Lavigogne (Vicugna vicugna) est uneespèce demammifères d'Amérique du Sud qui vit sur les hauts plateaux de lacordillère des Andes. Tout comme l'alpaga, la vigogne appartient augenreVicugna, au sein de lafamille descamélidés. Une étude récente montre que, malgré quelques croisements, lelama, animal domestique, descend duguanaco,animal sauvage, alors que l'alpaga, animal domestique, descend de la vigogne, animal sauvage. La laine de sa toison particulièrement fine est utilisée pour fabriquer des vêtements de luxe.
Vigogne dans ledésert d'Atacama.Vigogne allaitant (Vega de Putana, Chili).
La vigogne a une hauteur au garrot de 0,75 à 1 m[1] (1,30 à 1,50 m de haut à la tête) et elle est longue de 1,20 à 1,80 m, ce qui fait d'elle le plus petit descamélidés. La vigogne possède un cou long et musclé et un museau fin. Sa courte queue est fauve sur le dessus et blanche ou beige en dessous. Ses oreilles sont longues, pointues et fines, ses pattes, longues et fines également. Les incisives inférieures de la vigogne sont très longues et poussent continuellement, comme chez lesrongeurs.
Son dos, son cou, sa tête et le devant de ses pattes sont de couleur fauve, contrairement à sa poitrine et au derrière de ses pattes qui eux sont de couleur blanche. Son pelage est constitué d'une fibre particulièrement fine (parmi les fibres naturelles seule lasoie est plus fine). Son poitrail s'orne de longs poils blancs qui peuvent mesurer jusqu'à 30 cm de long. Son faible poids varie entre 40 et 60 kg.
La vigogne vit en groupes constitués d'un mâle, de deux ou trois femelles et de leurs petits dans 80 % des cas. Ces groupes sont appelésharems. Les 20 % restants sont des groupes constitués de quelques mâles célibataires qui partagent un même territoire.
La vigogne est un animal diurne. La vigogne n'utilise pas d'abri : la naissance des jeunes vigognes a lieu en pleineprairie et lorsqu'un orage de grêle éclate (ils sont fréquents sur les hauts plateaux de la cordillère des Andes), elle se couche, le cou allongé au ras du sol pour se protéger. La vigogne est très bien adaptée aux déplacements ; ses pattes longues et fines, ses doigts écartés et ses membres rapprochés du centre de gravité lui permettent de courir jusqu'à40km/h sur un terrain caillouteux, avec des pointes atteignant50km/h[2]. Son long cou lui sert de balancier pour se stabiliser durant la course.
La vigogne estherbivore : elle se nourrit uniquement degraminées ainsi que d'autres plantes herbacées. Elle réussit à sélectionner les jeunes pousses grâce à sa lèvre supérieure fendue en deux qui lui permet de trier les herbes. Sesincisives représentent une autre adaptation à son régime alimentaire, car elles sont très larges et poussent sans arrêt. Son long cou lui permet d'atteindre le sol pour brouter sans avoir à plier ses pattes.
Lepuma, lerenard des Andes et lecondor sont les principauxprédateurs naturels de la vigogne. Après l'arrivée des Espagnols, en1532, c'est l'homme, aidé du chien, qui a contribué à décimer l'espèce pour sa peau. Alors qu'il y avait 1,5 million de vigognes à l'époque desIncas, leur nombre a chuté d'une façon dramatique jusqu'à ce qu'il n'en reste presque plus, en1965. Depuis cette date, la loi interdit la chasse de la vigogne, qui n'a donc officiellement plus rien à craindre de l'homme[3].
Une chasse traditionnelle annuelle à la battue pour la tonte, lechaccu, est encore autorisée dans certaines communautés andines. L'animal rabattu sur un piège clôturé est désormais relâché après la tonte[4],[5].
La vigogne vit exclusivement enAmérique du Sud, principalement dans les Andes centrales. On trouve ces animaux enBolivie, enÉquateur, auPérou, auChili, et dans le nord-ouest de l'Argentine. Le Pérou possède la population la plus importante, tandis que la Bolivie compte une importante population sauvage dans le sud-ouest du pays.
Une partie des populations de vigognes d'Argentine, duChili, toutes les populations duPérou et deBolivie sont inscrites à l'annexe II de la Cites. Toutes les autres populations sont inscrites à l'annexe I de la Cites. La protection instaurée depuis les années 1960 a permis à la population de se reconstituer, et elle est estimée à 150 000 animaux en2008. La vigogne reste la cible dubraconnage du fait du prix élevé de la laine[7].
En une trentaine d'années grâce à la mise en place de nombreuses zones protégées, notamment en Europe et par l'intermédiaire duProgramme européen pour les espèces menacées (EEP), les effectifs sont passés de 6 000 vigognes en 1960 à plus de 340 000 individus[8][source insuffisante]. Mais malgré les mesures de protection, le braconnage existe toujours.
La laine de vigogne était autrefois l'unique propriété de l'empereur Inca. En effet, lesIncas tondaient autrefois les vigognes pour fabriquer des livrées impériales. Après laconquête espagnole, celle-ci devint la reine des fibres de luxe à travers le monde[9].
La toison de la vigogne est constituée de fils particulièrement fins (12 microns de diamètre[2]) qui permettent de tisser une étoffe de très haute qualité procurant une excellente isolation au froid. Ce tissu, qui ne peut être fabriqué que manuellement, est utilisé pour l'habillement de luxe (il est plus cher que l'alpaga). Lecachemire semble rêche en comparaison du tissu obtenu, qui n'est pas teint pour préserver sa douceur.
Plusieurs grandes maisons de couture utilisent désormais ce tissu, ce qui constitue une source de revenus significative pour les villageois qui vendent la laine des animaux qu'ils tondent.Loro Piana occupe une place leader du marché européen. Cependant, la marque du groupeLVMH a pu notamment se retrouver sous le feu des critiques ; en 2024, l'élu californienRobert Garcia l'accuse d'exploiter les populations andines pour cette laine. La même année, leCongrès Américain aurait demandé à son directeur,Antoine Arnault, de s'expliquer sur le sujet[10].
Cette laine est aussi appeléecarmeline.
En 2022 en Bolivie, la laine de vigogne bien traitée s'échange pour 425 €/kg[5].