Il a vécu la première partie de sa vie auRoyaume-Uni puis a émigré auxÉtats-Unis en1939 et est devenu citoyen américain en1946. Il est élu Chancelier de l'Academy of American Poets en 1954. Il occupera cette charge jusqu'à son décès en 1973[17].
Il étudie ensuite au collège deChrist Church (Oxford), puis va vivre pendant un an àBerlin à l’époque de laRépublique de Weimar, dont l’atmosphère de tolérance est plus favorable à l’expression ouverte de sonhomosexualité. À Oxford, il a l'occasion d'écouter les cours deJ. R. R. Tolkien surBeowulf[18]. De retour auRoyaume-Uni, il enseigne dans deux écoles de garçons de 1930 à 1935. La plus importante, et où il est le plus heureux, est laDowns School deColwall, près de Great Malvern, où il passe trois ans et écrit quelques-uns des plus beaux poèmes d’amour du début de son œuvre, telsThis lunar beauty,Lay your sleeping head, my love,Fish in the unruffled lakes etOut on the lawn I lie in bed.
En 1935, W. H. Auden, qui esthomosexuel, fait un mariage de convenance avecErika Mann, la fillelesbienne de l'écrivain allemandThomas Mann, afin de procurer à celle-ci, connue pour ses opinions antinazies, un passeport britannique lui permettant d’échapper auTroisième Reich. Bien que le « couple » n’ait jamais vécu ensemble, ils demeurèrent amis et ne prirent jamais la peine de divorcer[19].
En1937, il se rend enEspagne pour conduire une ambulance et aider, de cette manière, la République espagnole pendant laguerre d'Espagne. Il se met à travailler au bureau de presse et de propagande, une tâche qu'il abandonne, fatigué par les intrigues, pour visiter le front. Ce séjour en Espagne de sept semaines l'affecte profondément et sa vision de la société devient d'autant plus complexe qu'il y découvre des réalités politiques plus ambiguës et plus troublantes qu'il ne l'avait imaginé[20].
W. H. Auden et son amantChristopher Isherwood émigrent aux États-Unis en 1939. Ce départ du Royaume-Uni, juste au moment où débute laSeconde Guerre mondiale, est considéré par certains comme une trahison et la réputation poétique d’Auden en souffre brièvement. Peu après son arrivée àNew York, il donne une lecture publique avec Isherwood etLouis MacNeice, où il rencontre pour la première fois le poèteChester Kallman(en), qui devient son amant et compagnon pour le reste de sa vie, bien que cette relation fût souvent orageuse.
Ayant passé les années de guerre aux États-Unis, Auden est naturalisé américain en 1946. Il retourne cependant en Europe en été à partir de 1948, d’abord en Italie, puis en Autriche. De 1956 à 1961, il est professeur de poésie à l'université d’Oxford, un poste qui exige seulement de sa part de donner trois conférences par an, de sorte qu’il ne passe que quelques semaines à Oxford durant cette période.
W. H. Auden a écrit une quantité notable d’ouvrages de critique et d’essais ainsi que des pièces de théâtre en collaboration avec son compagnonChristopher Isherwood, mais il est surtout connu en tant que poète. Son travail se caractérise par une variété exceptionnelle allant de formes traditionnelles rigoureuses telles que lavillanelle à des formes originales et complexes avec l’habileté technique qu’il déploie quelle que soit la forme employée. Il a été aussi responsable en partie du retour aumètre anglo–saxon accentué dans la poésie anglaise.
Auden bénéficie en 1994 d'un fort regain de notoriété, à la suite de la lecture de son poèmeFuneral Blues(en) par l'un des personnages du filmQuatre mariages et un enterrement, deMike Newell (laVF contient d'ailleurs une erreur puisqu'elle l'appelle « William H. Auden »). La première version du poème, publiée en 1936, est satirique : chanté par deux des protagonistes de la pièceThe Ascent of F6(en) à la mort d'un autre personnage, il moque avec dégoût l'hypocrisie des funérailles nationales[23]. En 1938, Auden réécrit ce poème, en conservant les deux premières strophes, sous la forme d'une chanson d'amour destinée à être chantée par unesoprano de ses amis,Hedli Anderson(en)[23].
Il existe une controverse sur le fait qu’Auden a retravaillé ses poèmes dans leurs publications successives et a fait supprimer plusieurs de ses poèmes les plus connus des éditions ultérieures parce qu’il ne les trouvait plus ni sincères ni exacts. Son exécuteur testamentaire littéraire, Edward Mendelson, affirme dans son introduction auxPoèmes choisis d’Auden que c’est là en fait une preuve de sa foi en le pouvoir et l’importance de la poésie. Ce recueil comprend certains vers qu'Auden avait rejetés et des versions initiales de ceux qu’il avait ensuite modifiés.
Avant de devenir anglican (dans une version de l’anglicanisme plus proche duprotestantisme que lecatholicisme de ses parents), Auden s’était activement intéressé aux débats politiques de la gauche de son temps et certaines de ses œuvres reflètent ces préoccupations, commeSpain, un poème sur laguerre civile espagnole, etSeptember 1, 1939 sur le déclenchement de laSeconde Guerre mondiale (deux poèmes répudiés ultérieurement par lui et exclus de sesSelected Poems). Parmi ses autres œuvres, on note également sonoratorio de Noël,For the Time Being,The Unknown Citizen,Musée des Beaux-Arts, et des vers sur la mort deWilliam Butler Yeats et deSigmund Freud.
W. H. Auden est souvent considéré comme appartenant à un groupe d’écrivains d’inspiration commune, parmi lesquels on trouveEdward Upward(en),Christopher Isherwood,Louis MacNeice (avec qui il a collaboré auxLetters from Iceland en 1936),Cecil Day-Lewis etStephen Spender, bien que lui–même ait cessé de se considérer comme membre de ce groupe dès l’âge de 24 ans.
Essais critiques, traduction Claude Habib, Claude Mouchard et Pierre Pachet, suivi deHannah Arendt,En souvenir de W. H. Auden, traduction Martine Reyss et Éric Adda, Paris,Belin, 2000.
Shorts, traduction Frank Lemonde, Paris,Rivages poche/Petite Bibliothèque, 2003.
Le Prolifique et le Dévoreur, traduction Béatrice Vierne, Paris, Anatolia/Le Rocher, 2003.
En lisantShakespeare, conférences reconstituées par Arthur Kirsch, traduction Dominique Goy-Blanquet, Paris, Anatolia/Le Rocher, 2003.
Quand j'écris je t'aime, traduction Béatrice Vierne, Paris,Anatolia/Le Rocher, 2003.
Journal de guerre en Chine avec Christopher Isherwood, traduction Béatrice Vierne, Paris, Anatolia/Le Rocher, 2003.
La Mer et le Miroir : commentaire deLa Tempête deShakespeare, édition bilingue, traduit et présenté par Bruno Bayen et Pierre Pachet, Paris, Le Bruit du Temps, 2009.