'Italie, du Liechtenstein, d'Autriche et de France[12].
Des valaisans ont été envoyés par les barons de Rarogne (VS) au baron de Vatz (Tyrol) en 1250, et, un peu plus tard par le comte Hugo de Werdenberg cousin deRodolphe de Habsbourg, qui possédait le territoire de Pludenz et plaça cesValiser laborieux et alpicoles, sur ses montagnes, dont les particularités de langage, habitats et vêtements s'effacent lentement pour disparaître complètement après quelques générations[8],[13].
D'importantes vagues de migration, le plus souvent irréversibles, vers l'Amérique du Sud notamment en Argentine, l'Amérique du Nord, du Canada au Texas, sont observées auXIXe siècle et début duXXe siècle[14].
Les Walser se sont installés en haute altitude, souvent à plus de 1 500 mètres d'altitude, voire 2 000 mètres d'altitude, dans des vallées reculées, souvent à l'origine inhospitalières aux cultures et parfois en partie inhabitées.
Le peuplement se caractérise souvent par un habitat dispersé, la topographie permettant rarement l'établissement de villages (manque de terrains plats ou replat bref). Bien qu'il n'existe pas un type unique de maison chez les Walser, les constructions en bois, maisons à colombages et chalets d'altitude, sont très fréquentes avec parfois un rez-de-chaussée en pierre[15].
Le village walser deJuf est le lieu habité toute l'année le plus haut d'Europe (2 126 m)[16].
L'artisanat du bois caractérise le monde paysan walser. Si la maîtrise des murs en pierres sèches et la construction maçonnée en moellons est un préalable à la réfection de l'habitat, l'art de la charpente associée souvent à la sculpture sur bois est le fondement de l'ancienne maison walser. Mais celle-ci a évolué comme toutes les maisons traditionnelles paysannes au cours du temps. La statuaire religieuse et votive est aussi typique. L'ébénisterie et la menuiserie, artisanat favorisé comme double métier pendant l'hiver, provient de la fabrication des huches, des armoires peintes et autres ameublements traditionnels. La ferronnerie et la serrurerie étaient aussi parfaitement maîtrisées dans les principaux hameaux walsers, un des motifs classique étant la croix.
Le tissage, la broderie perlée, les vêtements emperlés de bijoux, même de confection moderne, sont marqués par un style walser.

Le parler utilisé par les Walser est un dialecte alémanique appelé walserdeutsch caractérisé par un son fricatif. Il y a des variantes en fonction des localités et dans bon nombre de communautés, l'usage d'une forme archaïque dedialecte alémanique, leWalsertitsch, s'est perpétué jusqu'à nos jours[17].
Aujourd'hui les descendants de Walser suisses et italiens pratiquent encore le dialecte walser (niederalemanische, hochalemanische et höchstalemanische)[18].
Le linguistePaul Zinsli attire l'attention sur la particularité du peuple walser à se déplacer en petit groupe, de défricher et défendre les terres de colonisation avec l'accord et la protection des seigneurs locaux. Ils nommaient les lieux inédits de colonisation en reprenant le nom d'où ils venaient. Ainsi, le lieu appelé Galmsch[19], dans lePiémont[20], a pour racine le nom du mont alpin Galm[21],[22].
«Méin oalten atte ischt gsinh van in z'Überlann, un d'oaltun mamma ischt van Éischeme, ischt gsing héi van im Proa. Stévenin ischt gsinh dar pappa, la nonna ischt gsinh des Chamonal. [...] D'alpu ischt gsinh aschua van méin oalten pappa. Ich wiss nöit ol z'is heji... Ischt gsinh aschuan d'oaltu, un d'ketschu, gmachut a schian ketschu in z'Überlann. Méin pappa ischt gsinh la déscendance, dschéin pappa, aschuan méin oalten atte, ischt gsinh aschuan doa... Vitor van z’Überlann. Un té hedder kheen a su, hets amun gleit das méin pappa hetti kheisse amun Vitor. Eer het dschi gwéibut das s’het kheen sekschuvöfzg joar un het kheen zwia wetti das... zwienu sén gsinh gmannutu un zwianu sén nöit gsinh gmannutu. Dsch’hen génh gweerhut middim un dschi pheebe middim. Un darnoa ischt mu gcheen a wénghjen eina discher wettu.[23]»
« Mon grand-père venait deGaby, ma grand-mère d'Issime, du hameau Praz. Stévenin était le père, mémé provenait de la famille de Chémonal. [...] L'alpage [au vallon de Bourines] appartenait sans doute à mon grand-père. Je ne sais pas si c'était du côté de mon père. Elle appartenait aux vieux, ils avaient une très belle maison à Gaby. Victor, mon père, était de la descendance, son père, mon grand-père, venait de là-haut... Victor le gabençois. Ensuite il a eu un fils, auquel il a donné son prénom, donc mon père s'appelait lui aussi Victor. Il s'est marié à l'âge de 56 ans, et il avait quatre sœurs, dont deux étaient mariées et deux ne l'étaient pas. Elles ont toujours travaillé et vécu avec lui. Ensuite l'une d'elles est morte. »
Depuis les années 70, il est possible d'identifier un mouvement social, culturel et scientifique autour de la reconnaissance et de la valorisation de la communauté Walser à travers les différents pays marqués par sa présence[24].
Les différentes associations se sont réunies à Rome en 2017 pour préparer un dossier officiel de reconnaissance des Walsers comme patrimoine de l'humanité par l'UNESCO. Le dossier a été présenté en à Enrico Vicenti, secrétaire général de la Commission nationale italienne pour l'UNESCO, pour une reconnaissance officielle de leur histoire migratrice, transnationaux venus d'endroits inaccessibles ils ont su s'adapter à l'environnement naturel et garder leurs valeurs sur plusieurs siècles[25].
En 2020, l'association Walser deVallorcine intègre l’association internationale des Walser et participe aux 20e Walsertreffen duLötschental[26],[27].
Colonies Walser où la langue walser est encore parlée walser (Walsertitsch):
Colonies Walser linguistiquement éteintes:
Il existe plus de vingt musées consacrées à la thématique walser. Notons en particulier :
Un grand sentier walser permet de marcher sur des lieux emblématiques de leurs cultures entre Suisse, Liechstentein et Autriche.
Le Walserweg Graubünden[36] suit sur 300 km en 19 étapes les pas des premiers colons arrivés vers 1270. Il part du village deSan Bernardino jusqu'àBrand pour retrouver dans les paysages et habitations typiques des Walser leur histoire et leur culture[37]. En 2024, ce chemin s'agrandit, le Grosse Walserweg[38] comble l'écart dans le réseau historique de sentiers entre le Walserweg Graubünden, le Walserweg Vorarlberg[39] et le Santiero Walser Iatia au sud[40],[41].
Deux instituts ayant pour but l'étude de la langue et de la culture walser sont présents au sein de la communauté walser de la hautevallée du Lys, enVallée d'Aoste (Italie). Le plus ancien est l'association Augusta àIssime (fondé en 1968), le second est leCentre de culture walser - Walser Kulturzentrum des Aostatals àGressoney-Saint-Jean (fondé en 1982). La collaboration entre les experts linguistiques de ces deux centres a permis la rédaction de deux dictionnaires dutitschgressonard et dutöitschuissimois, publiés en 1988.
« Ils ont perpétué aussi l'usage de leur dialecte, que les Suisses alémaniques ont vite baptisé « walserdeutsch ».... »
(de) Paul Zinsli,Walser Volkstum in der Schweiz, Vorarlberg, Liechstentein und Piemont, Frauenfeld Suisse, Huber & CO,, 527 p.(ISBN 978-3-905342-05-5)