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Voyage de découvertes aux terres australes

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Voyage de découvertes aux terres australes
Image illustrative de l’article Voyage de découvertes aux terres australes
La couverture de l'atlas paru en1811.

AuteurFrançois Péron etLouis Claude de Saulces de Freycinet
PaysDrapeau de la FranceFrance
GenreRécit de voyage
Date de parutionÀ compter de1807
IllustrateurCharles Alexandre Lesueur etNicolas-Martin Petit
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Voyage de découvertes aux terres australes est le titre court d'unrécit de voyage dont la première édition fut publiée parFrançois Péron en1807 et qui fut par la suite complété et corrigé parLouis Claude de Saulces de Freycinet jusque dans lesannées 1820. Il décrit lepériple qu'ils firent jusqu'enAustralie dans le cadre de l'expédition Baudin, uneexpédition scientifiquefrançaise, partie duHavre le, qui ramena en métropole un très grand nombre de spécimensbotaniques ouzoologiques inconnus dessavantseuropéens de l'époque.

Histoire

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La première édition duVoyage de découvertes aux terres australes est publiée parFrançois Péron en1807 à l'invitation de la commission scientifique qui avait préparé l'expédition[1]. Elle s'appuie sur les journaux d'autres participants tels queLeschenault et comporte même deux chapitres entiers rédigés à la première personne du singulier parLouis de Freycinet : installé surle Naturaliste, ce dernier ayant assisté à des événements que Péron et les autres savants duGéographe ont manqués. L'auteur principal prévoyait de faire suivre ce premier volume de plusieurs autres textes, et notamment d'un ouvrage consacré à la seulezoologie, science à laquelle il n'a cessé de s'adonner depuis son retour. Cependant, la maladie le contraint à renoncer, et leVoyage n'est plus augmenté que par les productions des autres participants revenus vivants, à commencer par unatlas contenant des illustrations deLesueur etPetit en1811.

Puis, en1815, alors que Péron est mort depuis longtemps,Freycinet le complète encore d'une partie consacrée à lanavigation dans laquelle il exploite lui aussi le contenu des journaux tenus par d'autres participants, à savoirNicolas Baudin lui-même, mais aussiBailly,Montbazin,Boullanger,Breton,Faure, son frèreHenri de Freycinet,Hamelin,Leschenault,Ransonnet etRonsard[2]. Mais le résultat est boiteux, car Péron a rédigé son passage avant que les meilleures cartes n'aient été dessinées, et Freycinet s'emploie donc à corriger les erreurs qui restent. Les changements sont suffisamment importants pour reconnaître auBritanniqueMatthew Flinders la primauté de certaines découvertes géographiques enAustralie dont la paternité était jusqu'alors incertaine, les deux pays s'en disputant la primauté.

Les contextes politique, économique et intellectuel ne sont guère favorables à la publication de ce volume en 1815 :NapoléonIer, qui a commandité l’expédition, est vaincu militairement et la France traverse une grave crise politique, alors qu'en 1814, Flinders a publiéA Voyage to Terra Australis (en) et que l’Angleterre a repris la maîtrise des mers. L’objectif de reconnaissance des côtes du sud-ouest et de l’ouest de laNouvelle-Hollande et de la côte orientale de laTerre de Van Diemen est objectivement atteint par l’expédition Baudin, du moins dans ses grandes lignes. Les expéditions de Baudin et Flinders achèvent la cartographie d’ensemble du continent austral. Cet achèvement, un peu ignoré, résulte côté français en bonne partie du travail deBoullanger etFaure, en collaboration avec l’astronomeBernier, les frères Freycinet et d’autres officiers commeRansonnet[3].

LesFrançais savent désormais à qui ils doivent l'introduction sur leur territoire dumimosa doré et de l'eucalyptus, d'abord plantés par l'impératrice Joséphine à laMalmaison. Les oiseaux et des animaux de toutes sortes ont commencé alors à enrichir le jardin duparc de la Malmaison, où on leur a permis d'errer librement. À cette époque, la femme del'Empereur avait dans sa propriété deskangourous, desémeus, descygnes noirs célèbres dans toute l'Europe[4].

LesAustraliens comprennent pourquoi, alors qu'on leur a souvent caché l'existence de ces découvreurs, tant de noms français parsèment leurs côtes, au point que l'universitaire australienLeslie Ronald Marchant a pu titrerFrance Australe l'ouvrage consacré aux origines de l'Australie occidentale[5].

Prémices de l'expédition

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La Nouvelle-Hollande en 1800

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Carte de Johannes Kepler (1627).
Carte deJohannes Kepler (1627).

Que connait-on de laNouvelle-Hollande (Australie) en1800[6] ? LesHollandais, dans la première moitié duXVIIe siècle, ont aperçu, de loin en général, les côtes nord-ouest, ouest et sud-ouest de l’Australie, en leur donnant les noms des découvreurs :Terre d'Arnhem,Terre de Witt,Terre d'Endracht,Terre d'Edels,Terre de Leeuwin etTerre de Nuyts.Pieter Nuyts, qui s’était engagé loin dans l’est de la côte sud, avait fait de l’Australie une avancée ducontinent austral.

En 1642, legouverneur général des Indes hollandaises,Antonio van Diemen, envoie son agentAbel Tasman en reconnaissance. Débordant laTerre de Van Diemen (Tasmanie) et laNouvelle-Zélande par le sud, il apporte la confirmation de l’insularité de l’Australie.

L’espagnolTorrès avait déjà, en1606, montré la séparation de l’Australie de laNouvelle-Guinée par ledétroit qui porte son nom.James Cook reconnaît en 1770 la côte orientale, avant que soit fondée lacolonie pénitentiaire dePort Jackson (Sydney) en 1788.D’Entrecasteaux, à la fin de 1792, reconnaît la partie occidentale de l’Australie, ducap Leeuwin[a 1] aucap des Adieux[a 2] (Terre de Nuyts) ; uncanal porte son nom au sud de laTerre de Van Diemen[7]. La premièrecircumnavigation de la Terre de Van Diemen est effectuée par MM.Flinders etBass entre le et le, à partir dePort Jackson.

La seconde moitié duXVIIIe siècle donne lieu à l’organisation de nombreux voyages de découverte, en France et en Angleterre, dont les plus connus sont ceux de l'AnglaisCook et des FrançaisMarion du Fresne,de Saint-Aloüarn,Bougainville,Lapérouse etd’Entrecasteaux. Ils ont fait faire d’énormes progrès à la géographie de l’océan Pacifique, encore peu exploré.

Origines de l'expédition

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Institut de France (Paris).
Les expéditions françaises en Australie.

En France, lestroubles révolutionnaires et lesguerres extérieures ont évidemment interrompu ce genre d’expédition et il faut attendre 1798 pour qu’un navigateur,Nicolas Baudin, récemment intégré dans la marine de la République (), avec le grade decapitaine de vaisseau, présente auministre un ambitieux projet de voyage de circumnavigation dans lePacifique, malgré une conjoncture défavorable. LeDirectoire a d’autres soucis et, bien qu’appuyé par les naturalistesJussieu etLacépède, le projet n’aboutit pas faute de crédit[8].

L’avènement deBonaparte crée des conditions nouvelles etBaudin, le, présente un autre programme encore plus ambitieux, axé sur la recherche ensciences naturelles. Accompagné d’une délégation de membres de l’Institut, il est reçu par lePremier consulNapoléon Bonaparte, aupalais des Tuileries, en présence duministre de la Marine[9],Forfait. Fort de son expérience acquise enExtrême-Orient, dans lesmers du Sud et auxAntilles, il lui explique l’intérêt qu’il y aurait à rattraper l’énorme retard pris par la France dans le domaine scientifique, notamment dans celui des sciences naturelles, à la suite des événements de la Révolution. Bonaparte accepte le principe de l’expédition projetée enNouvelle-Hollande (Australie), mais en réduit considérablement l’ampleur[8].

Le ministre de la MarineForfait, en s’appuyant sur les connaissances déjà acquises par lesAnglais etd’Entrecasteaux, fixe comme objectif au commandantBaudin une reconnaissance détaillée des côtes du sud-ouest, de l’ouest et du nord de laNouvelle-Hollande[Note 1]. Compte tenu desconditions météorologiques, il lui est recommandé de commencer ses travaux cartographiques par le sud et de ne pas s’y attarder au-delà de la fin du mois de juin. Après les échecs deCook etVancouver pour gagner l’Extrême-Orient par le passage du nord-ouest, et les difficultés opposées aux navigateurs par la route àcontre-mousson pour atteindre laChine, l’intérêt s’est porté sur le contournement par le sud de l’Australie pour se rendre àCanton[8].

C’est dire l’importance des parages sud de l’Australie, et de laTasmanie, où Baudin est chargé de s’informer minutieusement des implantations anglaises dans la région. C’est aussi pourquoi, dès l’arrivée duGéographe àPort Jackson (Sydney) (),François Péron, géologue de l’expédition, écrit àDecrès,ministre de la Marine, pour l’informer de l’état de la colonie britannique et des défenses naturelles dePort Jackson,« l'un des plus beaux [ports] du monde[10] ».

Préparatifs de l'expédition

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Le Géographe et le Naturaliste.
Le Géographe etle Naturaliste.
Carte de la Nouvelle-Hollande de 1644.
Carte de laNouvelle-Hollande de 1644.
Carte de Freycinet (1811).
Carte de Freycinet (1811)[6].

L'expédition est soigneusement préparée. L’Institut de France, récemment créé en1795 pour remplacer les anciennes académies supprimées par laConvention, joue un rôle déterminant en créant à cet effet une commission comprenant lafine fleur des savants de l’époque :Lacépède,Jussieu,Laplace,Cuvier,Bougainville,Fleurieu,Bernardin de Saint-Pierre, et quelques autres moins célèbres. C’est la première fois, dans l’histoire des voyages de découvertes, qu’est mis à contribution un tel nombre de sommités scientifiques, chargées de préparer les instructions qui seraient données au chef de l’expédition[11].

Une autre originalité est l’importance nouvelle accordée aux préoccupations anthropologiques. Dans le mouvement qui se développe alors de reconstitution des sociétés savantes, naît en1799 l'éphémèreSociété des observateurs de l'homme (qui disparaîtra en1804), qui confie àJoseph-Marie de Gérando, futurbaron d'Empire, le soin d’établir un programme à l’usage des jeunesethnographes pour l’observation des populations rencontrées au cours de leurs campagnes et leur représentation picturale[12].

Pour mener à bien ce programme complexe englobant des disciplines scientifiques variées, il est essentiel de prévoir des navires robustes et une équipe aussi étoffée que judicieusement choisie. Pour ce qui est des navires, le choix se porte sur deuxcorvettes,la Galathée[13] etla Menaçante[14], que l’on s’empresse de rebaptiser respectivementle Géographe etle Naturaliste afin de bien afficher le but purement scientifique de la mission.

Les deux navires de construction récente – avec une coque doublée en cuivre, déplaçant environ 1 000 tonneaux – ont des performances différentes,le Géographe étant plus rapide quele Naturaliste, ce qui a des conséquences fâcheuses, aussi bien dans les traversées sur longue distance qu’enhydrographie. Pour tenir compte des expériences acquises lors des grands voyages précédents, les deux navires reçoivent des aménagements spéciaux pour stocker dans les meilleures conditions possibles les collections d’histoire naturelle que l’on compte rapporter[12].

L’une d’entre elles est d’ailleurs réservée àJoséphine de Beauharnais, l’épouse duPremier Consul, pour enrichir sonparc de la Malmaison[15]. On donne également un soin particulier aux approvisionnements de tous genres, vivres et matériel, comme on peut s’en convaincre en lisant le journal du commandantBaudin. Les équipements sont aussi complets que l'autorisent les techniques de l’époque, et comprenaient notamment unalambic pourdistiller l’eau de mer et la rendre potable[12].

On peut s'interroger sur l'opportunité du choix ducapitaine de vaisseauNicolas Baudin pour diriger une campagne qui va durer de longs mois. L’expédition est assurément de son initiative, ce qui rend difficile de lui en contester le commandement, mais sa carrière antérieure constitue un sérieux handicap psychologique vis-à-vis de ses subordonnés. Baudin n’a appartenu ni à laMarine royale, ni àcelle de la Révolution et l’essentiel de ses services s’est fait sous pavillon étranger, ennemi de surcroît. Il lui aurait donc fallu beaucoup de diplomatie pour se faire accepter de ses subordonnés[12].

Malheureusement, le commandant duGéographe est tout à fait dépourvu de cette qualité. Tous les témoignages concordent sur la nature entière, autoritaire et glacée, rancunière, de son caractère. Les officiers, les équipages et les scientifiques lui reprochent son entêtement, son absence de compassion aux souffrances de l’équipage, son indifférence aux précautions d’hygiène, la réalisation d’un grand programme scientifique sous une forte pression. Le jeune astronomeBernier écrit de lui :« grave et solitaire, il repoussait tout le monde par ses manières brusques et malhonnêtes »[12].

Le commandant duNaturaliste, lecapitaine de frégateHamelin, est heureusement d’un naturel plus agréable et sait faire régner à son bord une atmosphère d’ordre, de discipline, mais aussi de fraternité, qui contraste avec l’aigreur qui ne cesse de s’exprimer surle Géographe[12].

Les officiers, officiers mariniers et équipages ont été choisis avec un soin extrême : vingt-deux savants civils, dont deux astronomes, deux ingénieurs géographes, un ingénieur du génie maritime, cinq zoologistes (dont le zoologiste et médecinFrançois Péron, élève deCuvier), trois botanistes et trois dessinateurs chargés de constituer un véritable reportage sur les pays visités[12].

On y remarque six jeunes gens des toutes premières promotions de l'École polytechnique, récemment créée par laConvention en 1794 et à laquelleNapoléon donnera en 1804 lestatut militaire :Charles-Pierre Boullanger, ingénieur géographe (1794) ;Charles Moreau, aspirant (1794) ;Pierre Faure, ingénieur géographe (1795) ;Jean-Marie Maurouard, aide-timonier (1795) ;Joseph Bailly, minéralogiste (1796) etHyacinthe de Bougainville, aspirant (1799). La présence de polytechniciens dans une expédition a un prestigieux précédent, l’expédition d’Égypte , où, sous l’impulsion deMonge, ils forment l’ossature des équipes employées à étudier et cartographier l’Égypte et à identifier les vestiges de sacivilisation pharaonique.

De cet état-major d’une soixantaine de personnes pour les deux navires, se détachent particulièrement les noms suivants : les frèresLouis etHenri de Freycinet ;Pierre-François Bernier, astronome, mort en campagne ;Jean-Baptiste Leschenault, botaniste ;Charles Lesueur, peintre d’histoire naturelle ;François Péron, zoologiste et médecin, rédacteur avecFreycinet durécit qui sera publié de 1807 à 1824 ;François-Michel Ronsard, officier du génie maritime[12].

Chronique du voyage

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Itinéraire de l'expédition Baudin (1800-1804).
Carte de l'Île-de-France (XVIIIe siècle).
Carte de Timor (1820).
Carte dePort Jackson.
Vue de Sydney Cove, 1792.
Nouvelle-Galles, d'après une carte de 1892.
Éléphant de mer austral de l'île King.
Île Decrès, baie de Penneshaw : inscription gravée en 1803 par un des marins de la corvettele Géographe rendant hommage à Nicolas Baudin.
Émeu de Baudin.
Wombats de l'île King.
Carte de l'île Rottnest.
Carte du golfe de Carpentarie, 1859.
Carte deRobben Island et de laBaie de la Table datant de 1773.
Vue de l'Île Sainte-Hélène.

Lerécit détaillé du voyage fait l'objet du livre premier de l'ouvrageLouis Claude de Saulces de Freycinet,Voyage de découvertes aux Terres Australes, exécuté par ordre de sa Majesté, l’Empereur et Roi, sur les corvettesle Géographe,le Naturaliste et la goëlette leCasuarina, pendant les années 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 : Navigation et géographie, Paris,Imprimerie royale,,2e éd., 576 p.(lire en ligne),p. 3-28.

Le Havre[a 3]. Appareillage duGéographe (commandantBaudin) et duNaturaliste (commandantHamelin)[16].

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Escale de 11 jours àSanta Cruz de Ténériffe[16],[a 4].

Franchissement de l’équateur par environ 23° 40' delongitude ouest (méridien de Paris)[17],[16].
L’optimum d’une traversée à la voile pour l’océan Indien fait franchir l’équateur, beaucoup plus près duBrésil, entre 30 et 33° ouest. La route suivie parBaudin lui fait perdre environ un mois et demi sur une traversée classique à son époque, du Havre à l’Île-de-France (Maurice).
(Nota : Baudin avait pensé reconnaître une prétendue “île de sable”, dangereuse pour le navigateur, située à hauteur dutropique du Cancer par une longitude d’une vingtaine de degrés[18].)

Lecap de Bonne Espérance est doublé[16],[a 5].

Arrivée à l’Île-de-France le au soir, 122 jours, soit quatre mois après l’appareillage duHavre[16],[a 6].
Le retard pris dans la traversée du Havre à l’Île Maurice a largement contribué à la détérioration de l’atmosphère à bord, qui se solde par le débarquement de dix savants : le jeune astronomeBissy, remplacé parBernier qui passe duNaturaliste auGéographe, deux zoologistes, deux botanistes, deux jardiniers et les trois peintres dessinateurs et la désertion de 21 hommes d’équipage. Tous sont mécontents et certains, hospitalisés, inaptes à poursuivre le voyage.
Par ailleurs, les magasins de la colonie sont vides, en raison de l’état de guerre avec l’Angleterre depuis1793, qui a rendu précaires les liaisons avec la métropole. L’extrême mauvaise volonté des autorités locales oblige l’expédition à recourir à des capitaines danois, présents sur rade, pour le ravitaillement. Ainsi, dès le départ, le, l’équipage doit se contenter d’un mauvaistafia de l’Île à la place du vin, et de biscuits et salaisons avariées. Le pain frais, le vin et la viande fraîche ne seront plus désormais qu’un souvenir[19].

Appareillage de l’Île-de-France[20]. L’expédition quitte l’Île-de-France dans une atmosphère d’autant plus détestable queBaudin refuse de dévoiler ses intentions pour la suite du voyage. La traversée de l’océan indien s’effectue cependant sans incident et assez rapidement, puisque les deux navires arrivent le en vue des côtes australiennes, à hauteur ducap Leeuwin[a 1], découvert à la pointe sud-ouest du continent australien et baptisé en 1622 par lesHollandais.

Le Géographe etle Naturaliste atterrissent aucap Leeuwin[20],[a 1], près de sept mois après leur départ de France, et non pas à laTerre de Van Diemen (Tasmanie) comme le prévoient les instructions techniques.Baudin trouve la saison trop avancée pour l’exécution du programme prescrit, en raison du retard évoqué précédemment, et décide d’entreprendre sans délai l’hydrographie de la côte nord-ouest, en remontant vers le nord.

Le Géographe etle Naturaliste mouillent au nord ducap Leeuwin[a 1] dans unebaie queBaudin baptise du nom de son navire[20],[21],[a 7]. Il en fait entreprendre lelevé et envoie à terre une équipe denaturalistespour examiner le pays et tâcher de communiquer avec les sauvages”. En fait, ils tombent sur des indigènes surexcités et hurlants, brandissant casse-tête et sagaies, très différents de ceux des théories deRousseau[22]. Leur sang froid évite le pire et leur permet de faire les premières observations sur les us et coutumes desaborigènes d’Australie.
Pendant cette rencontre, un violent coup de vent d’ouest, annonçant la mauvaise saison, adrossé à la côte lachaloupe duGéographe, qui sera irrémédiablement perdue.Hamelin, commandant duNaturaliste, voyant le danger, rembarque dans soncanot pour chercher du secours, mais ne regagne son bâtiment qu’après plus de vingt-quatre heures d’efforts épuisants. Les vingt-cinq hommes restés à terre ne rejoignent leur navire que le soir du troisième jour. Wasse, matelot duNaturaliste se noie au rembarquement ; un petit cours d’eau portant son nom se jette dans la mer dans labaie du Géographe.
Cette aventure constitue le premier accroc sérieux de la campagne. Le très mauvais temps en est le principal responsable. Pendant toute la période des travaux enbaie du Géographe, les marins sont frappés par l’extrême abondance dans ces eaux de poissons et de cétacés, baleines en particulier, que personne ne songe à chasser à cette époque.

Appareillage de labaie du Géographe duGéographe et duNaturaliste (qui a perdu deux ancres)[20]. Les deux navires déradent par mauvais temps, pour s’éloigner de la côte, en prenant de grands risques. Ils se perdent l’un l’autre, dans la tempête.Le Géographe se dirige vers l'île Rottnest[a 8], premier rendez-vous fixé auNaturaliste en cas de séparation, qu’il double par mauvais temps le, sans y attendrele Naturaliste.Baudin poursuit sa route vers le nord, en présumant qu’Hamelin doit s’être dirigé vers labaie des chiens-marins[23],[a 9] (Shark bay, aujourd’hui) enTerre d'Endracht, lieu fixé comme second rendez-vous en cas de séparation.
Il abandonne dès lors la visite de l'île Rottnest et celle de larivière des Cygnes[24],[a 10] pour se rendre directement à labaie des chiens-marins où il séjourne du au pour une exploration méthodique et unlevé hydrographique. La baie abonde en serpents marins et en baleines ; les îles sont peuplées de kangourous.Le Naturaliste n’apparaissant pas,Baudin quitte labaie des chiens-marins le, et fait route le long de laTerre de Witt, dont il fait une rapide reconnaissance avant d’aborder le l’archipel Bonaparte[25],[a 11], hérissé de récifs, et d’une stérilité totale, près de quatre mois après son départ de l’Île-de-France[26],[25].
Les privations endurées par l’équipage, l’épuisement des provisions d’eau (non renouvelables depuis la perte de la chaloupe), la progression duscorbut dans l’équipage, et la perspective de retrouverHamelin et sonNaturaliste, poussentBaudin à gagnerTimor[6], le troisième rendez-vous en cas de séparation.

Arrivée duGéographe àCoupang (Kupang, àTimor)[27],[28],[a 12].

Retour en arrière.Le Naturaliste réussit péniblement à se dégager de labaie du Géographe, gagne l'île Rottnest dont il fait l’hydrographie, et reconnaît larivière des Cygnes, sur laquelle s’élève aujourd’hui la ville dePerth[26].
Lors d’une mission à terre d’exploration et de ravitaillement, la chaloupe et le canot duNaturaliste sont malmenés au débarquement, et immobilisés pendant trois jours. Aucune trace d’eau douce n’est découverte.Le Géographe est apparu à l’horizon, faisant route, ce qui décideHamelin à faire route vers labaie des chiens-marins où il arrive le, quatre jours après le départ deBaudin. Un levé hydrographique précis en est fait tandis que les naturalistes accumulent d’énormes collections de plantes, fleurs, fruits, graines, oiseaux, coquillages et animaux variés. Dans le nord de lapresqu’île Péron, où un détachement est mis à terre, une attaque d’une trentaine de “sauvages” est dispersée par un coup de fusil en l’air[29]. À noter aussi que l’essai d’unalambic montre son efficacité pour la distillation de l’eau de mer, jusque-là négligée[30].Baudin n’étant pas apparu,Hamelin se décide à rallierTimor où il arrive le[31].

Hamelin rallieCoupang où il retrouveBaudin qui y séjourne depuis le. L’escale àTimor, dans la partie hollandaise de l’île, se prolonge jusqu’au. Elle permet aux naturalistes de compléter leurs collections d’oiseaux, d’insectes, de reptiles et de coquillages. Cependant les maladies n’épargnent ni les marins, ni les savants. Les conditions de vie à bord, la mauvaise qualité de la nourriture et de l’eau, engendrent de nombreuses maladies : des fièvres pernicieuses, le scorbut, dû aux carences alimentaires en vitamines, la dysenterie, qui fait surtout des ravages surle Géographe. Deux jardiniers et deux zoologistes meurent, et le botanisteLeschenault, malade, doit débarquer. On attend pour appareiller que la nouvelle chaloupe du Géographe (remplaçant l’ancienne) soit terminée.

Les commandantsBaudin (Géographe) etHamelin (Naturaliste) prennent congé du Gouverneur hollandais deCoupang (Kupang).

Le Géographe etle Naturaliste quittentTimor le pour contourner l’Australie par l’ouest et le sud et, sans faire escale, arriver enTasmanie, baptisée en1642Van Diemen parTasman, du nom deVan Diemen, gouverneur desIndes orientales néerlandaises. Sept cadavres sont abandonnés à la mer en cours de traversée[31].

Atterrissage duGéographe et duNaturaliste sur laTerre de Van Diemen (Tasmanie)[32]. Quelques jours plus tard, les deux navires mouillent dans lecanal d’Entrecasteaux, découvert parce dernier le, et qui forme au sud-est de laTerre de Van Diemen un vaste détroit. De sérieux travaux hydrographiques dans les parages sud-est de l’île sont entrepris ainsi que des enquêtes auprès desaborigènes. Les corvettes remontent ensuite le long de la côte orientale tandis queBoullanger et l’aspirantMaurouard, duGéographe, reçoivent l’ordre le de reconnaître en canot la partie nord de la côte orientale, en ralliant tous les soirs leur bord.
Parvenus audétroit de Banks[a 13], ils sont récupérés, par très mauvais temps, par unbrick anglais qui leur donne l’hospitalité[33] et les dépose surle Naturaliste le, dans ledétroit de Banks. Le rendez-vous n’a pas été tenu parle Géographe qui, après avoir essuyé de furieux coups de vent auxîles Furneaux[34],[a 14], s’est attaqué à l’exploration de la partie orientale de la côte sud de l’Australie, qu’il baptiseTerre Napoléon[35],[36].

Rencontre deBaudin avecFlinders qui vient deux fois à bord duGéographe. Le,le Géographe étant dans une baie au sud-est de l’emplacement actuel d’Adélaïde[a 15], un navire apparaît à l’horizon, qui hisse le pavillon anglais. C’est lecaptainFlinders qui, parti d’Europe sur l’l'Investigator (en) depuis, se trouve depuis trois mois enTerre de Nuyts[37]. La baie porte depuis cette date le nom debaie de la Rencontre[a 16].
Début mai, au commencement de la mauvaise saison, l’état sanitaire inspire une relâche. La moitié de l’équipage, en effet, est hors service, et plusieurs cadavres ont déjà été jetés à la mer. L’eau, putride, est très insuffisante en quantité ; “le biscuit est criblé de larves d’insectes, les salaisons sont pourries, d’un goût et d’une odeur si insupportables que, même en présence du commandant, les plus affamés jettent souvent leurs rations à la mer[38].

Décision deBaudin du retour duGéographe auPort Jackson[a 17]. Pressé par le manque d’eau douce et par les maladies qui continuent à ravager l’équipage,Baudin ordonne le le retour duGéographe auPort Jackson, non par la route la plus courte, mais par la plus éprouvante, qui contourne laTerre de Diemen[39],[34],[40] par le sud[37].
Avec l’aide d’une forte chaloupe, envoyée par l'anglaisPhilip Gidley King,gouverneur de Nouvelle-Galles du Sud,Baudin et sonGéographe arrivent auPort Jackson le[41].

Arrivée duGéographe auPort Jackson. De son côté,le Naturaliste a travaillé sur la côte est deVan Diemen et dans ledétroit de Bass[a 18], faisant en particulier les levés dePort Dalrymple etPort Western[42],[a 19], avant de toucherPort Jackson une première fois[43], pour s’y “rafraîchir”, puis une deuxième fois pour y faire la jonction avecle Géographe le[44].

Réunion duGéographe et duNaturaliste auPort Jackson (Sydney).Le Géographe etle Naturaliste stationnent près de cinq mois[44] auPort Jackson, où la jeune colonie anglaise traite parfaitement leurs équipages, fatigués. Fondée en 1788, peu de jours avant l’arrivée deLapérouse, la ville est déjà très florissante. Tandis queBernier établit son observatoire à terre, les naturalistes enquêtent activement, etPéron étudie le processus de colonisation.
Compte tenu de la réduction des équipages, pour cause de mort ou de maladie,Baudin décide de renvoyer en Francele Naturaliste et de le remplacer par une goélette de trente tonneaux en construction,le Casuarina (fabriquée en bois decasuarina)[45]. À bord duNaturaliste,Hamelin rapporte les collections d’histoire naturelle, ainsi que les cartes, les mémoires et les observations déjà rédigés, sans compter trois aspirants qui “avaient encouru la haine” du commandantBaudin[46], mais qui sont néanmoins promus au grade d’officier dès leur retour.

Port Jackson. Appareillage duGéographe, duCasuarina et duNaturaliste[47].

Regroupement le des trois navires[47] à l’île King[25],[a 20] (à la sortie ouest dudétroit de Bass) ; celle-ci apparaît aux équipages duGéographe, duCasuarina comme un paradis terrestre, largement pourvu d’eau, de végétation et d’animaux (wombats,kangourous,casoars,éléphants de mer).Le Naturaliste appareille pourLe Havre.

Le Naturaliste est arrêté en vue des côtes d'Angleterre, et conduit àPortsmouth[a 21] par la frégateMinerve, capitaineCharles Bullen[47].

Le Naturaliste est relâché et entre le lendemain dans le port duHavre, d'où il est parti deux ans sept mois et dix-huit jours auparavant[47].

Arrivée duNaturaliste auHavre, après une campagne de trente-deux mois.

Retour en arrière. Regroupement le des trois navires à l’île King (à la sortie ouest dudétroit de Bass) ; celle-ci apparaît aux équipages duGéographe, duCasuarina comme un paradis terrestre, largement pourvu d’eau, de végétation et d’animaux (wombats,kangourous,casoars,éléphants de mer).Le Naturaliste appareille pourLe Havre.
Désormaisle Casuarina est commandé par l’enseigne de vaisseauLouis de Freycinet, qui reçoit l’ordre d’hydrographier les abords de l’île King, puis lesîles Hunter[25],[a 22], ce qui occasionne un jour de retard sur les prescriptions deBaudin. De là,Freycinet va seul compléter la reconnaissance des golfes de laterre Napoléon sur la côte sud de l’Australie.
Lorsqu’il touche l’île Decrès[48],[a 23],Baudin, resté au mouillage pendant 26 jours[49], en attente d’une chaloupe devant remplacer celle qu’il a perdue à l’appareillage de l’île King, ne l’a pas attendu.Freycinet cherche son chef à l'archipelSaint-Pierre (en)[50],[a 24] etSaint-François (en)[50],[a 25], sans succès, et se décide à gagner leport du roi George[51],[21],[a 26]Baudin le rejoint, cinq jours plus tard, le[52].

JonctionFreycinet (le Casuarina) -Baudin (Géographe) auport du roi George. Le détroit mythique, situé à l’extrémité orientale de la terre découverte parNuyts, en1627, n’a pas été retrouvé.

Le Géographe etle Casuarina quittent[52] leport du roi George pour doubler lecap Leeuwin[a 1] et remonter le long de la côte ouest (Terre d'Endracht,Terre de Witt) et enfin mettre le cap surTimorle Géographe arrive le[53].

Arrivée duGéographe àTimor.

Très fatigué à son arrivée àTimor,Baudin décide d’y relâcher un mois avant d'en repartir le pour reconnaître la côte nord de l’Australie en direction dudétroit de Torrès[54].

L’astronomeBernier meurt d’épuisement. Il avait 23 ans. Son corps est jeté à la mer dans la consternation générale[55],[56],[57].

Baudin, parvenu à l’entrée dugolfe de Carpentarie[58], épuisé et souffrant, décide de faire demi-tour, pour rallier l’Île-de-France, avec un équipage à bout de forces et des provisions d’eau en voie d’épuisement.

Arrivée du commandantBaudin le[57] à l’Île-de-France où il meurt le[59].

Arrivée duCasuarina à l’Île-de-France[57], qui est désarmé le[59], avec transfert de son équipage surle Géographe.

Mort duBaudin. Il est enterré “avec tous les honneurs dus au rang qu’il avait occupé dans la marine militaire[59].

Milius, ex-commandant en second duNaturaliste, prend le commandement duGéographe (il était plus ancien queFreycinet) le[60].

Appareillage duGéographe. Escale le auCap[a 27]. Arrivée àLorient le[59].

Arrivée duGéographe àLorient[a 28] après un périple de 63 000milles et une campagne de quarante-deux mois[59].

Officiers, aspirants, savants et artistes de l'expédition

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Avertissement :

Le caractère ® précède les noms des personnes qui, pour raison de santé ou d'autres motifs, ne sont pas allées jusqu'aux Terres Australes, et sont restées à l'Île-de-France dès le commencement de la campagne.

De même le caractère † signale la mort des personnes décédées au cours de la mission.

À bord de la corvettele Géographe

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(partie duHavre le, rentrée àLorient le)

Au départ de l'expédition, leGéographe embarque cent vingt et un hommes[13] :

  • un état-major militaire de dix-sept officiers : le commandant de l'expédition, troislieutenants, troisenseignes, quatreaspirants de1re classe, quatreaspirants de2e classe et de deux médecins ;
  • quatorze savants : un ingénieur géographe, un astronome, un botaniste, trois zoologistes, un minéralogiste, quatre artistes, un jardinier et deux assistants jardiniers ;
  • un équipage de quatre-vingt-dix hommes : dix sous-officiers, douze artilleurs, huit timoniers, cinq charpentiers etcalfats, deux voiliers, quatre personnes au service du commandant (un maître-coq, uncoq, un majordome et un secrétaire), six personnes à l'intendance (un intendant en chef, un intendant, un coq, un boulanger, un boucher et untonnelier), trente-quatre matelots (cinq autres seront engagés au cours de l'expédition) et neuf novices.
État-major[61],[13]
Officiers de santé[62]
Aspirants de la marine[62]
Savants et artistes[63]

À bord de la corvettele Naturaliste

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(partie duHavre le, rentrée dans le même port le)

Cent trente-deux hommes[14] sont à bord duNaturaliste :

État-major[60],[14]
Officiers de santé[64]
Aspirants de la marine[64],[56]
Savants et artistes[56]

À bord de la goélettele Casuarina

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(armée auport Jackson le, désarmée à l'île-de-France le)
État-major[65]

Itinéraire du voyage de découvertes aux Terres Australes

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Les divers ouvrages du« Voyage de découvertes aux Terres Australes, exécuté par ordre de sa Majesté, l’Empereur et Roi, sur les corvettesle Géographe,le Naturaliste et la goëlette leCasuarina, pendant les années 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 » n'ont pas encore fait l'objet d'une publication dans la bibliothèque libreWikisource, à l'exception dutome1er en cours de correction (consulté le). Les lignes qui suivent sont la retranscription fidèle du passage consacré à l'itinéraire de la mission extrait du livre premier de l'ouvrageLouis Claude de Saulces de Freycinet,Voyage de découvertes aux Terres Australes, exécuté par ordre de sa Majesté, l’Empereur et Roi, sur les corvettesle Géographe,le Naturaliste et la goëlette leCasuarina, pendant les années 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 : Navigation et géographie, Paris,Imprimerie royale,,2e éd., 576 p.(lire en ligne),p. 3-28.

Pour une lecture interactive (finalité de l'exercice) :

De France à l'Île-de-France

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(du au)

Lescorvettesle Géographe etle Naturaliste, chargées parSa Majesté de faire des découvertes dans les régions Australes, partirent du port duHavre le. Elles se dirigèrent d'abord surTénériffe, où elles devaient prendre du vin de campagne et quelques rafraîchissements. Après une relâche de onze jours, qui ne produisit point les avantages sur lesquels nous avions compté, nous remîmes sous voiles le au soir, et nous poursuivîmes notre route vers l'Île-de-France.

Cinq jours après nous doublâmes leCap-Vert à quarantelieues de distance. NotreCommandant voulait couper l'équateur par les 10 ou 12° delongitude à l'Ouest duméridien de Paris ; mais les calmes et les courants que nous rencontrâmes à l'entrée dugolfe de Guinée, contrarièrent beaucoup ce projet, et nous repoussèrent fort loin vers l'Ouest. Nous ne pûmes effectuer ce passage que par les 23° 40' de longitude, et le seulement. Ce retard nous fut pénible, et il influa de la manière la plus fâcheuse sur la suite de notre voyage[66]. Nous eûmes la vue duCap de Bonne-Espérance le, et nous le dépassâmes avec rapidité, nous bornant à prendre les relèvements nécessaires pour vérifier la marche de nosmontres marines.

Après avoir doubléMadagascar, nous éprouvâmes, par les52 degrés de longitude orientale, une violente bourrasque duS. S. O. auS. S. E., qui ne dura que vingt-quatre heures, mais qui nous causa quelques légères avaries. Nous nous remîmes bientôt en route, et fûmes rendus à l'Île-de-France le au soir.

Le but de notre relâche dans cette colonie était de remplacer les provisions consommées pendant la traversée, et de nous procurer le vin et les autres denrées que notre Commandant avait d'abord espéré de trouver àTénériffe. Mais ici les ressources étaient moins abondantes encore ; en sorte qu'après bien des tentatives infructueuses, il fallut se contenter d'un approvisionnement médiocre, et se résoudre, pour la suite du voyage, à des privations multipliées.

Plusieurs officiers et savants de l'expédition, incommodés déjà, par les fatigues du voyage, obtinrent leur débarquement, et restèrent dans la colonie.

Nous fîmes nos dispositions pour mettre sous voiles, et le nous dirigeâmes notre route vers laNouvelle-Hollande.

De l'Île-de-France à Timor

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(du au)

Après nous être élevés par le parallèle de 30 à 34 degrés pour trouver des vents favorables, nous gouvernâmes à l'Est, et nous eûmes connaissance de laTerre de Leuwin, le par les 34° 20' de latitude : c'est l'espace compris entre leCap Gossellin et lecap Hamelin. Nous prolongeâmes la côte, en remontant auNord jusqu'au cap duNaturaliste, au-delà duquel nous découvrîmes une baie très vaste ouverte auN. O., qui fut désignée sous le nom debaie du Géographe[21]. Nous y jetâmes l'ancre le 30 au soir, et y séjournâmes, à divers mouillages, jusqu'au.

Une tempête violente duN. N. E. auN. N. O. nous força de quitter précipitamment cette baie ; et dans la nuit périlleuse et obscure qui suivit notre appareillage, nos deux corvettes furent séparées. Nous fîmes de vains efforts pour nous rejoindre ; et après les recherches d'usage, M.Hamelin, Capitaine duNaturaliste, jugea convenable de faire voile, sans plus de délai, pour le rendez-vousqui lui avait été assigné, devant l'île Rottnest.

Le Commandant fit une manœuvre différente ; et présumant que sa conserve relâcherait à labaie des Chiens-Marins[23], il alla mouiller, pour l'y attendre, auprès del'île Bernier, vers la partie septentrionale de la baie. Après de vaines espérances de réunion, et un séjour prolongé depuis le jusqu'au, le Commandant mit de nouveau sous voiles, et s'avança au Nord pour commencer l'importante exploration de laTerre de Witt[6]. Cette première reconnaissance fut rapide et incomplète à beaucoup d'égards ; elle servit cependant à déterminer avec exactitude la position ducap Murat, qui forme l'extrémitéN. O. de laNouvelle-Hollande, et la position d'un grand nombre d'îles et d'îlots qui furent successivement découverts. Les plus remarquables sont lesîles de Rivoli (en), l'île l'Hermite, lesîles Forestier[42], lesîles Lacépède (en), et la majeure partie de celles qui composent l'archipel Bonaparte[25].

Le Géographe mouilla devant l'île Cassini (ceb), le de la même année. À cette époque, le défaut de vivres, et surtout la disette d'eau douce, rendaient une relâche nécessaire. La fatigue de l'équipage, son épuisement, les maladies qui se développaient déjà, pressaient d'abandonner une côte inhospitalière. Ces considérations décidèrent le Commandant à faire route pourTimor[6], où il avait d'ailleurs quelque espoir de se réunir avec sa conservele Naturaliste.

M.Hamelin ne resta pas oisif à son mouillage devant l'île Rottnest. Il fit examiner par M.Faure, ingénieur-géographe, et parmoi, le groupe d'îles désigné sur nos cartes sous le nom d'îles Louis-Napoléon. Un canot fut envoyé également pour faire le plan de larivière des Cygnes[24]. M.Heirisson, chargé de cette expédition, s'avança à vingt lieues environ de l'embouchure : l'eau était encore salée au point où il s'arrêta.

Ne voyant pas arriver la corvettele Géographe, le capitaine duNaturaliste pensa qu'il pourrait la rencontrer à labaie des Chiens-Marins. Pour éviter les inconvénients d'une séparation, il ne voulut pas retarder sa marche pour l'examen très important sans doute, mais beaucoup trop long, de laTerre d'Edels ; il se borna à reconnaître quelques-uns de ses points principaux, et notamment labaie Gantheaume (en) et la bande dangereuse d'îles et de récifs connue sous le nom deHoutmans-Abrolhos.

Le Naturaliste jeta l'ancre à labaie des Chiens-Marins, le, quatre jours après le départ duGéographe. Il en repartit le suivant.

Son séjour sur cette rade devint utile par les travaux que j'exécutai de concert avec M.Faure, pour la description géographique de la partie méridionale de la baie.Je fus plus spécialement chargé de l'exploration de l'île Dirçk-Hartighs, duPassage-Épineux et de tout le développement de côte qui appartient auhavre Henri-Freycinet.Je reconnus que la portion de terre qui s'étend ducap Lesueur à lapointe des Hauts-Fonds, n'appartenait point à une île, ainsi qu'on l'avait cru jusqu'alors et que l'indiquaient positivement nos anciennes cartes, mais qu'elle se rattachait à une grande presqu'île queje désignai sous le nom depresqu'île Péron.

M.Faure commença ses relèvements à lapointe des Hauts-Fonds. Il explora lehavre Hamelin et l'île Faure, remarquable et précieuse à la fois par l'abondance des tortues excellentes que l'on y trouve dans la saison de la ponte, c'est-à-dire, dans le mois de juillet.

M.Ransonnet fit d'intéressantes observations des marées, tant sur la côte Nord de lapresqu'île Péron, que surîle Dirçk-Hartighs : les résultats qu'il obtint se trouveront réunis à la fin de cet ouvrage.

Les mêmes motifs devaient nous rapprocher des mêmes lieux où déjà s'était rendule Géographe ; nous quittâmes donc labaie des Chiens-Marins, pour nous diriger surTimor, que nous regardions comme le point de ravitaillement le plus convenable à nos besoins. Nous reconnûmes, en faisant route, les îles deNouveau-Savu,Benjoar,Savu etSimâô, et jetâmes l'ancre dans la baie deCoupang[28], sur l'île deTimor, le. Nous opérâmes de cette manière, et pour ainsi dire par hasard, notre réunion avecle Géographe.

Plusieurs travaux du plus grand intérêt eurent lieu pendant notre séjour àCoupang. MM.Bernier etHenri Freycinet s'attachèrent surtout à multiplier les observations de longitude par les distances lunaires. MM.Péron etLesueur réunirent d'importantes données sur la topographie de la baie, et M.Boullanger, quelques documents pour en fixer l'ensemble.

Après avoir renouvelé leurs provisions et pris divers rafraîchissements, les corvettes françaises remirent en mer le, pour se rendre à la partie la plus australe de laTerre de Diémen[39],[34],[40]. La dysenterie nous avait fait perdre àTimor un grand nombre de nos compagnons de voyage. Ce fléau destructeur nous accompagna encore après notre départ, et ne nous abandonna que lorsque nous fûmes parvenus dans les parties froides de l'hémisphère antarctique. Cette épidémie cruelle fut remplacée par une autre tout aussi meurtrière, lescorbut, qui nous mit dans la plus grande détresse, ainsi qu'on le verra plus bas.

De Timor au Port Jackson

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(du au)

En quittantTimor, nous fîmes route pour passer au Nord deSavu, dont nous eûmes connaissance le. Le lendemain, nous aperçûmes le Nouveau-Savu, que nous doublâmes au Sud d'assez près.

Notre projet était de fixer la position des îles Trials ; mais contrariés par les vents d'O., nous ne pûmes atteindre que le la position que nos cartes assignent à ce groupe d'îles. Nous n'en eûmes cependant aucune connaissance, et ne remarquâmes même nul indice de leur proximité.

Depuis les 15° jusque par les 28° de latitude, nous éprouvâmes sans interruption des vents deS. E. Ils furent encore dominants jusque par le34e degré, mais interrompus quelquefois par ceux duS. O. ; au-delà, nous ne trouvâmes plus que des vents d'O., d'une intensité plus forte, et accompagnés presque sans cesse d'un temps humide et brumeux.

Nous eûmes la première vue des pitons de laTerre de Diémen[40]. Nous doublâmes le cap Sud de cette grande île, à midi du même jour, et allâmes mouiller le soir, dans l'Est de l'île aux Perdrix, à l'entrée ducanal Dentrecasteaux[39].

Nos corvettes s'avancèrent ensuite vers le port Nord-Ouest ; elles y établirent leur observatoire, et complétèrent leur provision d'eau et de bois. Les embarcations visitèrent diverses parties du canal ; M.Henri Freycinet remonta la rivière du Nord, plusieursmilles au-delà du point où s'était terminée la reconnaissance des géographes de l'amiralDentrecasteaux,

Chargé d'une mission intéressante dans l'Est de la presqu'île du Nord, M.Faure découvrît leport Buache, lebassin Ransonnet, larivière Brue, et acquit la certitude que la portion de terre désignée sous le nom d'île Tasman sur les cartes deDentrecasteaux, n'est qu'une presqu'île jointe à la grande terre : il prouva, par conséquent, qu'il n'existait aucune communication directe entre labaie du Nord et labaie Marion (en)[39].

Ainsi que cela avait eu lieu dans nos précédentes relâches, M.Bernier s'occupa de régler la marche de nos chronomètres, et fit les observations astronomiques nécessaires pour fixer la position absolue du lieu où nous nous trouvions.

Nous quittâmes lecanal Dentrecasteaux le ; et le lendemain, après avoir doublé successivement les capsRaoul etPillar, nous jetâmes l'ancre à l'entrée d'Oyster-bay, sur l'île Maria[39],[25].

Le temps du séjour de nos corvettes sur cette rade fut employé à diverses reconnaissances géographiques. MM.Henri Freycinet etBernier firent la recherche duport Frédérick-Hendrik, qu'ils trouvèrent dans la position relative que lui assigneTasman, Ils levèrent avec grand détail le plan de cette partie de côte.

L'île Maria devint aussi l'objet d'une expédition particulière qui fut confiée à MM.Péron etBoullanger. Trois jours furent employés à faire le tour de cette île, et à recueillir sur sa constitution, sa forme et ses productions diverses, les faits les plus précieux et les plus exacts.

Une troisième embarcation, aux ordres de MM.Faure etBailly, fut envoyée au Nord ; elle devait reconnaître le groupe d'îles[34] désigné par le capitaineFurneaux, et, après lui, tracé sur toutes nos cartes sous le nom d'îles Schouten.

Nos géographes découvrirent labaie Fleurïeu[34], et s'assurèrent que la plupart des terres queFurneaux avait prises pour des îles, ne sont réellement qu'une suite de presqu'îles attenantes au continent.Il n'existe qu'une seuleîles Schouten : quelques îlots se trouvent à sa partie Sud, circonstance qui s'accorde fort bien avec ce queTasman avait vu, et qu'il a indiqué sur sa carte.

Pour compléter la reconnaissance des terres qui étaient dans notre voisinage, il restait encore à examiner la portion de côte qui s'étend depuis labaie Marion (en) jusqu'à labaie Fleurieu.Je m'occupai de ce travail, dont le résultat le plus important fut la découverte duport Montbazin (en)[39].

Nos opérations étant ainsi terminées, et rien ne nous retenant plus au mouillage, nous remîmes sous voiles le pour continuer l'exploration de la côte orientale de laTerre de Diémen, Parvenus au42e degré de latitude, où MM.Faure etBailly avaient cessé de s'avancer au Nord, notreCommandant résolut de faire continuer par ses embarcations la géographie de toute la portion de côte qui nous restait à voir jusqu'audétroit de Banks[34]. MM.Boullanger etMaurouard furent désignés pour cet objet, et s'embarquèrent, en conséquence, dans le grand canot duGéographe. Ils avaient ordre de revenir tous les soirs à bord ; et leCommandant devait, à cet effet, naviguer toujours à petite distance de terre, sans jamais perdre de vue son canot. Telles furent les instructions remises à MM.Boullanger etMaurouard, dans l'après-midi du.

Ils commencèrent leurs relèvements à la hauteur ducap Tourville ; mais nos compagnons étaient destinés à subir les plus rudes épreuves.Le Géographe, qui avait pris la bordée du large, n'était point en vue à la fin du jour : dans la nuit, il se sépara de la corvettele Naturaliste, et nos amis ne purent revenir à bord de leur vaisseau. Le lendemain, quoique privés entièrement de nourriture, ils poursuivirent leur route au Nord, en continuant de faire l'exploration de la côte. La découverte de l'île Maurouard (ceb) leur fournit un abri salutaire contre les fureurs de l'océan, et leur procura aussi pour subsistance quelques oiseaux de mer et de l'eau douce.

Ne voyant point paraîtrele Géographe, ils s'avancèrent jusqu'audétroit de Banks[34], où ils trouvèrent par hasard le brick anglaisle Harrington (en), capitaine Campbell[67], qui leur donna l'hospitalité.Le Naturaliste arriva bientôt dans les mêmes parages, et recueillit cette embarcation, qui ne put elle-même rejoindrele Géographe que quatre mois après, et lors de notre relâche à la colonie anglaise de laNouvelle-Galles[6].

Cependant, les inquiétudes étaient très vives à bord duCommandant. Deux jours entiers avoient été employés, sans aucun succès, à la recherche de son canot. Séparé de sa conservele Naturaliste, et ayant espoir de la rencontrer dans le Nord,le Géographe se décida à faire route pour ledétroit de Bass. Le mauvais temps le tint plusieurs jours éloigné de l'île Waterhouse (en)[34], désignée comme point de rendez-vous. Il y arriva enfin le jour même oùle Naturaliste, désespérant de l'y voir venir, en était parti pour aller le chercher dans le Sud.

Ainsi s'opéra la seconde séparation de nos corvettes. Nous allons rendre compte successivement des travaux de chacune d'elles, depuis cette époque jusqu'à l'instant de leur relâche et de leur réunion auport Jackson[68].

Ce fut le quele Géographe commença sa belle mais périlleuse reconnaissance de laterre Napoléon[35],[36] : MM.Bernier etH. Freycinet, chargés d'en faire la géographie, poursuivirent sans interruption cet important travail, pendant toute la campagne.

Le au soir, étant en vue de lapresqu'île Fleurieu et de l'île Decrès[48], on rencontra la corvettel'Investigator (en), commandée par le capitaineFlinders, naviguant, comme nous, en découvertes. Cet officier est le même qui avait déjà publié plusieurs cartes intéressantes de laterre de Diémen et dudétroit de Bass, fruit du premier voyage qu'il fit dans les mers australes, en 1798 et 1799.

NotreCommandant pénétra dans les deuxgolfesJoséphine[69] etBonaparte[69], d'où il fut chassé par la multiplicité des bancs et le tirant d'eau trop fort de son navire. Il fut obligé de renvoyer à une seconde campagne la reconnaissance complète de ces deux grands enfoncements.

Il visita toute la côte septentrionale de l'île Decrès, lesîles Vauban (en)[69],Berthier[69],Catinat[69],Laplace[69], le groupe desîles Jérôme[68], lesîles Saint-Pierre et lesîles Saint-François. Tous ces travaux le conduisirent jusqu'au, c'est-à-dire, au commencement de l'hivernage.

À cette époque, les vents d'O. soufflaient avec fureur; l'atmosphère continuellement brumeuse et humide, le ciel chargé de pesants nuages, étaient à la fois contraires à la perfection de nos travaux géographiques, et préjudiciables à la santé de l'équipage, qui se trouvait réduit au dernier point de détresse.

Le scorbut, en effet, exerçait depuis longtemps les plus affreux ravages. Une relâche était indispensable ; il fallut bien s'y décider : la route fut, en conséquence, ordonnée au Sud.Le Géographe sedirigea vers laterre de Diémen, où l'on avait le projet de faire de l'eau et du bois. Il y arriva le, jeta l'ancre dans la baie de l'Aventure, sur la côte Orientale de l'île Bruny, et séjourna deux jours à ce mouillage. Il en repartit le 22, doubla l'île Maria par le Sud, et demeura sur la côte pendant treize jours, vainement occupé à vérifier quelques positions géographiques fixées déjà par nos précédentes opérations.

Tous ces retards épuisèrent de plus en plus un équipage qu'une épidémie cruelle tourmentait depuis longtemps. Le, il ne restait plus que quatre matelots valides. Il fallut enfin céder à la nécessité, et se diriger vers cette relâche si utile et si vivement désirée, leport Jackson[68].

Le Géographe parvint à l'entrée de ce port le 17 du même mois. Les vents avaient été jusqu'alors favorables à sa route ; mais lorsqu'il lui fallut louvoyer pour donner dans la passe, ses évolutions, qui, malgré que des palans fussent frappés sur toutes les manœuvres, ne purent se faire que vent arrière, le faisaient aller en dérive, loin de le faire gagner au vent.

Près de toucher au lieu de son salut, il lui aurait été sans doute impossible d'y atteindre, si le gouverneur anglais, M.King, auquel on avait rendu compte des manœuvres de ce bâtiment, n'eût deviné son état de détresse, et ne lui eût envoyé les secours dont il avait un si pressant besoin.

Ce fut sous de pareils auspices quele Géographe entra dans le port le, et qu'il put trouver un terme aux vicissitudes cruelles qui l'avaient accablé durant sa longue et périlleuse navigation.

Nous avons laissé la corvettele Naturaliste, inquiète sur le sort de sa conserve, quittant le mouillage de l'île Waterhouse (en)[34], où elle était demeurée longtemps, pour aller pousser ses recherches dans le Sud, Le capitaineHamelin présumait quele Géographe avait éprouvé des avaries considérables ; sans cela, aurait-il pu concevoir que leCommandant eût abandonné volontairement son canot et son équipage sur une côte déserte, et qu'il eût négligé de venir au rendez-vous où lui-même était resté à l'attendre pendant plusieurs jours. Malheureusement, toutes ces combinaisons, quelque vraisemblables qu'elles pussent être, étaient encore loin de la vérité ; mais il n'était donné qu'au temps d'expliquer une énigme aussi étrange. Il doit suffire de montrer ici quelles ont été les conséquences de nos calculs dans la circonstance dont il s'agit.

Le Naturaliste s'avança de nouveau jusqu'à l'île Maria : ne trouvant aucun indice de sa conserve, il revint dans ledétroit de Bass, visita lui-même, ou fit examiner par ses embarcations, tous les ports, tous les mouillages où il présumait que leCommandant aurait pu relâcher; c'est ainsi que labaie de Kent fut reconnue par MM.Faure,Leschenault etBailly ; que lePort Dalrymple le fut par M.Faure et parmoi, et leport Western[42] par MM.Milius,Faure etLeschenault. Ces expéditions diverses avaient encore un autre but d'utilité, celui de réunir de précieux matériaux sur la géographie des parties les plus intéressantes dudétroit de Bass. Dans les chapitres de cet ouvrage où nous devons présenter l'ensemble de nos observations, nous ferons connaître d'une manière plus précise la part que chacun de nous a prise à ces travaux ; nous insisterons sur l'importance qu'ils méritent et sur le degré de confiance qu'on peut leur accorder.

Trompé dans ses espérances, et privé de la quantité de vivres nécessaire pour continuer plus longtemps la recherche qu'il avait commencée, le capitaineHamelin prit la résolution d'aller se ravitailler auport Jackson[68] ; il y arriva le :le Géographe n'y était point encore. Il embarqua les vivres qui lui étaient indispensables, remit sous voiles le 18 du mois suivant, et se dirigea vers le Sudde laterre de Diémen. Mais toutes les fureurs de l'hiver austral se faisaient sentir dans ces parages, et le scorbut s'était déjà déclaré à bord du bâtiment. Il était désormais inutile de lutter contre tant de difficultés. Le seul parti raisonnable était celui d'une prompte relâche; ce fut aussi à quoi l'on s'arrêta. La route fut donc ordonnée au Nord. Le, nous arrivâmes à la hauteur duport Jackson[68], où nous entrâmes le même jour ; nous eûmes la satisfaction d'y rencontrer notre conserve et nos amis, pour lesquels nous avions eu de si vives et de si légitimes inquiétudes,

de Port Jackson à Timor

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(du au)

Il est doux, après de grandes fatigues et de cruelles privations, de goûter quelques instants de repos : mais, lorsque aux extrémités du monde, si loin de sa patrie, on retrouve chez un peuple ennemi les secours les plus généreux, les consolations les plus affectueuses, le cœur s'ouvre alors à de flatteuses impressions ; la pensée se reporte avec complaisance sur ces précieux effets de la, civilisation européenne, effets que des esprits chagrins ont voulu méconnaître, mais qu'une sage comparaison avec les mœurs farouches des hordes de sauvages rend plus évidents et plus touchants encore,

Notre séjour auport Jackson[68] dura cinq mois. Sous tous les rapports, il nous fut salutaire. Nos vaisseaux, fatigués par une navigation non interrompue de près de deux ans, exigeaient, de grandes réparations ; ils furentradoubés : nos équipages, faibles et languissants, recouvrèrent la santé; enfin, nous pûmes remplacer et compléter les vivres et les autres munitions qui se trouvaient consommées.

Cependant les pertes successives que nous avions faites, en diminuant la masse de nos équipages, rendaient désormais nécessaire de renvoyer en France l'un de nos bâtiments, en ne lui laissant que le nombre d'hommes strictement indispensable pour effectuer sa traversée ; cette résolution était aussi conseillée par l'obligation de faire parvenir en France les collections d'histoire naturelle rassemblées depuis le commencement de la campagne, ainsi que lescartes, les mémoires et les observations qui se trouvaient alors rédigés.Le Naturaliste fut désigné pour cet objet, et on lui remit ce précieux dépôt du fruit de nos recherches. Un nombre considérable de plantes vivantes, de graines de toute espèce et quelques animaux particuliers à laNouvelle-Hollande, furent embarqués sur le même bâtiment, et destinés à enrichir notre pays.

LeCommandant ne pouvait avoir oublié que la grandeur de son navire ne lui avait pas permis de terminer l'exploration des deux golfes de laTerre Napoléon ; il lui fallait, pour achever ce travail, un bâtiment d'un plus petit tonnage. Il n'hésita pas d'en faire l'emplette. Il y avait alors sur les chantiers de la ville deSydney[70], une goélette de vingt-neuf pieds de longueur, très convenable à l'objet auquel on la destinait ; elle fut réunie aux bâtiments de l'expédition, et nomméele Casuarina, à cause dubois dont elle était construite.

Le commandementm'en fut confié, etje quittai la corvettele Naturaliste, où j'étais embarqué en qualité de premier lieutenant, pour m'occuper des dispositions nécessaires à la nouvelle campagne que j'allais entreprendre.

Mon armement fut terminé au commencement d'août : nous aurions repris la mer à cette époque, si les travaux qui s'exécutaient à bord duGéographe et duNaturaliste, eussent été achevés.

Pendant que les officiers des corvettes s'occupaient des réparations et de l'approvisionnement de leurs vaisseaux, que nos infatigables naturalistesPéron,Lesueur,Depuch etLeschenault, examinaient et recueillaient de tous côtés les faits divers qui s'offraient à leurs regards, notre astronome M.Bernier poursuivait ses observations accoutumées, et obtenait de précieux résultats. Ainsi chacun de nous s'attachait à remplir la tâche glorieuse qu'il s'était imposée au commencement du voyage, bien convaincu que de cet ensemble d'efforts devait dépendre le succès de l'expédition.

Tous nos préparatifs étant terminés, nous quittâmes leport Jackson[68], à quatre heures du matin, le, et fîmes route pour ledétroit de Bass.Le Naturaliste navigua de conserve avec nous : il devait nous accompagner jusqu'à l'île King[25], qui était le point de rendez-vous désigné, en cas de séparation.

Le 25, nous nous trouvions à l'entrée du détroit et dans leN. E. desîles des Furneaux[34] ; nous éprouvâmes un coup de vent deS. S. O. qui souffla pendant plusieurs jours avec une extrême furie, et faillit être funeste auCasuarina. Le, nos trois navires mouillèrent dans la baie des Éléphants, sur l'île King.

Trois jours après, le Naturaliste reçut ses dernières instructions, et appareilla pour se rendre en Europe. Il atterrit à l'Île-de-France où il débarqua quelques malades ; fut arrêté le, en vue des côtes d'Angleterre, et conduit àPortsmouth par la frégatela Minerve, capitaineCharles Bullen ; relâché ensuite le, il entra le lendemain dans le port duHavre, d'où il était parti deux ans sept mois et dix-huit jours auparavant.

Tel fut le sort de notre conserve. Pour nous, naviguant dans les parages orageux des mers australes, entourés de périls sans cesse renaissants, il nous restait encore bien des rivages à parcourir, bien des travaux à terminer, avant de revoir notre terre natale.Le Casuarina avait beaucoup souffert pendant le mauvais temps ; sescoutures étaient entrouvertes, et il ne faisait pas moins de trois pouces d'eau à l'heure. Tous lescalfats etcharpentiers duGéographe travaillèrent aux réparations dont il avait besoin. Remise bientôt en état de tenir la mer, cette goélette fut expédiée, le, pour faire la géographie desîles Hunter, situées à la partieN. O. de laterre de Diémen. Ce travail était d'une grande importance. M.Boullangerme fut adjoint pour l'exécuter ; et malgré le mauvais temps et les orages dont nous fumes sans cesse assaillis, nous parvînmes à compléter nos opérations en dix-neuf jours.

Pendant l'absence duCasuarina,le Géographe fît reconnaître l'île King. M.Faure, chargé d'en faire le plan, s'en acquitta avec beaucoup de distinction. Cette île n'ayant été jusqu'alors fréquentée que par quelques pêcheurs anglais, il est le premier qui en ait fait le tour. Il ne trouva aucun port sur toute cette île; et les divers mouillages qui s'y rencontrent, sont tellement mauvais, quele Géographe, après avoir eu ses câbles coupés par le fond, fut deux fois obligé de gagner le large pour se mettre en sûreté.

Je n'ai parlé que de nos opérations géographiques; cependant nos autres observateurs ne demeuraient pas oisifs; ils se livraient avec ardeur à leurs savantes recherches. M.Bernier, établi sur le rocher des Éléphants, où il avait dressé son observatoire, s'occupait de la vérification de nos montres marines, tandis que mon estimable ami, M.Péron, réunissait sur l'île King et sur les pêcheries lucratives que lesAnglais y ont formées, les détails les plus curieux et les plus intéressants.

En quittant ledétroit de Bass, nous nous rendîmes directement à l'île Decrès, dont nous avions à terminer l'exploration commencée dans la campagne précédente. Le, nous atterrîmes aucap Sané[48], qui gît à son extrémité Orientale.Le Casuarina se tint fort près de terre, tandis quele Géographe, suivant une route parallèle, naviguait à une plus grande distance. Les journées du 2 au furent employées à examiner toutes les côtes de l'Est, du Sud, de l'Ouest et du Nord de cette grande île. Enfin, nous arrivâmes dans labaie Bougainville (en)[48], où nous jetâmes l'ancre à peu de distance et dans l'Est ducap Delambre[48].

Le Géographe resta vingt-six jours à ce mouillage, pendant lesquels la description générale de la baie fut complétée. M.Ransonnet visita avec détail l'anse des Hauts-Fonds[48], ainsi que celledes Phoques[48]. Leport Daché (en)[48] fut reconnu à son tour par MM.Faure etMontbazin ; mais il est tellement encombré de bancs, que les plus petites embarcations pourraient seules venir y chercher un refuge. M.Bernier plaça ses instruments sur la côte Orientale de la baie ; il y observa avec persévérance. Ses travaux, joints à ceux de M.Henri Freycinet, nous ont été d'une grande utilité. MM.Péron,Leschenault etBailly enrichirent de leur côté les sciences naturelles et la physique d'une foule de faits précieux, qui doivent être présentés ailleurs avec tout l'intérêt qui leur appartient.

Des travaux d'un autre genre, mais non moins recommandables sans doute, étaient exécutés par M.Ronsard. En appareillant de l'île King, la chaloupe duGéographe avait été engloutie. Cette embarcation était d'une nécessité indispensable, et M. Ronsard entreprit d'en faire construire une autre à bord : il en fit sur-le-champ préparer toutes les pièces, et l'on commença à les assembler. Avant de quitter le mouillage, la construction de cette chaloupe était fort avancée ; elle fut terminée sous voiles, presque entièrement avec le bois recueilli sur l'île King et sur l'île Decrès.

Le séjour prolongé de la corvettele Géographe sur cette dernière île, n'avait pas seulement pour objet l'examen détaillé de labaie Bougainville (en)[48] :j'avais été expédié avecle Casuarina pour compléter la reconnaissance des deux golfes de laTerre Napoléon, et l'on m'avait donné l'île Decrès pour lieu de rendez-vous

Je devais n'employer que vingt jours à faire cette exploration intéressante : mais leCommandant, pour s'assurer que je n'outrepasserais pas ses ordres, voulut que je n'emportasse de l'eau que pour un mois, se réservant de faire compléter cette provision à mon retour. Il me fut signifié que si je n'étais pas arrivé à l'époque fixée (le),le Géographe ne m'attendrait pas davantage, et continuerait ses opérations le long de la côte, en se rendant auxîles Saint-François, dont la géographie n'était point terminée.

Je partis le, à dix heures du soir, ayant à mon bord M.Boullanger, ingénieur hydrographe, qui m'avait été adjoint. Nous employâmes les journées du 11 au 18 à visiter legolfe Joséphine[69], et nous nous occupâmes ensuite de l'examen dugolfe Bonaparte[69]. Je savais que l'embouchure de celui-ci était plus vasteque celle du premier golfe, et je conjecturai avec raison que sa profondeur était aussi plus considérable. Je me hâtai, en conséquence, d'en prolonger les bords. Le 22, je parvins à son extrémité Septentrionale. Je crus y voir l'embouchure d'une rivière ; mais le défaut d'un canot et la grande multiplicité des bancs m'empêchèrent d'y pénétrer. Je louvoyai pour revenir au Sud, et continuer mon exploration. Le 28 au soir, j'arrivai dans le magnifiqueport Champagny[42], mais j'eus à peine le loisir de jeter un coup d’œil rapide sur son ensemble dans la journée du 29.

Quoiqu'il me restât quelques points à voir en dehors et dans le Sud de ce port, l'époque fixée pour mon retour m'obligea d'abandonner la côte, J'avais encore trente lieues à faire pour rejoindrele Géographe, et je me trouvais au bout de ma provision d'eau. Toutefois je pensais que deux jours devaient me suffire ; et si les vents m'eussent favorisé, je serais arrivé au rendez-vous avant l'instant prescrit par mes instructions : il devait en être autrement. Les calmes me retardèrent, et je n'éprouvai d'ailleurs que des vents peu favorables, ou même tout-à-fait opposés à la route que j'avais à suivre. Enfin, le, j'arrivai à la vue, de l'île Decrès ; c'était un jour plus tard qu'il ne le fallait, et déjàle Géographe était sous voiles. À deux heures après midi, nous l'aperçûmes à l'horizon, gouvernant à l'O. avec un sillage très rapide. À trois heures 10' il était par notre travers au vent et à une lieue de distance. Je revirai sur lui ; je m'attendais à le voir mettre en panne ou laisser porter sur moi ; ce fut en vain : aucun changement ne fut ordonné dans sa route ni dans sa voilure. Incapable dès lors de suivre sa marche rapide, je lie perdis bientôt de vue.

Étonné de ces manœuvres, et ne concevant rien aux motifs qui pouvaient engager le Commandant à me délaisser ainsi dans l'état de détresse où il me savait réduit, je forçai de voiles, en suivant la route quele Géographe tenait encore au moment où nous avions cessé de le voir : mais bientôt, et comme pour rendre toute espèce de réunion impossible, leCommandant revira de bord à la nuit, changea de route, revint sur l'île Decrès, et par ces dernières combinaisons, plus inexplicables encore que les précédentes, la séparation des deux navires fut consommée.

Je continuai de courir à l'Ouest jusqu'au. Le lendemain, je fis gouverner auN. O., dans l'intention de rallier lesîles Saint-François, où je croyais quele Géographe devait se rendre. Ce même jour, à cinq heures du matin, je me trouvais par le travers de l'île la Caille et de l'île Chappe, qui font partie du groupe desîles Laplace ; j'en découvris une troisième qui avait échappé aux recherches antérieures duGéographe, et que je nommaiîle Fermat. Au coucher du soleil, j'en découvris encore trois autres, qui se rattachent au groupe desîles Jérôme[68], et que je désignai sous le nomîles du Vétéran. Le, je découvris deux nouvelles îles ; je les nommaiîle Desbrosse etîle d'Après.

Le 6 et le 7, je louvoyai, malgré le mauvais temps, entre lesîles Saint-François et lesîles du Géographe, sans rencontrer aucun indice de la présence de ma conserve, et même sans trouver un lieu propre au mouillage. Fatigué par la force du vent et par l'inutilité de mes recherches, je me décidai enfin à faire route pour leport du roi George, à l'extrémité Occidentale de laTerre de Nuyts[6]. Les motifs de cette détermination n'étaient que trop impérieux : lafranche-ferrure de mon gouvernail était cassée; il ne restait plus à bord de l'eau que pour quatre jours, et j'avais trois cents lieues à faire pour atteindre le seul point de la côte où je pusse m'en procurer... Cette résolution prise, la ration d'eau, déjà très faible, fut encore réduite de moitié, et celle de biscuit diminuée de troisonces. Malgré de telles privations, il est horrible de le dire, la moindre contrariété dans les vents devait entraîner notre ruine.

Ce fut avec cette effrayante perspective, qu'après avoir déterminé la position durécif du Casuarina, je pris la route de l'Ouest, en donnant l'ordre de faire, jour et nuit, toute la voile que le bâtiment pourrait porter.

Le ciel sembla sourire à nos efforts ; pendant six jours entiers, la brise ne cessa pas un instant de souffler bon frais de l'E. S. E. à l'E. N. E. par l'E., et conséquemment de nous pousser vent arrière sur le port. Nous l'atteignîmes enfin dans l'après-midi du. À cette époque, mon navire se trouvait tellement avarié, qu'il fallut aussitôt l'échouer sur la plage ;quelques bouteilles d'eau seulement restaient à bord...

Ainsi, sans cette circonstance, véritablement extraordinaire, de vents forcés pendant six jours[Note 2], la mort la plus cruelle eût été pour nous le résultat d'une séparation aussi inconcevable.

Après s'être séparé duCasuarina,le Géographe fit route vers lesîles Joséphine[36]. Il mouilla dans labaie Murat[36] le, et fit reconnaître par ses embarcations les divers détails de la côte. MM.de Montbazin,Péron etBernier examinèrent l'île Eugène[36], l'anse Decrès[36], l'anse Suffren[36] et labaie Murat[36], dont l'accès est dangereux et le mouillage peu abrité. L'anse Tourville[36] fut explorée par MM.Ransonnet etFaure. Ces travaux terminés, on remit sous voiles le au matin. MM.H. Freycinet etBernier complétèrent dans cette journée la suite de travaux géographiques qu'ils avaient commencée à laTerre Napoléon. Leurs derniers relèvements eurent lieu auxîles Labourdonnais, voisines de celles deMontenotte et ducap des Adieux, cette limite Occidentale de laTerre Napoléon, déterminée déjà lors de notre première campagne.En quittant la côte, leCommandant se dirigea vers leport du roi George, où son projet était d'aller faireaiguade. II y arriva le, cinq jours aprèsle Casuarina. Ce fut l'époque de notre réunion.

Nous fîmes sur ce point diverses observations astronomiques et géographiques, qui m'ont servi à dresser le plan général de ce port, M.Faure fut chargé d'examiner lehavre aux Huîtres et leport du roi George proprement dit. M.Ransonnet poussa ses recherches dans l'Est duMont Gardner, et découvrit une baie commode et spacieuse, dans laquelle il trouva au mouillage un brick américain, occupé de la pêche des phoques. Cette circonstance nous fît donner à l'enfoncement dont il s'agit, le nom deport des Deux-Peuples.

Le, nos bâtiments s'étant approvisionnés d'eau et de bois, etle Casuarina ayant obtenu duGéographe un complément de quatre mois de vivres, nous remîmes sous voiles pour continuer nos opérations.

Le 6, je reçus ordre d'aller explorer une portion de laTerre de Nuyts, dans laquelle nous avions cru remarquer d'abord l'ouverture de quelque havre. Une brume épaisse me fit perdre de vuele Géographe ; j'avais ordre, dans ce cas, d'aller l'attendre à l'île Rottnest, et je m'y rendis sans délai. Tout en faisant route, je prolongeai laTerre de Leuwin et labaie du Géographe, dont je fis l'exploration, et j'arrivai au rendez -vous le, dans la matinée. Le Commandant n'y parvint que deux jours après. Comme moi, il avait contourné labaie du Géographe ; mais il s'y était arrêté pour donner le temps à M.de Montbazin d'aller reconnaître leport Leschenault, situé dans le voisinage.

En quittant l'île Rottnest, je desirais explorer dans son ensemble cette mêmeTerre d'Édels, dontle Naturaliste n'avait pu voir qu'un très petit nombre de points en 1801. J'aurais voulu surtout fixer avec exactitude l'intervalle qui sépare le continent d'avec les redoutablesAbrolhos, dont la position est encore incertaine ; mais le Commandant ne le jugea pas à propos. Nous nous dirigeâmes en conséquence, l'un et l'autre, vers labaie des Chiens-Marins, où nous espérions ramasser quelques tortues.

Pendant le séjour que nous fîmes sur cette rade, je m'occupai à sonder la partie de ce vaste enfoncement comprise entre lapresqu'île Péron[23], l'île de Dorre[23], l'île Bernier[23] et le continent.

Le, nous appareillâmes de nouveau pour commencer notre seconde exploration de laTerre de Witt. Après avoir reconnu lecap Murat, qui en forme l'extrémité Occidentale, et relevé à grande distance le groupe d'îles nommé précédemmentîles de Rivoli, nous continuâmes à nous avancer vers l'Est.

Nous reconnûmes successivement lesîles de Montebello, l'archipel de Dampier, et diverses parties des terres continentales. Le nous traversâmes lebanc des Amphinomes, sur lequelle Géographe se trouva en grand danger d'échouer ; il parvint cependant à s'en dégager sans accident. Arrivé à la hauteur ducap Bossut,le Casuarina, qui naviguait à très petite distance de terre, fut porté tout-à-coup sur un brisant étendu, qu'il traversa au milieu des lames et par deux brasses d'eau. Le 8, nous dépassâmes l'île Gantheaume, de six milles de longueur, l'île Carnot et lesîles de Lacépède, derrière lesquelles aborda le célèbreDampier, en 1688.

Dans notre précédente campagne, nous avions cru remarquer que lecap Mollien appartenait au continent. Une bande de brume et la grande distance où nous étions de terre furent cause de cette erreur. Nous reconnûmes, le, que ce cap se rattache à une île de trois Jieues de longueur, que nous avons nomméeîle Adèle. Le 16 et le 17, nous ne fûmes pas en vue de la côte ; nous la ralliâmes le 18, à la hauteur desîles Champagny, et prolongeâmes pour la seconde fois, les îles nombreuses de l'archipel Bonaparte. Nous ne pénétrâmes point au milieu d'elles, et à peine pûmes-nous avoir connaissance des terres du continent qui se trouvaient au-delà.Le Casuarina ne reçut aucune mission particulière, et navigua toujours dans les eaux duGéographe, quelque pressantes que pussent être, d'ailleurs, mes sollicitations auprès du Commandant.

Nous mouillâmes le 24 auprès de l'île Cassini (ceb), où s'étaient terminés nos relèvements l'année précédente, et où nous suspendîmes encore une fois nos opérations pour aller relâcher àTimor. Avant de faire route pour cette relâche, je fus expédié pour reconnaître quelquespros Malais aperçus au milieu desîles de l'Institut[48]. Ces bâtiments, expédiés deMacassar, au nombre de vingt-six, étaient occupés à la pêche desholothuries, espèces de mollusques très recherchées desChinois, comme un puissant aphrodisiaque. Toutes les années une expédition semblable arrive sur les côtes de laNouvelle-Hollande avec la mousson duN. O. ; elle en repart avec celle duS. E..

Je profitai de ma navigation entre ces îles, quelque rapide qu'elle pût être, pour en faire la géographie; je ne pus toutefois en prendre qu'une esquisse imparfaite, le temps dont je pouvais disposer étant extrêmement limité.

de Timor en France

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(du au)

Depuis le, où nous entrâmes dans la baie deCoupang, jusqu'au, jour de notre départ, nous fûmes occupés sans cesse à compléter nos provisions de campagne, et à faire, à bord de nos bâtiments, les réparations nécessaires pour reprendre la mer. Notre astronome, M.Bernier, et M.H. Freycinet, continuèrent, pendant cet intervalle, les observations de distances lunaires, que dans notre première relâche ils avaient déjà beaucoup multipliées.

Nos relèvements à laTerre de Witt, ayant cessé à deux reprises différentes auprès de l'île Cassini (sv), il nous restait encore à explorer une portion de cette terre avant de parvenir aucap de Léoben[6], qui en forme la limite Orientale ; il fallait nous occuper ensuite de laTerre d'Arnheim[6], de celle deCarpentarie[34], et de la côteS. O. de laNouvelle-Guinée[6], où devaient se terminer les travaux géographiques qu'il nous était ordonné de faire aux Terres Australes,

Quoique la mousson duS. E. vînt de s'établir, et se trouvât opposée par conséquent à la route que nous avions à faire, espérant toutefois que les courants d'O. pourraient encore lui être favorables,notreCommandant se décida à quitterTimor, pour tâcher de s'avancer vers l'Est,

Nous partîmes, ainsi que je l'ai dit plus haut, dans les premiers jours du mois de juin ; le 4, nous reconnûmes l'extrémité Occidentale deRottie et les îlots qui l'avoisinent ; et huit jours après, nous abordâmes de nouveau sur la côte de laNouvelle-Hollande. Nous louvoyâmes péniblement jusqu'au, au milieu dugolfe Joseph-Bonaparte ; mais nous ne pûmes pas y faire un travail suivi ; il fallut se borner à la détermination de quelques points principaux, dont les plus remarquables sont lecap Rulhière, lesîles Lacrosse (en), lesîles Barthélémy, l'île Pérou et lecap Fourcroy (en). Parvenu à la hauteur ducap Helvétius, le Commandant sentit la nécessité de naviguer au large de terre ; il s'éloigna donc, et, donnant plus d'étendue à ses bordées, il s'avança jusque par les 8° 26' 33" de latitude Sud et 131° 10' de longitude Orientale, c'est-à-dire, à trente lieues dans leS. O. desîles Arrou.

Nous luttions depuis trente-quatre jours contre les éléments ; la mousson était dans toute sa force, et les courants nous drossaient considérablement dans l'O. : peut-être cependant eussions-nous pu atteindre la côte de laNouvelle-Guinée, dont nous n'étions pas très éloignés à cette époque ; mais la situation de nos équipages épuisés par de longues privations, et sur lesquels la dysenterie exerçait de nouveau ses ravages, l'absence absolue de toute espèce de médicaments, la disette de diverses parties de nos vivres, engagèrent notreCommandant, grièvement malade lui-même, à terminer là ses opérations. Notre astronome M.Bernier venait de succomber sous le poids des fatigues : sa mort, en nous privant de l'un des membres les plus distingués et les plus laborieux de notre expédition, augmentait profondément les regrets que nous avait déjà fait éprouver plusieurs fois, durant le cours de ce pénible voyage, la perte d'un grand nombre de nos respectables collaborateurs.

Ce fut le, à dix heures du soir, que nous mîmes le cap sur l'Île-de-France. Cette circonstance causa une joie générale à bord ; car elle nous faisait entrevoir le terme prochain d'une navigationmalheureuse.

Le nous vîmes les hautes terres de la côte Méridionale deTimor, qui furent prolongées de fort près. Le 13, nous traversâmes, pour la dernière fois, le détroit deRottie, et le lendemain nous doublâmes au Sud l'îleSavu, à grande distance.

Nos corvettes naviguèrent de conserve jusqu'au. Séparées ensuite par un coup de vent, elles ne se rejoignirent qu'à l'Île-de-France.Le Géographe y aborda le, etle Casuarina douze jours plus tard.

En arrivant dans cette colonie, nous déposâmes entre les mains duCommandant les cartes, journaux, mémoires, et généralement toutes les observations que nous avions faites ou recueillies pendant le cours de la campagne. Chacun de nous fut tenu de donner sa parole d'honneur qu'il avait fait une remise fidèle et complète. Tous ces papiers, cachetés, furent réunis dans une caisse, et adressés àS. E. leMinistre de la marine.

Ici finit réellement notre voyage de découvertes, pour tout ce qui est relatif à la géographie. Il ne nous reste plus maintenant qu'à rapporter les principales circonstances de notre séjour à l'Île-de-France, et de notre retour en Europe. Quelques lignes suffiront à cet objet.

Le Casuanna n'étant plus nécessaire à l'expédition, je reçus ordre de le désarmer le, et de passer avec mon équipage sur la corvettele Géographe. J'avais commandé cette goélette pendant onze mois, dont huit mois environ sous voiles.

Le, M.Baudin, commandant de notre expédition, mourut à la suite d'une maladie longue et cruelle. Il fut enterré le jour suivant avec tous les honneurs dus au rang qu'il occupait dans la marine militaire.

M. le capitaine de frégateMilius, embarqué dans le principe sur la corvettele Naturaliste, mais laissé ensuite auport Jackson pour cause de maladie, se trouvait à l'Île-de-France lors de notre arrivée ; à la mort de notre chef, il fut nommé au commandement duGéographe.

Nous séjournâmes quatre mois et demi à l'Île-de-France, et cette relâche nous fut très-salutaire. Après avoir pris le repos dont nous avions besoin, et fait à notre bâtiment les réparations qui étaient utiles, nous nous mîmes en route, le, pour revenir dans notre patrie.

Le, nous relâchâmes aucap de Bonne-Espérance, pour y prendre quelques rafraîchissements. Nous nous remîmes en mer le. Dix jours après, nous passâmes à vue de l'île de Sainte-Hélène, et le nous arrivâmes sur les côtes de France. Nous mouillâmes le lendemain en rade de l'île de Groix, et le 25 dans le port deLorient.

La durée de notre voyage a été de quarante-un mois et demi hors des ports de France, et j'ai estimé à plus de dix-sept millelieues marines ou vingt-un mille lieues moyennes de France, la somme des routes parcourues dans cet intervalle par la corvettele Géographe.

Après avoir déposé à terre nos collections nombreuses en objets d'histoire naturelle, nous commençâmes, le, le désarmement de la corvette. Le 16, ce travail étant terminé, le bâtiment fut rendu au port, et notre équipage congédié pour trois mois.

Tel est le tableau sommaire de notre route et de nos opérations. C'est au public maintenant à juger des résultats ; nous allons lui en soumettre successivement toutes les parties.

Publications au retour de la mission

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Notes et références

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Notes

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  1. Les objectifs géographiques de l’expédition Baudin se limitent essentiellement à laNouvelle-Hollande et à laTerre de Van Diemen : il s’agit, selon les instructions rédigées parFleurieu, de« faire reconnaître avec détail les côtes du sud-ouest, de l’ouest et du nord de la Nouvelle-Hollande, dont quelques-unes sont encore entièrement inconnues, et d’autres ne sont connues qu’imparfaitement ». Les instructions sont précises et incluent de visiter« exactement » la côte orientale de l’île Van Diemen (Tasmanie)[3].
  2. Trois jours après mon arrivée auport du roi George, les vents se halèrent à l'O. et soufflèrent pendant un grand nombre de jours dans cette direction avec la plus grande violence.

Références

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Références dans l'atlas

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  28. « Lorient (Europe/France/Morbihan) »

Voir aussi

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Bibliographie

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Membres de l'expédition
Ouvrages contemporains
  • JeanBourgoin et ÉtienneTaillemite (article publié dans la revue trimestrielle XYZ de l'Association Française de Topographie), « L'expédition Baudin en Australie 1800 - 1804 »,Revue XYZ,no 91,‎(lire en ligne)
  • Margaret Sankey,Les journaux de l’expédition scientifique de Nicolas Baudin (1800-1804) et la construction du savoir scientifique(lire en ligne).

Articles connexes

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Liens externes

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Articles

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  • Margaret Sankey,Les journaux de l’expédition scientifique de Nicolas Baudin (1800-1804) et la construction du savoir scientifique(lire en ligne).

Audio

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Vidéo

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