
Leveuvage est l'étatjuridique etsocial de la personne dont l'époux ou l'épouse estdécédé(e). Elle devient alors juridiquementveuf ouveuve. Elle perd ce statut — et les droits associés — lors d'unremariage ou d'une remise en couple.
La mort d'un conjoint est un traumatisme important, source pour le conjoint survivant d'un risque accru de stress, de dépression et de dégradation de la santé ainsi que desurmortalité (essentiellement paralcoolisme, suicide ou d'accident - dontaccident de la route[1]). La présence chaleureuse de proches et de la famille, et éventuellement l'aide d'un psychologue augmente larésilience, mais un travail de deuil, plus ou moins long est toujours nécessaire.
Au début des années 2000, toutes choses égales par ailleurs, les veufs ont plus de risque de mourir que des hommes mariés, notamment durant la première année du veuvage[1]. Ce risque est accru chez les hommes par rapport aux femmes, et chez les jeunes veufs par rapport aux veufs plus âgés[1].
Dans les 5 ans suivant la mort du conjoint, la surmortalité des veufs par rapport aux hommes mariés se réduit, avec en particulier une diminution du sur-risque dû aux morts violentes alors que l'alcool devient la première source de risque, avec à plus long terme un risque accru demaladie cardio-vasculaire qui explique le plus la différence d'espérance de vie entre veufs et personne mariée, devant les cancers et pour les femmes une mort due à l'alcool et pour les hommes due au tabac[1].
Les statuts de la veuve dans ledroit canonique ont été étudiés par le juriste André Rosambert[2] en 1923. Dans son introduction, il dresse un panorama du veuvage dans d'autres cultures et relève trois cas principaux présents jusqu'auXIVe siècle :
En 2008, la France comptabilise 3 356 609 veuves et 678 844 veufs[5], soit 4 035 453 personnes frappées par le veuvage[6]. Ainsi, les personnes veuves issues d'une union maritale représentent 6,3 % de la population française. Si l'on rajoute les cas de remariages et les concubins endeuillés, le nombre de veufs et veuves atteint alors 5 000 000.Chaque année, 235 000 personnes environ perdent leur conjoint, parmi lesquelles 24 000 veuves et 6 000 veufs le deviennent avant l'âge de 55 ans, dont 80 % de femmes. Près de 420 000 jeunes adultes perdent un conjoint avant 55 ans.
Chaque jour comptabilise 580 nouveaux cas de veuvage, 27 % ont moins de 67 ans.
Les veufs (hommes et femmes confondus) qui ont des enfants en bas âge — moins de six ans — sont ceux qui se remettent le plus souvent en couple.
Selon ladirection de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques[7], après trois années de veuvage, 30 % d'entre eux ont vécu en couple contre 6 % des veufs ayant des enfants de plus de 18 ans au moment du décès. Les hommes ayant un niveau social élevé refont plus facilement leur vie. Selon Christiane Delbès et Joëlle Gaymu dans une étude publiée pour l'INED[8], 42 % des cadres retraités de 65-74 ans ont fondé une nouvelle union contre 25 % des ouvriers. Chez les femmes, le niveau social n'a guère d'influence sur les remises en couple.
Les chances de fonder un nouveau couple sont d'autant plus faibles que le veuvage a lieu à un âge tardif.
Un ou plusieurs enfants, désormaisorphelins, accompagnent le parent dit « survivant ». Ils sont 500 000orphelins de moins de 21 ans, selon une estimation d'Alain Monnier et Sylvie Pennec dans une étude publiée pour l'Institut national d'études démographiques en 2003[9].
LaFédération d'Associations de Conjoints Survivants (FAVEC) accueille, écoute, informe, accompagne les conjoints survivants et défend leurs droits. Elle se mobilise également en faveur du veuvage précoce et de la cause des orphelins, deux priorités largement ignorées.
Sous l'Ancien Régime, les femmes d'orfèvres dépendent de l'activité de leur mari. La mort de celui-ci peut amener la fermeture rapide de l'atelier, ou sa survivance, selon le degré de tolérance qu'a lajurande à le laisser poursuivre son activité. Cette tolérance varie suivant les régions, avec deux constantes : l'octroi à la veuve d'un poinçon dédié et identifiable (en fonction de la tolérance de la jurande), et l'absence d'exercice des droits liés à la charge (participation à la vie de la jurande, vote…)[10].
Douai,Bordeaux, Agen, Paris ont une faible tolérance ; lagénéralité de Bretagne sud (siégeant à Nantes et ayant pour jurandes Quimper, Vannes et Lorient) bénéficie d'une tolérance plus élevée. Le poinçon est constitué de la lettre V (signifiant le veuvage) associée auxinitiales du mari[10].
Lagénéralité de Bretagne Nord (siège à Rennes et ayant pour jurandes Brest,Morlaix-Guingamp, Saint-Brieuc, Saint-Malo et Dinan) tolère une activité normale pour les veuves ; le poinçon est constitué de la lettre V avec lesinitiales de la veuve[10].
À Orléans et en Poitou-Charentes, la tolérance est maximale, les veuves ayant leur propre poinçon, sans le V distinctif[10].
Pour un apprenti, se marier à une veuve est un moyen d’acquérir le statut d'orfèvre.
Leveuvage en Afrique subsaharienne est toujours de nos jours lié à laculture et auxtraditions de l'Afrique subsaharienne. Le veuvage en fait est une pratique qui soumet le veuf ou la veuve à une forme de souffrance en honneur du défunt ou de la défunte et en même temps libère le veuf ou la veuve du lien qui les liaient avant la mort du conjoint(e).
Ces rites de veuvage présentent des composantes aux effets contradictoires. Ainsi chez lesBéti, le rite de l'Akus est perçu comme humiliant mais comme comportant, en même temps que des sévices et une stigmatisation sociale, un rôle inverse de « dé-stigmatisation » permettant à la femme de reprendre ses activités quotidiennes, de se libérer de son veuvage, et selon certains auteurs, de prévenir l’ostracisme social. Le rite, mené principalement par la famille du défunt, est donc redouté pour ses effets et la période d'allongement du veuvage. Mais il peut être refusé par la famille de ce défunt, cas dans lequel des veuves ont fait part d'un sentiment de honte et d'indignation, ce refus limitant leurs possibilités d'accéder à un un remariage, pourtant considéré comme une injonction sociale, le statut de veuve étant celui d'un entre deux mal considéré[11].
Au Togo et au Cameroun, les pratiques de veuvage, toujours expliquées comme une contre-partie à ladot (« le prix de la fiancée » qu'il convient de racheter[11]) sont jugés comme relevant plus de la torture et de la barbarie. Pouvant aller jusqu'à l'expulsion des femmes de leur domicile et à leur mise au ban de la société, elles entraînent des détresses dans la vie des veuves surtout[12].
Certaines personnes de bonne foi luttent contre l'exagération lors des cérémonies de veuvage, cependant il y a quelque peu de femmes qui soutiennent la tradition en honneur de la tradition. De nos jours le veuvage est coincé entre la tradition et lamodernité[13].
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