Alors que Victor-Amédée succède à son père en 1675, il n'a que9 ans et le pouvoir est confié à sa mère Marie-Jeanne de Savoie-Nemours. Durant la régence, le duché évolue dans l'orbite de la France. En 1680, en dépit du fait qu'il ait atteint sa majorité, Victor-Amédée reste tenu écarté du pouvoir[5]. L'influence française est matérialisée par la forteresse dePignerol, poste avancé français en plein territoire savoyard. Les premiers pas de Victor-Amédée se font contre l'orientation francophile de sa mère. Il peut s'appuyer sur une partie de l'aristocratie du duché qui est opposée à la domination française[5].
LouisXIV pousse à une union avec sa nièce Anne d'Orléans. Le jeune duc n'y est pas opposé voyant dans ce mariage la possibilité d'écarter sa mère du pouvoir. Trois mois après la signature du mariage (), il assume en effet la réalité du pouvoir[5].
Après larévocation de l'édit de Nantes (1685), Louis XIV fait pression sur lui afin qu'il s'en prenne auxvaudois qui étaient venus de France s'établir en Piémont et qui entretiennent des liens avec leshuguenots du Dauphiné. Peu enclin à suivre ses directives, Victor-Amédée est néanmoins contraint de signer, le, un édit mettant fin à la tolérance dont bénéficiaient les vaudois et les fait persécuter[5].
Afin d'échapper à la tutelle française, il prend part à laLigue d'Augsbourg contre la France qui envahit ses États. Son objectif est de récupérer les forteresses de Pignerol et de Casale dans le Montferrat[5]. Il est sévèrement battu à labataille de Staffarda (1690). Les troupes françaises conquièrent la ville deSuse et dévastent la province[5]. Ilenvahit le Dauphiné en 1692, mais est à nouveau battu àla Marsaille (1693). il doit signer avec Louis XIV unepaix séparée en1696. La France abandonne Pignerol et les territoires conquis. De son côté, Victor-Amédée promet de céder la Savoie à la France si celle-ci soutient ses revendications sur le Milanais à la mort deCharlesII. C'est une étape décisive vers une vocation avant tout italienne du duché. Cette paix conclue avec Louis XIV le met au ban des autres États européens[5]. Par deux mariages, il se lie davantage aux Bourbons, celui entre sa fille Marie-Adélaïde et le duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV et celui entre sa seconde fille Marie-Louise avecPhilippeV roi d'Espagne, autre petit-fils du roi de France.
En1706, aidé par son cousinEugène de Savoie, il détruit l'armée française qui avait mis le siège devant Turin, il libère le Piémont. Il envahit leDauphiné et laProvence , mais cette invasion restera sans lendemain. En, il attaque Toulon, bloqué par les Anglais ; la flotte française se saborde mais, le, les Savoisiens lèvent leur siège. Une nouvelle défaite fait perdre la Savoie à Victor-Amédée. Momentanément brouillé avec l'Autriche en1709 à qui il reproche de ne pas l'avoir soutenu contre les Français, il garde sa neutralité jusqu'auxtraités d'Utrecht (1713) où il finit par faire libérer son duché de Savoie momentanément occupé par l'armée française, recevant de surcroît une partie duMilanais et leroyaume de Sicile, ainsi que la titulature royale. Cette île étant trop éloignée pour qu'il puisse la défendre, il doit l'échanger en1720 avec l'empereurCharlesVI contre leroyaume de Sardaigne. Durant les négociations du traité de paix, il bénéficie du soutien diplomatique des Anglais qui comptent sur un royaume de Piémont renforcé pour contrebalancer les puissances françaises et autrichiennes en plein essor[5].
Sous son règne, la Sardaigne connaîtra un gouvernement de type absolu, comme ce fut le cas pour beaucoup de pays d'Europe à cette époque. Victor-Amédée adopte un moment les théories gallicanes développées dans laDéclaration des Quatre articles rédigée parBossuet en1682, selon lesquelles le pape n'a qu'une autorité spirituelle et ne peut ni juger les rois, ni les déposer. CetteDéclaration est enseignée dans les séminaires des États de Savoie jusqu'à leur condamnation par la papauté.
Par sa politique de retournement d'alliances,Victor-AmédéeII est parvenu à renforcer et agrandir ses États. Il ceint la couronne royale et compte parmi les souverains européens. Le Milanais, qui a été donné à l'empereurCharlesVI, lui échappe néanmoins[5].
Abdication de Victor-Amedee II Roy de Sardaigne, en faveur du prince Charles-Emmanuel, son fils
Veuf en 1728, Victor-Amédée se remariemorganatiquement àTurin le avecAnne Charlotte de Cumiane(en) (1679-1769), ensuite marquise deSpigno (1731)[Note 1], fille de Francesco Maurizio Canalis, Conte e Signore di Cumiana, par Monica Francesca San Martino d'Aglié dei Marchesi di San Germano. Ils n'ont pas d'enfants.
Victor-AmédéeII eut également une liaison de plus d'une dizaine d'années avec la jeuneJeanne-Baptiste d'Albert de Luynes (1670-1736), fille deLouis-Charles d'Albert,duc de Luynes, et d'Anne de Rohan-Montbazon, et épouse de Joseph Scaglia (mort en 1704), comte de Verua (trame du filmLa Putain du roi ). Deux enfants furent légitimés et titrés le malgré l'évasion rocambolesque de leur mère vers laFrance à la fin de l'année 1700 :
↑La marquise, veuve Novarina de San Sebastiano, avait au moins un fils avant cette nouvelle union, connu comme le comte de San Sebastiano, qui s'illustre à labataille d'Assietta en désobéissant à ses supérieurs et en emportant ainsi la victoire ; un fils est nommé Pietro Novarino et hérite du titre de marquis de Spigno en 1769 ; s'agit-il du même ? Un comte Giacinto Canalis de Cumiana est connu à cette époque qui pourrait bien être aussi son fils[réf. nécessaire].
↑« Extrait de la renonciation faite par sa MajestéVictor-AmedeeII Roy de Sardaigne, en faveur du prince Charles-Emmanuel, son fils », Paris chez Gonichon, 1730 (Lire en ligne).
↑Archives départementales des Yvelines - Versailles (Notre-Dame)(BMS 1684-1685 ;vue 6/112) - Mariage par procuration du