Aulus Vitellius Petronianus (fils de Petronia) Aulus Vitellius puis Aulus Vitellius Germanicus (fils de Galeria Fundana) Vitellia (fille de Galeria Fundana) Galeria Fundana (fille de Galeria Fundana)
Suétone figure dans laVie des douze Césars une biographie de Vitellius assez brève, largement négative ou parfois neutre, ne citant de façon positive que sonproconsultat enAfrique proconsulaire[1]. Suétone fait de Vitellius le pire des Césars dont il retrace la vie, animosité personnelle pour laquelleEugen Cizek propose plusieurs justifications : Suétone est hostile à la politique de Néron reprise par Vitellius ; il apprécie son prédécesseur et victimeOthon, qui fut commandant de son père ; enfin la mort de Vitellius est indigne d'un empereur[2].
Tacite, autre source principale, est aussi critique envers Vitellius, qu'il compare aux animaux paresseux qui restent couchés et engourdis tant qu'on leur donne à manger[3]. Mais Tacite compose une narration des faits historiques selon un enchaînement dramatique à partir de la défaite de l'armée de Vitellius à Bédriac, un processus inéluctable aboutissant à un paroxysme de violences à Rome, quitte à effectuer des simplifications, comme condenser en une seule les trois tentatives d'abdication de Vitellius[4].
Aulus nait sous les consulats deDrusus Iulius Caesar et deCaius Norbanus Flaccus (année 15), le huitième jour avant les Calendes d'octobre () ou le septième jour avant les Ides de septembre ()[A 3].
D'après Suétone, Aulus Vitellius passe sa jeunesse àCapri au milieu des mignons de l'empereurTibère[A 3]. Il s'attire ensuite les faveurs deCaligula par ses qualités de conducteur de char et celles deClaude etNéron par ses qualités au jeu de dés[A 4]. Sa stratégie pour être bien vu à la cour est de partager les loisirs des empereurs successifs[6]. L'amitié de ces empereurs lui permet d'être tout d'abordconsul en48[A 5], membre de deux collèges religieux majeurs, lesFrères Arvales à partir de 50/54 et lesQuindecemviri sacris faciundis, un cumul exceptionnel de deux sacerdoces[7].Aux alentours de 60-62, il estproconsul d'Afrique[A 6]. Revenu à Rome, il profite de sa charge d'intendant des travaux publics pour voler des trésors dans les temples[6]. Il semble si peu dangereux en apparence[8], qu'après la chute de Néron, en décembre 68,Galba le nomme, à la surprise générale,légat deGermanie inférieure[A 7],[9]. C'est là qu'il se fait apprécier par ses subalternes et ses soldats, pour son indulgence, sa prodigalité et sa démagogie[A 8].
Il se marie une première fois avecPetronia et a un fils, Aulus Vitellius Petronianus.Suétone indique que le garçon était aveugle d'un œil, et qu'il a été tué par son propre père pour hériter de la grande fortune de sa mère et de son grand-père maternel[A 9]. Elle se sépare de Vitellius peu après. Il se marie une deuxième fois avec Galeria Fundania et a un autre fils (appelé Aulus Vitellius puis Aulus Vitellius Germanicus, comme son père, et exécuté avec lui), et deux filles, Vitellia et Galeria Fundana, mariée avecDecimus Rupilius Libo Frugi.
Vitellius est loin d'être ambitieux, il est plutôt paresseux et très attiré par la nourriture et la boisson. Quelques jours avant la mort deGalba, assassiné parOthon, Vitellius est proclaméImperator des armées de Germanie inférieure et supérieure par ses légions le[A 10] àColonia Claudia Ara Agrippinensium, aujourd'huiCologne[A 11]. Après la mort deGalba, Othon est proclamé empereur à Rome par lagarde prétorienne. Vitellius partage alors ses légions en deux groupes. Il prend le commandement de l'un et envoie l'autre contre Othon[A 12]. Les troupes descendant vers Rome en suivant laMoselle passent parDivodurum, qu'ellesmettent à sac, massacrant au passage 4 000 habitants, pour une raison qui échappe à Tacite[10].
Vitellius doit son accession à l'empire à ses deux légatsCæcina etValens qui commandaient les deux légions duRhin : ceux-ci franchissent les Alpes et battent l'armée d'Othon à labataille de Bédriac, le[A 13]. Tacite décrit la jouissance de Vitellius à la vue du charnier de milliers de citoyens, alors que ce succès illusoire se retournera contre lui[11]. Othon se suicide deux jours plus tard et Vitellius marche surRome en vainqueur. Il signe un édit dissolvant les cohortes prétoriennes et ordonne de mettre à mort ceux qui ont pris part au meurtre de Galba et réclament une gratification pour cela[12].
Le 19 avril, le Sénat romain entérine la nomination de Vitellius comme empereur. L'armée de Vitellius se livre sur son chemin au pillage et au massacre ; le nouvel empereur fait lui aussi preuve d'une grande cruauté et devient rapidement impopulaire[A 14]. Il fait rechercher et condamner à mort ceux qui ont revendiqué d'avoir participé aux meurtres de Galba et de Pison[A 15]. Il confisque la plus haute magistrature en se nommant consul perpétuel et s'arroge plusieurs pontificats, autant de mesures perçues par les Romains comme une promesse de tyrannie. Il imite Néron en s'entourant d'une cour d'histrions et assouvit sa gourmandise proverbiale. Enfin, il ne s'embarrasse pas pour ordonner l'exécution des personnes qui viennent lui demander de régler ses dettes. De débauches en injustice, plus personne ne respecte cet empereur en rupture avec toutes les valeurs romaines[13].
Le, les troupes d'Égypte proclamentVespasien empereur. En apprenant la nouvelle, les légions deMésie, dePannonie, et deDalmatie se révoltent aussi et prêtent serment à Vespasien[A 16]. Celui-ci venait d'écraser larévolte des Juifs et représentait la promesse d'une meilleure stabilité aux yeux des Romains[A 17]. À Rome, Vitellius provoque un mécontentement quasi général et des troubles éclatent. Vitellius abdique puis semble revenir sur sa décision.Titus Flavius Sabinus,préfet de la ville et frère de Vespasien, estime devoir prendre les rênes du pouvoir. Ses partisans se heurtent aux Vitelliens et Sabinus se réfugie avec eux au Capitole. Les Vitelliens les assiègent et leCapitole brûle, sans qu'on sache si c'est du fait des assiégeants ou des assiégés. Sabinus, défait, est tué, malgré une molle opposition de Vitellius, privé d'autorité[A 18].Antonius Primus, qui commande les légions duDanube, envahit l'Italie du Nord et bat l'armée de Vitellius àCrémone à la fin du mois d'octobre69.
Il prend ensuite la direction de Rome. Les alliés de Vitellius se rallient les uns après les autres àVespasien. Vitellius tente tout pour négocier une paix, sans succès. Alors que les premiers éléments de l'armée de Primus pénètrent dans Rome, il tente de s'enfuir, et se cache dans la loge du portier de son palais. Capturé par les hommes de Primus, il est reconnu et lapidé par la foule romaine ; son corps est traîné par un croc et jeté dans leTibre.
Domitien, le fils cadet deVespasien, est alors nomméCésar en attendant l'arrivée de l'empereur Vespasien à Rome en septembre70.
DorianBocciarelli, « L’expression de la légitimité du pouvoir de Vitellius d’après la typologie monétaire »,Revue numismatique, 6e série,t. 175,,p. 65-100(lire en ligne).
RenéeCarré,« Vitellius et les dieux », dansPouvoir, divination et prédestination dans le monde antique, Besançon, Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité,coll. « ISTA » (no 717),, 43-79 p.(lire en ligne)
FabriceGaltier,« La chute de Vitellius dans les Histoires de Tacite », dansJeux et enjeux de la mise en forme de l'histoire. Recherches sur le genre historique en Grèce et à Rome,, 479-491 p.(lire en ligne),chap. 4-2, Supplément.
JohnScheid,« La mort du tyran. Chronique de quelques morts programmées », dansDu châtiment dans la cité. Supplices corporels et peine de mort dans le monde antique. Table ronde de Rome (9-11 novembre 1982), Rome, Publications de l'École française de Rome,, 177-193 p.(lire en ligne).