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Clos Saint-Bernard
Type | |
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Destination actuelle | Centre d'art et d'architecture |
Style | |
Architecte | |
Construction | 1923-1925 et extensions jusqu'en 1933 |
Commanditaire | |
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Propriétaire | Ville de Hyères(d)(depuis) ![]() |
Patrimonialité | |
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Lavilla Noailles ou Clos Saint-Bernard, dont le noyau initial est construit de 1923 à 1925 àHyères, dans le département duVar, est l'œuvre de l'architecteRobert Mallet-Stevens, avec la collaboration de l'architecte local Léon David, notamment pour les extensions et annexes réalisées jusqu'en1933. Elle est située sur une propriété d’un hectare et demi, à 4 km de la mer[2], sur les flancs de la colline du Casteou, qui domine la ville d’Hyères[3].
Commandée en 1922 et dont les plans ont été présentés en 1923 au vicomteCharles de Noailles (sur le Clos Saint-Bernard, qu'il avait reçu de sa mère, née Dubois de Courval, pour son mariage[4]) et àMarie-Laure de Noailles, mécènes et amis des grands noms de l'art moderne, la villa est l'une des premières constructions françaises dustyle moderne[2].
L'architecteRobert Mallet-Stevens est chargé de la construction, après que le couple a essuyé un refus de l'AllemandLudwig Mies van der Rohe et des désaccords avecLe Corbusier[2].
Dans sa correspondance avec l'architecte, Charles de Noailles précise :« Je ne compte plus sacrifier un pouce de fenêtre pour obtenir une façade Louis XVI que pour obtenir une façade moderne et intéressante » (1923),« Je ne pourrais jamais supporter quoi que ce soit dans cette maison ayant un but seulement architectural et je cherche une maison infiniment pratique et simple, où chaque chose serait combinée du seul point de vue de l'utilité » (1924),« Je veux le soleil le matin dans les chambres à coucher et le soleil de l'après-midi dans le salon, parce que c’est pour avoir le soleil que j'irai dans cette maison » (1925)[2].
Elle est représentative de l'application des préceptes et des principes dumouvement rationaliste, par sa recherche d'une luminosité maximale, de la fonctionnalité de l'habitation et de son économie décorative mais aussi par une épuration des éléments décoratifs en privilégiant les toits, les terrasses et la lumière. La villa est ainsi constituée d’un« développement de cubes plus ou moins ordonné, aux arêtes vives et percés de larges ouvertures, les surfaces planes ne supportant aucun motif décorateur. La fenêtre traditionnelle fait place aux grands pans de verre[5]. »
Sur les conseils de l'architecte, il fut fait appel, pour sa construction comme sa décoration, et sur plusieurs années, à certains des artistes les plus prometteurs de l'époque, adeptes notamment de la tendance du mobilier intégré à l'architecture et transformable remarquée auSalon des artistes décorateurs de1924, sous forme de commandes spécifiques ou d'achats, réunissant sièges en tube chromé et toile, fauteuils en caoutchouc, table en tôle laquée montée sur roulettes ou pliable, lampes métalliques articulées, placards muraux, ferronneries escamotables, etc. et de nombreuses œuvres d'art.
Elle compte quinze chambres de 15 m2, comportant chacune unesalle de bains, un dressing, le chauffage central et le téléphone. Les vitres coulissantes glissent dans les murs. Il y avait autrefois des stores enchâtaignier peints à la main, en vert amande[2].
On y trouve ainsi réuni du mobilier deMallet-Stevens lui-même pour la piscine, avec le fauteuil « Transat » de 1923-1925 en tube de tôle laquée et toile, deMarcel Breuer, avec la « chaise Wassily » de 1925 achetée pour la terrasse et l'atelier, lesquels comptent parmi les tout premiers meubles modernes à structure métallique, deSybold van Ravesteyn, qui réalise en 1925-1926 des meubles en bois et métal peints de différentes couleurs avec casiers et tiroirs intégrés et lapolychromie de la chambre d'amis du2e étage, tandis queTheo van Doesburg avait conçu en 1924 et réalisé en 1925 le décor d'une pièce destinée à la confection de bouquets, deDjo-Bourgeois, qui aménage la salle à manger en 1925, quatre chambres au mobilier intégré en 1926, un bar coloré dans les salles voûtées et crée un lit pour la chambre de Madame, complétée d'une chaise deFrancis Jourdain, d'un tapis et d'une table de desserte d'Eileen Gray et d'un fauteuil deDominique[6], deCharlotte Perriand avec unetable de jeu pliante, dePierre Legrain qui est chargé de la décoration d'une chambre, dePierre Chareau, qui conçoit un lit à balancelle suspendu à des barres métalliques[7] dans la chambre en plein air aménagée sur la terrasse en 1928, également dotée de parois de ferronneries escamotables dessinées parJean Prouvé, et qui réalise l'ameublement de la chambre de Monsieur et des sièges pour le petit salon, lequel est décoré en 1928 d'un guéridon et de tabourets deBlanche Klotz, d'une cheminée deRené Prou et de toiles imprimées deRaoul Dufy, des « tissus simultanés » deSonia Delaunay, mais aussi du mobilier plus industriel provenant des firmes Smith & Co, avec des fauteuils, et Ronéo, avec des tables et casiers en tôle.
Le mobilier est complété par des horloges murales électriques de Francis Jourdain, qui ornent chaque pièce, des luminaires deJean Perzel[8], des ferronneries deClaudius Linossier, comme la porte d'entrée associant cinq métaux, desvitraux deLouis Barillet dans l'atelier et l'escalier, des sculptures des frèresJean et Joël Martel, qui créent des bas-reliefs sur le pilier central du hall et un miroir polyédrique, d'Henri Laurens («Femme à la draperie»),Constantin Brancusi,Alberto Giacometti ouJacques Lipchitz, dont une œuvre («La Joie de vivre») est placée à la pointe du jardincubiste réalisé parGabriel Guevrekian, tandis qu'un second jardin est dessiné par les frèresAndré etPaul Vera, ou des tableaux modernes notamment deMondrian, avec «Composition avec gris et noir» de 1925, deBraque, etc. À l'époque, plusieurs de ces personnalités sont encore inconnues du grand public[2].
La villa est ensuite successivement agrandie jusqu'en 1933, pour atteindre 2 000 m2 (contre 500 m2 en 1925) et 60 pièces avecpiscine intérieure aux baies vitrées escamotables etsolarium,squash etgymnase privés. Surmontée, comme l'atelier, d'une verrière formant une compositionnéo-plastique de poutres et de panneaux aux plans décalés, elle offre le premier exemple d'une piscine privée couverte en France. Environ la moitié des espaces affectés au service et au logement des domestiques semblent avoir été conçus principalement par l'architecte local Léon David, qui succédera comme maître d'œuvre à Mallet-Stevens[2].
Sur la colline duvieux château dominant la ville d'Hyères, la villa comporte également un grand jardin méditerranéen planté par le vicomte de Noailles, complété en 1925 par un jardincubiste deGabriel Guevrekian. Cejardin cubiste, appelé aussi lejardin triangulaire était orné d'une sculpture en bronze,La Joie de Vivre, deJacques Lipchitz, aujourd'hui conservée auMusée d'Israël àJérusalem.
La villa Noailles devint le rendez-vous de l'avant-garde artistique : Giacometti,Gide,Cocteau,Picasso,Dalí,Buñuel etMan Ray qui y tourna en 1929 son premier filmsurréalisteLes Mystères du château de Dé, de même queJacques Manuel avec son filmBiceps et Bijoux. Buñuel écrit le scénario deL'Âge d'Or dans la chambre d'amis du deuxième étage, film qui sera financé par Charles et Marie-Laure de Noailles[9].
Le couple de Noailles donne de grands bals costumés pour divertir et réunir les artistes qui viennent y travailler ou de passage.
Vendue à la municipalité en 1973, la villa, inscrite en 1975 et 1987 au titre desmonuments historiques[10] après une longue période d'abandon et de détérioration, a étérestaurée en plusieurs étapes par le cabinet d'architectes[11] Cécile Briolle[12], Claude Marro et Jacques Repiquet, pour devenir un centre d'art et d'architecture en 1996 (expositions temporaires d'art contemporain : arts plastiques, architecture, design, photo ou mode). Elle est ouverte au public depuis 1989[2].
Dirigée par Jean-Pierre Blanc depuis 2003, la villa Noailles est le seul centre d'art en France qui construit sa programmation autour de l'architecture (exposition en février), la mode et la photographie (Festival international de mode et de photographie), et le design (Design-Parade à Hyères et Toulon). Son originalité, la qualité de sa programmation et son rayonnement local, national et international lui ont valu le label« Centre d'art contemporain d'intérêt national »[13].
La villa Noailles reçoit une quinzaine d'artistes chaque année en résidence dans les quatre chambres disponibles, dont firent partieEddy de Pretto ouCamélia Jordana.
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