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Viol de guerre

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Article connexe :Violences sexuelles en temps de guerre.
Viol de guerre

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Viol deCassandre parAjax au moment de lachute de Troie.

Leviol de guerre englobe les actes deviol, d'agression sexuelle, deprostitution forcée et d'esclavage sexuel commis dans un contexte de guerre ou de conflit. Le terme exclut les faits deharcèlement sexuel, d'agression sexuelle et de viol internes aux armées, faisant partie destraumatismes militaires sexuels (en).

On parle deviol comme arme de guerre ou comme méthode de guerre lorsqu’il est planifié par une autorité politico-militaire et utilisé de manière stratégique par une des parties d’un conflit pour humilier, affaiblir, assujettir, chasser ou détruire l’autre. Il s’agit généralement desviols de masse (perpétrés sur de nombreuses victimes), multiples (une victime est agressée à plusieurs reprises) etcollectifs (la victime est agressée par plusieurs assaillants), fréquemment commis en public, accompagnés le plus souvent de brutalités et de coups[1].

Quantification du phénomène

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PourRaphaëlle Branche, toute quantification précise des viols de guerre est impossible, en raison d'une part de« la capacité qu'ont les sociétés à les voir », capacité qui coïncide en temps de paix avec une sous-déclaration des violences sexuelles, et d'autre part à cause d'une invisibilité organisée par les auteurs, qui détiennent fréquemment en temps de guerre l'appareil policier et judiciaire[2]. Les viols de guerre sont ainsi qualifiés detabous[3],[4].

Les femmes restent très majoritairement les premières victimes des violences sexuelles. La mention plus fréquente de viols d'hommes témoigne selon Raphaëlle Branche d'une meilleure prise de conscience des crimes sexuels, de mieux en mieux distingués des autres violences de guerre au cours des années 1990[5].

Elisabeth Wood, dans une tribune d'analyse publiée parAl Jazeera, indique que le phénomène du viol de guerre, s'il est répandu, ne doit pas être considéré comme une conséquence systématique de la guerre et des conflits armés. Soulignant une étude ducentre de Recherche de la Guerre Civile dépendant de l'Institut de Recherche sur la Paix, elle indique que 64 % des groupes armés ayant participé à 48 conflits en Afrique de 1989 à 2009, n'étaient pas impliqués dans des affaires de viols massifs et ajoute à cela que 40 % des conflits ne voient qu'un seul des camps prendre part à des viols de moyenne à grande ampleur. Les groupes rebelles auraient plus de propension à maîtriser leurs troupes et juguler les agressions et viols commis envers les civils que les forces armées régulières[6]. Selon Wood, ceci indique que les viols de guerre peuvent être évités[6]. Pour Raphaëlle Branche également, le viol n'est pas un invariant du conflit[7].

Qualification du viol de guerre

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Définition

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La définition juridique, la visibilité et la perception du viol de guerre ont évolué. Si les viols commis en temps de guerre ont d'abord été rattachés aux« crimes contre l'honneur » — cette qualification mettait en avant les communautés nationales, plutôt que les victimes elles-mêmes — ils sont progressivement reconnus comme« une violence spécifiquement faite à des personnes »[7]. Cependant, les viols de guerre dépassent le cadre de la relation interpersonnelle, et portent en eux une dimension collective,« parce que les logiques à l'œuvre les rattachent à la guerre et pas seulement à la domination patriarcale ». Au-delà de la victime, c'est également l'ensemble de sa communauté que le viol cherche à atteindre[8].

Droit de la guerre

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Le viol est interdit dans l'ensemble des codes de la guerre : leLieber Code américain de 1863 le punit de mort, et lesconventions de Genève le proscrivent, en usant d'euphémismes, dès 1929[9].

Pénalisation

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LeTribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie en 1993, puis leTribunal pénal international pour le Rwanda en 1994 incluent les violences sexuelles dans leur domaine de compétence. Ce dernier fait également desviols une composante du crime de génocide[10]. LaCour pénale internationale suit la même logique en considérant les crimes sexuels commis en temps de guerre commecrimes de guerre,crimes contre l'humanité, et également comme crimes degénocide lorsque« des violences sexuelles sont commises avec l'intention de détruire tout ou partie d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux »[9].

À la suite de l'adoption de la résolution 1820, le, par leConseil de sécurité des Nations unies, le viol a été qualifié decrime de guerre,crime contre l'humanité et crime constitutif du crime degénocide[11].

Raphaëlle Branche estime que« sauf exception, les institutions pénales ne jugeant que des individus, elles peinent à rendre compte des logiques collectives, qui seules peuvent expliquer le caractère massif des violences sexuelles et de les considérer comme des armes de guerre »[12].

Le viol comme arme

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Article connexe :Viol en tant qu'arme de génocide.

D'après la sociologue Sandrine Ricci, les violences sexuelles à l'encontre des femmes prennent différentes formes mais peuvent être résumées par la typologie générale suivante[13] :

  • Le viol biologique au service dunettoyage ethnique et dugénocide, dont le but est de détruire matériellement et culturellement le groupe visé par l'intermédiaire des femmes. Cela inclut la destruction des fœtus et des organes reproducteurs, l'insémination forcée pour renouveler la "race" (sociologiquement construite) ou encore la transmission délibérée de maladies transmises sexuellement comme le VIH
  • La violence sexuelle comme arme de terreur et d'humiliation : les violences sexuelles servent à détruire une collectivité en tout ou en partie ou de la dominer, politiquement ou économiquement. Le défilement de femmes nues, les pratiques sadiques, la sexuelle incestueuse, où des parents et des enfants sont forcés d'avoir des relations sexuelles en sont des exemples
  • Le viol ou la menace de viol pour faire fuir les populations
  • Le viol-butin ou viol-récompense
  • Les violences sexuelles comme monnaie d'échange, où les femmes sont forcées de céder à des relations sexuelles pour survivre, en échange de nourriture, d'un abri ou de "protection"
Lynndie England tient un prisonnier irakien en laisse, dans laprison d'Abou Ghraib.

Violence de groupe

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Les violences sexuelles connaissent un développement important dans les espaces de détention — camps d'internement, de prisonniers ou de réfugiés — car les auteurs peuvent estimer qu'ils bénéficient d'une forme d'impunité, et aussi parce que l'architecture et le quotidien du camp rendent visible l'inégalité des forces entre le puissant et le faible. Cette criminalité des lieux clos s'explique cependant surtout par le fait que« les violences sexuelles sont, sauf exception, des violences accomplies en groupe »[14]. Le crime sexuel joue alors le rôle de crime initiatique, qui souderait le groupe combattant, y compris s'il comprend des femmes, comme les soldats de la coalition humiliant les détenus irakiens dans la prison d'Abu Ghraib, ou les femmes duRevolutionary United Front deSierra Leone dans les années 1990[15].

Une étude de Dana Ray Cohen publiée dans l'American Political Science Review en 2013 indique que la pratique du viol par les groupes armés dépendrait principalement de leur recrutement, le viol étant utilisé comme moyen de créer une cohésion interne, notamment lorsque le recrutement a été contraint[16].

Rôle de la hiérarchie militaire

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Jeune fille chinoise libérée d'un camp pour « femmes de réconfort »,Rangoon, 1948,Imperial War Museum.

Cette violence de groupe dépend de la capacité — et de la volonté — que met la hiérarchie militaire à les contrôler. Ainsi, les troupes américainesdébarquant en Normandie sontpoursuivies par la justice militaire américaine qui se saisit de plus de 150 cas de viol, et privilégie les exécutions publiques, tout en condamnant de façon bien plus nette les soldats noirs que les blancs. En revanche, lesmêmes troupes arrivées en Allemagne trouvent une bien plus grande clémence de la part de leur commandement. Le même comportement différencié s'observe pour les troupes françaises débarquées en Italie, qui commettent alors des viols massifs, puis très peu de violences sexuelles en France en 1944, avant de passer le Rhin et de perpétrer de nouveaux crimes sexuels[17].

La hiérarchie militaire peut organiser et mêler violences et sexualité des troupes, qu'elle la considère comme un instrument du moral des combattants, comme un éventuel danger pour leur santé, voire comme un instrument militaire en soi. La mise en place d'un système d'esclavage sexuel à grande échelle, comme celui desfemmes de réconfort organisé par l'armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale a fait plus de 200 000 victimes[18]. Le commandement de l'Armée rouge exhorte en 1945 ses troupes à se venger : 50 000 femmes sont victimes de viols àBudapest en février 1945, plus de 125 000 àBerlin[19].

Publicité du viol

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L'Illustrateur autrichien Gottfried Sieben publie en 1909 une série de lithographies,Atrocités des Balkans, associant l'armée ottomane à une série de viols.

Le fait de rendre le crime sexuel public, par l'image ou la photographie, peut poursuivre une double finalité. De la part des auteurs, il prépare le crime en annonçant aux populations ce qu'elles vont endurer. Ainsi, lors de laguerre civile espagnole, les soldats marocains des troupes franquistes sont précédés du récit de violences destinées aux femmes du camp républicain. La menace du viol est secondée par un imaginaire colonial associant les troupes nord-africaines à l'idée d'une cruauté particulière. L'enregistrement des crimes, comme en2003 en Irak, redouble la violence qui devient menace de reproduction et de diffusion publique[2].

D'un autre côté, l'association de l'ennemi aux violences sexuelles permet de le discréditer et de l'associer à la barbarie[20].

Stigmatisation des victimes

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Lestigmate social qu'est le viol dans la plupart des sociétés rend le viol de guerre d'autant plus destructeur. L'ostracisme de la victime est fréquent, celui-ci coïncidant fréquemment avec la contraction d'une maladie sexuellement transmissible ou avec une grossesse. Fréquemment, le sentiment d'impunité des criminels s'articule avec la honte et la culpabilité des victimes[5]. Dans la paix qui suit le conflit, l'oubli est souvent le moyen de dissimuler que les viols ont témoigné de l'incapacité des hommes d'un groupe à défendre leurs femmes[5].

Dans certains cas, l'accès à l'avortement est facilité, ou l'abandon des enfants est favorisé, ce qui se traduit par une hausse des propositions d'adoption à l'international, comme au Bangladesh après 1971[5].

En Libye alors que la révolution s'est déjà achevée, de nombreuses victimes sont ainsi persécutées. Dans ce pays, le crime du viol est considéré comme pire que la mort et produit une honte qui entache famille et tribu : l'omerta prime donc. Des femmes violées sont poussées au suicide ou sont assassinées lorsque le viol est découvert[21].

Prolongation des conflits

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Une autre conséquence des viols massifs durant les conflits est la perpétuation des rancœurs et leur approfondissement. À la suite des viols ayant eu lieu en 2013 en Libye durant la révolution, certaines villes sont soupçonnées d'héberger des violeurs, provoquant des rivalités et des haines tenaces se prolongeant après la fin du conflit entre ces villes, notammentMisrata etTawarga[21].

Grossesses imposées

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Articles connexes :Grossesse forcée etEnfant de guerre.

Des jeunes femmes sont violées de façon répétée jusqu’à ce qu’elles soient enceintes. Elles sont maintenues en captivité jusqu’à un terme avancé de la gestation et sont relâchées lorsqu’unavortement ne peut plus être pratiqué. Dans certains cas, il s’agit d’une stratégie visant délibérément à corrompre les liens communautaires en forçant les femmes à donner naissance à un enfant porteur de l’identité culturelle des bourreaux (comme ce fut le cas en ex-Yougoslavie)[22]. Dans d’autres cas, il s’agit d’une manœuvre de l’adversaire pour s’implanter dans une région en créant un métissage entre population locale et groupe d’occupation (par exemple, en République Démocratique du Congo)[1].

En 2016, pour la première fois, laCour pénale internationale juge le cas d'un individu poursuivi pour « grossesse forcée » consécutive à des viols :Dominic Ongwen, commandant de la brigade Sinia au sein de l’Armée de résistance du seigneur[23],[24].

Histoire

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Affiche de propagande de la Première Guerre mondiale.

Époque moderne

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Loin des clichés de la guerre en dentelles, les viols sont courants dans les guerres duXVIIe siècle, siècle de fer en Europe. Laguerre de Trente Ans expose bien des communautés paysannes aux violences des troupes, notamment mercenaires, qui ravagent l'Europe centrale : plusieurs eaux-fortes desPetites Misères de la guerre et desGrandes Misères de la Guerre, séries d'estampes deJacques Callot montrant les méfaits d'une bande de soldats à travers la Lorraine en guerre, donnent à voir le sort particulier des femmes[25]. Ces violences ne s'arrêtent toutefois pas là, restant courantes pendant laguerre de Hollande ou laguerre de Succession d'Espagne. Plus particulièrement, les brutalités des gens de guerre logés chez leshuguenots pour les convertir de force au catholicisme pendant lesdragonnades incluent des viols qui, en dépit des interdits, ne valent guère d'ennuis à leurs auteurs[26].

Première Guerre mondiale

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Articles détaillés :Viol de la Belgique etSac de Dinant (1914).

Le viol subi par les femmes lors de l'invasion allemande de la Belgique est utilisé par les Alliés comme argument pour mobiliser l'opinion publique et les combattants. Cependant,« il ne s'agit pas d'écouter les victimes ou de donner à entendre leurs témoignages, mais d'accuser l'ennemi »[9]. Les récits de viols permettent de rendre plus intolérable la profanation de la neutralité belge, et d'assimiler l'ennemi à la figure du barbare[20].

Guerre d'Espagne

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Voir la catégorie :Femme dans la guerre d'Espagne.
L'adolescenteMaravillas Lamberto, violée et assassinée par lesnationalistes en 1936 pendant laguerre d'Espagne.

L'adolescenteMaravillas Lamberto, violée et assassinée en 1936 au début de laguerre d'Espagne par lesnationalistes espagnols, à l'âge de 14 ans sous les yeux de son pèrerépublicain, est l'un des symboles de laTerreur blanche et de la barbariefranquiste[27].

Seconde Guerre mondiale

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Articles détaillés :Femmes de réconfort,Crimes de guerre nazis en Union soviétique,Viols durant l'occupation de l'Allemagne,Viols durant la seconde invasion de la Pologne par l'Armée rouge,Viols durant la libération de la France,Massacre de Nankin etMadeleine Pauliac.

L'ouvrageUne femme à Berlin est un témoignage publié d'abord de façon anonyme parMarta Hillers sur les viols commis pendant l'occupation de Berlin durant la seconde guerre.

Guerre d'Indochine

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Laguerre d'Indochine a été le théâtre de nombreux viols commis par des soldats français, et dont on trouve le récit dans les écrits d'anciens militaires ayant pris part à la guerre commeAlbert Spaggiari[28]. On rapporte le cas de femmes fabriquant de la teinture rouge dans le but de salir leur pantalon et de faire croire qu'elles avaient leursrègles pour éviter les agressions[29].

Guerre d'Algérie

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Femme algérienne victime d'abus sexuels par des militaires français.

Il existe deux types de viols, commis par les Français, pendant laguerre d'Algérie. D’une part, ceux perpétrés dans les centres de détentions et d’interrogatoires répartis à travers l'Algérie et d'autre part ceux commis lors d’expéditions des militaires dans les villages[30] .

Djamila Boupacha, militante duFront de libération nationale (Algérie) est arrêtée, torturée et violée par des militaires français après avoir déposé une bombe àAlger en 1959. Soutenue parGisèle Halimi,Simone de Beauvoir etPablo Picasso, elle est condamnée à mort, puis amnistiée dans le cadre desAccords d'Évian. L'État algérien en fait une icône de la guerre de libération algérienne. Cependant, de nombreux viols sont rendus invisibles, etLouisette Ighilahriz qui témoigne plus tardivement subit des reproches de ses anciens frères d'armes, en raison même de son témoignage[30],[31].

Guerre de libération du Bangladesh

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Article connexe :Violence sexuelle pendant la guerre de libération du Bangladesh.

Lors de laguerre de libération du Bangladesh qui oppose lePakistan oriental et lePakistan occidental en 1971, 200 000 femmes sont violées par les troupes du Pakistan oriental, qui justifie une politique de« purification » des populations occidentales. Le Bangladesh nouvellement créé fait en 1972 de l'ensemble des victimes, dans un but nationaliste, des« héroïnes de guerre »[20].

Conflit en ex-Yougoslavie

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Article connexe :Viol pendant la guerre de Bosnie.

Lors desguerres de Yougoslavie, entre 1991 et 2001, le viol est massivement perpétré sous couvert d'une politique denettoyage ethnique. Pour les forces serbes en particulier, une vision simpliste des liens généalogiques signifie qu'une femme bosniaque victime d'un viol commis par un serbe mettra au monde des enfants serbes[32]. Ce viol ajoute aux traumatismes l'atteinte à la reproduction, à la communauté :« des enfants naîtront qui pourront être considérés comme serbes et venir peser dans le rapport des forces démographiques […]. Viols et purification ethnique avancent ensemble », ce qui fait de ces crimes une arme de guerre au sens propre[22]. Certains lieux de détention où les prisonnières sont réduites en esclavage sexuel sont surnommés les « camps de viol »[33].

Libye

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Durant larévolution libyenne de 2011, des viols de masse sont perpétrés notamment par les armées et les affidés du régime deMouammar Kadhafi, le, et à d'autres dates. En réaction à des manifestations de femmes victimes de ces exactions, le gouvernement libyen élabore en un projet de loi accordant un statut de victime de guerre aux femmes violées durant la révolution. Ce texte, pionnier dans le monde, a une naissance difficile : retardé à cause de la situation instable du pays, et des réticences du parlement à aborder le sujet tabou[21], le décret est finalement adopté le[34].

Le décret accorde, outre un dédommagement sous forme de pension, des facilités d'accès aux soins, aux études en Libye ou à l'étranger, aux emplois du service public et de prêts ainsi qu'une aide juridique pour la poursuite des agresseurs[34]. Bien qu'unefatwa dumuftiSadek al-Ghariani ait été lancée exceptionnellement pour autoriser l'avortement pour les femmes violées durant la révolution, de nombreux enfants naissent des suites des viols massifs. Le décret permet de protéger ces enfants et de faciliter leur adoption[21].

Irak

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Durant les offensives de Daech, des femmes yezidies sont enlevées et vouées à être livrées comme esclaves sexuelles aux soldats de l’État Islamique. Nadia Murad obtient le prix Nobel de la Paix après la publication de son livrePour que je sois la dernière[35],[36],[37],[38].

Génocide des Tutsi

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Article connexe :Génocide des Tutsis au Rwanda.
Article connexe :Viol en tant qu'arme de génocide.

Pendant le génocide des Tutsi, plus de 500 000 femmes Tutsi furent victimes de violences sexuelles et de viols en trois mois. Ces violences sexuelles sont systématiques et stratégiques et sont la conséquence de la diabolisation et la sexualisation des femmes Tutsi[13].

République démocratique du Congo

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Article connexe :Violences sexuelles en République démocratique du Congo.

LaRépublique démocratique du Congo, secouée par des guerres à la fin duXXe siècle, est depuis fragilisée par l'insécurité et les heurts et conflits entre le gouvernement et des groupes rebelles ; une partie de la population en subit les conséquences tragiques. En 2011, une estimation porte à 400 000 le nombre de viols dans le pays[39]. Une survivante de l'attaque d'un village par des soldats non identifiés a raconté en 2007 le meurtre du chef, des viols collectifs, lecannibalisme forcé d'un fœtus arraché à sa mère éventrée et des assassinats d'enfants : ces viols et atrocités, qui détruisent les familles d'une petite communauté, s'apparentent à des actesgénocidaires[40].

En 2018, le médecin congolaisDenis Mukwege reçoit leprix Nobel de la paix pour son action en faveur des victimes de viols de guerre dans la région dulac Kivu[41]. En 2019 il crée avecNadia Murad un Fonds mondial pour les survivantes à Genève[42].

Ukraine

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Céline Bardet dénonce les risques de viol par les troupes russes sur des femmes ukrainiennes lors de l'invasion de 2022[43].

Le groupe Wagner, société militaire privée au service de la Russie, semble prendre largement sa part dans ces violences[44].

Israël -Palestine

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Articles détaillés :Violences sexuelles lors de l'attaque du Hamas contre Israël etViolences sexuelles et sexistes à l'encontre des Palestiniennes pendant la guerre de Gaza.

Historiographie

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Les violences sexuelles commises lors des conflits contemporains ont souvent été étudiées par des auteurs spécialistes descience politique, dudroit international, ou par des auteurs d'études féministes.Cynthia Enloe a ainsi travaillé sur le genre et l'institution militaire ; Elisabeth Jean Wood a proposé une réflexion sur les viols pendant les conflits[12].

Les historiens ont consacré plus d'attention à des événements comme lesviolences sexuelles commises par l'armée japonaise à Nankin (Iris Chang,Jean-Louis Margolin), lesviols commis par l'Armée rouge en 1945 (Norman Naimark,Atina Grossmann).Alan Kramer etJohn Horne ont étudié les viols commis par les Allemands lors de la Première Guerre mondiale,Stéphane Audouin-Rouzeau consacrant lui un ouvrage à la manière dont les femmes françaises ont été considérées dans leur propre pays[45].

Le cas des troupes alliées en Italie et en France a été étudié pour le premier par Tommaso Baris et Julie Le Gac, pour le second par le criminologue J. Robert Lilly, puis parAlice Kaplan, et enfin Mary Louise Roberts[46].

Sur les conséquences sociales des violences sexuelles, qui restent moins étudiées, l'anthropologue Nayanika Mookherjee a étudié la guerre d'indépendance du Bangladesh,Fabrice Virgili s'est intéressé auxfemmes tondues à la Libération de la France, etYuki Tanaka auxfemmes de réconfort. Raphaëlle Branche a éclairé le cas des violences sexuelles commises pendant laguerre d'Algérie par les militaires français[46].

L’ONG,We Are Not Weapons of War (Nous ne sommes pas des armes de guerre), travaille à prévenir les viols de guerre et les viols pendant les guerres[43],[47].

Notes et références

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  1. a etb« Torture et violences sexuelles dans les conflits armés, des liens étroits », surgrotius.fr,
  2. a etbBranche et Cabanes 2018,p. 596.
  3. JulienBroquet, « Viols de guerre, 70 ans d'Histoire d'une arme taboue », surFocus Vif,(consulté le)
  4. Sélection auFIGRA 2020,Compétition Terre(s) d’Histoire« Viols de guerre, 70 ans d'histoire d'une arme taboue », surFigra(consulté le)
  5. abc etdBranche et Cabanes 2018,p. 602.
  6. a etb(en) ElisabethWood, « Is rape inevitable in war? »,Al Jazeera,‎(lire en ligne)
  7. a etbBranche et Cabanes 2018,p. 592.
  8. Branche et Cabanes 2018,p. 592-593.
  9. ab etcBranche et Cabanes 2018,p. 594.
  10. Branche et Cabanes 2018,p. 593.
  11. Fargnoli 2012,p. 11.
  12. a etbBranche et Cabanes 2018,p. 603.
  13. a etbSandrine Ricci,Avant de tuer les femmes, vous devez les violer ! : Rwanda, Rapports de sexe et génocide des Tutsi, Syllepse, 9 (2e édition), 221 p.(ISBN 9-782849-507797),p. 81-100
  14. Branche et Cabanes 2018,p. 597.
  15. Branche et Cabanes 2018,p. 597-598.
  16. (en) Dara KayCohen, « Explaining Rape during Civil War: Cross-National Evidence (1980–2009) »,American political science review, Cambridge Journals,vol. 107,no 3,‎,p. 461-477(DOI 10.1017/S0003055413000221,résumé)
  17. Branche et Cabanes 2018,p. 598.
  18. Branche et Cabanes 2018,p. 598-599.
  19. Branche et Cabanes 2018,p. 600.
  20. ab etcBranche et Cabanes 2018,p. 595.
  21. abc etdAnnickCojean, « Libye : viols de guerre »,Le Monde,‎(lire en ligne)
  22. a etbBranche et Cabanes 2018,p. 601.
  23. « Affaire Ongwen. Le Procureur c. Dominic Ongwen », suricc-cpi.int
  24. (en) Rosemary Grey, « The ICC’s First ‘Forced Pregnancy’ Case in Historical Perspective »,Journal of International Criminal Justice,vol. 15,no 5,‎,p. 905-930(lire en ligne).
  25. AlbanWilfert, « La chair et le sang - La violence sexuelle dans les conflits du XVIIe siècle [1/2] Maux et mots du viol », surLa Revue d'Histoire Militaire,(consulté le)
  26. AlbanWilfert, « La chair et le sang - La violence sexuelle dans les conflits du XVIIe siècle [2/2] Viol et raison militaire », surLa Revue d'Histoire Militaire,(consulté le)
  27. (es) « Una flor rota para recordar a Maravillas Lamberto, ‘Florecica de Larraga’ », surnaiz.eus,(consulté le)
  28. Albert Spaggiari,Faut pas rire avec les barbares,
  29. Michelle Zancarini-Fournel,Les luttes et les rêves : Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, Paris,La Découverte,, 995 p.(ISBN 978-2-35522-088-3),chap. 15 (« Années noires, années rouges (1939-1948) »),p. 695
  30. a etbFlorence Beaugé, « Guerre d’Algérie : le tabou des viols commis par des militaires français », surLe Monde,(consulté le)
  31. Branche et Cabanes 2018,p. 595-596.
  32. Fabrice Virgili, « Les violences sexuelles en temps de guerre », surEncyclopédie d'histoire numérique de l'Europe - EHNE, mis en ligne le 22/06/20(consulté le)
  33. Gay J. McDougall, Special Rapporteur, « Rapport final sur le viol systématique, l'esclavage sexuel et les pratiques analogues à l'esclavage en période de conflit armé », surdigitallibrary.un.org,
  34. a etbAnnickCojean, « La Libye reconnaît comme « victimes de guerre » les femmes violées »,Le Monde,‎(lire en ligne)
  35. « Pour que je sois la dernière de Nadia Murad : livre à découvrir sur France Culture », surFrance Culture(consulté le)
  36. « Le prix Nobel de la paix 2018 attribué à Denis Mukwege et Nadia Murad », surrtl.fr(consulté le)
  37. « Irak : des dizaines de morts dans une attaque des djihadistes »,Le Monde.fr,‎(lire en ligne, consulté le)
  38. NadiaTraduction de : Murad et OdileDemange,Pour que je sois la dernière,(ISBN 978-2-213-71050-1 et2-213-71050-3,OCLC 1158975998)
  39. Poloni-Staudinger et Ortbals 2012,p. 21.
  40. Elisa Von Joeden-Forgey, « Gender and Genocide », dans Donald Bloxham et A. Dirk Moses,The Oxford Handbook of Genocide Studies, Oxford University Press, 2010,p. 74.
  41. Sonia Rolley, « Nadia Murad et Denis Mukwege: deux Nobel contre les violences faites aux femmes », surRFI Afrique,(consulté le)
  42. « «Nous ne pourrons pas être surpris par des viols de guerre en Ukraine» »,Le Temps,‎(ISSN 1423-3967,lire en ligne, consulté le)
  43. a etbCassandreLeray, « La guerre en Ukraine, «un contexte idéal pour les violeurs» », surLibération,(consulté le).
  44. AlbanWilfert, « « Ne violez pas les femmes » : le groupe Wagner, le mercenariat et l’exaction », surLa Revue d'Histoire Militaire,(consulté le)
  45. Branche et Cabanes 2018,p. 603-604.
  46. a etbBranche et Cabanes 2018,p. 604.
  47. « Le viol, l'arme de guerre du 21e siècle », surAfricanews,(consulté le)

Bibliographie

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Voir aussi

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Articles connexes

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Forces alliées
Forces japonaises
Forces nazies
Juristes spécialisés

Liens externes

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v ·m
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Crimes en droit international pénal et droit pénal international
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