Lewagon de l'Armistice est lavoiture de chemin de fer[a] dans laquelle ont été signés l'armistice du entre l'Allemagne, laFrance et sesalliés, puiscelui du entre l'Allemagne et la France, tous deux à laclairière de l'Armistice dans laforêt de Compiègne, à une soixantaine de kilomètres au nord de Paris dans le département de l'Oise. Cet endroit est également nommé « clairière de Rethondes », bien que la clairière soit sur le territoire de la commune deCompiègne[b].
Cette voiture numérotée2419 D avait été mise en service en1914 par laCompagnie des wagons-lits, affectée au train dumaréchal Foch en1918, exposée auxInvalides puis dans laclairière de Rethondes pendant l'entre-deux-guerres. Emmenée enAllemagne après la signature de l'armistice de et exposée àBerlin, elle a été détruite enavril 1945 lors d'un incendie accidentel à Crawinkel, un mois avant lacapitulation allemande.
Une voiture similaire, 2439 D, issue de la même série de1913[2], est exposée depuis 1950 dans un mémorial sur le site de la même clairière deRethondes.

En 1913, deux séries dewagons-restaurants, soit trente-sept voitures, sont commandées par laCompagnie internationale des wagons-lits[4] et livrées à partir de 1914. Comme les wagons et voitures de l'époque, la caisse est en bois, montée sur un châssis en acier. Le de cette année, la voiture-restaurant2419 D reçoit l'autorisation de circuler et est affectée sur la section deParis-Montparnasse où elle dessert les lignes de Saint-Brieuc (1914), Le Mans (1915-1916) puis surParis-Saint-Lazare pour desservir Deauville-Trouville (1918)[4]. Enseptembre 1918, dans le cadre des réquisitions de temps de guerre, elle revient aux ateliers deSaint-Denis pour être transformée en voiture-salon-bureau. Elle est alors prise en charge par legénéral Weygand qui l'incorpore le15octobre 1918 au train du Grand Quartier général àSenlis mis à disposition dumaréchal Foch, commandant allié du front de l'Ouest[4]. Elle est effectivement mise à disposition de l'État-Major le.
La voiture est incluse dans le train qui, le7novembre 1918, est acheminé dans une futaie de laforêt de Compiègne[5]. Ce lieu isolé mais peu éloigné du front et du Quartier Général allié est choisi par la direction des transports militaires aux armées (DTMA) et approuvé par Foch, pour les négociations de l'armistice entre les Alliés et les Allemands. Ce site, qui devient plus tard laclairière de Rethondes, est équipé de deux épis ferroviaires[c], distants d'une centaine de mètres et reliés à la ligne de Compiègne. Ils servent alors à l’acheminement des pièces d’artillerie lourde sur rail pour le tir de très longue portée sur les lignes allemandes[4]. Un second train est aménagé pour abriter la délégation allemande.
Les négociations sont menées dans la voiture-salon et le entre5 h 12 et5 h 20 du matin, après une ultime séance débutée à2 h, l'armistice y est signé avec une mise en application sur le front fixée à11 h du matin le jour-même[4]. Entre les 8 et, peu de photographies des deux trains ont été prises, le maréchal Foch les ayant interdites. Seul un cheminot a réussi à prendre quelques photos « volées »[6].
Autour de la table sont assis en se faisant face[4] :
Aux extrémités de la table se trouvent l'officierinterprète français Paul Laperche (1880-1946)[7],[d] et le capitaine allemand von Helldorff.
Assistent également, mais en retrait, le capitaine britannique Jack Marriott et le capitaine allemand Geyer.
Dans le petit bureau-salon adjacent, au centre de la voiture et servant aux transmissions, se tiennent deux officiers français : le commandant Riedinger et le capitaine de Mierry. Dans les anciennes cuisines du wagon ont été aménagés le bureau des secrétaires,Henri Deledicq et Émile Grandchamp, ainsi que celui des cartographes.

Laréquisition de la voiture est levée en. Elle est restituée à la Compagnie internationale des wagons-lits (la CIWLT) qui la transforme à nouveau enwagon-restaurant[4]. Elle est réaffectée brièvement à lagare de Paris-Saint-Lazare sur la ligne d'Évreux[4] mais le gouvernement dirigé parGeorges Clemenceau ayant demandé à la CIWLT de lui céder cette voiture pour l'exposer aumusée de l'Armée aux Invalides à Paris, la CIWLT décide d'en faire don à l'État et une convention est signée entre elle et le gouvernement le.
La voiture est alors affectée au train du président de la République,Alexandre Millerand, et effectue un seul voyage àVerdun, le[4]. Elle est ensuite placée dans la cour d'honneur desInvalides le. Elle y reste six ans jusqu'au.
À la suite d'une demande récurrente du député-maire deCompiègne,Robert Fournier-Sarlovèze, et au mécénat d'un Américain dePasadena, Arthur-Henry Fleming, le wagon est restauré et convoyé jusqu'à la clairière de Rethondes où un bâtiment[8] pour l'abriter a été spécialement construit. L'ensemble est inauguré le en présence du maréchal Foch et de tous les officiers alliés présents lors de la signature de l'armistice[4].


L'armistice du, cette fois-ci demandé par la France à l'Allemagne après labataille de France, est signé par la volonté deHitler dans cette mêmevoiture historique que l'on place exactement au même endroit qu'en1918, montrant ainsi l’esprit de revanche de Hitler envers la France : selon lui, elle avait humilié l'Allemagne à la fin de laPremière Guerre mondiale. Hitler se venge ainsi dudiktat de Versailles.
Pour ce faire, le, l'organisation Todt casse une partie du bâtiment qui abritait le wagon pour pouvoir déplacer la voiture et la replacer sur la clairière à une centaine de mètres de là, débarrassée de ses drapeaux alliés. Le monument où figure l'aigle allemand foudroyé est recouvert du drapeau nazi. Le, Hitler, plusieurs hauts dignitaires allemands[e] et l'interprèteSchmidt montent dans la voiture pour le premier jour des négociations d'armistice, Hitler n'assistant qu'à la lecture du préambule. L'armistice est signé le lendemain à18 h 52 par legénéral Keitel pour l'Allemagne et legénéral Huntziger, chef de la délégation française[9].
Sur ordre de Hitler, le site de la clairière de Rethondes est arasé, les monuments démontés et la zone labourée et cultivée.
Le 1940, la voiture est convoyée par la route àBerlin où elle est exposée une semaine devant laporte de Brandebourg, puis auLustgarten[4],[10] où la population peut la visiter et cotiser pour le Secours allemand.
Évacuée de Berlin en1944, elle est mise à l'abri enThuringe, près deRuhla puis àOhrdruf. Elle sera détruite dans un incendie accidentel en[2].

Un wagon-restaurant appartenant à la même série (il ne s'agit donc pas d'une réplique) et aménagé à l'identique, leno 2439 D, remplace la voiture originale de l'Armistice dans la clairière de Rethondes, dans un bâtiment reconstitué. Cette voiture est réalisée enteck[11], bois tropical imputrescible. Différents souvenirs du maréchal Foch qui ont été préservés y sont rassemblés et l'intérieur du wagon est reconstitué à l'identique de celui de l'armistice ennovembre 1918. L'ensemble est inauguré le[4].
Après la chute dumur de Berlin et laréunification allemande (Ohrdruf se trouvait dans l'ancienneRDA), on découvre que certains vestiges de la voiture qui n'avaint pas brûlé[4] (blason de la compagnie ferroviaire, lettres de la voiture et main-montoire dans la voiture) ont été récupérés par des habitants. Ils sont donnés en 1992 au mémorial de la forêt de Compiègne[4].
Lelivre d'or du wagon de l'Armistice, signé par le maréchal Foch, est depuis signé par les autorités officielles françaises lors de cérémonies officielles, notamment par chaquePremier ministre français le premier11 Novembre qui suit sa nomination[12].
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