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Pour les autres significations, voirLa Castiglione (film, 1954).
Virginia Oldoini Comtesse de Castiglione | |
![]() La comtesse de Castiglione posant devant l'objectif dePierre-Louis Pierson, dans les années 1860. | |
Biographie | |
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Nom de naissance | Virginia Elisabetta Luisa Carlotta Antonietta Teresa Maria Oldoini |
Surnom | La Castiglione |
Naissance | Florence, ![]() |
Décès | (à 62 ans) Paris 1er, ![]() |
Père | Marquis Filippo Oldoini Rapallini |
Mère | Isabella Lamporecchi |
Conjoint | Comte Francesco Verasis di Castiglione |
Liaisons | Napoléon III |
Enfants | Comte Giorgio Verasis di Castiglione |
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Virginia Oldoïni[1], devenuecomtesse di Castiglione par son mariage, diteLa Castiglione, née àFlorence le et morte dans le1er arrondissement àParis le, est une aristocratepiémontaise, missionnée par le ministreCavour du roi dePiémont-Sardaigne pour devenir maitresse de l'empereur des FrançaisNapoléon III. Elle est également une figure des premières heures de la photographie. La Castiglione est qualifiée de« plus belle femme de son siècle »[2],[3].
Elle est la fille unique du marquis Filippo Oldoïni Rapallini (né àLa Spezia le, premier député de La Spezia au Parlement duroyaume de Sardaigne en1848 puis ambassadeur italien àLisbonne) qui avait épousé en premières noces sa cousine Isabella Lamporecchi (fille de Luisa Chiari, danseuse de théâtre et du grand juriste Ranieri Lamporecchi de Florence). Elle reçoit l'éducation soignée typique de la petite noblesse piémontaise, apprenant l'anglais et lefrançais rapidement, pratiquant la danse et la musique.
Consciente de sa beauté, elle est surnomméeLa Perla d'Italia (La Perle d'Italie) alors que sa famille l'appelle « Nicchia ». Elle épouse, le, à l'âge de 16 ans (presque 17), le comte Francesco Verasis di Castiglione (1826-1867)[4], dont c'est le deuxième mariage et auquel elle donne le un fils prénommé Giorgio (1855-1879). Délaissée par un mari au caractère réservé contrairement au sien et souvent appelé auprès du roi, elle prend pour amant le jeune officier et ami d'enfance Ambrogio Doria puis son frère Marcello, ce qui crée des tensions dans le couple qui s'est installé àTurin[5].
Quelques semaines après ses couches, aux fins de servir en secret les intérêts duroi de SardaigneVictor-Emmanuel II (dont elle est devenue aussi la maîtresse) et l'unification de l'Italie, son cousinCamillo Cavour lui demande de se rendre àParis pour que la jeune femme de 18 ans séduise l'empereurNapoléon III qui en a 47, afin d'influencer ses décisions politiques et obtenir l'appui du gouvernement français pour la création d'une Italie unifiée et indépendante. La comtesse rêvant de jouer un rôle politique accepte cette mission. Accompagnée de son mari et de son fils, elle arrive le 25 décembre (1855?)[précision nécessaire] à Paris, où ils s'installent au 10rue de Castiglione.
Nigra est dans le secret de la mission confiée à la Castiglione. Il la soutient pour qu'elle persuade Napoléon III de s'engager en faveur de l'Italie, mais aussi pour lui soutirer des informations concernant l'avancée des négociations du congrès de paix. Le jeune Nigra travaille avec Cavour, cousin de la comtesse et tête pensante de la mission. Cavour est le représentant du Piémont aucongrès de paix ayant lieu à Paris, à la suite du succès de laguerre de Crimée en 1856 où le sort de l'Italie doit être joué. Tous les deux veulent introduire la question de l'unification de l'Italie et gagner le soutien de l'Empereur des Français[6].
Le la Castiglione est présentée à Napoléon III, en l'absence de l'impératrice Eugénie retenue par sa grossesse[7], lors d'un bal chez laprincesse Mathilde[8], fille de Jérôme Bonaparte, dernier frère de Napoléon 1er.
La relation de la comtesse avec Napoléon III se matérialise dans leparc de Saint-Cloud au milieu duchâteau de Villeneuve-l'Étang[pas clair] àMarnes-la-Coquette le. L'empereur et la comtesse étant mariés, le double adultère impérial fait scandale, et contraint le comte de Castiglione à se séparer de sa femme : ruiné par le train de maison luxueux dans leur hôtel parisien de la rue de Castiglione, il repart seul en Italie où il doit vendre toutes ses possessions pour rembourser les dettes faites par son épouse[9].
Libre, la comtesse entretient avec l'Empereur des Français une relation pendant deux années (1856-57)[10]. Néanmoins, d'après une rumeur infondée, la comtesse de Castiglione serait devenue en1862, la mère d'un fils illégitime de l'empereur, le chirurgien-dentisteArthur Hugenschmidt.Robert de Montesquiou, dans la dédicace qu'il fit à Hugenschmidt de son poème desParoles diaprées reprend la rumeur[11].
Cet adultère impérial qui défraye la chronique lui ouvre les portes des salons privés d'Europe qui, en temps normal, lui auraient été fermées. Elle y rencontre les grands de cette époque : la reineAugusta de Prusse,Otto von Bismarck etAdolphe Thiers.
Mais narcissique et capricieuse, snobant le reste de la cour et se vantant publiquement des cadeaux que l'empereur lui offre à partir des fonds secrets, elle finit par se rendre antipathique et lasse l'empereur qui prend une nouvelle maîtresse, la comtesseMarianne Walewska[9]. De plus, dans la nuit du5 au alors qu'il sort de chez la comtesse Castiglione, troiscarbonari italiens Grilli, Bartolotti, Tibaldi, accusés d'être à la solde du révolutionnaireGiuseppe Mazzini, tentent de tuer l'empereur[12]. Soupçonnée à tort de complicité, elle est officiellement expulsée de France par des agents secrets en possession d'un décret signé par leministre de l'Intérieur[10]. En réalité, elle s'éloigne simplement et revient en grâce dès le mois suivant grâce à laprincesse Mathilde et à son complice et confidentJoseph Poniatowski.
Malgré la rupture avec Napoléon III, elle prétend[13] néanmoins que son influence sur l'empereur s'est concrétisée le lors de l'entrevue secrète àPlombières entreNapoléon III et lecomte de Cavour, aboutissant autraité de Plombières.
Pour la première fois depuis son retour à Paris en 1861, elle est invitée à la Cour, au bal costumé desTuileries le. Elle y apparaît déguisée en reine d’Étrurie. Son costume se compose d'un péplum de velours noir sur une jupe orangée, elle porte des bijoux en cuivre doré et tient dans sa main un éventail en plumes depaon. Virginia se précipite le lendemain à l'atelier de photographie pour immortaliser sa tenue. Persuadée de son succès et de son retour dans les hautes sphères, elle prend des poses lascives et suaves, mime l'innocence. Toutefois son costume fait scandale. Mal aimée à la Cour, elle subit le déchainement de la presse, elle est accusée d'être apparue nue à la fête. Son mari, le Comte François, toujours en Italie, menace de lui reprendre Giorgio. Elle lui répondra par une photographie nommée « La Vengeance » et garde l'enfant. Sur cette photo, elle est vêtue du même costume de reine d’Étrurie mais avec la cape recouvrant ses épaules et ses bras nus, à la main elle tient un poignard.
Soutenue par sa beauté, mais aussi un charme irrésistible et une intelligence subtile, la comtesse de Castiglione va conquérir toutes les cours d'Europe, si bien que, durant laguerre franco-prussienne de 1870, Napoléon III, vieillissant, malade et vaincu, lui demandera une dernière fois de jouer de ses talents de diplomate pour plaider la cause de laFrance auprès duchancelier dePrusseBismarck, et d'éviter àParis l'humiliation d'une occupation par des troupes étrangères[14].
En, la Comtesse se rend à l'atelier des frères Mayer et dePierre-Louis Pierson à Paris. Ses premières poses signent le début d'une collaboration qui durera près de quarante ans.
Dans ses plus belles années, la comtesse se pare de robes de bal ou de jour somptueuses, de bijoux, de postiches et de perruques poudrées. Elle utilise également des accessoires pour recréer un personnage, une scène, un sentiment… Pierre-Louis Pierson réalise plus de 450 portraits pour lesquels elle organise elle-même la mise en scène (elle y dépense pratiquement toute sa fortune personnelle) et auxquels elle se décrit un jour comme« la plus belle créature qui ait existé depuis le commencement du monde »[15].
Elle pose également avec des costumes. Celui de la « dame de cœurs » est l'un des plus beaux. La photographie prise par Aquilin Schad est retravaillée à la gouache dans l'atelier Mayer et Pierson entre1861 et 1863. Cette œuvre est présentée à la section française de photographie de l'Exposition universelle de 1867 à Paris. La Comtesse y fera sa visite le1er mai au bras du princeGeorges de Prusse[8].
La comtesse porta cette robe le dans le bal donné auministère des Affaires étrangères. Au point culminant de leur relation désormais connue de tous à la cour, Napoléon III déguisé et masqué essaye de se divertir incognito mais les invités suivent attentivement ses gestes. Cette soirée montre un reflet du faste de la cour impériale marquée par la nostalgie deVersailles ou deTrianon,Marie-Antoinette inspirant particulièrementEugénie. Tous les invités portent des costumes faisant référence à cette époque. Mal vue à la cour pour ses frasques assumées avec l'Empereur, la comtesse porte « le costume le plus fantaisiste et le plus hardi qui puisse être imaginé ». Ce costumeLouis XV, moitié actuel, portait pour titre : « dame de cœurs ». Les jupes retroussées sur le jupon de dessous ainsi que le corsage se trouvaient enlacés de chaînes formant de gros cœurs. La merveilleuse chevelure de la comtesse en cascades sur son cou. Le costume éblouissant d'or était magnifique…[7] À la vue du cœur central cousu sur la robe juste au-dessus du haut des cuisses de la comtesse, Eugénie réplique sèchement « Le cœur est un peu bas. » La tenue est indécente, elle porte sa robe sans corset, la gaze révèle presque le bout de son sein.
De 1856 à 1857 elle compose un album de photographies d'elle-même et l'offre àCostantino Nigra. Cet album contient vingt-cinq photographies de tailles et formats différents réalisés dans l'atelier. On peut voir son fils prendre la pose, par exemple comme garçon d'honneur portant la traine de la robe de sa mère.
Quand elle revient en France en 1861 avec son fils Giorgio (Georges) commence une période de grande créativité jusqu'en 1863.
Entre 1861 et 1867, plus de quarante séances sont organisées pour 176 poses différentes.
Les photographies de Virginia de Castiglione ont marqué l'histoire de la photographie[16]. Ses poses innovantes se distinguent des normes de l'époque. Choisissant les costumes, les angles et les prises de vues, son travail sur la mise en scène anticipe celui des photographes contemporains commeCindy Sherman[17].
Le comte meurt brutalement en 1867 de façon accidentelle, la Castiglione se fait photographier en vêtements de deuil chez Pierson et abandonne la photographie jusqu'en1875.
De1893 à1895 ne parvenant pas à faire le deuil de son succès passé, elle réalise quatre-vingt-deux photos dans l'atelier parisien où elle revêt ses tenues fastueuses d'antan. D'une façon qui peut sembler pathétique et morbide elle pose, comme pendant sa jeunesse. Elle a très mal vieilli, elle n'a plus de dents, presque plus de cheveux. Le, son ami photographe Pierson meurt avec le regret de n'avoir su capturer la vraie beauté de la comtesse[8].
Après l'effondrement de l'Empire et l'établissement de laTroisième République bourgeoise et pudibonde[réf. nécessaire], la comtesse, veuve et ayant perdu prématurément son fils légitime mort de lavariole, vit dans un monde qui ne lui ressemble plus.
Après la fin duSecond Empire, la mort de son mari puis de son fils, Virginia s'enferme au 26,place Vendôme dans un appartement morne, triste et sombre. À la mort de son ami le docteurÉmile Blanche en 1893, elle demande à son fils, le peintreJacques-Émile Blanche de peindre son portrait, chose qu'il ne fera qu'après la mort de la comtesse (semble-t-il vers 1914)[18].
Dans lesannées 1880, esclave de son image et ne supportant pas de vieillir, elle souffre deneurasthénie etmisanthropie. Elle se terre à l'abri des miroirs qu'elle a fait voiler dans son appartement. En 1893, elle déménage 14rue Cambon où elle sombre dans l'anonymat et le dénuement. Elle ne sort plus qu'à la nuit tombée, pour ne pas être confrontée au regard que les passants pourraient porter sur les « ravages » que le temps, d'après elle, a fait subir à sa beauté. Elle décède à son domicile parisien du1er arrondissement, le[19] à l'âge de 62 ans, aux côtés des dépouilles empaillées de ses chiens. Le secrétaire d'ambassade italienne à ParisCarlo Sforza accourt pour brûler ses papiers compromettants[20].
La comtesse de Castiglione, qui fit les beaux jours du Second Empire, repose aucimetière du Père-Lachaise (division 85,2e ligne, tombe 83). Longtemps à l’abandon, cette tombe a été restaurée pour le centième anniversaire de sa mort grâce auprix Grinzane Cavour et une plaque de marbre, datée du, déposée[21].
(liste non exhaustive)
Virginia de Castiglione fait partie des figures féminines traitées dans le cadre de l'émissionSecrets d'histoire, intituléeLes reines de Paris[22].
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