Conçu au lendemain de l'Exposition universelle de 1851 avec le soutien d'Henry Cole, il est installé àMarlborough House le 19 mai 1852 sous le nom deMuseum of Manufactures[2]. Le musée ne se compose alors que de cinq salles. En 1857, les collections sont déplacées dans de nouveaux locaux. Il prend alors le nom deSouth Kensington Museum. Finalement, c'est en1899, après cinquante ans de travaux, que l'institution devient le Victoria & Albert Museum[3].
Premier élément d'Albertopolis, ensemble de musées et d'institutions éducatives qui visaient à faire converger éducation, industrie, sciences et art dans la continuité des idées développées lors de laGreat Exhibition de 1851, il a été édifié sur un terrain acquis grâce aux bénéfices dėgagės lors de ce dernier évènement.
Consacré essentiellement aux produits de l'industrie et de l'artisanat, il fut « également chargé d'une missiondidactique auprès des artistes et décorateurs anglais, au moment où se développait le mouvementArt & Craft »[4].
Les collections de l'India Office y furent intégrées en 1880, pour prolonger l'intérêt qui s'était exprimé autour de la civilisation et l'art indien tel qu'il était présenté dans la galerie de l'Inde auCrystal Palace en 1851 et -surtout- entretenir l'adhésion, alors particulièrement enthousiaste, des Britanniques au projet impérial[4].
Dans un contexte de crise économique liée à lapandémie de Covid-19 en 2020, le Victoria and Albert Museum licencie une centaine de ses employés, soit 10 % de ses effectifs[5].
Le musée propose une liste de lecture de vidéosASMR pour« redécouvrir les trésors de ses réserves »[6].
Le V&A couvre cinq hectares et compte 145 galeries. Sa collection couvre 5 000 ans d'art, de l'Antiquité à nos jours, issus descultures d' Europe, d'Amérique du Nord, d'Asie et d'Afrique du Nord. Les fonds encéramique, verre, textiles, costumes,argenterie,ferronnerie, bijoux, meubles,objets médiévaux, sculptures,estampes etgravures, dessins et photographies comptent parmi les plus vastes et les plus complets au monde.
Le musée possède notamment la plus grande collection de sculptures post-classiques au monde, les collections d'objets de laRenaissance italienne étant les plus importantes en dehors de l'Italie. Les départements d'Asie regroupent des œuvres d'art d'Asie du Sud, de Chine, du Japon, de Corée et du monde islamique. Les collections de l'Asie de l'Est comptent parmi les meilleures d'Europe, avec des atouts particuliers en céramique et en travail du métal, tandis que la collection islamique compte parmi les plus importantes du monde occidental. Le musée est spécialisé dans lesarts décoratifs : on y trouve toutes sortes d'objets très divers et d'époques très variées : depuis l’Antiquitésumérienne jusqu'auXXIe siècle. Des robes et accessoires dehaute couture, dumobilier, despoteries, de lacristallerie, et toutes sortes d'autres pièces d'arts (tapisseries, argenterie, jouets, statuettes, etc.). On y trouve une très belle collection d'objets et de mobilier de l'Europe duMoyen Âge, d'Inde et d'Extrême-Orient. Les Galeries britanniques présentent de très nombreuses pièces dont le monumentalGrand lit de Ware(en), duXVe siècle.
Coupe de vin en jade néphrite blanc, datée de 1657, faite pour l'empereur mogholShâh Jahân.
La collection d'art en provenance de l'Asie du V & A compte plus de 160 000 objets, l'une des plus importantes existantes. Il possède l'une des collections d'art chinois les plus complètes et les plus importantes au monde, tandis que la collection d'art sud-asiatique est la plus importante en Occident. La collection comprend des œuvres de l'Asie du Sud et du Sud-Est, des royaumes himalayens, de la Chine, de l'Extrême-Orient et du monde islamique.
La Galerie d'art islamique Jameel, ouverte en 2006, abrite une exposition représentative de 400 objets, letapis Ardabil étant la pièce maîtresse de la galerie. Les objets exposés dans cette galerie comprennent des œuvres d'Espagne, d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient, d'Asie centrale et d'Afghanistan.
Les collections d'art du Sud et du Sud-Est asiatique du Musée sont les plus complètes et les plus importantes d'Occident. Elles comptent près de 60 000 objets, dont environ 10 000 textiles et 6 000 peintures, et la diversité de la collection est immense. La galerie d'art indien Jawaharlal Nehru, ouverte en 1991, présente des œuvres d'art datant d'environ 500 ans avant notre ère jusqu'auXIXe siècle.
Les collections d'Extrême-Orient comprennent plus de 70 000 œuvres d'art provenant des pays de l'Asie de l'Est : Chine, Japon et Corée. La Galerie TT Tsui d' art chinois a ouvert en 1991, affichant une collection représentative du V & A environ 16 000 objets de la Chine, datant du4e millénaire avant notre ère jusqu'à nos jours.
La collection comprend environ 1 130peintures à l'huile britanniques et 650 européennes, 6 800aquarelles,pastels et 2 000 miniatures britanniques, dont le musée détient la collection nationale.
En 1857, John Sheepshanks fit don au musée de 233 peintures, principalement réalisées par des artistes britanniques contemporains, et d'un nombre similaire de dessins, dans le but de créer une Galerie nationale de l'art britannique, dont le rôle a été repris depuis par laTate Britain.
Parmi les œuvres les plus célèbres, figurent, prêtés au musée par laReine, lesCartons de Raphaël, esquisse pour les tapisseries de lachapelle Sixtine. Il y a également une fresque duPérugin datée de 1522, parmi les dernières œuvres du peintre.
Plusieurs peintures françaises sont entrées dans la collection dans le cadre des 260 peintures et miniatures (toutes les œuvres n'étaient pas françaises, par exemple LaVierge et l'Enfant deCarlo Crivelli) qui faisait partie du legs Jones de 1882 et, à ce titre, sont exposées dans les galeries d'art continental de 1600 à 1800, y compris le portrait deFrançois, duc d'Alençon deFrançois Clouet,Gaspard Dughet et des œuvres deFrançois Boucher, y compris sonportrait de Madame de Pompadour daté de 1758,Jean François de Troy,Jean-Baptiste Pater et leurs contemporains.
La collection de sculptures du V&A est la collection de sculptures européennes post-classiques la plus complète au monde. La collection compte environ 22 000 objets couvrant une période allant de 400 à 1914 environ. Elle couvre entre autres périodes les sculptures en ivoire byzantines et anglo-saxonnes, les statues et les sculptures médiévales britanniques, françaises et espagnoles, la Renaissance, le Baroque, les périodes classique, victorienne et Art nouveau. Toutes les utilisations de la sculpture sont représentées, de la tombe au monument commémoratif en passant par le portrait, les statues allégoriques, religieuses, mythiques, de jardins comprenant des fontaines, ainsi que des décorations architecturales.
La collection comprend également plusieurs œuvres de sculpteurs d'Europe du Nord de la Renaissance, notammentVeit Stoss,Tilman Riemenschneider,Hendrick de Keyser, Jan van Schayck, Hans Daucher et Peter Flötner. Les œuvres baroques de la même région incluent celles d'Adriaen de Vries et deSébastien Slodtz. Parmi les sculpteurs espagnols, figurentAlonso Berruguete etLuisa Roldán, représentés par saVierge à l’Enfant avec St Diego de Alcala de 1695.
L'une des salles de moulages en plâtre, après leur restauration, en 2014.
L'une des parties les plus spectaculaires du musée est l'exposition de moulages (Cast Courts), constituée de deux grandes salles éclairées par le haut, avec deux niveaux de mezzanines abritant des centaines de moulages en plâtre de sculptures et éléments d'architecture. Le plus imposant d'entre eux est une copie grandeur nature de lacolonne Trajane de Rome, sectionnée en deux pour passer sous le plafond. L'autre salle montre des reproductions de sculptures de la Renaissance italienne, dont une réplique grandeur nature duDavid de Michel-Ange. Des répliques de deux précédentsDavid — ceux deDonatello et deVerrocchio — sont également exposées.
Les deux cours couvertes sont séparées par des passages sur les deux étages, et les cloisons qui bordaient la passerelle supérieure ont été supprimées en 2004 pour dégager la vue des deux côtés.
Il s'agit de la collection de céramique et de verre la plus vaste et la plus complète au monde, avec plus de 80 000 objets provenant du monde entier. Chaque continent peuplé est représenté.
Coffret Becket, vers 1180-1190, Limoges, France. Cuivre doré et émail champlevé sur âme de bois.
La collection de bijoux, qui compte plus de 6 000 objets, est l’une des collections de bijoux les plus complètes au monde. Elle comprend des œuvres de l’Égypte ancienne à nos jours, ainsi que des dessins de bijoux sur papier. Le musée possède des œuvres des joailliers renommés :Cartier,Jean Schlumberger,Carl Fabergé, Andrew Grima, Hemmerle etLalique. La collection comprend également des ornements en robe de diamant faits pour Catherine la Grande, des pinces de bracelet ayant appartenu à Marie-Antoinette et le collier émeraude présenté par Napoléon à sa fille adoptive Hortense de Beauharnais en 1806.
Au Victoria and Albert Museum, on trouve aussi des œuvres dejoaillerie contemporaines uniques deJames Rivière, considérée comme la plus importante création de bijoux duXXe siècle, y compris le travailOptical Titanio Diago[7]. Ce pendentif unique du joaillier basé à Milan James Rivière (né en 1949) est un exemple intéressant et relativement précoce de titane utilisé dans la bijouterie. La conception du pendentif, avec son motif en couches de lignes parallèles, a été influencée par Op ou Optical Art, et se rapporte à des thèmes explorés par Rivière à partir de la fin des années 1960. Les années 1970 ont vu beaucoup d'expérimentations avec de nouveaux matériaux dans la bijouterie. Parmi les plus colorés, on trouve le titane réfractaire, dont la coloration de surface iridescente est obtenue en transmettant des courants électriques contrôlés à travers le métal.
Joaillerie, travail du métal
Le chandelier de Gloucester, chef-d'œuvre de ferronnerie anglaise, vers 1110.
Tabernacle, Cologne, vers 1180.
La Nef Burghley, salière en vermeil, France, 1527-1528.
Calice duXVIe siècle portant l'inscription « Sanguis meus vere est potus » (« Monsang est vraiment un breuvage »,Jean 6:55)
Le musée abrite la National Art Library, une bibliothèque publique contenant plus de 750 000 livres, photographies, dessins, peintures et gravures. C'est l'une des plus grandes bibliothèques au monde consacrées à l'étude des beaux-arts et des arts décoratifs. La bibliothèque couvre tous les domaines et toutes les périodes des collections du musée, avec des collections spéciales comprenant des manuscrits enluminés, des livres rares, des lettres d'artistes et des archives.
Codex Forster III, en reliure originale, avec fermoir en bois (vers 1490).
Le musée possède leCodex Forster, qui est une collection reliée de feuilles avec des notes, des croquis et des dessins deLéonard de Vinci (1452-1519). Le nom du Codex a été donné au manuscrit par l'écrivain et biographe anglaisJohn Forster (1812-1876), qui a légué l'œuvre au musée, en 1876.
Le Codex se compose de cinq manuscrits en trois reliures (Forster I à III) avec un total de 354 feuillets. Il est daté d'environ 1493-1505, écrit en italien de la Renaissance, mêlé delangue lombarde et detoscan[8], enécriture spéculaire, avec une orthographe personnelle sans aucune ponctuation ou accentuation[9].
En 2016, une étude britannique de la partie des carnets de Léonard de Vinci traitant de latribologie a été réalisée[Note 1]. Le professeur à l’Université de CambridgeIan M. Hutchings a démontré[10] que Léonard De Vinci avait déjà compris, 206 ans avant le physicien françaisGuillaume Amontons, les lois dufrottement (l'attrito) et ses applications physiques. Le chercheur a découvert en particulier dans le Codex Forster III, entre des esquisses de schémas la phrase suivante :« la friction double l’effort quand le poids double »[11]. La page dans laquelle se trouvait cette phrase[Note 2], parmi des gribouillis sous-estimés jusqu'à présent, avait été analysée en 1920 par un directeur de musée, qui l'avait jugée« sans importance »[12].
En 2004, le V&A et l'institut royal des architectes britanniques ont ouvert la première galerie permanente au Royaume-Uni, couvrant l'histoire de l'architecture avec des expositions utilisant des modèles, des photographies, des éléments de bâtiments et des dessins originaux. Avec l'ouverture de la nouvelle galerie, la collection de dessins et d’archives RIBA a été transférée au musée, rejoignant ainsi la vaste collection déjà conservée par le V&A. Avec plus de 600 000 dessins, plus de 750 000 papiers et accessoires, et plus de 700 000 photographies du monde entier, ils forment ensemble la ressource architecturale la plus complète au monde.
Tapisserie de chasse du Devonshire, détail de chasse au sanglier et à l'ours. Pays-Bas, milieu duXVe siècle.
La collection de textiles comprend plus de 53 000 exemplaires, principalement d'Europe occidentale, bien que tous les continents peuplés soient représentés et qui date duIer siècleapr. J.-C. à nos jours. Il s'agit de la plus grande collection de ce type au monde.
La collection de costumes est la plus complète en Grande-Bretagne, contenant plus de 14 000 tenues et accessoires, datant principalement de 1600 à nos jours.
Cette collection de plus de 45 000 œuvres comprend des ferronneries décoratives, forgées et moulées, en bronze, en argenterie, en armure, en étain, en laiton et en émaux (dont de nombreux exemples d'émail de Limoges). La principale galerie de ferronnerie a été réaménagée en 1995.
La collection contient plus de 500 000 images datant de l'avènement de la photographie, la plus ancienne datant de 1839. Le musée présente des expositions régulièrement renouvelées dans des salles dédiées. Déjà en 1858, alors que le musée s'appelait encore le South Kensington Museum, il proposait la première exposition photographique internationale au monde.
LeV&A East Storehouse est une nouvelle annexe du musée, où sont exposées une partie de ses réserves. Situé aux abords duparc olympique Queen-Elisabeth, cet entrepôt est ouvert au public depuis le. Les visiteurs peuvent aussi manipuler jusqu'à cinq objets (préalablement commandés en ligne) et observer l'espace de manipulation et de restauration[13].
↑Dont les éléments se trouvant àLondres : Le Codex Forster, leCodex Arundel, ainsi que quelques éléments se trouvant dans les pages conservées auChâteau de Windsor
↑Codex Forster III, page 72 droite :« la confregazione si fa di duplicata fatica in duplicato peso »