Viking 1 est le nom de la première des deux sondes duprogramme Viking envoyées en1975. Il fut le deuxièmevaisseau interplanétaire (5 ans aprèsMars 3) à se poser surMars et à réussir sa mission[note 1]. Viking 1 détenait le record de la plus longue mission martienne avec 6 ans et 116 jours, depuis l'atterrissage, jusqu'à la fin de la mission (en temps terrestre), avant d'être battu par les robotsSpirit et Opportunity.
Viking 1 fut lancé duKennedy Space Center àCap Canaveral le par une fuséeTitan III équipée d'un étageCentaur. Il arriva près de Mars le. Dans un premier temps, l'allumage du moteur de Viking 1 pendant 38 minutes le plaça sur une orbite elliptique avec uneapoapside de 50 000 km et unpériapside de 15 000 km[1]. Puis le, l'orbite fut synchronisée avec le jour martien, avec une période de révolution de 24.66 heures, une apoapside de 33 000 km et un périapside de 1 513 km. Un atterrissage avait été envisagé pour le, pour le bicentenaire duJour de l'Indépendance, mais le, la NASA annonça un report pour choisir un site moins accidenté que le site initialement sélectionné[2]. Pendant le premier mois en orbite, Viking 1 fut utilisé exclusivement pour rechercher un site d'atterrissage sûr pour le module d'atterrissage de Viking 1. Dès que le module atterrit sur Mars, le, l'orbiteur entama une campagne de prises de vue systématiques de la surface martienne. L'orbite très elliptique du vaisseau orbital était particulièrement pratique pour étudier la surface, en alternant des moments de grande proximité (pour la vision des détails) et de grand éloignement (pour une vision d'ensemble)[3].
Le, l'orbite de Viking 1 fut modifiée pour permettre un survol dePhobos, la plus grande des lunes martiennes. Au plus près, le vaisseau orbital de Viking 1 survolaPhobos à 90 km de sa surface. Le, lepériapside de l'orbiteur fut diminué de 300 km par rapport à la surface martienne. Avec cepériapside bas, la résolution des instruments de mesure sur la surface permettait d'observer des objets de20 mètres. Au début des années 1980, l'orbiteur Viking 1 avait pris plus de 30 000 photographies de la planète et était toujours opérationnel[4].
Date
Révolution
Événement
0
Insertion en orbite de Viking-1 autour de Mars (période de 46,2 heures)
2
Modification de l'orbite pour aligner la période orbitale avec le jour martien (24h 39 minutes)
19
Modification de l'orbite pour permettre l'étude de nouveaux sites d'atterrissage
24
Modification de l'orbite pour permettre l'atterrissage du module martien
30
Largage de l'atterrisseur et atterrissage à 1153:06 UTC (MSD 36455 18:40 AMT, 14 Mina 195Darien)
43
Ajustement orbital mineur pour assurer la synchronisation avec VL-1
43
Insertion en orbite autour de Mars de Viking-2
43
Modification de l'orbite de Viking-2 pour préparer l'atterrissage
75
Atterrissage de VL-2 à 22h58 UTC (MSD 36500 00:34 AMT, 3 Mesha 195Darien)
82
Diminution de la période orbitale pour se déplacer vers l'est
92
Ajustement orbital pour assurer la synchronisation avec VL-2
Le programme Viking prévoyait une exploration intensive des deux lunes martiennes,Phobos etDeimos.
Viking 1 travailla plus spécifiquement surPhobos. Le, son orbite fut modifiée pour permettre un survol dePhobos, la plus grande des lunes martiennes. Au plus près, le module orbital de Viking 1 survolaPhobos à seulement 90 km de distance de sa surface[5].
Les images spectaculaires en haute résolution, fournies par la sonde, furent les premières jamais obtenues sur un corps satellisé dusystème solaire. Les données fournies permirent d'obtenir des informations sur la morphologie de la surface, et sur les propriétés physiques et dynamiques de cette lune. Il fut découvert quePhobos était plus petit que ce qu'avait laissé croire la sondeMariner 9 (5 200 km3 contre 5 700 km3 précédemment évalués)[6].
L'orbiteur Viking obtint également des images de l'ombre portée surMars par son satellite. Ces images furent utilisées pour connaitre la position précise du module d'atterrissage Viking 1. Elles furent également employées pour améliorer la précision des coordonnées géographiques des cartes martiennes.
C'est sur le cliché 35A72, d'une résolution de47 mètres/pixel, qu'on peut observer cette butte de terre qui ressemble étrangement à un visage humain. L'image est jugée suffisamment intéressante pour que leJet Propulsion Laboratory décide de la rendre publique au cours d'une conférence de presse le. À l'époque, il ne fait guère de doute pour les responsables de l'imagerie du programme Viking qu'il s'agit d'un caprice de la nature : une colline qui, photographiée sous un angle particulier, et avec une lumière rasante (le cliché est pris à18 h, heure locale) prend une apparence de visage humain par le jeu des ombres. Pour les responsables de la mission, le cliché est donc anecdotique et à ranger au rang des innombrables illusions que les appareils scientifiques produisent régulièrement[7],[8].
Initialement, l'atterrissage surMars était prévu pour le, date du Bicentenaire duJour de l'Indépendance (États-Unis), mais l'observation de la surface depuis l'orbite, par la sonde, démontra que le site initialement choisi était trop accidenté pour un atterrissage sûr. Finalement, la procédure de descente fut reportée au[2]. Le Viking Lander 1 quitta l'orbite à 8h51 et se posa à 11h53:06. C'était le premier atterrissage sur Mars d'un vaisseau desÉtats-Unis d'Amérique.
Première photographie de Viking 1 depuis le sol de Mars, prise le 20 juillet 1976 peu après son atterrissage.
La première transmission d'image depuis la surface débuta 25 secondes après l'atterrissage et prit 4 minutes. Le module d'atterrissage mit à profit ce délai pour activer ses systèmes : il sortit l'antenne à haut-gain et l'orienta en direction de la Terre pour communiquer directement. Il déploya également les capteurs de lastation météorologique. Durant les 7 minutes suivantes, une seconde image fut prise montrant une scène panoramique à300°[11].
Le jour suivant l'atterrissage, une première image en couleur de la surface de Mars fut prise et a été diffusée à la Presse : leciel martien apparaît d'un bleu plus pâle que celui de la Terre du fait de la faibledensité de l'atmosphère. Pensant à une erreur decalibrage de la caméra, laNASA l'a retraitée[12], et le ciel apparaît dorénavant comme légèrement rosé, tout comme lapoussière. Lesismomètre embarqué ne peut être activé car les opérateurs ne parviennent pas à débloquer le verrou qui protège sa partie mobile des vibrations durant le vol : ce sismomètre sera le seul instrument non opérationnel de tout leprogramme Viking. En ce qui concerne le bras robotisé une goupille coincée empêche temporairement le déploiement de ce dernier. Il fallut 5 jours pour dégager le bras et lui rendre sa mobilité. Malgré ces difficultés, toutes les expériences fonctionnèrent selon les plans initialement prévus.
Le module fonctionna pendant 2245 sols (noms des jours martiens, lire aussiMesure du temps sur Mars) ce qui représente 2306 jours terrestres ou encore 6 ans. Début 1982, il fonctionnait toujours, mais les batteries commençaient à donner des signes de faiblesse et les experts techniques et informatiques du JPL mettent au point un protocole de réinitialisation et mise à jour du logiciel d'auto régénération des batteries. Une première commande en ce sens est envoyée courant 1982, puis reçue et traitée avec succès par Viking 1 mais les batteries se déchargent de nouveau très vite, bien que l'atterrisseur continue d'envoyer des données à la Terre. Lorsque le, une nouvelle commande fut envoyée depuis la Terre, celle-ci et eut pour conséquence une perte de contact. La commande fautive avait pour objectif de télécharger une nouvelle mise à jour de ce même programme de gestion du chargement de la batterie. Après enquête, il est apparu que cette commande erronée a eu pour conséquence d'écraser par mégarde les données utilisées par le logiciel de pointage d'antenne. Les tentatives menées pour contacter le module pendant les 4 mois qui suivirent, en présumant de la dernière position connue de l'antenne, échouèrent. Néanmoins, les techniciens ont pensé que le Viking a fonctionné encore quelques jours, voire quelques semaines après cette coupure et ils ont estimé que l'antenne ainsi déréglée a continué à chercher anarchiquement un pointage vers la Terre jusqu'à épuisement et qu'il se pouvait qu'elle pointe "par hasard" vers la Terre mais pas nécessairement dans les moments où la bande passante duDeep Space Network était disponible pour communiquer avec Viking 1. Le programme Viking constate officiellement l'échec de ces tentatives de reprise de contact ainsi que la perte du dernier des éléments Viking en se terminant le[13].
Position du module d'atterrissage Viking 1 sur Mars
Le, l'orbiteur Viking 1 ne possédait plus suffisamment de réserves de propulseurs pour contrôler son altitude. Son orbite fut modifiée de 357 × 33 943 km à 320 × 56 000 km pour différer autant que possible une chute surMars avec ses conséquences en matière de contamination. La chute devrait intervenir vers 2019[15].
Le module d'atterrissage Viking 1 fut baptisé en du nom deStation historique Thomas Mutch[note 3] en l'honneur du responsable de l'équipe d'imagerie de Viking.En 2006, le module d'atterrissage de Viking 1 a été photographié sur la surface de Mars par la sondeMars Reconnaissance Orbiter[16].
À eux deux, les orbiteurs Viking ont réalisé des clichés haute résolution de la totalité de laplanète Mars. Ces images sont toutes disponibles dans le domaine public et sont restés longtemps une référence. L'orbiteur Viking 1 a également mené une mission de photographie détaillée dePhobos. Initialement, la mission Viking prévoyait que les atterrisseurs fonctionneraient 90 jours après leur arrivée sur le sol de Mars. L'orbiteur Viking 1 dépassa cette prévision de 4 ans[17] ! Bien que les deux vaisseaux fussent exactement identiques, le module d'atterrissage de Viking 1 a mené la plus longue des missions au sol du programme et a fonctionné au-delà des prévisions prévues par ses concepteurs en continuant à fournir des données météorologiques jusqu'en. Les analyses du sol menées par la sonde ont fourni des informations riches sur sa composition mais n'ont pas permis de trancher la question de l'existence ou non de vie carbonée surMars.
Vue du site d'atterrissage prise par le Lander Viking 1. Le rocher le plus imposant est celui baptisé du nom deBig Joe par les scientifiques.
Les rochers de tailles variables sont répartis un peu partout. Un rocher plus gros que les autres (approximativement de la taille d'une table) est visible. Il a été nomméBig Joe. Certains blocs présentent des traces d'érosion due au vent[18]. Il y a plusieurs petites dunes de sable en mouvement. Le vent souffle de manière régulière à7 mètres par seconde. Il semblerait qu'une croute dure, semblable à un dépôt, recouvre le sol. Elle est semblable aux dépôts de carbonates de calcium (le Caliche), qui sont fréquents dans le Sud-Ouest américain. Ce type de croûtes est formé par des solutions minérales qui migrent dans le sol, et s'évaporent lorsqu'elles parviennent à la surface[19].
Le sol ressemble à ceux produits par l'altération des laves basaltiques. Les échantillons de sol testés recelaient dusilicium en abondance, ainsi que dufer, avec des quantités significatives demagnésium, d'aluminium, desoufre, decalcium et detitane. Des traces destrontium et d'yttrium furent détectées. La quantité depotassium mesurée était 5 fois plus faible que celle rencontrée sur la croute terrestre. Quelques composés chimiques du sol étudié contenaient dusoufre et duchlore, ce qui ressemble aux résidus rencontrés après l'évaporation d'eau de mer. Lesoufre était plus concentré en surface du sol et diffus dans les couches inférieures. Lesoufre pourrait aussi être présent sous forme de composant dans dessulfates desodium, demagnésium, decalcium ou defer. Il est aussi possible que dessulfites de fer existent[20]. Les robotsSpirit etOpportunity ont d'ailleurs trouvé tous les deux dessulfates surMars[21].
Viking devait réaliser des expériences biologiques dont la finalité était de rechercher la vie surMars. Les trois systèmes utilisés pour les expérimentations pesaient 15,5 kg.Aucun composé organique chimique ne fut trouvé dans le sol. Néanmoins, on sait maintenant que des zones sèches de l'Antarctique ne contiennent pas d'organismes détectables, alors que l'on sait qu'il en existe dans les rochers. Viking aurait donc très bien pu mener ses expériences au mauvais endroit[22].Ainsi les peroxydes qui peuvent oxyder les composés chimiques organiques[Quoi ?][23].Récemment[Quand ?], le vaisseau Phœnix a découvert desperchlorates dans le sol martien. Leperchlorate est un oxydant puissant et il pourrait être responsable de la destruction de la vie organique sur la surface martienne. Il est très probable que s'il existe une forme de vie carbonée à la surface deMars, elle ne se trouvera pas sur la surface du sol.
Utilisation comme référence de longitude martienne
Depuis 2018, c'est l'atterrisseurViking 1 qui définit lepremier méridien de Mars en ayant unelongitude officiellement assignée de 47,951 37 degrés ouest[24].
↑Le vaisseau soviétiqueMars 3 s'est posé avec succès en 1971, et a même réussi à émettre ses transmissions durant 20 secondes, après quoi l'émission cessa à cause d'une tempête martienne.