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| Vincent-Victor Henri de Vaublanc | |
Le vicomte de Vaublanc | |
| Fonctions | |
|---|---|
| Grand-maître de la maison de la princesse royale puis reine de BavièreMarie de Prusse | |
| – (19 ans) | |
| Monarque | Maximilien II de Bavière |
| Biographie | |
| Dynastie | Famille de Vaublanc |
| Date de naissance | |
| Lieu de naissance | Montpellier |
| Date de décès | (à 71 ans) |
| Lieu de décès | Munich |
| Père | Jean-Baptiste Bernard Viénot de Vaublanc |
| Mère | Sophie Pion |
| Conjoint | Jeanne de Raismes(1806-1887 - fille de Louis-Désiré de Raismes et de Marie de Verdière) |
| Religion | Catholicisme romain |
| Armoiries de la famille Viénot de Vaublanc | |
| modifier | |
Vincent-Victor Henri Viénot de Vaublanc, dit levicomte de Vaublanc, est unécrivain,artiste,administrateur etcourtisanfrançais né le àMontpellier et mort le àMunich.
Neveu du comteVincent-Marie Viénot de Vaublanc, il commence une carrière auConseil d’État à Paris en tant qu'auditeur. À la suite de la révolution desTrois Glorieuses en 1830, il quitte son poste par convictionlégitimiste ne souhaitant pas prêter serment au nouveau roi Louis-Philippe Ier et se retire chez sa famille dans leBeaujolais. Demeuré sans emploi pendant plusieurs années, il émigre à la cour duroyaume de Bavière. S'étant lié d'amitié avec le prince héritier, il devientchambellan puisgrand-maître (Oberhofmeister) de la Maison de la reine de BavièreMarie de Hohenzollern. Il est pendant près de trente ans l'un des plus proches amis et conseillers du prince royalMaximilien II, devenu roi de Bavière.
Vaublanc est parallèlement écrivain et auteur, entre autres, d'un ouvrage d'histoire médiévale intituléLa France au temps des croisades paru entre 1844 et 1847.
Membre de lafamille Viénot de Vaublanc, originaire de Bourgogne et anoblie par une charge de secrétaire du roi en 1697, Vaublanc naît le àMontpellier. Il est le second fils deJean-Baptiste Bernard Viénot de Vaublanc, alorsinspecteur aux revues de l'armée napoléonienne, et de Sophie Pion. Son père perd la vie dans laretraite de Russie, alors qu'il n'a que neuf ans[1].
De 1816 à 1822, il fait une partie de ses études aulycée Louis-le-Grand àParis. Il est l'un des six premiersauditeurs au Conseil d'État, nommé en 1824 grâce à l'appui de son oncle, le frère ainé de son défunt père, l'homme politiqueultraroyalisteVincent-Marie de Vaublanc[1], ancien ministre de l’intérieur de Louis XVIII et membre de laChambre des députés[2]. Il fréquente alors les salons dufaubourg Saint-Germain et y côtoieTalleyrand,Châteaubriand ou encoreLamartine[3].
Membre du comité du contentieux, il est sur le point d'être nommémaître des requêtes auConseil d’État lorsqu'éclate laRévolution de 1830[4]. Il quitte alors ses fonctions par attachement à la branche aînée des Bourbons. Il se retire dans le Beaujolais et profite de plusieurs années sans emploi pour commencer à écrire[1].


En 1836, il accepte de passer deux années en Allemagne auprès du prince héritier deBavièreMaximilien, puis d'y rester en tant quechambellan à la cour du père de ce dernier, le roiLouisIer de Bavière[1].
Cette fonction lui donne l'occasion d'assister au couronnement de la reineVictoria, le. Il y accompagne le prince Maximilien, venuincognito sous le nom d'emprunt de comte de Werdenfels. De passage au cercle élitiste londonien de l'Almack's, sa description est faite par leLondon Society[5] :
« Plus petit [que le prince Maximilien], l'homme distingué, aux cheveux bruns, à ses côtés, est le Vicomte de Vaublanc, le neveu du ministre de Charles X et à la fois l'ami et le gentilhomme de la Chambre du Roi Max. […] De Vaublanc est un collectionneur d’antiquités, un auteur, un artiste, enjoué et plein d'esprit, mais réfléchi et laborieux[5]. »
Ne souhaitant pas être naturalisé, il obtient, par ordonnance du du roiLouis-Philippe Ier, l'autorisation de prendre du service à l'étranger. Il fréquente à Munich d'autres émigrés comme lui, dans des salons tels que celui de la femme dugénéral Parceval[6]. En 1841, il épouse Jeanne de Raismes[1].
En 1845, il est nommé grand-maître de la maison de la princesse royale de Bavière,Marie de Hohenzollern, puis en 1848, grand-maître de la maison de la reine de Bavière, après l'accession au trône du mari de cette dernière : Maximilien II. Il s'agit de l'une des quatre charges les plus importantes de la cour de Bavière[6], une charge essentiellement protocolaire[n 1],[7].
En 1846, il accompagne le prince royalMaximilien de Bavière àParis[8]. À cette occasion, l'écrivainVictor Hugo le décrit dansChoses vues :
« La porte s'est ouverte. Un homme est entré, assez jeune, d'un visage agréable, d'une quarantaine d'années, en noir, avec une croix blanche et un ruban jaune à la boutonnière. C'est un Français légitimiste, M. le vicomte de Vaublanc, neveu de l'ancien ministre. M. le vicomte de Vaublanc s'est fixé à la cour de Bavière, où il est lecteur de la princesse royale et grand-maître de la cour du prince. Il dînait avec le prince chez M.Guizot, et n'avait pas mis le pied à l'hôtel des Affaires étrangères depuis 1823[9]. »
En 1864, il démissionne de sa charge de chambellan après la mort deMaximilien II. Vaublanc, qui a refait sa vie en Bavière, décide d'y demeurer jusqu'à la fin de ses jours. En 1867, sa visite à Paris de l'exposition universelle l'inspire pour la rédaction d'un ouvrage[10].
Au début des années 1870,les frères Goncourt le décrivent à leur tour en quelques mots, dans leur journal, et cette fois-ci sans ambages, à la suite d'« Un dîner munichois fait dans le milieu catholique et anti-prussien [...] De Vaublanc, ancien chambellan et ancien ami du vieux roi Louis, un vieil émigré français, qui ne s'est jamais abaissé à parler allemand, très aimable, très sourd, trèsXVIIIe siècle[11]. » Il meurt, sans postérité[12], le àMunich[13].
Sans être un conseiller officiel, Vaublanc est un intime du roi, il exerce une influence officieuse sur le roi dans le domaine artistique. Il accompagne régulièrement ce dernier après le dîner, dans sa promenade, soit à pied, soit en voiture, au cours de laquelle un sujet d'économie politique, d'art ou de littérature est amené par le prince ; la conversation le développant plus ou moins, fréquemment le roi en réclame le résumé par écrit, ce résumé étant mis le lendemain sur sa table[14],[15].
En 1851, à la demande du roi, le vicomte élabore une série de recommandations dans le but d'embellir Munich du point de vue de l'architecture, dans un rapport intituléPropositions pour le roiMaximilien II (Vorschläge für KönigMaximilian II, 1851/52)[16].Il est par exemple à l'origine du premier plan architectural, plus tard remanié, duMaximilianeum. Il est aussi à l'origine des plans de restauration du château gothique deHohenschwangau en haute Bavière, résidence d'été du couple royal puis de la reine mère au décès du roi[17].
Il assiste aux derniers instants du roi, ce qui lui inspire l'écriture d'une courte biographie de ce souverain[18].
Vaublanc, parallèlement à ses activités politiques, écrit plusieurs ouvrages au cours de sa vie. De 1844 à 1847, après douze ans de recherche[19], il publie son œuvre majeureLa France au temps des croisades, en quatre tomes[20], long récit d'histoire médiévale de plus de 1 500 pages. Il l'enrichit d'illustrations dessinées de sa main[1].
Son œuvre se découpe en quatre parties, chacune correspondant à un tome : État politique et religieux, État militaire et chevaleresque, Sciences, littérature et Arts et enfin Industrie et Vie privée.Selon leBulletin du bibliophile[21], le style de cet ouvrage est clair et véridique, évitant l'erreur de prendre la forme d'un roman[n 2].
Vaublanc écrit également un ouvrage sur l'architecture de Paris. Publié en 1861, il s'agit d'une critique de l'architecture de Paris, accompagnée d'une série de propositions de changements architecturaux, sous la forme d'une promenade dans la capitale[22].Le critique E. de Laqueuille[23] écrit« Le livre de M. de Vaublanc est un des meilleurs qu’on ait écrit sur le Paris nouveau. Il renferme, à propos de la reconstruction de la vieille Lutèce, sur le style des monuments contemporains et sur leur décoration intérieure, la critique la plus savante et du meilleur goût que nous connaissions. »
Vers la fin de sa vie, en 1868, après avoir visité l'exposition universelle de 1867, Vaublanc publie une dernière œuvre intituléePetit voyage à l'exposition ou causerie sur l'exposition universelle de 1867, où il relate l'expérience de sa visite sur un ton humoristique[24]. Selon le bulletin du Bibliophile il s'agit des« Souvenirs d'un homme d'esprit qui n'a pas voulu perdre ses observations, et qui nous les livre sous forme de causeries libres, sans façon et sans pédantisme. On aurait peut-être à reprocher quelques lacunes à M de Vaublanc, mais il en convient lui-même ; ce petit livre, tiré à petit nombre, (...) sera conservé par les curieux qui trouveront peut-être une physionomie plus vivante de l'Exposition dans ces pages légères, que dans bien des ouvrages techniques[25]. »
« Présentation. Avant 3 heures un quart, le baron de Méneval m’accompagna chez la reine. Dans le salon où nous trouvâmes madame de Pillement [Grande maîtresse de la maison de la reine de Bavière] et le vicomte de Vaublanc, il ne fallut pas attendre longtemps. Sa majesté nous reçut dans le troisième salon […] Madame de Pillement, en grande toilette pour dîner, et le vicomte de Vaublanc en petite tenue (uniforme bleu), se tenaient, à quel que distance ; le baron me présenta. […] Sa majesté ayant ce même jour à donner, avant dîner, audience à des dames, ne nous retint pas longtemps. Elle passa, suivie de madame de Pillement, dans d’autres appartements, tandis que le vicomte de Vaublanc nous reconduisait jusqu’à la porte d’escalier. »
« [...] il y aurait une grande injustice à ne pas reconnaître queLa France au temps des Croisades est de l’excellente école à laquelle nous devons déjà l’Histoire des Français des divers états. Même ardeur de la vérité, même passion de tous les souvenirs de la vieille nation française, même opiniâtreté de recherche, même clarté de style, et même nouveauté de résultats. M. de Vaublanc a d’ailleurs évité le principal reproche fait à M.Monteil. Il n’a pas cru nécessaire de donner à ses récits une forme romanesque [...]. »