Vipassanā (pāli) ouvipaśyanā (विपश्यना,sanskrit ;chinois 觀guān;tibétain ལྷག་མཐོང་,lhaktong) désigne dans la traditionbouddhique la « vue profonde »[1] ou « inspection »[2], ainsi que les pratiques deméditation qui y sont associées. C'est la deuxième étape des pratiques de méditation dans le bouddhisme, qui est utilisée aprèssamatha, « la pacification mentale ».
Certains scientifiques étudient aujourd'hui cette méditation issue de la tradition spirituelle orientale et qui est devenue populaire en Occident auXXe siècle, notamment par l'intermédiaire deMahasi Sayadaw[3],S. N. Goenka[4] etAjahn Chah[5].
Vipassanā peut être défini comme « la lumière intuitive apparaissant brusquement et révélant la vérité sur l'impermanence, sur la misère et sur l'impersonnalité de tous les phénomènes corporels et mentaux de l'existence[2] ».
SelonNyanatiloka,vipassanā-bhāvanā permet le développement depaññā, la sagesse, qui correspond à une des trois sections dunoble sentier octuple.Vipassanā permet la vision intuitive destrois caractéristiques de l'existence (tilakkhana enpali) qui sont :
Dans le canon pali desTrois corbeilles, le motvipassanā est peu usité.
Selon Bhikkhu Sujato, dans lessoutras, la pratique desamatha etvipassanā ne peuvent pas être distinguées. D'après cet auteur, les textes anciens ne classifient jamais les différentes techniques commesamatha ouvipassanā, qui sont plutôt des qualités de l'esprit qui doivent être développées[7].
Thanissaro Bhikkhu(en) relève que dans les soutras du canon pali qui décriventGautama Bouddha enjoignant à ses disciples de pratiquer, ils ne le citent jamais disant« allez fairevipassanā » mais toujours« allez fairejhāna ». Thanissaro Bhikkhu décrit également Samatha et Vipassana comme deux qualités de l'esprit résultant d'une même pratique et allant de pair[8].
Durant la pratique de vipassanā, le méditant développe des « motifs de souillure », ainsi appelés parce qu'ils pourraient être confondus avec l'éveil. Ce ne sont que de simples phénomènes, « symptômes ou concomitances » et pas la libération (nirvana)[2],
L'« effulguration », apparition de lumière (obhāsa) ;
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Dans lebouddhisme mahayana, la pratique devipassanā a pour objet« la compréhension ferme et définitive de lavacuité ou insubstantialité de tous les phénomènes[3]. »
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Dans lebouddhisme vajrayana,vipassanā« consiste à observer l'esprit, la source de tout bonheur et de toute souffrance, pour s'assurer de sa vacuité. Or cette vacuité est aussi clarté. Demeurer naturellement dans la vacuité-clarté de la nature de l’esprit est le but de la pratique. On y parvient par l’examen de la provenance, de la demeure et de la destination des pensées qui émergent dans l'esprit[3]. »
C'est une des pratiques de méditation les plus étudiées scientifiquement avec laméditation transcendantale[9].Des études ont montré des résultats positifs de la pratique de la méditationvipassanā dans le traitement de la dépression et de l'anxiété[10], ainsi que la réduction de la propension à la criminalité dans les prisons[11].
Le psychiatre Paul Fleishman rappelle toutefois dans son livreAn Ancient Path[12], que le traitement de la dépression et de l'anxiété n'est pas le but de la pratique de la méditationvipassanā, mais reste une pratique progressive vers lenirvana, la libération totale de la souffrance (dukkha).
Dans son livreThe Emotional Life of Your Brain[13], leDrRichard Davidson, professeur en psychologie et membre duMind and Life Institute, explique de façon pragmatique un des objectifs de la pratique : comprendre comment nos sensations et nos attitudes changent. Par exemple concernant la souffrance : elle apparaît bien réelle au début, mais en se concentrant sur les sensations du corps, on commence à s'aviser que la souffrance n'est qu'un concept mental, et qu'en observant au-delà, de nombreuses sensations nouvelles apparaissent, comme un chatouillement sur le pied, une pression sur le genou, la brûlure d'un muscle. Notre attitude vis-a-vis de ces sensations désagréables évolue progressivement.
Expériences de cours de Vipassana dans les prisons
Le premier cours de Vipassana dans une prison a eu lieu en 1975 à la prison centrale duRajasthan[14].
Depuis 1994, la méditation Vipassana est introduite dans les quartiers de la prison de haute sécurité de Tihar àNew Delhi[14].
À la suite du succès des cours à Tihar, le ministère de l'intérieur du gouvernement indien a convoqué une réunion des inspecteurs généraux des prisons de toute l'Inde, et une proposition a été adoptée pour introduire Vipassana comme mesure de réforme dans toutes les prisons indiennes[14].
Julie Conton,Méditation Vipassana. Vivre une retraite de dix jours : Enseignements de vénérableAntonio Satta et témoignage, Éditions Mémoires du monde,(ISBN978-2953237283)
Alain Durel,Vipassanâ : La pratique de la vision pénétrante, Le Relié,(ISBN978-2354902421)