Venise est la capitale de larégion de laVénétie. En 2012, la commune comptait 269 810 habitants, dont 58 666intra-muros (Centro storico[2]), 176 000 sur les rives (Terraferma), pour la plupart dans lesfrazioni deMestre etMarghera, et 31 000 dans d'autres îles de la lagune. AvecPadoue etTrévise, Venise constitue l'aire métropolitaine Padoue-Trévise-Venise (PATREVE), une entité statistique de 1 600 000 habitants.
Les invasions desGoths d'AlaricIer et desHuns d'Attila poussèrent les populations locales (notamment les habitants de la ville romaine d'Altinum, à quelques kilomètres sur la côte)[8] à se réfugier dans les îles deslagunes situées le long de la mer Adriatique, près dudelta du Pô. Selon la légende développée ultérieurement par les Vénitiens pour démontrer l'ancienneté de leur cité et de leursfranchises, Venise aurait été fondée le dans les îlots durivus altus, qui est devenu leRialto.
En 452, un premier établissement fut fondé par des réfugiés dePadoue et d'Aquilée. La région échut par la suite auRoyaume ostrogoth.
Entre 535 et 552, l'empereur romain d'OrientJustinienIer entreprit de reprendre le contrôle de l'Italie et la Vénétie fut reconquise par le généralBélisaire.
Profitant de l'antagonisme entre lesByzantins et les Lombards, les Vénitiens accrurent leur autonomie et se dotèrent d'un pouvoir local incarné par le premier duc ou « doge » (du latindux, chef),Paolucio Anafesto (697-717), personnage aux confins de la légende et de l'histoire. Comme les Lombards, lesFrancs tentèrent à leur tour d'envahir sans succès les îles, et lorsqu'il fut couronné empereur du Saint-Empire romain par lepape en 800,Charlemagne laissa libre le duché de Vénétie.
La ville de Venise devint progressivement indépendante à mesure que les Byzantins se retiraient de l'Adriatique, peu après l'an 1000, lors de l'émergence duroyaume de Hongrie et des étatsslaves du sud comme laCroatie. Lacité-État s'appuya dès lors sur la mer pour étendre son pouvoir et maintenir son contrôle sur les anciennes escales byzantines dePola,Zara,Sebenico,Spalato etCattaro.
Le commerce du sel, puis l'expansion commerciale vers laMéditerranée orientale, entraînèrent une forte croissance de la « sérénissime »République de Venise, qui multiplia ses possessions et agrandit ses territoires tant vers lesterres fertiles de laplaine du Pô (avec les cités deBergame,Brescia,Vérone,Padoue,Trévise etUdine), que vers lescôtes et les îles de laMéditerranée orientale, vers les débouchés occidentaux de laroute de la soie. Ayant détourné laquatrième croisade sur une métropole chrétienne, mais très prospère :Constantinople, la République s'empara des richesses de l'Empire byzantin et constitua son propreempire maritime englobant les deux tiers de l'Istrie, laDalmatie avecses îles et la plupart desîles grecques. Elle entra en conflit avecGênes, sa grande rivale en Italie du nord et en Méditerranée. L'apogée de cette lutte fut la quatrième guerre génoise, autrement nomméeguerre de Chioggia. Venise sortit du conflit victorieuse, mais exsangue. Letraité de Turin, en 1381, ne lui fut pas particulièrement avantageux : malgré sa victoire, Venise dut renoncer à des territoires en Orient et concéder certains droits à sa rivale. Elle perdit aussi Trévise et la Dalmatie continentale qui échut pour un temps au roi de Hongrie. Cependant, elle conserva ses institutions et ses principales escales et colonies.
Venise n'a pas de constitution écrite : les attributions et le mécanisme des institutions gouvernementales relèvent du droit coutumier. Les organes de décision gouvernementaux forment une pyramide dont l'Assemblée populaire est la base et le doge le sommet. Entre les deux siègent le Grand Conseil, les Quarante et le Sénat, puis le Conseil ducal. Cette organisation politique dont les traits se dessinent auXIIIe siècle se maintient jusqu'en 1797[9]. Lequadruplement de la puissance navale dans le premier tiers duXVe siècle fait de l'arsenal de Venise la plus grande usine du monde, employant jusqu'à 16 000 personnes, dans une enceinte secrète de25 hectares. L'activité navale est portée par ledynamisme du quartier d'affaires vénitien.
La ville a pu armer une flotte de 6 000 navires, un chiffre énorme pour l'époque, lui permettant régner sur lamer Méditerranée, de protéger ses convois commerciaux et de convoyer des forces armées. Le quartier du Rialto est lapremière bourse organisée, selon l'historienFernand Braudel. Les marchands y échangent des participations dans les galères vénitiennes, mises aux enchères selon le système de l'Incanto des galées du marché[10]. Venise devient ainsi le plus important port de Méditerranée, surclassantConstantinople. Il lui faut alors conquérir des terres sur la lagune.
Sans le savoir, Venise a elle-même amorcé son déclin lors de son expansion maximale en procédant aupartage de l'Empire byzantin qui ne retrouva jamais sa puissance perdue, ce qui facilita la progressionottomane en Méditerranée et en Europe, la privant successivement de toutes ses terres grecques à l'exception desîles Ioniennes, et de ses accès aux débouchés de laroute de la soie. De plus, la ville est très touchée par lapeste noire. Malgré la victoire sur les Ottomans àLépante en 1571, la république de Venise perd encore de son importance commerciale à cause du détournement du commerce européen vers les océans après la découverte de l'Amérique.
Redevenue politiquement un État italien parmi d'autres, Venise est annexée parNapoléon Bonaparte le, durant lapremière coalition. L'invasion des Français met un terme à près de800 ans d'indépendance. Bonaparte est cependant perçu comme une sorte de libérateur par la population pauvre etjuive de Venise(it), républiqueoligarchique etaristocratique où le pouvoir et la plupart des richesses étaient monopolisés par quelques dizaines de familles. Bonaparte supprime les barrières duGhetto ainsi que les restrictions de circulation imposées aux Juifs.
En 1797, par letraité de Campo-Formio, Bonaparte livre provisoirement Venise et ses territoires auxHabsbourg en échange de laBelgique, puis il les leur reprend en 1805 pour l'intégrer auroyaume d'Italie dont il se fait couronner roi. Après ses défaites, Venise et la plupart de ses territoires sont intégrés dans l'empire d'Autriche en 1815. La domination autrichienne sur Venise et la Vénétie s'achève le après sadéfaite de Sadowa contre l'alliance prusso-italienne, mais se prolonge jusqu'en 1918 surles côtes et les îles de l'Adriatique.
Après laPremière Guerre mondiale, l'Italie revendique à l'Autriche vaincue l'ensemble des territoires jadis vénitiens, mais elle se heurte aux revendicationsyougoslaves et n'obtient autraité de Rapallo que l'Istrie, la ville deZara en Dalmatie et les îles deVeglia,Cherso etLagosta. Le ressentiment développé à ce moment contribuera au succès ultérieur deBenito Mussolini. Cependant, Venise, chef-lieu de province italien, devient l'un des hauts lieux du tourisme mondial.
Le port de Venise est visé par l'aviation alliée lors de l'opérationBowler en mars 1941. Le, la ville est libérée par des unités de laVIIIe armée britannique.
Venise occupe une situation géographique exceptionnelle, entre laTerraferma veneziana et unelagune de lamer Adriatique. Les Vénitiens établirent leur ville en enfonçant des pieux en chêne et en aulne dans le sol sablonneux. Sur ces fondations, ils bâtirent des maisons et des palais et entamèrent un combat contre le mouvement continuel des marées.
La ville est parcourue par177canaux (dont le plus important est leGrand Canal) et 455 ponts[11],[12] (le plus souvent arqués pour laisser passer les bateaux). Elle possède123 églises et elle s'étend sur118îles situées entre l'embouchure de l'Adige (au sud) et duPiave (au nord).
Le quartier de Castello recouvre toute la partie sud-est de Venise. AppeléOlivolo à la fin du Moyen Âge, il tient son nom actuel de la forteresse sur l'île San Pietro, démantelée depuis longtemps.
Le quartier de Cannaregio occupe toute la partie de la ville comprise entre le Rialto et la gare ferroviaire. Il est nommé ainsi en raison du caractère rectiligne des canaux qui le parcourent (canal reggio).
Sur l'autre rive, les sestieri de Santa Croce et San Polo doivent leur nom à deux églises (la première, détruite). San Polo est le plus densément peuplé et comprend le quartier commerçant du Rialto. San Croce est le plus récent avec des bâtisses plus spacieuses desXIXe et XXe siècles.
Dorsoduro (dos dur) s'appelle ainsi en raison de la nature plus rocheuse de son sol et de l'altitude dusestiere, plus élevé que les autres. En conséquence, pendant les épisodes d'« acqua alta » (hautes eaux), il est moins souvent inondé. Ce quartier comprend aussi l'île de laGiudecca.
Le centre historique est entièrement piétonnier, les canaux faisant fonction de route, et les diversbateaux, qui traversent seulement le Grand Canal, le Canal de laGiudecca et la lagune autour de la ville, sont le moyen de transport public. Venise est une ville unique où l'on se déplace presque exclusivement à pied.
On y trouve aussi des taxis d'eau — petits bateaux motorisés qui peuvent transporter de huit à dix personnes — et des « gondoles » — petites embarcations d'avirons très légères. Le transport privé des Vénitiens au moyen des bateaux motorisés ou à avirons est limité aux excursions dominicales. D'autres modèles d'embarcations plus ou moins grosses sont destinés aux transports commerciaux.Chateaubriand constatait que Venise était« une ville contre nature »[13],[14]. Le Vénitien, de son point de vue, l'estime unique ville naturelle« dans un monde contre nature »[réf. nécessaire].
Le climat de Venise, comme celui de la plaine du Pô, est detype continental humide à été chaud (climat Cfa dans laclassification de Köppen) assez humide à l'année longue. Les étés sont très moites. Les hivers sont froids, comportant du gel en janvier et du brouillard. Les précipitations, minimales en hiver, tombent en été sous forme d'orages parfois violents, ainsi qu'en automne sous forme de pluie continue[16].
Le transport individuel traditionnel est lagondole vénitienne, bien qu'elle ne soit quasiment plus utilisée que par les touristes ou pour des occasions particulières (cérémonies, mariages et enterrements). Son coût est en effet prohibitif. D'ailleurs, il n'en reste que 425 en 2009.
Les Vénitiens utilisent surtout desbateaux-bus, appelésvaporetti qui, gérés par l'ACTV, desservent les différentes îles en sillonnant les principaux canaux, ainsi que lestraghetti, des gondoles à deux rameurs pour piétons qui assurent la traversée duGrand Canal à quelques endroits dépourvus de ponts.
Traghetto permettant aux piétons de traverser le Grand Canal.
Motonave : pour le transport des piétons vers les grandes îles en dehors de Venise.
Vaporetto pour le transport des piétons sur le Grand Canal.
Motoscafo, embarcation plus petite.
Ferry pour le transport des automobiles et des camions deTronchetto au Lido.
À cela s'ajoutent toutes sortes d'embarcations publiques et privées tels que lescanots à moteur et le transport commercial.
Bateau-bus de la firme Alilaguna.
Taxi.
Embarcation de police.
Ambulance.
Remorqueur.
Transport commercial.
Transport de marchandises diverses.
Vedette de pompiers dans le bassin de saint Marc.
Barque sur le rio san Zuane Evangelista.
Livraison DHL par bateau à Venise.
Letramway de Venise mis en service en 2010 est constitué de deux lignes permettant de relier le quartier piazzale roma au centre-ville de Venise.
La navigation maritime et lagunaire resta le seul moyen de transport existant à Venise jusqu'à la construction auXIXe siècle d'un pont ferroviaire, lepont des Lagunes. Inauguré en 1846, il permit de relier lagare de Venise-Santa-Lucia, construite en 1860, au reste du continent. La gare devint un terminus destrains de nuit, amenant au cœur de la cité, à deux pas du grand canal, les voyageurs venant des capitales européennes.
Venise est également desservie par l'aéroport de Venise - Marco Polo, en l'honneur de cet ancien et célèbre citoyen vénitien. L'aéroport est situé au bord de la lagune, mais sur le continent, de sorte que les arrivants doivent emprunter, soit un bus, soit un bateau-taxi ou un bateau-bus pour se rendre dans la ville.
Le secteur dominant de l'économie vénitienne est celui des services (tourisme, transports, activité financière et immobilière) : 44 % des entreprises et 40 % des emplois. Le deuxième secteur d'activité est le commerce (28 % des entreprises et 20 % des emplois), suivent les entreprises du bâtiment (14 % des entreprises et 10 % des emplois). Cette dernière activité est en régression depuis les dernières décennies (données 2001)[18].
En 2007, Venise a accueilli21 millions de touristes. Le tourisme génère un chiffre d'affaires d'environ1,5 milliard d'euros par an. Un montant sans doute sous-estimé car de multiples transactions sont effectuées au noir. Actuellement, elle accueille chaque annéeen moyenne 30 millions de visiteurs contre près de 50 000 Vénitiens. Le tourisme de masse pose problème. À partir du 16 avril 2024, et pour une période allant du 25 avril au 14 juillet (soit la haute saison touristique)[19], la ville met en place, à titre expérimental, un ticket d'entrée à 5€ pour les touristes journaliers[20].
Leport de Venise est l'un des plus importants d'Italie avec plus de30 millions de tonnes de marchandises y transitant chaque année. Le port de croisières est lui l'un des plus importants d'Europe et de Méditerranée, et a vu passer plus de 1 700 000 passagers en 2014.
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Les bâtiments de Venise sont construits sur des piliers de bois (voir ci-dessous). Ils sont exposés à la menace demarées, notamment entre l'automne et le début duprintemps. La ville est périodiquement inondée. C'est ce que les Vénitiens appellentacqua alta. Ce phénomène s'explique par la réunion de plusieurs facteurs naturels : attraction lunaire, et surtout le sirocco, vent chaud venu d'Afrique qui empêche la lagune de se vider, les marées hautes se succédant les unes aux autres.
Ce phénomène a toujours existé, mais s'est largement amplifié ces dernières décennies sous l'influence conjuguée de plusieurs causes relatives au climat et à l'activité humaine :
Les perturbations dans l'hydrographie : la modernisation duport a entraîné le creusement de canaux profonds pour permettre le passage de gros navires. Leur passage répété menaçait Venise, car la mer s'engouffrait ainsi beaucoup plus facilement dans la lagune[21],[22] et cela a été signalé par l'UNESCO[23]. Pour remédier à cela, après de nombreuses réclamations, legouvernement de l'Italie décide qu'à partir d', les bateaux de croisière, de 25 000 tonnes dejauge brute, de plus de180 mètres de long, de35 mètres detirant d'air, ou dont les émissions contiennent plus de 0,1 % desoufre ne seront plus autorisés à entrer dans le bassin de Saint-Marc, le canal de Saint-Marc et lecanal de la Giudecca. Ils devront s'amarrer dans le port industriel deMarghera, où des aménagements seront réalisés, tandis que les navires de croisière plus petits (environ200 passagers) pourront continuer à accoster au cœur de la ville[24]. Outre le phénomène de l'acqua alta, l'autre impact est la modification du système écologique, la disparition de labiodiversité marine.
Depuis la chute de la République (en 1797), l'habitude (en fait une obligation que faisait respecter la Magistrature des Eaux qui existe encore en tant qu'institution chargée de surveiller tout ce qui a trait à l'eau) pour les Vénitiens de nettoyer les canaux pour les désenvaser et les vider s'est perdue, ce qui a réduit la profondeur de ces canaux du centre historique. Depuis quelques années, la municipalité fait procéder de nouveau à ce curage, qui contribue d'ores et déjà à la baisse du niveau des eaux dans certains quartiers. Les canaux, retrouvant leur pleine capacité, sont mieux à même de contribuer à la diffusion des eaux.
Venise sous les inondations de l'« acqua alta ».
Les conséquences sont importantes dans la vie quotidienne des habitants, qui doivent abandonner les niveaux inférieurs des maisons et emprunter des systèmes de passerelles pour se déplacer. Mais les conséquences les plus importantes sont la détérioration inexorable des monuments historiques et de l'habitat due à la montée des eaux et l'apport qui s'ensuit de produits nocifs à la pierre et à la brique.
On ne sait pas mesurer avec précision l'affaissement de Venise, et son évolution est un sujet de controverse. Un récent projet, présenté par un consortium d'industriels italiens, consiste à poser 78 portes mobiles dans les trois passes de la lagune pour protéger la ville. En temps normal, ces portes, sortes deponts-levis, seraient remplies d'eau et donc submergées. Lors des marées supérieures à un mètre, une injection d'air comprimé évacuerait l'eau, permettant ainsi aux portes de se redresser et de fermer le passage, séparant alors la lagune de la mer.
Le projet, nomméMOSE (Module expérimental électromécanique) a démarré en 2003 et les travaux dont l'échéance était initialement prévue pour 2011[25], a sans cesse été repoussée et ne sont pas achevés à ce jour. Il suscite aujourd'hui de nombreuses polémiques notamment par son coût pharaonique et par le doute de plus en plus répandu parmi les scientifiques et les spécialistes des marées quant à l'efficacité de ce système qui ne serait réellement utile que pour les très grandes marées. Ce projet, surtout, ne résoudra pas l'autre grand problème de la ville, celui des vagues en lagune.
Le problème des vagues en lagune (moto ondoso) est lié à l'accroissement du trafic des bateaux à moteur dans les canaux de la ville et en lagune. Il fragilise les fondations des constructions, érode les rives et fragilise les quais. Dans la lagune, il entraîne la disparition des barènes, bancs alluvionnaires indispensables à son équilibre. Plusieurs problèmes se conjuguent. D'abord, les bateaux sont de plus en plus nombreux pour satisfaire les besoins des touristes et sont de plus en plus gros. Des centaines de paquebots entrent chaque année en lagune pour rejoindre la gare maritime située à San Basilio, sans oublier les navires de commerce servant les industries installées à Marghera. La répercussion écologique de ce phénomène n'est pas prise en compte par les autorités vénitiennes. Enfin, les bateaux, avec l'amélioration des moteurs, vont de plus en plus vite, créant des vagues toujours plus fortes. Pour autant, des contrôles de vitesse sont effectués : ainsi la vitesse est limitée à5km/h dans les canaux de la ville et à 15 dans la lagune.
Après un certain temps d'exposition dans la lagune, le projet a révélé plusieurs erreurs techniques. Tout d'abord lorsque les barrières sont élevées une quantité importante de sables s'accumule dans les emplacements originaux des barrières, de plus la vie marine continue son court et des animaux marins tels que des moules se sont implantés au même endroit rendant également impossible le rangement correct des barrières lors des marées basses. Un autre problème majeur fut la corrosion des barrières par l'eau salée de la mer Adriatique, ils ont également remarqué que les barrières de remplacements se dégradaient aussi à l'air libre[25].
Les îlots de la lagune de Venise, composés de matériaux de remblais et alluvionnaires, ne permettaient pas de construction traditionnelle car le sol humide et instable ne pouvait supporter le poids des bâtiments. La solution a été l'utilisation depilotis, permettant la construction au-dessus de l'eau. La technique consiste à enfoncer ceux-ci dans le sol afin de leur faire porter une plate-forme constituée demadriers enchêne et enmélèze solidement attachés les uns aux autres, consolidant et nivelant le terrain. Ainsi par exemple, afin d'ériger labasilique Santa Maria della Salute, les Vénitiens utilisèrent 1 006 657 pilotis de4 mètres de long, enchêne,aulne etmélèze.
Les contraintes liées à une construction sur l'eau avec des pilotis comme fondations font que les palais sont conçus à l'inverse des règles traditionnelles de l'architecture. En effet, si dans les palaisterrestres, l'usage veut que l'on commence par lesfondations sur lesquelles on pose l'infrastructure destinée à supporter le poids de l'ensemble architectural, à Venise la méthode est totalement inversée : on pose d'abord une grande« boîte » sur desportiques afin de transmettre la charge directement aux pilotis des fondations par un système d'arcs et de voûtes appropriés.
Il existe encore près de84 églises à Venise, qui recèlent pour la plupart un vaste patrimoine artistique. La plupart des églises sont en style gothique, renaissant ou baroque. La plupart sont d'origine romane mais ont été reconstruites au cours des siècles. Parmi les édifices religieux les plus importants :
labasilique Saint-Marc de Venise : accolée au Palais des Doges et donnant sur la place Saint-Marc, c'était anciennement la chapelle des Doges. Elle est depuis1807 la cathédrale duPatriarcat de Venise. Chef-d'œuvre de l'art roman d'inspiration byzantine, à l'intérieur ses parois sont recouvertes de 4 240 m2 de mosaïques.
Les campaniles sont des clochers qui ont pour particularité d'être excentrés et parfois non attenants à leur église. Ils ont tous une architecture différente et servent de points de repère dans la ville.
Le campanile San Stefano :61 mètres extrêmement penché.
Le campanile San Giorgio dei Greci :44 mètres extrêmement penché.
Le campanile Santa Maria Formosa :40 mètres.
Le campanile San Felice :22 mètres.
Le campanile de San Giovani Elemosinario.
Le campanile de Santa Sofia.
Le campanile de Santa Margherita, à l'origine plus élevé que celui deSan Marco, fut littéralement coupé en deux et partiellement inséré dans les maisons environnantes. Sa base, d'une quinzaine de mètres de hauteur, est toujours visible sur lecampo Santa Margherita.
Le campanile deSan Boldo fut également réintégré dans un ensemble d'habitations.
Lepalais royal de Venise, sur la place Saint-Marc, construit par Napoléon et aujourd'hui occupé par lemusée Correr et des administrations publiques.
Le palais de laZecca, ancien hôtel des Monnaies de la République vénitienne.
LePalazzo dei Camerlenghi, palais de la Renaissance sur le Grand Canal à Rialto qui était le siège de plusieurs magistratures financières de la République vénitienne.
LesProcuraties, vaste ensemble palatial administratif qui encadre la place Saint-Marc : au nord se trouvent les anciennes Procuraties et au sud les Procuraties neuves.
Campo dei Santi Giovanni e Paolo. Les dominicains y construisirent l'église dei Santi Giovanni e Paolo (appelée également San Zanipolo) qui fut consacrée en 1430. La Scuola di San Marco, projetée parPietro Lombardo, jouxte l'église. LaStatue du Colleone, œuvre du sculpteur florentinAndrea del Verrocchio, qui y travailla de 1483 à 1488, se dresse devant la Scuola di San Marco.
Campo Santo Stefano, une des plus grandes places de Venise. Bordé par le Palais Pisani, aujourd'hui conservatoire de musique de Venise.
Le Campo San Zaccaria.
LesPiazzale Roma, nœud routier d'accès à la ville au bout du pont de la Liberté.
La premièrebottega del caffè ouvre sous lesProcuraties en 1683. Rapidement, les cafés se multiplient. Beaucoup tiennent de la taverne : bas plafond et dépourvus de fenêtres, ils sont souvent mal éclairés et sommairement meublés. Un siècle plus tard, on en comptera vingt-quatre sur la seuleplace Saint-Marc.
Ces lieux publics ont acquis une telle importance auXVIIIe siècle queCarlo Goldoni fait dire à un cafetier dans laBottega del caffè : « J'exerce […] un métier qui est nécessaire à la gloire de notre ville, à la santé des hommes et à l'honnête divertissement de ceux qui ont besoin de respirer un peu. » De fait, des gens de tout âge et de toute catégorie sociale fréquentent ces lieux publics.
Caffè Florian(Le Florian). En 1720 est inauguré sous les longues arcades des Procuratie Nuove un nouveau café, des plus élégants, d'abord nommé« A la Venise triomphante », et devenant du nom de son premier propriétaire, Floriano Francesconi. Là aiment à se rendreGoldoni, les frèresGozzi,Canova, etBalzac au siècle suivant.
Caffè Quadri. Ouvert en 1775 par Giorgio Quadri, originaire deCorfou, presque en face du Florian, il fut le premier à Venise à servir du véritablecafé turc. Il semble que Quadri ait agrandi et réaménagé un vieux local pour le rendre plus élégant. Pourtant, le lieu aurait joui pendant longtemps d'une assez mauvaise réputation et, fortement endetté, son propriétaire aurait eu maille à partir avec ses créditeurs. Ce n'est que vers 1830 que Quadri commença à accueillir l'élégante clientèle qui est encore la sienne aujourd'hui.
Harry's Bar. Le bar fondé en 1931, soit vingt ans après le véritable Harry's bar situé à Paris, par Giuseppe Cipriani tire son nom, comme le raconte son fondateur[30], de celui d'un jeune étudiant américain dont personne n'a retrouvé la trace, Harry Pickering qui, arrivé à Venise dans les années 1920 avec l'une de ses tantes pour tenter de soigner un début d'alcoolisme, se vit abandonné là par celle-ci avec très peu d'argent à la suite d'un litige.
LaBiennale de Venise : festival d'art contemporain, toutes les années impaires, en automne. Pendant les années paires, a lieu la Biennale d'Architecture de Venise.
À la même période de l'année que la Biennale se produit laMostra, célèbre festival cinématographique annuel.
Lecarnaval de Venise : célèbre carnaval connu dans le monde entier mais beaucoup moins impressionnant qu'à l'époque de Vivaldi. Il commence dix jours avant le mercredi des Cendres et se poursuit jusqu'au mardi gras.
LaVogalonga : randonnée maritime, où des bateaux de rameurs doivent faire le trajet (aller et retour) du bassin de Saint Marc à Burano (pas de classement).
Les Regate delle Befane (régates de l'Épiphanie) : Des hommes déguisés en sorcières se livrent à une course sur le Grand Canal, en gondoles ou sur d'autres bateaux, le matin du[32].
LaRegata Storica[33] ou Régate Historique de Venise : compétition maritime, où différents types de gondoles sont autorisées à participer ; en préambule, un défilé de répliques d'embarcations duXVIe siècle est organisé[34]. Elles sont organisées le premier dimanche de septembre[35].
Venise est du Moyen Âge à la chute de la République l'un des grands centres artistiques italiens, le plus actif avec Florence et Rome. Venise donne naissance à uneécole de peinture, particulièrement célèbre auXVIe siècle et auXVIIIe siècle.
Venise est alors la ville des esthètes britanniques et, avecFiesole, leur deuxième lieu de fréquentation.Joseph Mallord William Turner etBonnington immortalisent la ville avec leurs vues romantiques.
À la fin duXIXe siècle,Maurice Barrès,Marcel Proust contribuent à son essor. Le premier la fait découvrir au second. Celui-ci, en s'y rendant pour la première fois, effectua le voyage accompagné de sa mère, à laquelle il était profondément attaché. Ils logèrent à l'Hôtel Danieli, où séjournèrent autrefoisAlfred de Musset etGeorge Sand. Ayant effectué d'autres voyages vénitiens depuis, l'auteur en a profité pour s'en servir de décors pour certains de ses romans, tels qu'Albertine disparue, sixième tome d'À la recherche du temps perdu.
Les écrivains françaisHenri de Regnier, auteur d'Altanes,Paul Morand, auteur deVenises. Le premier, se rendant régulièrement dans la ville, la connaissait profondément. À force, il fréquentait les recoins les moins connus et servait de guide. Et il s'intéressait aux artistes qui y vivaient, surtoutCasanova etVivaldi.
Gabriele D'Annunzio, écrivainitalien, vécu beaucoup à Venise, où il créa plusieurs de ses œuvres, telle queLe Feu, paru en 1900.
L'artiste, critique et éditeur américainEzra Pound, apologiste dufascisme, a favorisé les carrières de plusieurs artistes de son époque. Il est mort à Venise.
Le peintreHenri Farge y effectua en 1912 un séjour qui fut suivi () d'une exposition sur le thème de Venise à la galerieEugène Druet.
Le peintreZoran Mušič a vécu à Venise de 1947 jusqu'à sa mort en 2005. Sa veuve, Ida Barbarigo-Mušič, peintre elle-même y habitetoujours[Quand ?].
Le peintreRoger Lersy a peint une suite de toiles et d'aquarelles sur Venise qui ont été exposées sous le thèmeImpressions de Venise àChicago en 1963[36].
Aldo Manuzio, ditAlde l'Ancien, imprimeur-libraire pionnier dans la diffusion de la culture humaniste en Italie, particulièrement de lalittérature grecque.
Ginette Herry,Goldoni à Venise. La Passion du poète. Honoré Champion, 2001[63].
Venise est le cadre d'une série de romans policiers deDonna Leon, dont le personnage principal est le commissaireBrunetti (premier de ces romans :Mort à la Fenice, 1992, trad. française 1997)
Venise sauvée est une pièce de théâtre inachevée de Simone Weil sur le projet avorté du renversement de la République Vénitienne par les Espagnols en 1618.
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations contenues dans cette section proviennent du site bdtheque.com[70].
Certains épisodes de plusieurs séries réalisés par le FrançaisJacques Martin :
Le Mystère Borg, de la série d'aventureLefranc,1964. Dans cette ville représentée de manière réaliste trouve refuge le criminelAxel Borg, affichant des airs deCasanova dans son palais vénitien richement décoré.
Le Pique rouge,1983, épisode de la série historiqueArno.
Venise,2007, épisode de la série documentaireLes Voyages de Jhen, dessiné par Enrico Sallustio
La Sérénissime,2009, épisode de la série historiqueJhen, créé par les repreneurs : Hugues Payen (scénario),Jean Pleyers (dessin), Corinne Pleyers (couleurs).
Plusieurs épisodes deCorto Maltese, série italienne d'aventure deHugo Pratt, (ÉditionsCasterman). L'auteur ayant passé son enfance dans la Sérénissime, il en retranscrit l'ambiance dans plusieurs de ses œuvres[71]. Les épisodes ayant Venise pour décor sont :
Fable de Venise,1977, accompagné dans certaines éditions d'une introduction présentant l'enfance vénitienne de l'auteur.
Au début deLa Maison dorée de Samarkand,1986, qui se déroule juste après, Corto se trouve sur le port deRhodes (Grèce). Mais ayant encore la tête chargée d'images de Venise, les premières cases de la BD montrent des détails des coupoles deSaint-Marc, avec leurs croix ornementées. Dans cette aventure Corto affirme venir pour la troisième fois à Venise ; il ne sait pas encore de les nouveaux auteurs le feront partir de Venise en 1911 (voir ci-dessous), soit avant les trois aventures ci-dessus.
Spartakus, série descience-fiction abandonnée après le premier épisode (1995), par les FrançaisLaurent-Frédéric Bollée et Michel Valdman (décédé peu de temps après sa parution).
Les Ombres de la Lagune, série franco-italienne de science-fiction, abandonnée après le premier épisode (1998), parFrançois Corteggiani etGiulio De Vita.
Robert le diable, série fantastique du BelgeIsaac Wens,2000.
Astérix et la Transitalique,Jean-Yves Ferri etDidier Conrad, 2017, de la série française d'aventureAstérix. Les héros y rencontrent lesVénètes bâtissant une ville en plein marécage. Les auteurs prennent ainsi avec humour le contrepied du cliché de la ville romantique que l'on connaît aujourd'hui.
Vienne, Trieste, Venise, ouGens de Vienne et fantômes de Venise se retrouvent un soir à Trieste pour fêter la fin du monde, parJean-Marc Terrasse etRégis Franc, ÉditionsAutrement[77]
Cette section adopte un point de vue régional ou culturel particulier et doit êtreinternationalisée (décembre 2021).
La présence de canaux ou de chenaux dans plusieurs villes du monde fait qu'on les compare à Venise, voire leur donne le surnom de « Petite Venise », telles que :
Plusieurs villes dunord de l'Europe, revendiquent l'appellation de « Venise du nord(en) en égard à leurs canaux, à laquelle s'ajoutent d'autres appellations :
Ainsi, les deux premières de la liste ci-dessus sont formées de territoires insulaires, situés au sein de lalagune ou bordant celle-ci, avec une façade sur l'Adriatique. Les quatre suivantes sont sur laTerraferma veneziana.
Ces municipalités ont été créées le 7 février 2005 et sont devenues opérationnelles le 21 avril de la même année. Auparavant, le territoire communal de Venise était organisé en treize districts (au nombre de dix-huit jusqu’en 1997).
Le maire de Venise n'est pas élu par la seule partie dite historique de Venise, mais par l'ensemble des municipalités du territoire, qui pèsent nettement plus au regard de la population que les habitants du centre historique de Venise. Venise fut longtemps un fief du PCI, leParti communiste italien, dontMassimo Cacciari était membre. À la mort d'Enrico Berlinguer, il s'éloigna du parti, devenant proche deRomano Prodi.
L'ensemble des territoires de la Commune représente unesuperficie totale de41 317 hectares dont 25 302 sont recouverts par les eaux lagunaires. Les localités de la terre ferme occupent une superficie de13 028 hectares, le Centre historique mesure à peu près800 hectares et les principales îles, environ2 186 hectares.
Alberoni, Asseggiano, Bagaron, Boaria Baroffio, Bonduà Est, Bonduà Ovest, Borgo Forte, Borgo Pezzana,Burano, Ca' Brentelle, Ca' Sabbioni, Ca' Serafin, Ca' Serafin Ovest, Ca' Solaro Nord, Ca' Solaro Sud, Campalto, Capitello, Case Dosa, Chirignago, Cimitero Campalto, Dese, Favorita, Ferrarese, Fontana, Forte Vallon, Giotto Nord, Giotto Sud,Giudecca,Lido, Macello, Maguolo, Marocco,Mazzorbo,Mestre, Molino Ronchin,Murano, Passo Campalto,Pellestrina,San Francesco del Deserto,San Giorgio Maggiore,San Lazzaro degli Armeni, San Pietro in Volta,Sant'Erasmo, Santa Maria del Mare, Sardi, Scaramuzza, Scaramuzza Nord, Scaramuzza Sud, Selvanese, Tarù, Tessera,Torcello, Trivignano, Volte Grandi, Zelarino
Sans les îles de Burano, Torcello et Murano, la population du centre historique (dont la Giudecca et Sacca Fisola) est au de 60 755 habitants.
La Venise dite littorale (Lido, Pellestrina) compte 21 688 habitants, celle deMestre 88 178, celle de Favaro 23 488, celle deMarghera 28 301 et celles de Chirignago - Zelarino 37 682.
L'avenir et la sauvegarde de Venise passent, selon les professionnels de l'urbanisme, par le maintien des populations dans leur habitat d'origine et des activités artisanales, commerciales et administratives qui permettent à la population de vivre.
La question dutourisme durable s'est posée dans lesannées 2010, car contrairement aux idées reçues, le tourisme n'enrichit pas la ville[96] et il contribue, par sa massification et sa pendularité (à certaines heures de la journée, il y a beaucoup de touristes et à d'autres, il y en a très peu) à chasser les habitants du centre historique.
Rome etFlorence, deux autres destinations importantes du tourisme en Italie, notamment pour des séjours de courte durée, sont elles aussi confrontées à la remise en question d'un modèle de tourisme.
L'actuelle municipalité de Venise s'emploie à renverser cette situation en favorisant l'accès au logement pour les plus défavorisés et en veillant au maintien des activités traditionnelles, des commerces, des écoles et des entreprises du tertiaire qui ont leur siège dans le centre historique.
Mais, dans le même temps, les hôtels ont été autorisés à ouvrir des chambres dans des appartements situés dans des maisons voisines et le nombre d'appartements loués en tant que locations de vacances à la semaine, ne cesse d'augmenter sans que la municipalité n'intervienne. D'où une nouvelle flambée des prix de l'immobilier qui oblige les jeunes Vénitiens à partir habiter sur la terre ferme, n'étant plus capables d'acheter dans le centre historique.
↑Ses hommages sont si marquant qu'un musée lui rendant hommage a ouvert en 2011 dans cette cité, la Casa di Corto Maltese, définitivement fermé depuis 2012. Aussi, plusieurs guides sont sortis, permettant de visiter la ville sur les traces du héros et de son auteur (voir la section "Littérature et guides à propos de Venise").