Pour les articles homonymes, voirReynouard.
| Secrétaire général Parti nationaliste français et européen | |
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| Formation | Institut des sciences de la matière et du rayonnement(d)(années 1990) |
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| Condamné pour |
Vincent Reynouard, né le àBoulogne-Billancourt, est unmilitantnégationniste etnéonazifrançais. Condamné à de multiples reprises pour « contestation de crimes contre l'humanité » en vertu de laloi Gayssot, il a été incarcéré en 2010 et 2022.
Étudiant en 1989 à l'ISMRA à Caen, il y crée l'« Association normande pour l'éveil du citoyen » (ANEC)[1] qui diffuse un bulletin,Nouvelle Vision, qu'il rédige avec Rémi Pontier, élèveingénieur dans la même école[2],[3],[4]. Il fonde aussi, avec Pontier et Philippe Costa, l'« Amnistie nationale pour les internés et victimes de laloi Gayssot » (ANIV)[2].
Il se réclame du courant« post-révisionniste » des héritiers deRobert Faurisson,Alain Guionnet etOlivier Mathieu, courant qui affirme dénoncer, au-delà du prétendu« mythe de la Shoah », l'« emprise juive » sur le monde moderne[5]. Il est un temps exclu du campus pour y avoir distribué des tracts et des autocollants et, dès 1991, fait l'objet de poursuites en justice[6],[1]. Il milite alors également au sein duParti nationaliste français et européen (PNFE), groupe dont il est brièvement secrétaire général en 1991[7].
Le, lacour d'appel de Caen le condamne à un mois d'emprisonnement avec sursis et à 5 000 francs d'amende pour contestation de l'existence d'un ou plusieurscrimes contre l'humanité (arrêtno 679), Reynouard ayant« adressé aux vingt-quatre élèves d'un lycée, lauréats duConcours national de la résistance et de la déportation, des lettres anonymes auxquelles était annexée la photocopie d'écrits contestant l'existence des chambres à gaz en Allemagne durant laSeconde Guerre mondiale »[6],[8].
Après ses études d'ingénieur chimiste, il opte pour l'enseignement et réussit, en 1994, leCAPLP de Mathématiques - Sciences physiques-Chimie ; il est titularisé en 1995, bien qu'entre-temps, la Cour de cassation ait rendu définitive sa condamnation pour négation de la réalité du génocide et que de nouvelles poursuites contre lui soient en cours, pour distribution de tracts dans les rues de Caen[6]. Il est suspendu le puis révoqué de l'Éducation nationale en avril de l'année suivante pour avoir conservé, dans un ordinateur de son lycée àHonfleur, des documents niant laShoah et avoir distribué à des élèves un exercice sur les statistiques de mortalité àDachau inspiré d'un article de Robert Faurisson[9],[10].
Il contribue, en 1997, à un livre intituléLe Massacre d'Oradour. Un demi-siècle de mise en scène qui prétend innocenter lesWaffen-SS dumassacre d'Oradour-sur-Glane[11] ; il réitère avec une cassette vidéo, adressée en 2000 aux rescapés du massacre, aucentre de la mémoire d'Oradour, au maire et à de nombreux habitants du village[12]. Elle est interdite en 2001[9].
Installé àBruxelles en 2002, il crée la branche française, « Vision historique objective » (VHO), de la maison d'édition (de même sigle) deSiegfried Verbeke « Vrij Historisch Onderzoek »[13],[14]. Ses propres écrits sont notamment diffusés par le mensuelL'aSSaut du groupusculeL'Assaut[15]. Il y anime également la revueSans concession[16]. Il fonde, en 2005, avec Jérôme Decossas dit « Jean-Jacques Stormay »[17], sa propre structure « catholique national-socialiste et révisionniste », le « Mouvement de combat Saint-Michel »[18],[15],[19].
En, laCour de cassation casse le jugement de lacour d'appel de Limoges qui l'avait condamné en à vingt-quatre mois de prison, dont six ferme, pourapologie de crimes de guerre. Dans son arrêtsans renvoi, elle juge que les faits reprochés ne constituent pas une apologie de crimes de guerre, mais une contestation de crimes de guerre, laquelle n'est pas réprimée par la loi[20],[21].
Il est à nouveau condamné, le, à un an de prison et 10 000 € d'amende par le tribunal correctionnel deSaverne (Bas-Rhin) pour contestation de crimes contre l'humanité, pour avoir écrit et fait distribuer la brochure « Holocauste, ce que l'on vous cache » auprès de musées, de syndicats d'initiative et de mairies d'Alsace. LaLigue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), qui s'était portéepartie civile, obtient 3 000 € dedommages-intérêts[22]. En, il est à nouveau condamné, en compagnie de Siegfried Verbeke, par le tribunal correctionnel de Bruxelles pour négationnisme[23]. Il vit dans la clandestinité pendant un an. En, les journalistes d'investigation belges Frédéric Loore etManuel Abramowicz retrouvent sa trace àIxelles et publient leur information exclusive sur le site deRésistanceS et dans l'hebdomadaireParis Match[24],[25]. Vincent Reynouard est finalement arrêté le puisextradé vers la France où il est incarcéré àValenciennes pour purger sa peine[26],[23].
Un comité de soutien est alors créé avec la participation du groupuscule lyonnais d'extrême droiteJeune Nation, émanation deL'Œuvre française ; on y trouve notamment Robert Faurisson et sa sœur Yvonne Schleiter qui relaie les messages de Reynouard sur sa liste de diffusion « Bocage »[27]. Jacques Leclerq note qu'« en réalité, cette structure sert avant tout à faire passer les idées de l'intéressé, plus que le défendre ; cela lui permet à nouveau de développer ses thèses ouvertement favorables à Hitler »[28].
Le, l'écrivainPaul-Éric Blanrue lance une « pétition pour l'abrogation de laloi Gayssot et la libération de Vincent Reynouard »[29]. Le texte précise qu'il « ne s'agit pas, pour les signataires de cette pétition, de soutenir les idées de Vincent Reynouard mais de défendre son droit à les exprimer »[30]. Cette pétition marque cependant le début de l'engagement négationniste de Paul-Éric Blanrue, selon l'historienneValérie Igounet[31]. Elle est signée par des personnalités aux opinions politiques diverses, parmi lesquelles le physicien et essayisteJean Bricmont, le professeurNoam Chomsky[32], mais également le délégué du Front nationalBruno Gollnisch[33], des personnalités passées par le FN et l'ayant quitté commeJean-Yves Le Gallou etAlain Soral, le polémisteDieudonné[34]. On y trouve également les signatures des négationnistesRobert Faurisson,Pierre Guillaume,Jean Plantin etBernard Notin. Selon les journalistes Abel Mestre et Caroline Monnot, certains signataires sont des« idiots utiles », parmi lesquels, outre Bricmont et Chomsky déjà cités, l'écrivain et réalisateurYann Moix, le journaliste et fondateur deReporters sans frontièresRobert Ménard, le journaliste et écrivainDominique Jamet, et plus à gauche, l'évêque catholiqueJacques Gaillot (qui a retiré sa signature) et le journaliste québécois Jean-Guy Allard[34].
Libéré après neuf mois de détention en[29], Vincent Reynouard reste sous contrôle judiciaire et sous le coup d'une procédure pour la diffusion de cédéroms négationnistes en 2009 à cent vingt lycées[35]. Il écrit notamment dansRivarol[36].
Le, après s'être défendu sans avocat, il est condamné à deux ans de prison ferme et à35 000 euros d'amende par le tribunal correctionnel deCoutances pour avoir diffusé sur son site des vidéos dans lesquelles il déclarait que lescommémorations du70e anniversaire du débarquement en Normandie relevaient de la propagande et niait à nouveau l'existence des crimes nazis. Cependant, le procureur Renaud Gaudeul, constatant que la peine infligée excède les plafonds prévus par la loi, et que par conséquent elle« est illégale », fait appel de la condamnation[37]. L'arrêt de la cour d'appel de Caen intervient le et condamne Vincent Reynouard à un an de prison ferme, mais sans peine d'amende[38],[39].
Il s'exile alors àLondres, où il donne des cours particuliers de mathématiques, afin d'échapper à cette condamnation et d'éventuelles autres condamnations à l'avenir[40],[41].
Le, il est condamné à deux mois de prison ferme pour complicité de contestation de crime contre l'humanité pour un article paru quatre ans plus tôt dansRivarol, et qui remettait en cause l'existence de la Shoah[42]. La cour d'appel de Paris confirme cette condamnation en[43].
En, il obtient de la Cour de cassation la transmission au Conseil constitutionnel d'unequestion prioritaire de constitutionnalité relativement à laloi Gayssot[44]. Le Conseil se prononce le et déclare la loi Gayssot conforme à laConstitution[45]. Puis, le, la Cour de cassation rejette son pourvoi[46].
Le, il est condamné par le tribunal correctionnel de Paris à une nouvelle peine de cinq mois de prison ferme pour avoir mis en ligne deux vidéos négationnistes dans lesquelles il renouvelle son défi :« 5 000 € à qui me convaincra que la Shoah n'est pas un bobard de guerre ». Il est en outre condamné à verser 2 000 euros de dommages et intérêts à la LICRA, qui était partie civile, ainsi qu'une somme identique au titre des frais de justice[47].
Dans la nuit du 20 au 21 août 2020, leCentre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane est profané avec des graffitis à teneurs négationnistes et injurieux sur le mur d'entrée : le mot « martyr » est rayé pour être remplacé par le mot « menteur », avec la mention « Reynouard a raison », ce qui suscite une vague d'indignation nationale[48].
Le, Vincent Reynouard est condamné à quatre mois de prison pour contestation de crime contre l'humanité[49]. Les propos reprochés sont issus d'une vidéo publiée en dans laquelle il nie l'existence de l'Holocauste[50].
Son nom apparaît parmi les22 bénéficiaires d'un don d'une valeur de 556 000 dollars enbitcoins effectué par un informaticien français juste avant son suicide le 8 décembre 2020. Selon une information du cabinet Chainalysis, confirmée par l'intéressé lui-même, il a ainsi reçu l'équivalent de 23 000 euros, aux côtés de personnalités de l'alt-right, en particulierNick Fuentes impliqué dans l'assaut du Capitole[51],[52],[53].
En octobre 2021, cible d'une opération de la police britannique, Reynouard entre en cavale[41].
En janvier 2022, à la suite d'un signalement dudélégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), les deux sites animés par Vincent Reynouard sont bloqués et rendus inaccessibles par décision de justice duTribunal de Paris[54],[55].
Le 10 novembre 2022, selon le nouvel accordTrade and Cooperation Agreement(TCA) entre l'Union européenne et le Royaume-Uni, Vincent Reynouard est arrêté à la suite d'un mandat d'arrêt par la police écossaise dans une chambre d'hôte d'Anstruther, caché sous une fausse identité. L'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité et les crimes de haine de laGendarmerie nationale (OCLCH) a coordonné cette opération d'arrestation avec laDivision antiterroriste de la police métropolitaine de Londres, leService de la sûreté britannique et les réseaux diplomatiques britanniques et français[56],[57]. Il est présenté à un juge et placé en détention provisoire àÉdimbourg, dans l'attente d'une audience[56]. Vincent Reynouard refuse d'être extradé en France en décembre 2022[58].
Outre l'exécution d'une peine d'un an de prison ferme pour contestation de crime contre l'humanité, confirmée le 22 juin 2016 après le rejet de son pourvoi en cassation, la justice française a présenté à la justice écossaise trois motifs d'infraction à l'encontre de Vincent Reynouard : contestation publique d'un crime contre l'humanité, négation, minoration ou banalisation publique d'un crime de guerre, à savoir lemassacre d'Oradour-sur-Glane, et provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, de l'ethnie, de la nation ou de la religion. Son arrestation a pu être fondée, en partie, sur la condamnation de la militante antisémite et négationniste anglaise Alison Chabloz[59] en 2018 pour négation de l'Holocauste, en vertu de l'article 127 de la loi britannique sur les communications[57].
Le 12 octobre 2023, la justice écossaise autorise son extradition[60] qui, au terme d'une bataille judiciaire, est confirmée le 26 janvier 2024, Vincent Reynouard ayant épuisé tous les recours possibles[61],[62]. Il est livré aux autorités françaises le 2 février 2024, mis en examen par un magistrat instructeur parisien pour « négation de crimes de guerre », « contestation de crimes contre l’humanité » et « provocation à la haine ». Il est remis en liberté sous contrôle judiciaire[63].
Il comparaît le pour ces trois chefs d'accusation en raison de propos tenus dans des vidéos diffusées sur Internet entre 2017 et 2020. Le procureur requiert18 mois de prison ferme et15 000 euros d'amende[64]. Le tribunal correctionnel de Paris le condamne le à douze mois de prison ferme, à effectuer sous lerégime de semi-liberté, et à10 000 euros de dommages et intérêts à verser aux différentes parties civiles, parmi lesquelles laLigue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) et l'Observatoire Juif de France (OJF)[65]. Il fait appel de la décision[66].
Il comparaît à nouveau le devant la17e chambre du tribunal judiciaire de Paris pour ses propos dans une courte vidéo, publiée en octobre 2019 sur sonblogSans concession et leréseau social russeVKontakte, destinée à faire la promotion de l'un de ses livres. La procureure requiert8 mois de prison ferme et5 000 euros d'amende[66]. Il est condamné le pour contestation de crime contre l’humanité à6 mois de prison aménageables sous le régime de la semi-liberté et au versement de1 000 euros au titre des dommages et intérêts, et de1 500 euros au titre des frais de justice, à chacune des trois associations s'étant portées parties civiles[67].
Vincent Reynouard est en 2009 signataire de la pétition en faveur deRichard Williamson, évêque de laFraternité sacerdotale Saint-Pie-X, aux côtés de Jean Plantin et de Robert Faurisson[68]. PourJean-Yves Camus,« l’affaire Reynouard établit des liens entre plusieurs courants de l’intégrisme catholique et le négationnisme » : la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et le courantsédévacantiste« dont la position sur le génocide nazi est assez clairement négationniste »[69]. C'est« un hybride d’un genre nouveau. Il a un rôle important. La nouveauté par rapport àFaurisson, c’est qu’il fait pénétrer le négationnisme au cœur du catholicisme intégriste »[70]. Son évolution ultérieure le rapproche cependant des courantsNew Age[71].